La lecture à portée de main
Description
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 37 |
EAN13 | 9782824712369 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
MARGU ERI T E A U D OUX
L’A T ELI ER DE
MARI E-CLAI RE
BI BEBO O KMARGU ERI T E A U D OUX
L’A T ELI ER DE
MARI E-CLAI RE
0101
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1236-9
BI BEBO OK
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– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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, chaque matin à l’heur e du travail, l’av enue du
Maine s’ encombrait de g ens qui mar chaient à p as pré cipités etC de tramway s sur char g és qui r oulaient à grande vitesse v er s le
centr e de Paris.
Malgré la foule , j’ap er çus tout de suite Sandrine . Elle aussi allong e ait
le p as et je dus courir p our la rarap er .
C’était un lundi. Notr e chômag e d’été pr enait fin, et nous r e v enions à
l’atelier p our commencer la saison d’hiv er .
Boule dogue et la p etite Dur etour nous aendaient sur le tr ooir , et la
grande Ber g e ounee , que l’ on v o yait ar riv er d’ en face , trav er sa l’av enue
sans s’inquiéter des v oitur es afin de nous r ejoindr e plus vite .
Pendant quelques minutes il y eut dans notr e gr oup e un jo y eux
bavardag e . Puis les quatr e étag es fur ent montés rapidement. Et tandis que les
autr es r epr enaient leur s places autour de la table , j’allai m’asse oir de vant
la machine à coudr e , tout auprès de la fenêtr e . Boule dogue fut la der nièr e
1L’atelier de Marie-Clair e Chapitr e I
assise . Elle souffla p ar le nez selon son habitude , et aussitôt l’ ouv rag e en
main, elle dit :
— Maintenant il va falloir travailler dur p our contenter tout le monde .
Le mari de la p atr onne la r eg arda de très près en rép ondant :
— Eh bé . . . Dites si v ous gr ognez déjà !
C’était toujour s lui qui faisait les r e commandations ou les r epr o ches.
A ussi les ouv rièr es l’app elaient le p atr on, tandis qu’ elles ne p arlaient de
la p atr onne qu’ en l’app elant M ᵐᵉ D alignac.
Boule dogue gr ognait p our tout et p our rien.
Lor squ’ elle n’était p as contente , elle avait une façon de fr oncer le nez
qui lui r ele vait la lè v r e et dé couv rait toutes ses dents, qui étaient fortes et
blanches.
Il ar rivait souv ent que le p atr on se quer ellait av e c elle ; mais M ᵐᵉ D
alignac ramenait toujour s la p aix en leur disant doucement :
— V o y ons. . . r estez tranquilles.
Les colèr es du p atr on ne r essemblaient p as du tout à celles de
Boule dogue . Elles étaient aussi vite p arties que v enues. Sans prép aration ni
av ertissement il se pré cipitait v er s l’ ouv rièr e à réprimander , et p endant
une minute il criait à s’ en étrangler , en supprimant la moitié des mots
qu’il avait à dir e .
Cee façon de p arler ag açait la grande Ber g e ounee qui se mo quait
et mar moait tout bas :
— el barag ouin !
Le p atr on était le pr emier à rir e de ses emp ortements, et comme p our
s’ en e x cuser , il disait :
— Je suis vif.
Et il ajoutait p arfois av e c un p eu de fierté :
— Moi, je suis des Py réné es.
C’était lui qui br o dait à la machine les mante aux et les r ob es des
clientes. Il était adr oit et méticuleux, mais après quelques heur es de
travail il de v enait tout jaune et p araissait é crasé de fatigue .
Sa femme le touchait à l’ép aule et lui disant :
— Rep ose-toi, va.
Il ar rêtait alor s sa lourde machine , puis il r e culait son tab our et, afin de
s’appuy er au mur ; et il r estait de longs moments sans r emuer ni p arler .
2L’atelier de Marie-Clair e Chapitr e I
Il y avait entr e les p atr ons et les ouv rièr es comme une asso ciation
amicale . M ᵐᵉ D alignac ne craignait p as de demander des conseils dans
l’atelier , et les ouv rièr es lui accordaient toute leur confiance .
ant au p atr on, s’il criait à tue-tête p our nous donner la moindr e
e xplication, il p arlait tout autr ement à sa femme . Il pr enait son avis p our
les plus p etites choses et ne la contrariait jamais.
M ᵐᵉ D alignac était un p eu plus âg é e que son mari. Cela se v o yait à ses
che v eux qui grisonnaient aux temp es ; mais son visag e r estait très jeune
et son rir e était frais comme celui d’une p etite fille .
Elle était grande et bien faite aussi, mais il fallait la r eg arder e xprès
p our s’ en ap er ce v oir , tant elle p araissait toujour s effacé e et lointaine . Elle
p arlait doucement et p osément ; et s’il ar rivait qu’ elle fût oblig é e d’adr
esser un r epr o che à quelqu’un, elle r ougissait et se tr oublait comme si elle
était elle-même la coup able .
Le p atr on avait p our sa femme une tendr esse pleine d’admiration, et
souv ent il nous disait :
— Per sonne n’ est comme elle .
Dès qu’ elle sortait, il se meait à la fenêtr e p our la v oir p asser d’un
tr ooir à l’autr e , et si elle tardait à r e v enir , il la gueait et de v enait inquiet.
D ans ces moments-là , les ouv rièr es savaient bien qu’il ne fallait rien
lui demander .
A ujourd’hui l’ esp oir du travail app ortait de la joie dans l’atelier . Il
n’était question que d’une nouv elle cliente dont les p aiements seraient
sûr s, p ar ce qu’ elle tenait un commer ce imp ortant, et qui nous donnerait
b e aucoup d’ ouv rag e p ar ce qu’ elle avait cinq filles.
Le p atr on pr essait sa femme d’aller cher cher les étoffes annoncé es :
— Vite , vite , disait-il.
Et il s’agitait si fort, qu’il heurtait les manne quins et les tab our ets.
M ᵐᵉ D alignac riait, et tout le monde en faisait autant.
Le soleil p araissait rir e av e c nous aussi. Il ray onnait à trav er s la vitr e
et cher chait à se p oser sur la corb eille à fil et sur la machine à coudr e .
Sa chaleur était encor e très douce et Ber g e ounee ouv rit toute grande la
fenêtr e p our qu’il pût entr er à son aise .
D e l’autr e côté de l’av enue , les mur s d’une maison en constr uction
commençaient à sortir de ter r e . D es br uits de pier r es et de b ois se
confon3L’atelier de Marie-Clair e Chapitr e I
daient en montant jusqu’à nous, et les ceintur es r oug es et bleues des
maçons se montraient à trav er s les é chafaudag es.
À tout instant, des tomb er e aux de mo ellons et de sable se dé v er saient.
Les mo ellons r oulaient av e c un br uit clair , et le glissement du sable faisait
p enser au v ent d’été dans le feuillag e des mar r onnier s. Puis c’était des
fardier s char g és de pier r es de taille qui ar rivaient. On les entendait v enir de
loin. Les char r etier s criaient. Les fouets claquaient, et les che vaux tiraient
à plein collier .
A ussitôt que sa femme fut p artie , le p atr on se fit aider p ar la p etite
Dur etour , p our débar rasser les planches des b outs de chiffons et mer e
de l’ ordr e un p eu p artout.
La p etite Dur etour n’était p as très b onne ouv rièr e malgré ses dix-huit
ans, mais M ᵐᵉ D alignac la g ardait à cause de sa grande g aieté . Elle pr enait
toujour s les choses du b on côté , et