Comment trouver et d€terminer des orchid€es sans les fleursI – Les esp‚ces dƒombre et de lisi‚repar Gil SCAPPATICCIPour l€orchidophile, le cartographe, occuper la morte saison classer les diapos, faire les fiches de cartographie, mettre jour les stations, les localisations et faire des projets de voyage n€emp‚che pas le dƒsir de couvrir du terrain sur ses sites favoris. Il retrouve parfois les restes secs de ses prot€g€es du printemps, et si les localisations pr€cises sont rest€es en m€moire, il devient presque facile de mettre un nom sur ces hampes d€nud€es qui ne portent parfois mme plus la trace des capsules. Lorsque la saison est suffisamment avanc€e, suivant les esp‚ces, la rosette de lƒann€e suivante est d€j„ en place. Le jeu devient alors un peu plus d€licat, et le mieux dans ce cas, est de prendre des notes, des photos, rep€rer la plante … attendre la floraison.Au fil des saisons, lƒexp€rience acquise et une r€flexion logique, prenant bien s†r en compte les esp‚ces pr€sentes dans la r€g ion et le milieu parcouru, permettent de tenter des identifications plus difficiles, la date dƒobservation €tant un indice suppl€mentaire „ ne pas n€gliger.On peut parvenir ainsi „ des r€sultats qui €tonnent les novices, telle cette station d€couverte en hiver, sur laquelle 10 esp‚ces sur les 11 pr€sentes ont €t€ cartographi€es correctement au mois de janvier, avec un doute clairement €nonc€ sur lƒidentit€ de la onzi‚me.Ceci dit, lƒexercice nƒest pas sans ...
Pour l’orchidophile, le cartographe, occuper la morte saison classer les diapos, faire les fiches de cartographie, mettre jour les stations, les localisations et faire des projets de voyage n’empche pas le dsir de couvrir du terrain sur ses sites favoris.
Il retrouve parfois les restes secs de ses protges du printemps, et si les localisations prcises sont restes en mmoire, il devient presque facile de mettre un nom sur ces hampes dnudes qui ne portent parfois mme plus la trace des capsules. Lorsque la saison est suffisamment avance, suivant les espces, la rosette de l’anne suivante est dj en place. Le jeu devient alors un peu plus dlicat, et le mieux dans ce cas, est de prendre des notes, des photos, reprer la plante et… attendre la floraison. Au fil des saisons, l’exprience acquise et une rflexion logique, prenant bien sr en compte les espces prsentes dans la rgion et le milieu parcouru, permettent de tenter des identifications plus difficiles, la date d’observation tant un indice supplmentaire ne pas ngliger. On peut parvenir ainsi des rsultats qui tonnent les novices, telle cette station dcouverte en hiver, sur laquelle 10 espces sur les 11 prsentes ont t cartographies correctement au mois de janvier, avec un doute clairement nonc sur l’identit de la onzime. Ceci dit, l’exercice n’est pas sans risque, certaines espces montrant une variabilit sur la morphologie des rosettes qui n’a d’gale que celle des fleurs de certaines autres. En dfinitive, et mme si vous parvenez rapidement de bons rsultats, toute fiche srieuse de cartographie devra quand mme tre confirme avec la plante fleurie.
