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Description
Informations
Publié par | Les Éditions du Net |
Date de parution | 05 juillet 2013 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782312011981 |
Langue | Français |
Extrait
Marche de Rakoczy à Saint-Avold
Christian Meunier
Marche de Rakoczy à Saint-Avold
Un divertissement politico-médiatique
LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01198-1
Avant-Propos
Même si l’on peut avoir l’impression de connaître les personnages de ce divertissement politico-médiatique, ils n’en sont pas moins fictifs.
Disons qu’ils tirent leurs gènes de personnes existantes, ou ayant existé, mais qu’ils sont distincts de leurs modèles. Quant aux mésaventures qui leur arrivent, elles sont bien évidemment inventées. Cette œuvre est donc une pure fiction.
Les lectrices et lecteurs intéressés pourront en apprendre plus sur celles et ceux qui on servi de modèles en consultant mon site :
www.christianmeunier.com.
La disparition
Lundi 04.02.2013
Quand on se promène dans nos belles forêts de France, on ne sait jamais trop ce que l’on va y découvrir : des champignons, des animaux, de vieux matelas gisant au milieu de détritus, des promeneurs, des gens batifolant dans les buissons et se donnant du bon temps.
Mais c’est une toute autre sorte de spectacle qui aurait attendu un promeneur pénétrant ce lundi 04.02.2013 dans la pinède du Cap Nègre, vers 10 heures.
En effet, un homme en tenue de jogging se penchait alors sur une forme inanimée gisant en plein milieu du chemin.
« Hé, Paul. Ça va? »
Paul gémissait doucement. Puis, ses gémissements ralentirent tout en diminuant en intensité, avant de s’arrêter complètement. En dressant l’oreille, on pouvait enfin distinguer une réponse, dite avec lenteur, d’ une langue un peu pâteuse : « Oui, comme si un rouleau compresseur m’avait roulé dessus. Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Tu ne te souviens pas? On suivait Rakoczy dans son jogging, pour le protéger. Il a voulu s’arrêter parce qu’il avait un besoin pressant. Alors, il s’est enfoncé dans les broussailles, pour se cacher, et, nous, nous sommes restés sur le chemin, attendant son retour. Il venait à peine de disparaître derrière un buisson que nous avons été attaqués par-derrière. Je n’ai pas eu le temps de voir nos agresseurs, car ils m’ont donné un coup violent sur le crâne, et je suis tombé, sans connaissance. Je viens à peine de reprendre mes esprits.
– Moi, je n’ai même pas eu le temps de me rendre compte de quoi que ce soit. Et on est restés combien de temps dans le cirage?
– Une dizaine de minutes.
– Et Rakoczy, où est-il passé?
– Je n’en sais fichtre rien.
– Il est peut-être resté caché derrière son buisson?
– On va aller voir. Mais je suppose que nos agresseurs ne sont pas venus pour nous, mais plutôt pour lui. Nous, nous n’intéressons personne. Alors, ils ont dû s’occuper de lui.
– Mais lui, il n’est plus président... Il n’est plus que le mari d’une chanteuse aphone. Ça ne justifie pas une agression, tout de même ! Même pas de la part de ses voisins, que les miaulements de la belle pourraient incommoder!
– Oui, mais c’est avant tout un politique, et va-t’en savoir dans quelles histoires il s’est fourré.
– Eh bien, allons voir où il est passé.»
L’étroit chemin qui traversait la pinède était bordé de buissons épineux, comme il en pousse dans le Var. ll fallait un peu de courage à des hommes en short pour exposer leurs mollets aux épines et aux ronces, mais la situation l’exigeait. Pourtant, ils eurent beau fouiller, et s’époumoner à crier « Monsieur le Président », comme il sied pour un ancien chef de l’État, c’est bredouilles qu’ils revinrent sur le chemin.
Ils avaient perdu l’homme dont ils devaient assurer la sécurité. Bien sûr, il avait pu prendre le large, au lieu de se tapir dans un recoin. On peut avoir une grande gueule, mais se faire discret lorsqu’on est menacé par plus fort que soi. Et on peut aussi prendre la poudre d’escampette. À moins d’aimer recevoir des coups.
