L’insuffisance veineuse chronique (IVC) est définie par l’ensemble des manifestations cliniques liées à un dysfonctionnement fonctionnel ou physique du système veineux. Il en résulte une stase et une hyperpression veineuse responsable de modifications cutanées et de symptômes veineux. C’est une affection fréquente, polymorphe, qui regroupe différents tableaux cliniques qui vont de la simple « jambe lourde » aux troubles trophiques sévères handicapants. Le clinicien qui la prend en charge doit en maîtriser tous les aspects cliniques, diag-nostiques et thérapeutiques. L’insuffisance veineuse chronique ne doit jamais être négligée, son évolution vers la chronicité justifie d’un suivi régulier de ces patients avec une prise de décision adaptée pour chaque tableau évolutif. Elle accompagne le patient tout au long de sa vie, une réalité à ne pas méconnaître. Elle fait actuellement l’objet de nombreuses publications et recommandations, preuve de sa place de plus en plus importante dans les affections vasculaires périphériques. Le médecin vasculaire a une expertise reconnue dans ce domaine, trop longtemps sous-estimé et sous-traité.
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Linsuffisance veineuse chronique (IVC) est définie par lensemble des manifestations cliniques liées à un dysfonctionnement fonctionnel ou physique du système veineux. Il en résulte une stase et une hyperpression veineuse responsable de modifications cutanées et de symptômes vei neux. Cest une affection fréquente, polymorphe, qui regroupe différents tableaux cliniques qui vont de la simple « jambe lourde » aux troubles trophiques sévères handicapants. Le clinicien qui la prend en charge doit en maîtriser tous les aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques. Linsuffisance veineuse chronique ne doit jamais être négligée, son évo lution vers la chronicité justifie dun suivi régulier de ces patients avec une prise de décision adaptée pour chaque tableau évolutif. Elle accom pagne le patient tout au long de sa vie, une réalité à ne pas méconnaître. Elle fait actuellement lobjet de nombreuses publications et recomman dations, preuve de sa place de plus en plus importante dans les affections vasculaires périphériques. Le médecin vasculaire a une expertise reconnue dans ce domaine, trop longtemps sousestimé et soustraité.
Épidémiologie
Les affections veineuses chroniques sont fréquentes et constituent un véritable problème de santé publique. La prévalence est estimée entre 30 et 60 % dans les pays industrialisés selon les études [4, 22], 5 % en Afrique et 1 % en Inde. Il existe une nette prépondérance fémi nine (ratio 1/3). Les troubles trophiques veineux touchent 1 % de la population et la moitié des ulcères vasculaires sont dorigine veineuse. Il existe une corrélation significative entre la qualité de vie et la sévérité de la maladie veineuse. Enfin, il sagit dune pathologie coûteuse ; en 1991 en France, on estime que 224 millions deuros ont été dépensés pour les affections veineuses chroniques (2,6 % du budget de la santé) dont 41 % pour les médicaments, 34 % pour les soins hospitaliers et 13 % pour les honoraires médicaux [22].
Facteurs de risque
Lâge est le principal facteur de risque avec une prévalence de 15 % à 35 ans pour atteindre 65 % à 75 ans [26]. Lantécédent familial de varices est également un facteur prédisposant comme en témoigne une étude anglaise de 2005 portant sur des jumeaux, qui a mis en avant le rôle du gèneFOXC2sur la région du chromosome 16 [19]. Les fac teurs denvironnement [4, 22] tels que lobésité, la grossesse, la station debout ou assise prolongée, la grande taille, lexposition à la chaleur et lalimentation jouent également un rôle important. Le sexe féminin est classiquement retrouvé comme facteur de risque, mais cela pourrait nêtre que la conséquence dun biais de recrutement, les femmes ayant tendance à consulter plus facilement devant un tableau dinsuffisance veineuse chronique.
S06P01C08
Physiopathologie
Système veineux : rappels anatomiques On distingue habituellement le réseau veineux profond et le réseau veineux superficiel. Le premier est dit profond, car il se trouve à linté rieur des aponévroses jambières et fémorales en cheminant entre ou à lintérieur des muscles. Le réseau superficiel chemine dans le tissu graisseux entre la peau et le plan aponévrotique. Le retour veineux au niveau des membres inférieurs est assuré à 90 % par les veines pro fondes (veines satellites des artères dont elles partagent le même nom) et à 10 % par les veines superficielles (veine grande saphène, veine petite saphène et leurs affluents). Les deux réseaux communiquent par lintermédiaire des veines perforantes (Dodd, Hunter, Boyd et Cockett) et des crosses saphéniennes et éventuellement (non constant) par la grande anastomotique (Giacomini) qui relie la petite et la grande saphène. Les valvules empêchent le sang de refluer vers le bas en orthostatisme. Elles sont particulièrement nombreuses à létage sural, moins nombreuses mais plus puissantes au niveau fémoropoplité. Les veines ont également un rôle de réservoir de masse sanguine et prennent part à la thermorégulation. À linverse du système artériel qui est rapide et distributif, le système veineux est lent et capacitif.
Mécanisme physiopathologique[22]
La pression dans les veines est déterminée par deux composantes, lune hydrostatique (poids de la colonne sanguine) et lautre hémody namique (résultant de la contraction musculaire). En position debout immobile ou assise, la pression veineuse est denviron 90 mmHg au niveau de la cheville. Lors de linitiation de la marche, cette pression va diminuer, pour atteindre une moyenne denviron 30 mmHg (Figure S06P01C081), grâce à la contraction musculaire via la semelle plantaire de Lejars (dépendant de la statique plantaire et du déroulement du pas), la pompe musculaire du mollet, le système abdo minodiaphragmatique et le système valvulaire qui empêche le retour veineux.
Figure S06P01C081Évaluation des pressions veineuses ambulatoires en condition normale et en situations pathologiques (varices et syndrome post thrombotique). Hyperpression persistante à la marche en cas de pathologie veineuse.