L'ouvrage utilise deux thèmes : la théorie de Galois et l'arithmétique modulaire. Pour qu'un lecteur non suffisamment familiarisé avec ceux-ci puisse aborder les sujets traités sans difficultés majeures, les bases sont présentées de façon approfondie avec exercices et problèmes. Le problème dit de Galois inverse est alors présenté. Il utilise des polynômes dit de Galois formant pour la composition le groupe de Galois.Une approche constructive est proposée ; elle ramène l'étude à la résolution d'un système polynomial à l'aide de fonctions symétriques fondamentales. Dans une deuxième partie est introduite l'extension algébrique du crible d'Eratosthène. Les nombres premiers y jouent un rôle capital et diverses propriétés ainsi que des algorithmes sont présentés. En particulier on a mis en évidence un algorithme qui conduit au calcul de pi(x) nombre de nombres premiers jusqu'à x, avec seulement la connaissance des nombres premiers jusqu'à x^{2/3}.L'arithmétique modulaire permet aussi de construire deux systèmes symétriques homomorphes. Des solutions des exercices et problèmes proposés terminent l'ouvrage.
Informations légales : prix de location à la page 0,0498€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
GALOIS INVERSEAVEC POLYNÔMES ARITHMÉTIQUE MODULAIRE ET NOMBRES PREMIERS
Chapitre 4. Résolution par radicaux et Résolvantes de Lagrange128 1. Préambule sur une équation de degré5surQ. . . . . . . . . . . . . . . . .128 2. Obtention des racines de (E) par radicaux avec les résolvantes de Lagrange 132
L’ouvrage présente principalement deux sujets . L’un concerne la théorie de Galois et surtout une nouvelle approche du problème dit de Galois inverse. Pour qu’un lecteur puisse y être à l’aise nous avons rappelé en chapitre 1 les bases de la théorie de Galois, les résultats fondamentaux à connaitre et quelques exemples (en restant en caractéristique 0). Le problème de Galois inverse avec les polynômes de Galois, définis à cette occasion, est développé au chapitre 3. Le chapitre 4 est un exemple de résolution par radicaux avec l’appui des résolvantes de Lagrange. L’autre sujet concerne les nombres premiers et l’arithmétique modulaire. Celleci a connu depuis une soixantaine d’années un essor prodigieux, surtout en raison du développement des techniques de cryptographie et de leurs utilisations massives dans le domaine des com munications écrites et surtout électroniques.
L’utilisation des nombres premiers a joué un rôle important dans ces développements en liai son avec les opérations arithmétiques modulaires, car on peut calculer, modulo un nombre, avec des additions et des multiplications dans des structures quotients : groupes, anneaux, corps, commeZ/pZ, p premier, par exemple. La structure de groupe joue un rôle primordial.
Aussi dans les chapitres de cet ouvrage, nous proposons divers développements utilisant cette arithmétique modulaire comme un outil essentiel voire indispensable. Ces notions d’arith métique modulaire ne doivent plus être seulement un recueil de propriétés dans les cursus universitaires, mais doivent être utilisées le plus tôt possible dans des situations non triviales et variées.
Nous avons rappelé dans le chapitre 2 les notions essentielles et les théorèmes importants à connaitre. Des exercices d’applications assez immédiates sont proposés afin que ceux qui ne sont pas rompus avec ces notions puissent les acquérir rapidement. Ils sont corrigés dans le chapitre 9.
Bien entendu, pour l’ensemble du livre, il est nécessaire que le lecteur connaisse les bases élémentaires de l’algèbre classique, c’estàdire la trilogie "matrimoniale" : groupes, anneaux et corps dont les outils sont utilisés constamment.
L’ouvrage est donc en deux parties.
6
La première partie comporte les chapitres 1,3 et 4, concernant Galois. La deuxième partie comporte les chapitres 2,5,6,7 et 8 concernant l’arithmétique modulaire, les nombres premiers et les applications. Le chapitre 9 donnent des corrigés d’exercices et aussi des problèmes avec solutions. La première partie concerne la théorie de Galois et son architecture pour avoir une approche du problème dit de "Galois inverse". Les bases de la théorie de Galois étant rappelées et détaillées dans le chapitre 1, le chapitre 3 introduit donc les "polynômes de Galois" et on obtient une équivalence au problème dit de Galois inverse. Nous avons d’abord rappelé la notion de groupe de Galois développé dans son mémoire et donné des explications et des exemples afin d’être familiarisé avec ces notions. Le chapitre 4 fait l’étude d’une sousextension d’une extension cyclotomique deQpour p=11. L’utilisation des résolvantes de Lagrange permet de résoudre complètement une équation de degré 5 surQpar radicaux. Pour ces chapitres des exercices sont proposés qui vont permettre d’assimiler certaines no tions et de se confronter à des situations numériques. La deuxième partie débute avec le chapitre 2. Dans le chapitre 2 nous faisons un récapitulatif des bases et des notions élémentaires et es sentielles d’arithmétique classique et modulaire, à connaitre et à employer. Nous donnons les démonstrations des théorèmes, ainsi que quelques algorithmes. Ici également pour ces révisions ou compléments, des exercices sont proposés pour conforter les bases. On donne une suite d’exercices et de problèmes. Le chapitre 2 se termine par un complément : nous revenons sur l’importance de l’irréduc tibilité des polynômes cyclotomiques surQet surZ. Deux démonstrations sont détaillées, l’une issue de Landau, l’autre de Schur. Une troisième démonstration classique est rappelée sommairement car elle figure dans beaucoup d’ouvrages.