Les floraisons termines, nous pouvons commencer nos investigations ds octobre. La cueillette des champignons nous emmne en sous-bois, en lisire. Immanquablement, les yeux tombent sur des restes d’orchides. Cette hampe sche, sans feuilles, ressemble vraiment une Nottie au moment de la floraison. On voit encore les gousses, toutes fructifies (c’est une espce autogame !). Pour en tre srs, observez-l de prs. Son allure n’a pratiquement pas chang aprs la floraison, sinon qu’elle arbore une teinte plus grise et que les gousses ont toutes clat. Attention quand mme ne pas la confondre avec une Orobanche ou un Suce-Pin ; il suffit de abortivum,pincer la tige ; elle est bien moins une espce autogame dontcoriace que celle de ces derniers. lepsofllleiunrissseosnettdloesncfrtuoiuttsesVoici encore une hampe sans feuilles, normes, ici longs de 29avec une tige robuste et de bonne taille. mm. (hampe de 21 cm)Les capsules vides sont normes, mesurant parfois jusqu’ 3 cm de long. On reconnat alors la Limodore, la hampe tant souvent accompagne d’une autre plus ancienne, couche sur le sol, car cette espce repousse habituellement sur le mme rhizome. Il n’est:rgsoentivemaratcompelpnaetPtetiurfstiitep,settessrfe,llui pas rare de trouver les restes de plusieurs annes de vgtation dansEpipactis microphylla les zones qui sont l’abri du vent ou de la neige. Plus tard, au(plante de 28 cm) printemps, l’asperge violette, jeune pousse de la Limodore qui sort Bull. Gr. Rhône-Alpes Soc. fra. Orc.9 (2004)29
de terre ne trompera pas l’orchidophile. Autre tige sans feuille, mais de toute petite taille, et portant 4 6 tous petits fruits, trs clairs avant de scher. Il faut un œil exerc pour la reprer, souvent dans les bois de htres et de pins, en altitude. C’est la racine de corail, ouCorralorrhiza trifida. Voici dans la mousse, en partie recouvert des aiguilles du Pin sylvestre, un groupe serr de petites rosettes dont les feuilles sont ornes d’un rseau de forme inhabituelle pour une orchide. La Goodyre, car c’est d’elle qu’il s’agit, est visible toute l’anne et on l’identifiera sans risque. Les stolons rampants qu’elle produit donnent souvent des colonies importantes.
Plante de taille moyenne, feuilles distiques ; on peut supposer qu’il s’agisse d’Epipactis muelleri, mais la confusion avecE. leptochillaest possible. (plante de 31 cm)
Un peu plus difficile est la dtermination des Epipactis. Si on connat bien leur morphologie, on y parvient, au moins pour certaines espces, et encore une fois, en observant aussi le milieu. Une grande plante en lisire avec des larges feuilles ; pas de doute, c’estEn rypisylve, une petite plante avec l’Helleborine. Unebeaucoup de nombreux petits fruits toute petite plante enpenchs, des feuilles plus courtes que rypisylve sombre,les entre nœux :Epipactis fibri. avec des fruits(plante de 21 cm) encore verts en dcembre, c’estEpipactis fibri. Epipactis microphylla, qui garde sur la tige ses petites feuilles, a des fruits normes pour une si petite plante ; Epipactis rhodanensiss’croule aprs la fructification et n’est pratiquement plus visible partir de septembre. Ds qu’il sort de terre,Epipactis atrorubensmontre bien sa teinte violette sur le bord des feuilles et la tige. Une fois sec, on peut encore
l’identifier grce ses grandes feuilles distiques, ramasses au bas de la tige. Par contre, pour sparerEpipactis leptochila etE. muelleri, on n’a pas encore trouv la mthode infaillible. Avant les attaques de l’hiver, on peut observer les fleurs sches qui sont parfois remarquablement conserves. Un hypochile long et bien pointu est un bon indice pourE. leptochila. Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que les fruits sont pendants chez les Epipactis, alors qu’ils sont dresss chez lesEn rypisylve, plante moyenne qui s’affaisse rapidement, Cphalanthres. Les jeunes poussesfeuilles gales aux entre nœux :Epipactis rhodanensis d’Epipactis et de Cphalanthres, le plus(plante de 34 cm) souvent vertes dans la vgtation uniforme, 30Bull. Gr. Rhône-Alpes Soc. fra. Orc.9 (2004)
Les fruits sont nombreux et dresss, les feuilles lancoles, ce ne peut tre que Cephalanthera longflolia (hampe de 12 cm)
sont difficiles trouver. Parfois, une seule plante sans chlorophylle, donc totalement blanche, permet de dbusquer une station qui passerait inaperue.
Cephalanthera, voil un genre facile identifier qui ne comporte que trois espces en France ; elles conservent bien leur morphologie une fois sches.Cephalanthera damasoniumgarde presque toujours des fruits,C. rubra, presque jamais.C. longifoliaest difficile confondre grce ses feuilles longues et troites. Une fois fane, la Listre disparat rapidement au regard dans un sous-bois. Un petit truc de cartographe consiste la rechercher en juin, alors que ses grandes doubles feuilles jaunies la trahissent de loin. Inutile de chercher la rosette en hiver ; elle n’apparat qu’au premier printemps sous la forme d’un tube vert sortant du sol. C’est probablement l’orchide la plus ubiquiste ; on la trouvera gnralement l’ombre, mais aussi la pleine lumire dans un pr humide.
