Copyright obligatoire : © éditions Gallimard, 2016, pour la traduction française Peter Cunningham Descendre la rivière Roman Traduit de l’anglais (Irlande) par Christophe Mercier ÉDITIONSJOËLLELOSFELD Pour Carol Les personnages de ce roman sont imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, ne saurait être que fortuite. Nous pensons pouvoir nous toucher, mais, en réalité, nous ne pouvons faire plus que nous approcher, nous effleurer. Franz Schubert (1797-1828) 1 Il y a deux ans Bayport, Lac Muskoka Ontario, Canada Lorsque l’hiver quitte Muskoka, il le fait souvent en une seule nuit. Un soir, la nuit tombe sur un paysage d’un gris acier, pris dans la glace; le lendemain matin, les écureuils, les castors et les ratons-laveurs réapparaissent sur les îles et, bientôt, la glace n’est plus qu’un souvenir. En moins de quarante-huit heures, on aperçoit des cerfs à queue blanche le long des rives, grignotant les bosquets d’érables et de pins canadiens. Les villas en bord de lac, fermées depuis Thanksgiving, se rouvrent comme d’un seul tour de clef, et l’on entend de nouveau à Bayport les accents de Toronto et de Détroit.