Le chapitre 5 concerne l’extension algébrique du crible d’Eratosthène. Ce crible tant, très utile mais il nécessite de fixer une borne B pour être certain d’avoir nombres premiers inférieurs à B avec exactitude.
est impor obtenu les
Aussi nous avons mis en oeuvre une méthode pour s’affranchir de ce problème de la borne. Elle crée en quelque sorte successivement les nombres entiers et permet une certaine classi ∗∗ fication. On obtient une partition deN(Nprivé de 0 et de 1) par classes de congruences. Mais surtout on obtient un algorithme pour créer les nombres premiers. Désignons parMk le produit des nombres premiers de 2 àpket parEkl’ensemble des entiers inférieurs àMk et copremiers àMk. On passe facilement deEkàEk+1à l’aide d’un tableau matricielWk. De cette façon on augmente la liste des nombres premiers par un algorithme de coût meilleur que celui du crible d’Eratosthène. On utilisera cet algorithme au chapitre 7 pour le calcul deπ(x). On montre donc dans ce chapitre 5 qu’on obtient plus facilement les nombres premiers par des multiplications plutôt que par des divisions.
7
Le chapitre 6 développe une récurrence algorithmique utilisant justement la mécanique du passage deEkàEk+1pour montrer comment on peut obtenirpk+1successeur depksans crible. Le chapitre 7 est consacré au calcul deπ(x). Nous avons redécouvert, au cours de la construc tion évoquée au chapitre 5, la méthode de Meissel reprise par Lehmer, à savoir un algorithme 2/3 permettant d’obtenirπ(x)en ne connaissant que les nombres premiers jusqu’àx. Le chapitre 8 utilise encore l’arithmétique modulaire par utilisation de la notion de racine primitive modulo un nombre premier et d’indice associé, pour transformer un produit de nombres deEken une somme. Cela permet de construire deux cryptosystèmes symétriques homomorphes et leur emploi à la cryptographie.
Le chapitre 9 propose des solutions des exercices et problèmes proposés dans les chapitres précédents. Certains exercices sont assez simples car d’applications immédiates des théo rèmes et d’algorithmes, mais d’autres sont plus délicats et nécessitent plus de recherche et de doigté. Bien entendu le lecteur doit retarder le plus longtemps possible la lecture des solutions et doit d’abord s’efforcer (voire s’acharner) à trouver des solutions personnelles.
La rédaction a été détaillée pour qu’un lecteur non rompu à l’arithmétique modulaire puisse progresser dans la compréhension et l’utilisation des résultats fondamentaux et y trouver satisfaction. Le chapitre 2 sur les bases de l’arithmétique classique et modulaire pourrait intéresser les très bons élèves de Terminales en spécialité mathématique. Les étudiants en classe préparatoire aux grandes écoles scientifiques et en premier cycle de l’université, ainsi que les futurs professeurs de mathématiques préparant le CAPES et l’AGRÉGATION seront intéressés par cet ouvrage qui devrait d’une part conforter leurs bases en arithmétique et en voir des applications non classiques, d’autre part apprendre ou réviser les bases de la théorie de Galois pour ceux qui l’ont à leur programme, avec un complément intéressant sur le problème dit de Galois inverse. Nous avons eu le plaisir de travailler avec des collègues de l’Université de Limoges et de profiter de leurs conseils éclairés et de participer au séminaire de théorie des Nombres. Nous avons nousmêmes présenté dans ce séminaire nos résultats sur l’extension algébrique du crible d’Eratosthène et du calcul deπ(x)par une méthode qui se trouva par la suite s’appa renter à celle de MeisselLehmer, reprise par l’équipe Lagarias, Miller, Odlysko. Et nous avons également plus tard présenté à ce séminaire notre approche du problème de Galois inverse avec les polynômes de Galois.
Nous avons eu la chance de pouvoir côtoyer Paul Erdös qui venait souvent à cette époque à Limoges et nous avons pu bénéficier de ses conseils. De même nous avons eu la possibilité de suivre des cours de Carl Pomerance qui était Pro fesseur invité à l’Université de Limoges et de profiter également de ses conseils. C’était à l’époque où il avait mis au point le Crible Quadratique qu’il avait exposé à la communauté des théoriciens et praticiens des nombres de Limoges.