Ils espéraient, dans un coin de leur tête, que leur protégé avait pu fuir et se mettre en sécurité, mais il était clair que des agresseurs capables de mettre hors de combat aussi rapidement des professionnels du combat ne feraient qu’une bouchée d’un politicien dont la langue était la seule arme de défense et, qui plus est, se trouvait dans une position de faiblesse, la zézette à l’air et en train d’accomplir un acte bien naturel.
Par acquit de conscience, ils poursuivirent le jogging commencé en suivant bien l’itinéraire habituel, duquel « Rako » ne déviait jamais, et ce à un rythme soutenu, pour pouvoir le rattraper avant qu’il ne rentrât à la maison. Mais tous leurs efforts furent vains.
Ils durent en outre subir les récriminations et les sanglots de l’épouse éplorée, et, lorsqu’ils eurent informé leur chef de ce qui leur était arrivé, ils eurent droit à une engueulade en règle.
Pourtant, ils ne se sentaient pas fautifs puisque, d’une part, rien ne laissait supposer qu’un ancien président, rangé des affaires, pût exciter les envies de quelques terroristes, et que, d’autre part, ils pouvaient se compter eux-mêmes au nombre des victimes, puisqu’ils avaient reçu chacun un coup sur la tête, de quoi justifier un bon jour d’arrêt de travail.
Alerté rapidement, le préfet du Var n’attendit pas longtemps avant de prendre les choses en main. Il envoya d’abord une équipe de la police scientifique examiner les lieux de la disparition. Il n’avait à vrai dire pas trop d’espoir de voir ses spécialistes débusquer dans la poussière du chemin ou dans les broussailles avoisinantes un cheveu avec son bulbe, ou un poil de nez ou d’autre organe, offrant un ADN secourable aux fonctionnaires de la police.
Les deux gardes du corps ayant piétiné les buissons à la recherche de l’ex-président, paniqués qu’ils étaient à la pensée qu’ils avaient peut-être perdu la personne qu’on les avait chargés de protéger, la police ne trouva pas grand-chose, si ce n’est quelques traces de chaussures intéressantes dont les scientifiques prirent des moulages pour les analyser.
Les seules traces intéressantes venaient du chemin et y retournaient, sans que l’on puisse affirmer avec certitude combien de gens étaient passés par là, ni combien de fois.
Une fois les moulages effectués et emportés pour analyse, le préfet, qui avait eu le temps d’arriver sur place, prit soin d’organiser lui-même une battue, après avoir rassemblé une centaine de gendarmes et de soldats.
La chose était délicate car, comme à l’habitude, les autorités ne voulurent pas affoler la population. De plus, le Cap Nègre est truffé de belles maisons, dont les habitants ne sont pas disposés à laisser pénétrer un groupe de troufions risquant d’abîmer leur pelouse à l’anglaise.
Les journaux télévisés du soir annoncèrent la nouvelle de la disparition du Président Rakoczy, montrant des photos de la maison de vacances de l’ex-couple présidentiel, et une interview des deux gardes du corps. Pour faire pleurer dans les chaumières, on avait soigné la dramaturgie en leur roulant une bande autour de la tête, malgré leurs protestations. On leur avait fait comprendre que, vu leurs exploits, ils n’étaient pas en position de négocier.
Et c’est ainsi que leurs parents et amis les virent et crurent qu’ils étaient sérieusement blessés, alors qu’ils n’avaient qu’une simple bosse à l’arrière du crâne.
Quant au préfet, il prit soin de paraître sur les écrans à son avantage, quasiment en chef de guerre, montrant que la situation était sous contrôle, que lui, le préfet, la maîtrisait complètement, et qu’il avait bon espoir de rendre M. Rakoczy, rapidement et bien entendu sain et sauf, à l’affection des siens. Le préfet, en ancien élève de l’ENA, possédait parfaitement l’art d’endormir son auditoire, sur l’air de « Dormez bonnes gens, l’État veille sur vous. »
Il comptait d’ailleurs fortement sur cette affaire pour que sa carrière reçoive une impulsion déterminante. Pensez donc: retrouver un ex-président perdu ! Encore fallait-il pouvoir le faire, et il allait s’y employer sans perdre de temps, les premières heures étant déterminantes.
En direct du grand QG préfectoral
Lundi 04.02.2013 à 20h30
Le préfet aimait bien son bureau, sous les ors de la République,