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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Manuscrit |
Date de parution | 12 février 2019 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782304047370 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
UN « PLAN MARSHALL JUIF »
La présence juive américaine en France après la Shoah, 1944-1954
LAURA HOBSON FAURE
2018
ISBN:9782304047370
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Dans la même collection
Mettre l’éthique en pratique , 2018
Comité scientifique
Brigitte Bouquet, directrice du comité scientifique, professeur émérite en travail social
Sandra Bertezene, titulaire de la chaire de gestion des services de santé du Conservatoire national des arts et métiers
Nancy Green, directrice d’études EHESS en Histoire
Laura Hobson Faure, maîtresse de conférences à l’Université Sorbonne-Nouvelle-Paris II en civilisation américaine
Colette Zytnicki, Professeur émérite des Universités en Histoire
Comité de lecture de la collection
M. Fabien Azoulay, directeur de la communication et fundraising de la Fondation Casip-Cojasor
Mme Dorothea Bohnekamp, maître de conférences à l’université Paris 3 – Sorbonne nouvelle en gestion
Mme Laure Fourtage, responsable des archives de l’ORT, doctorante en Histoire
Mme Sandra Marc, enseignante en Histoire
M. Martin Messika, post-doctorant en Histoire
M. Jean-Michel Rallières, enseignante en Histoire, doctorant en Histoire
Directrice de la collection
Laure Politis, direction du centre de recherche, d’étude et de formation Fondation Casip-Cojasor
À ma famille À Lottie D. Halperin, ma grand-mère
Remerciements
Cet ouvrage est issu de ma thèse, effectuée sous la direction de Nancy L. Green à l’École des hautes études en sciences sociales [1] . J’aimerais exprimer ici ma profonde reconnaissance à Nancy Green, dont les qualités intellectuelles et humaines ont nourri chaque étape de ce travail, et qui a toujours suscité mon admiration.
Ma gratitude s’adresse également aux professeurs Catherine Collomp, Catherine Nicault, Isabelle Richet, Michel Prum et Maud Mandel, membres de mon jury de thèse, ainsi qu’à mes collègues de l’université Sorbonne Nouvelle-Paris III, pour leurs conseils et leurs encouragements.
Je tiens aussi à remercier particulièrement le personnel des archives de l’ American Joint Distribution Committee à New York et à Jérusalem, du YIVO Institute for Jewish Research , de l’ American Jewish Historical Society , de l’ American Jewish Archives , de la division Dorot de la New York Public Library , du Jewish Labor Committee , de l’ Oral History Division de l’Institut Avram Harman de l’université hébraïque de Jérusalem, des Archives nationales, des Archives départementales de Seine Saint-Denis, de l’Association consistoriale israélite centrale, des Archives de la préfecture de police de Paris, du Centre de documentation juive contemporaine, de la Fondation CASIP-COJASOR, de l’Alliance israélite universelle et de l’Œuvre de secours aux enfants.
J’aimerais exprimer également ma gratitude aux personnes qui ont accepté de témoigner dans le cadre de cette étude, pour le temps qu’ils m’ont consacrée et pour leur confiance. J’aimerais en particulier remercier la regrettée Madame Gaby Wolff Cohen, qui m’a ouvert son carnet d’adresses et sa maison maintes fois.
Le ministère délégué de la Recherche et Nouvelles Technologies, l’école doctorale de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, la Fondation du judaïsme français, l’ American Jewish Archives , le Centre Alberto Benveniste, la Fondation CASIP-COJASOR et l’Alliance israélite universelle ont soutenu financièrement cette recherche, et je les remercie vivement de leur générosité.
Ma gratitude s’étend également à celles et ceux qui m’ont accompagnée dans l’établissement de cet ouvrage, surtout à Mesdames Brigitte Meudec et Isabelle Williams. Ma reconnaissance s’étend aussi à Jérôme Faure pour sa relecture patiente et son soutien sans faille. J’exprime un grand merci à Yann Scioldo-Zürcher, Angélique Thomine, Mathias Dreyfuss, Laure Fourtage, Sarah Gensburger, Claire Jardillier, Martin Messika, Ariel Sion, Constance Pâris de Bollardière, Ariane Jouette, Bénédicte Devillard, Harmonie Petit et Sandra Marc.
Je tiens à exprimer ma gratitude à Madame Afifia Medjahed pour avoir accueilli si chaleureusement mes enfants, qui ce m’a permis de poursuivre à cœur reposé mes recherches.
Enfin, cette deuxième édition du livre n’aura pas eu lieu sans les encouragements de Ted Comet, que je remercie sincèrement, ainsi que le soutien de la Fondation CASIP-COJASOR. Je remercie Laure Politis et les Éditions Le Manuscrit de leur confiance et de leur précieux travail éditorial.
