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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 720 |
EAN13 | 9782824710846 |
Langue | Français |
Extrait
LE COMT E DE LA U T RÉAMON T
LES CHAN TS DE
MALD OROR
BI BEBO O KLE COMT E DE LA U T RÉAMON T
LES CHAN TS DE
MALD OROR
1874
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1084-6
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.I
CHAN T P REMI ER
que le le cteur , enhardi et de v enu momentanément
fér o ce comme ce qu’il lit, tr ouv e , sans se désorienter , son che-P min abr upt et sauvag e , à trav er s les maré cag es désolés de ces
p ag es sombr es et pleines de p oison ; car , à moins qu’il n’app orte dans
sa le ctur e une logique rig our euse et une tension d’ esprit ég ale au moins
à sa défiance , les émanations mortelles de ce liv r e imbib er ont son âme
comme l’ e au le sucr e . Il n’ est p as b on que tout le monde lise les p ag es qui
v ont suiv r e ; quelques-uns seuls sav our er ont ce fr uit amer sans dang er .
Par consé quent, âme timide , avant de p énétr er plus loin dans de p ar eilles
landes ine xploré es, dirig e tes talons en ar rièr e et non en avant. Écoute
bien ce que je te dis : dirig e tes talons en ar rièr e et non en avant, comme
les y eux d’un fils qui se détour ne r esp e ctueusement de la contemplation
auguste de la face mater nelle ; ou, plutôt, comme un angle à p erte de v ue
de gr ues frileuses mé ditant b e aucoup , qui, p endant l’hiv er , v ole
puissamment à trav er s le silence , toutes v oiles tendues, v er s un p oint déter miné
1Les chants de Maldor or I
de l’horizon, d’ où tout à coup p art un v ent étrang e et fort, pré cur seur de
la tempête . La gr ue la plus vieille et qui for me à elle seule l’avant-g arde ,
v o yant cela, branle la tête comme une p er sonne raisonnable , consé
quemment son b e c aussi qu’ elle fait claquer , et n’ est p as contente (moi, non
plus, je ne le serais p as à sa place ), tandis que son vieux cou, dég ar ni de
plumes et contemp orain de tr ois g énérations de gr ues, se r emue en
ondulations ir rité es qui présag ent l’ orag e qui s’appr o che de plus en plus. Après
av oir de sang-fr oid r eg ardé plusieur s fois de tous les côtés av e c des y eux
qui r enfer ment l’ e xp érience , pr udemment, la pr emièr e ( car , c’ est elle qui a
le privilég e de montr er les plumes de sa queue aux autr es gr ues inférieur es
en intellig ence ), av e c son cri vigilant de mélancolique sentinelle , p our r
ep ousser l’ ennemi commun, elle vir e av e c fle xibilité la p ointe de la figur e
g é ométrique ( c’ est p eut-êtr e un triangle , mais on ne v oit p as le tr oisième
côté que for ment dans l’ esp ace ces curieux oise aux de p assag e ), soit à
bâb ord, soit à trib ord, comme un habile capitaine ; et, manœuv rant av e c des
ailes qui ne p araissent p as plus grandes que celles d’un moine au, p ar ce
qu’ elle n’ est p as bête , elle pr end ainsi un autr e chemin philosophique et
plus sûr .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le cteur , c’ est p eut-êtr e la haine que tu v eux que j’inv o que dans le
commencement de cet ouv rag e ! i te dit que tu n’ en r enifleras p as,
baigné dans d’innombrables v oluptés, tant que tu v oudras, av e c tes narines
or gueilleuses, lar g es et maigr es, en te r env er sant de v entr e , p ar eil à un
r e q uin, dans l’air b e au et noir , comme si tu compr enais l’imp ortance de
cet acte et l’imp ortance non moindr e de ton app étit légitime , lentement
et majestueusement, les r oug es émanations ? Je t’assur e , elles réjouir ont
les deux tr ous infor mes de ton muse au hideux, ô monstr e , si toutefois tu
t’appliques aup aravant à r espir er tr ois mille fois de suite la conscience
maudite de l’Éter nel ! T es narines, qui ser ont démesurément dilaté es de
contentement ineffable , d’ e xtase immobile , ne demander ont p as quelque
chose de meilleur à l’ esp ace , de v enu embaumé comme de p arfums et d’
encens ; car , elles ser ont rassasié es d’un b onheur complet, comme les ang es
qui habitent dans la magnificence et la p aix des agré ables cieux.