On trouve rarement des Cypripdiums, mais leur identification une fois schs est facile. Un large feuillage et un seul gros fruit sur la tige ( moins que la fleur n’ait t cueillie, ce qui se pratique encore !)
A l’inverse des plantes de lumire, dont la rosette sort de terre entre septembre et fvrier, toutes ces plantes d’ombre ou de mi-ombre – hormis la Goodyre -n’apparaissent que tard en saison, parfois aprs que certaines espces prcoces soient dj fanes. Epipactis et Cphalanthres sortent rarement avant mars.E. helleborineetE. muelleri montrent leurs premires feuilles en avril. J’ai observ une fois, en anne particulirement prcoce, mais c’est exceptionnel, une colonie de Cephalanthera damasoniumdj bien dveloppe en janvier. Les premiers pieds d’Epipactis fibri, le plus tardif, ne sortent que vers la mi-juin, et de nouvelles pousses apparaissent encore fin aot. Les dates d’apparition des feuilles et des Les fruits sont dresss, les feuilles plusfructifications sont donc x, c’est coCuretpeshaqluaentlheesreantdraemnaœsuoniumionsicatinddesraldtreimanitimportantespoudones (hampe de 14 cm) fleurs s lorchides s san e . Bull. Gr. Rhône-Alpes Soc. fra. Orc.9 (2004)
Les fruits sont dresss et peu nombreux, voire inexistants ; la tige est flexueuse chaque insertion de feuille :Cephalanthera rubra de 38 cm
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Certaines espces – on a vu le cas pourEpipactis rhodanensis ;– disparaissent trs vite d’autres, commeNeottia nidus avisouCephalanthera damasonium, peuvent persister sches plusieurs annes dans la nature.
Un seul fruit, de trs grande taille (ici 32 mm) trahit le Sabot de Vnus
La recherche des orchides en hiver est une occupation marginale qui peut rvler des stations normalement invisibles, mais prennes, telle cette colonie d’Epipactissoigneusement raccourcie tous les ans par une famille de lapins, ou encore ce pr brout chaque printemps avant la floraison, o de nombreux Orchis et Ophrys pourrons tre dtermins quand mme… avec l’aide d’un prochain article traitant des orchides des milieux clairs.
Légende des photos, page 33 :
La photo 1 est de Marcel LECOUFLE, les photos 5 et 8 sont de Michel DMARES(Orchides Sauvages de Haute-Normandie), les autres photos sont de Gil SCAPPATICCI.
1 -Cryptopus elatus (Article page 27)
2 –Epipactis muelleri. Pousse de 11 cm. Les jeunes pousses d’Epipactis de couleur verte se ressemblent beaucoup, mais celles d’E. helleborinesont d’emble plus robustes que celles d’E. muelleri.
3 –Goodyera repens. Rosettes de 3 4 cm, visibles presque toute l’anne.
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4 –Cephalanthera damasonium. On peut voir les restes secs d’au moins 3 gnrations de plantes autour des nouvelles pousses. La hauteur de la plus grande est de 37 cm.
5 –Neottia nidus avis. Les pousses de Neottie et de Limodore ressemblent des asperges, couleur crme pour la Nottie, violette pour la Limodore. Photo Michel DMARES.
6 –Epipactis tremolsii emboteslaissant dj deviner l’implantation des feuilles . Pousse de 14 cm, en cornet . La plante n’a pas de chlorophylle.
7 –Limodorum abortivum. Pousse de 6 cm. La plante de droite a repouss exactement au centre de la tige de la plante de l’anne prcdente.
8 –Epipactis atrorubens. La couleur franchement violette du bord des feuilles permet une dtermi-nation sans risque de cette espce. Photo Michel DMARES.
Bibliographie DMARESM., 1997.-Atlas des Orchides de Haute-Normandie. Soc. fran. d’Orchidophilie, Paris : 52-55. DMARESM., 2001.- Les Orchides indignes en hiver.L’Orchidophile145: 20-21. DUSAKF. & PERNOTP., 2002.-Les Orchides sauvages d’Ile-de-France. Collection Parthnope, Biotope : 50, 54. JOUANDOUDETF., 2004.-A la dcouverte des Orchides sauvages d’Aquitaine. Collection Parthnope, Biotope : 35. REINHARDH.R., GLZP., PETERR. & WTHERMUIDLH., 1991.-Die Orchideen der Schweiz und angrenzender Gebiete.Photorar AG, Egg : 60.