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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 21 |
EAN13 | 9782824709949 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
LA MUSE DU
DÉP ART EMEN T
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA MUSE DU
DÉP ART EMEN T
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0994-9
BI BEBO OK
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. F , si les hasards ( hab ent sua fata lib elli) du
monde liérair e font de ces lignes un long souv enir , ce seraM certainement p eu de chose en comp araison des p eines que
v ous v ous êtes donné es, v ous le d’Hozier , le Chérin, le Roi d’ar mes des
ÉT U DES DE MŒU RS ; v ous à qui les Navar r eins, les Cadignan, la
Lang e ais, les Blamont-Chauv r y , les Chaulieu, les d’ Arthez, les d’Esgrignon,
les Mortsauf, les V alois, les cent maisons nobles qui constituent
l’aristo cratie de la COMÉDI E H UMAI N E doiv ent leur s b elles de vises et leur s
ar moiries si spirituelles. A ussi L’ ARMORIAL DES ÉT U DES DE MŒU RS
I N V EN T É P AR F ERDI NAN D DE GRAMON T , GEN T I LHOMME, est-il
une histoir e complète du blason français, où v ous n’av ez rien oublié , p as
même les ar mes de l’Empir e , et que je conser v erai comme un monument
de p atience béné dictine et d’amitié . elle connaissance du vieux
lang ag e fé o dal dans le : Pulchrè se dens, meliùs ag ens ! des Be ausé ant ? dans
le : D es p artem le onis ! des d’Esp ard ? dans le : Ne se v end ! des V
andenesse ? Enfin, quelle co queerie dans les mille détails de cee savante
iconographie qui montr era jusqu’ où la fidélité sera p oussé e dans mon
entr eprise , à laquelle v ous, p oète , v ous aur ez aidé
V otr e vieil ami,
1La muse du dép artement Chapitr e
DE BALZA C.
n
2 du Ber r y se tr ouv e au b ord de la Loir e une ville qui
p ar sa situation air e infailliblement l’ œil du v o yag eur . Sancer r eS o ccup e le p oint culminant d’une chaîne de p etites montagnes,
der nièr e ondulation des mouv ements de ter rain du Niv er nais. La Loir e
inonde les ter r es au bas de ces collines, en y laissant un limon jaune qui les
fertilise , quand il ne les ensable p as à jamais p ar une de ces ter ribles cr ues
ég alement familièr es à la Vistule , cee Loir e du Nord. La montagne au
sommet de laquelle sont gr oup é es les maisons de Sancer r e , s’élè v e à une
assez grande distance du fleuv e p our que le p etit p ort de Saint-ibault
puisse viv r e de la vie de Sancer r e . Là s’ embar quent les vins, là se débar que
le mer rain, enfin toutes les pr o v enances de la Haute et de la Basse-Loir e .
A l’ép o que où cee histoir e eut lieu, le p ont de Cosne et celui de
Saintibault, deux p onts susp endus, étaient constr uits. Les v o yag eur s v enant
de Paris à Sancer r e p ar la r oute d’Italie ne trav er saient plus la Loir e de
Cosne à Saint-ibault dans un bac, n’ est-ce p as assez v ous dir e que le
Chassez-cr oisez de 1830 avait eu lieu ; car la maison d’Orlé ans a p artout
cho yé les intérêts matériels, mais à p eu près comme ces maris qui font
des cade aux à leur s femmes av e c l’ar g ent de la dot.
Ex cepté la p artie de Sancer r e qui o ccup e le plate au, les r ues sont plus
3La muse du dép artement Chapitr e
ou moins en p ente , et la ville est env elopp é e de ramp es, dites les Grands
Remp arts, nom qui v ous indique assez les grands chemins de la ville . A u
delà de ces r emp arts, s’étend une ceintur e de vignobles. Le vin for me la
princip ale industrie et le plus considérable commer ce du p ay s qui p
ossède plusieur s cr us de vins g énér eux, pleins de b ouquet, et assez
semblables aux pr o duits de la Bour g ogne p our qu’à Paris les p alais v ulg air es
s’y tr omp ent. Sancer r e tr ouv e donc dans les cabar ets p arisiens une
rapide consommation, assez né cessair e d’ailleur s à des vins qui ne p euv ent
p as se g arder plus de sept à huit ans. A u-dessous de la ville , sont assis
quelques villag es, Fontenay , Saint-Satur qui r essemblent à des faub our gs,
et dont la situation rapp elle les g ais vignobles de Neufchâtel en Suisse .