2Les chants de Maldor or I
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’établirai dans quelques lignes comment Maldor or fut b on p endant
ses pr emièr es anné es, où il vé cut heur eux ; c’ est fait. Il s’ap er çut ensuite
qu’il était né mé chant : fatalité e xtraordinair e ! Il cacha son caractèr e tant
qu’il put, p endant un grand nombr e d’anné es ; mais, à la fin, à cause de
cee concentration qui ne lui était p as natur elle , chaque jour le sang lui
montait à la tête ; jusqu’à ce que , ne p ouvant plus supp orter une p ar eille
vie , il se jeta résolûment dans la car rièr e du mal. . . atmosphèr e douce ! i
l’aurait dit ! lor squ’il embrassait un p etit enfant, au visag e r ose , il aurait
v oulu lui enle v er ses joues av e c un rasoir , et il l’aurait fait très-souv ent,
si Justice , av e c son long cortég e de châtiments, ne l’ en eût chaque fois
empê ché . Il n’était p as menteur , il av ouait la vérité et disait qu’il était
cr uel. Humains, av ez-v ous entendu ? il ose le r e dir e av e c cee plume qui
tr emble ! Ainsi donc, il est une puissance plus forte que la v olonté . . .
Malé diction ! La pier r e v oudrait se soustrair e aux lois de la p esanteur ?
Imp ossible . Imp ossible , si le mal v oulait s’allier av e c le bien. C’ est ce que je
disais plus haut.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Il y en a qui é criv ent p our r e cher cher les applaudissements humains,
au mo y en de nobles qualités du cœur que l’imagination inv ente ou qu’ils
p euv ent av oir . Moi, je fais ser vir mon g énie à p eindr e les délices de la
cr uauté ! D élices non p assagèr es, artificielles ; mais, qui ont commencé
av e c l’homme , finir ont av e c lui. Le g énie ne p eut-il p as s’allier av e c la
cr uauté dans les résolutions se crètes de la Pr o vidence ? ou, p ar ce qu’ on
est cr uel, ne p eut-on p as av oir du g énie ? On en v er ra la pr euv e dans
mes p ar oles ; il ne tient qu’à v ous de m’é couter , si v ous le v oulez bien. . .
Pardon, il me semblait que mes che v eux s’étaient dr essés sur ma tête ;
mais, ce n’ est rien, car , av e c ma main, je suis p ar v enu facilement à les
r emer e dans leur pr emièr e p osition. Celui qui chante ne prétend p as
que ses cavatines soient une chose inconnue ; au contrair e , il se loue de
ce que les p ensé es hautaines et mé chantes de son hér os soient dans tous
les hommes.
3Les chants de Maldor or I
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’ai v u, p endant toute ma vie , sans en e x cepter un seul, les hommes,
aux ép aules étr oites, fair e des actes stupides et nombr eux, abr utir leur s
semblables, et p er v ertir les âmes p ar tous les mo y ens. Ils app ellent les
motifs de leur s actions : la gloir e . En v o yant ces sp e ctacles, j’ai v oulu
rir e comme les autr es ; mais, cela, étrang e imitation, était imp ossible . J’ai
pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré , et me suis fendu les
chair s aux endr oits où se réunissent les lè v r es. Un instant je cr us mon but
aeint. Je r eg ardai dans un mir oir cee b ouche meurtrie p ar ma pr opr e
v olonté ! C’était une er r eur ! Le sang qui coulait av e c ab ondance des deux
blessur es empê chait d’ailleur s de distinguer si c’était là