Pour sa première saison à la tête du RCT, Bernard Laporte a mené l'équipe jusqu'à deux finales. De beaux débuts qui ne le comblent pas totalement car le manager toulonnais est un perfectionniste. Il nous parle de ses attentes pour la saison à venir et revient aussi sur l'épisode Armitage.
L'actualité est importante à Toulon même avant que le championnat ne commence avec la convocation de Steffon Armitage après que des traces de Dafalgan codéiné aient été retrouvées après un contrôle antidopage. Quelle est votre réaction ? Cela a pris une ampleur démesurée. Quand on a mal au dos, on demande au médecin ce que l'on doit prendre comme médicament. Steffon l'a fait. Et ce qui lui arrive aujourd'hui est regrettable. Mais ce sont des produits autorisés qui ont été retrouvés. J'ai toujours dit que je ne tolérerais jamais le dopage. Quand je suis arrivé à Toulon, j'ai dit aux joueurs que je serai intransigeant sur deux choses : l'éthique, car les joueurs représentent le club, et le dopage, celui qui est pris dégage. Les choses sont simples et tous les entraîneurs tiennent le même discours. Mais dans le cas de Steffon, il n'y a pas dopage.
Dans quel état d'esprit abordez-vous cette nouvelle saison ? Les compteurs sont remis à zéro. Il ne faut pas oublier tout ce que l'on a fait la saison dernière, mais il ne faut pas rester sur les deux finales que l'on a jouées l'an dernier. On les a perdues, il faut repartir au combat.
Quelles leçons avez-vous tiré justement de la saison dernière où Toulon aurait pu faire un doublé, mais n'a finalement rien gagné ? On a forcément un sentiment mitigé. Globalement, on a fait une bonne saison avec des hauts et des bas forcément, mais c'est vrai que c'est frustrant d'échouer deux fois en finale. Mais je n'oublierai jamais le retour sur la Rade et l'énorme accueil que nous ont fait les supporteurs après la défaite en finale de Top 14 contre Toulouse. Je dois bien vous avouer que j'étais aussi très triste pour tous ces gens qui suivent le club depuis toujours, qui étaient là dans les mauvais moments et qui ont rêvé à un nouveau titre. Ils ont une nouvelle fois montré à cette occasion qu'ils étaient extraordinaires. Ça nous a beaucoup touchés, les joueurs et moi. On a pris beaucoup de plaisir à disputer ces compétitions et ces phases finales qui sont toujours particulières.
En quoi sont-elles particulières ? Ce sont des matches couperets, des matches de haut niveau. On fait de la compétition pour jouer des matches comme cela. On se bat tous les ans pour les retrouver. On sent beaucoup de concentration et d'implication de la part de tout le monde. Même si c'est le cas tout au long de la saison, c'est encore plus vrai quand les matches éliminatoires arrivent.
En seulement huit mois de présence au club, vous avez réussi à conduire Toulon au Stade de France. Quel est votre secret ? Je n'ai pas de secret ni de baguette magique. Si l'équipe a atteint ces deux finales, c'est aussi grâce au travail qui a été fait par mon prédécesseur Philippe Saint-André auparavant. Sans prétention, j'ai souvent gagné, mais je n'ai jamais pensé que c'était grâce à moi. Ce sont les joueurs qui sont sur le terrain et qui, au final, décident des choses. La vérité est sur le terrain. Une fois que la partie est commencée, nous les managers ou entraîneurs nous sommes impuissants. Je dis toujours que mon rôle c'est d'être entraînant. On rêve tous d'avoir les ballons en touche, de mener toutes les attaques à leur terme. Mais malheureusement, le lancer est parfois trop court ou la passe n'est pas bonne. Des trucs ne tournent pas rond même si on a bien bossé dans la semaine. Je ne fais pas partie des entraîneurs qui pensent que ce sont eux qui gagnent.