8
Aussi nos adressons nos chaleureux remerciements à JeanLouis Nicolas, Guy Robin, Jean Pierre Massias, François Laubie, ainsi qu’aux Québécois JeanMarie De Koninck et Claude Levesque. Nous remercions également David Naccache pour ses précieux conseils concer nant les cryptosystèmes homomorphes. Que Claude Morin soit remercié pour des lectures de certains chapitres avec des corrections à effectuer, ainsi que Pierre Dusart. Nous remercions chaleureusement DENIS MONASSE qui nous a donné la possibilité de rédiger notre livre avec le système informatique qu’il dirige avec une grande maîtrise et pour ses bons conseils amicaux. Nous exprimons nos sincères remerciements à la maison d’édition RUE DES ECOLES qui nous accueille aux fins d’éditer notre livre.
SOURD Bernard
Chapitre 1 Bases de la théorie de Galois
Avertissement :Dans ce chapitre nous ne faisons pas véritablement un cours, mais donnons tout de même les notions essentielles pour qu’un lecteur non familiarisé avec les connais sances nécessaires puisse se mettre au niveau. Nous n’avons donc pas cherché à faire un cours universitaire avec les notions algébriques du top niveau. Les notions introduites sont axées plutôt sur la théorie de Galois originale, c’estàdire en utilisant le théorème capital dit de l’élément primitif, car nous aurons besoin de cette utilisation pratique pour les polynômes de Galois. Cela ne veut pas dire que nous négligeons la présentation d’Artin qui a aussi ses bons côtés.
1. Extensions algébriques
Nous rappelons d’abord quelques définitions de bases.
1.1.Corps commutatifs
Définition :Un corps commutatif K est un anneau commutatif avec élément unité multipli catif dont tous les éléments non nuls sont inversibles. Ainsi K possède une loi d’addition notée + telle que (K,+) soit un groupe commutatif avec un élément neutre noté O et une loi de multiplication . avec unité, de sorte que (K,+, .) soit un anneau commutatif avec un élément unité noté 1 distinct de O. De plus l’ensemble des ” inversibles de cet anneau pour la loi . notéKest égal àK/{0}ensemble des éléments non nuls de K. Un tel corps a donc au moins deux éléments. ” ” On sait que pour un anneau avec unité,Kest stable pour la loi . et que (K, .) est un groupe appelé groupe des éléments inversibles de l’anneau. Donc pour un corps on a le groupe des éléments non nuls pour la loi multiplicative . Caractéristique d’un anneau : Soient A un anneau avec unité etϕl’homomorphisme deZdans A qui associe à n l’élément ne, e étant l’unité de A : ϕ:n ֒→ne Le noyau deϕétant un sousgroupe du groupe additif deZ, il est soit réduit à 0, soit cyclique engendré par un plus petit entier strictement positif n.
10
Dans le premier cas on dit que A est de caractéristique nulle et A contient un sousanneau isomorphe àZcar il n’existe pas d’entier n tel que ne = 0. Dans le second cas il existe un plus petit entiern >0tel que ne = 0. On dit alors que A est Z de caractéristique n et A contient un sousanneau isomorphe à . nZ Proposition .La caractéristique p d’un anneau intègre et donc d’un corps , si elle est non nulle, est un nombre premier p. Démonstration .En effet si p était composé, soit p = rs, on aurait :0 =pe= (re)(se)., mais vu l’intégrité on devrait avoir : re = 0 ou se = 0, en contradiction avec le fait que p est minimal pour la propriété ne = 0, donc p n’étant pas composé est premier. Remarque. Un corps commutatif K de caractéristique 0 contient un sousanneau isomorphe à Z, donc aussi le corps des fractions de celuici c’estàdireQ. Ainsi K contient un souscorps isomorphe àQ. Un corps commutatif de caractéristique p premier contient un souscorps isomorphe au corps Z . pZ Dans les deux cas ce souscorps contenu dans K est appelé le souscorps premier de K. Z ExemplesLes corpsQ,R,C(pour p premier) sontsont de caractéristique 0. Les corps pZ de caractéristique p.
1.2. Extensions de corps commutatifs
Si un corps L contient un corps K comme souscorps, on dira que L et uneextensionde K. Une extension de corps, du corps K est donc un couple (L,K) où L est un corps et K est souscorps de L. Cette extension pourra être notéeL/K. Il peut y avoir des corps J contenant K comme souscorps et être souscorps de L ; on dit que ce sont des corps intermédiaires entre K et L. Plus généralement une extension de corps est un couple (L,K) de corps où L contient un souscorps K’ isomorphe à K. Souvent on identifie K’ à K. ExtensionL/Kde corps comme espace vectoriel sur K et algèbre sur K : Si on considère L muni de son addition, et la multiplication des éléments de L par ceux de K uniquement comme loi externe de L sur K, on peut donc considérer L comme espace vectoriel sur le corps K. On peut aussi considérer de plus la multiplication de L et L est aussi une algèbre sur K. Cette interprétation est importante et permet de simplifier des présentations algébriques. Comme exemples le corpsCest extension deRet extension deQ.Rest extension deQ.R est corps intermédiaire entreQetC.