Footnotes ^ Laura Hobson Faure, « Un “plan Marshall juif” : La présence juive américaine en France après la Shoah, 1944–1954 », Thèse de doctorat en histoire contemporaine, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 2009.
Table des sigles et abréviations
AFL American Federation of Labor
AIU Alliance israélite universelle
AJ Armée juive
AJC American Jewish Committee
AJRC American Jewish Relief Committee
ARA American Relief Administration
ATSJ Association des travailleurs sociaux juifs
CANRA Committee on Army-Navy Religious Activities
CAR Comité d’assistance aux réfugiés
CASIP Comité d’action sociale israélite de Paris
CBIP Comité de bienfaisance israélite de Paris
CCE Commission centrale de l’enfance
CGD Comité général de défense des Juifs
CII Centre israélite d’information de Paris
CIR Comité intergouvernemental des réfugiés
CJM Congrès juif mondial
COJASOR Comité juif d’action sociale et de reconstruction
COSOR Comité social des œuvres de résistance
CUDJ Comité d’union et de défense des juifs
CRC Central Relief Committee
CRIF Conseil représentatif des israélites de France
DPs Personnes déplacées
ECA Economic Cooperation Act
EIF Éclaireurs israélites de France
EPB École de service social Paul Baerwald
FSJF Fédération des sociétés juives de France
FSJU Fonds social juif unifié
HIAS Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society
HICEM HIAS, Jewish Colonization Association, Emigdirect
ICA Jewish Colonization Association
Joint, JDC American Joint Distribution Committee
JLC Jewish Labor Committee
KKL Fonds national juif, Keren Kayemeth Leisraël
LICA Ligue internationale contre l’antisémitisme
MJS Mouvement de la jeunesse sioniste
MPDR Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés
NCJW National Council of Jewish Women
OIR Organisation internationale des réfugiés
OPEJ Œuvre de protection des enfants juifs
OSE Œuvre de secours aux enfants
PCF Parti communiste français
PRC People’s Relief Committee
SHAEF Supreme Headquarters, Allied Expeditionary
Forces
SSE Social Service Exchange
SSI Service spécial des immigrants
SSJ Service social des jeunes
UGIF Union générale des israélites de France
UJA United Jewish Appeal
UJRE Union des Juifs pour la résistance et l’entraide
UNRRA United Nations Relief and Rescue Administration
UPA United Palestine Appeal
Introduction
« Avec eux [les Juifs américains en France] on était tranquille. Le gouvernement français s’intéressait à nous, mais comme [il s’agissait] des Juifs de toutes les nationalités, il fallait que le judaïsme mondial contribue aussi. Ce qu’ils ont fait […]. Dans une période qui était quand même très agitée, ça vous donnait quand même un sens, un fond solide quelque part. Rien ne pouvait plus maintenant… Comme on disait, “Where is the Joint ?” [Où est le l’American Joint Distribution Committee ?] quand il y avait un problème quelconque, les gens disaient, “Où est le Joint ?”. Alors, même pour s’amuser, alors même pour rigoler, on disait, quand il arrivait un truc terrible, “il m’a renversé toute la confiture”, on disait “Où est le Joint !” C’est-à-dire, il peut tout réparer [1] . »
Entre 1945 et 1948, les Juifs américains ont donné 194 millions de dollars pour la reconstruction de la vie juive en Europe après la Shoah [2] . Entre 1944 et 1954, ils ont envoyé plus de 26,9 millions de dollars aux Juifs en France [3] . Cette démonstration massive de solidarité a été appelée « le plan Marshall juif [4] ».
Cet ouvrage analyse d’abord les modalités de distribution de ces sommes sans précédent données par les Juifs américains pour aider leurs coreligionnaires en Europe, et plus particulièrement en France. Dans un deuxième temps, il s’interroge sur la façon dont cette aide a été gérée en France et, peut-être plus important encore, sur les facteurs qui lui ont donné sa forme et son contenu. Enfin, il étudie la manière dont cette aide a été reçue par les Juifs français et se demande en particulier comment elle a pu influencer la vie juive française dans les années qui ont suivi la guerre. D’une façon plus générale, l’histoire de l’aide fournie par les Juifs américains à la France après la guerre permet d’illustrer les fonctions multiples de la philanthropie : en plus de sa fonction première d’aide aux populations, elle établit un lien complexe entre les individus et les communautés, les donateurs et les receveurs.
La France offre un terrain d’étude particulièrement riche, essentiellement pour quatre raisons. Tout d’abord, lorsque la population juive d’Europe s’est trouvée brutalement décimée par la Shoah, la France avait l’un des taux de survie les plus élevés en Europe occidentale : les trois quarts des Juifs de France ont survécu à la guerre [5] . À la Libération, entre 180 000 et 200 000 Juifs vivaient en France, faisant de ce pays le lieu de résidence de la plus grande communauté juive en Europe occidentale continentale [6] . Deuxièmement, les ports français donnant