La ville a conser vé quelques traits de son ancienne phy sionomie , ses r ues
sont étr oites et p avé es en cailloux pris au lit de la Loir e . On y v oit encor e
de vieilles maisons. La tour , ce r este de la for ce militair e et de l’ép o que
fé o dale , rapp elle l’un des siég es les plus ter ribles de nos guer r es de r
eligion et p endant le quel les Calvinistes ont bien sur p assé les far ouches
Camér oniens de W alter Sco.
La ville de Sancer r e , riche d’un illustr e p assé , v euv e de sa puissance
militair e , est en quelque sorte v oué e à un av enir infertile , car le mouv
ement commer cial app artient à la riv e dr oite de la Loir e . La rapide
description que v ous v enez de lir e pr ouv e que l’isolement de Sancer r e ira cr
oissant, malgré les deux p onts qui la raachent à Cosne . r e , l’ or gueil
de la riv e g auche , a tout au plus tr ois mille cinq cents âmes, tandis qu’ on
en compte aujourd’hui plus de six mille à Cosne . D epuis un demi-siè cle ,
le rôle de ces deux villes assises en face l’une de l’autr e a complétement
chang é . Cep endant l’avantag e de la situation app artient à la ville
historique , où de toutes p arts l’ on jouit d’un sp e ctacle enchanteur , où l’air est
d’une admirable pur eté , la vég étation magnifique , et où les habitants en
har monie av e c cee riante natur e sont affables, b ons comp agnons et sans
puritanisme , quoique les deux tier s de la p opulation soient r estés
calvinistes.
D ans un p ar eil état de choses, si l’ on subit les inconvénients de la vie
des p etites villes, si l’ on se tr ouv e sous le coup de cee sur v eillance
officieuse qui fait de la vie privé e une vie quasi publique ; en r e vanche , le
p atriotisme de lo calité , qui ne r emplacera jamais l’ esprit de famille , se
dé4La muse du dép artement Chapitr e
ploie à un haut degré . A ussi la ville de Sancer r e est-elle très-fièr e d’av oir
v u naîtr e une des gloir es de la Mé de cine mo der ne , Horace Bianchon, et
un auteur du se cond ordr e , Étienne Louste au, l’un des feuilletonistes les
plus distingués. L’ Ar r ondissement de Sancer r e , cho qué de se v oir soumis
à sept ou huit grands pr opriétair es, les hauts bar ons de l’Éle ction, essaya
de se couer le joug éle ctoral de la D o ctrine , qui en a fait son b our g-p our ri.
Cee conjuration de quelques amour s-pr opr es fr oissés é choua p ar la
jalousie que causait aux co alisés l’élé vation futur e d’un des conspirateur s.
and le résultat eut montré le vice radical de l’ entr eprise , on v oulut y r
emé dier en pr enant l’un des deux hommes qui r eprésentent glorieusement
Sancer r e à Paris, p our champion du p ay s aux pr o chaines éle ctions.
Cee idé e était e xtrêmement avancé e p our notr e p ay s, où, depuis
1830, la nomination des notabilités de clo cher a fait de tels pr ogrès que
les hommes d’État de viennent de plus en plus rar es à la Chambr e éle
ctiv e . A ussi ce pr ojet, d’une ré alisation assez hy p othétique , fut-il conçu
p ar la femme sup érieur e de l’ Ar r ondissement, dux femina facti , mais dans
une p ensé e d’intérêt p er sonnel. Cee p ensé e avait tant de racines dans
le p assé de cee femme et embrassait si bien son av enir , que sans un vif
et succinct ré cit de sa vie antérieur e , on