Lettre à Najat Vallaud-Belkacem Huffington Post - 1er septembre 2014 En cette fin daoût, vous venez dêtre nommée ministre de lEducation nationale, quatrième dans lordre protocolaire.Je souhaite, comme tant dautres Français, que votre jeunesse et votre talent soient mis au service de la réforme, de lambition pour les enfants de la République. Dans votre succès, comme je vous plains ! Le ministère que vous récupérez est dans un piteux état, Madame la ministre. Vos prédécesseurs ont su, en deux ans, y ruiner en grande partie le crédit dont votre parti, traditionnellement si prompt à revendiquer sa proximité avec le monde enseignant, croyait bénéficier. Vincent Peillon a semé la zizanies et bouleversé lorganisation de lécole sans lui C a m i l l e B e d i ne s t donner de nouvel horizon. Benoît Hamon a déployé son énergie à secrétaire générale adjointe de lUMP, en charge des questionsentretenir limmobilisme. déducation et égalité des LEcole de la République, Madame la Ministre, est en crise. Vous nen chances portez pas lentière responsabilité, loin sen faut, mais par votre discours politique depuis des années, vous faites partie des coupables. Le malaise est profond. Les enseignants se sentent floués par les promesses de votre Président, celles que vous avez portées pendant sa campagne, et des années de désillusions.
Lettre à Najat Vallaud-Belkacem Huffington Post - 1er septembre 2014
En cette fin daoût, vous venez dêtre nommée ministre de lEducation nationale, quatrième dans lordre protocolaire.Je souhaite, comme tant dautres Français, que votre jeunesse et votre talent soient mis au service de la réforme, de lambition pour les enfants de la République.
Dans votre succès, comme je vous plains ! Le ministère que vous récupérez est dans un piteux état, Madame la ministre. Vos prédécesseurs ont su, en deux ans, y ruiner en grande partie le crédit dont votre parti, traditionnellement si prompt à revendiquer sa proximité avec le monde enseignant, croyait bénéficier. Vincent Peillon a semé la zizanies et bouleversé lorganisation de lécole sans lui C a m i l l e B e d i ne s t donner de nouvel horizon. Benoît Hamon a déployé son énergie àsecrétaire générale adjointe de lUMP, en charge des questionsentretenir limmobilisme.déducation et égalité des LEcole de la République, Madame la Ministre, est en crise. Vous nen chances portez pas lentière responsabilité, loin sen faut, mais par votre discours politique depuis des années, vous faites partie des coupables. Le malaise est profond. Les enseignants se sentent floués par les promesses de votre Président, celles que vous avez portées pendant sa campagne, et des années de désillusions. Les parents redoublent dangoisse pour la réussite de leurs enfants et ils sont de plus en plus nombreux à chercher des alternatives dans le privé, et jusque dans la déscolarisation ; vous ne leur avez répondu quavec idéologie militante, sans chercher à les entendre. Les élèves, si oubliés dans tous les débats, pris en tenaille par les discussions de syndicalistes, continuent de subir un système qui exclut et laisse les moins enclins à entrer dans le moule » sur le bord du chemin. Vous faites semblant de dénoncer cette crise devant les caméras, mais linaction et les méthodes de votre Gouvernement depuis deux ans nont rien changé – si ce nest pour créer de la frustration et de lamertume face à labsence de perspectives meilleures.
Vous dites être, Madame la ministre, un pur produit de la République. Cela vous honore et, comme vous, nous sommes nombreux à être fiers quune jeune femme, déterminée et talentueuse, occupe un poste important du Gouvernement. Mais je crains, Madame la ministre, que vous nincarniez aussi les mauvais côtés de notre système scolaire : sans trop forcer votre nature, vous personnifiez ce conformisme et cette absence daudace que Monsieur Montebourg dénonçait avec vigueur. Votre collègue se trompait : le conformisme au pouvoir, ce nest pas la réforme, cest le conservatisme dépensier qui entretient le système. Le conservatisme à lEducation nationale se paie cher : en dizaine de milliers délèves qui échouent chaque année.
Votre conformisme, Madame la ministre, cest votre manière de défendre, sans flamme, mais sans trébucher, la doxa de ce Gouvernement: il ny a pas de problème qui ne se résolve par une augmentation de moyens financiers et humains. Cette rengaine, répétée jusquà loverdose, est la marque dune certaine paresse intellectuelle. Vous auriez pu, avec vos amis de la Rue de Solferino si fiers de se faire les amis de lEcole, tenter de repenser le système, avoir lambition de le réformer. Il nen est rien : vous êtes là pour gérer un pactole électoral, pour faire fructifier une rente que votre Président a affaiblie. Votre rôle à ce ministère, et vous le savez, cest de vous faire oublier. Votre conformisme, Madame la ministre, marque bien malgré vous, la défaite intellectuelle de la gauche
sur lEcole : une gauche qui na pas su anticiper les réformes nécessaires dun modèle qui na pas évolué depuis des décennies.
Alors, Madame la ministre, faites taire tous ceux qui vous critiquent avant même vos prises de fonction : votre succès à réformer l'Ecole serait aussi le succès de nos enfants, c'est pour cela que nous ne pouvons que le souhaiter. Mais pour cela, libérez-vous !Madame la ministre, brisez les chaînes qui vous brident depuis tant dannées ! Nayez pas peur de la sanction de François Hollande : vous savez comme nous quil ne prend aucune décision. Recherchez la faveur du Premier ministre : il se prétend réformiste, alors prenez-le au mot !Vous nappartenez pas au sérail de lEducation : cest votre chance, cest votre liberté !Saisissez-la pour vous affranchir des pesanteurs et des immobilismes.
Pour cela, sachez vous concentrer sur les priorités. Oubliez vos obsessions de lABCD de légalité : cest un sujet tellement annexe face aux défis de lEcole de la République.Sil vous plait dapprendre à votre petit garçon quil pourrait être une petite fille (ou réciproquement), cest votre problème et je ne vous en veux pas, cest votre liberté. Mais de grâce, ne limposez pas à tous les parents !Laissez chaque famille se charger de la transmission morale à sa progéniture. LEcole a déjà tant à faire si elle voulait bien faire en sorte que chaque enfant sache lire, écrire et compter ! Voilà la priorité, la seule, que vous devez porter !
Libérez lEcole ! Notre système scolaire se meurt dune rigidité excessive, dune gestion uniforme.socialisme éducatif, qui na malheureusement pas été porté que par la gauche, a Le prétendu gérer des millions délèves, enseignants et parents de façon hyper-centralisée, sur un modèle unique. Pourtant, il est profondément injuste : lenfant qui ne se conforme pas au système est broyé puis abandonné. Ce nest pas lEcole de la République que nous voulons.
Alors, libérez nos enfants ! Permettez aux équipes pédagogiques de définir leurs méthodes, au niveau local, pour définir des objectifs nationaux, évalués régulièrement.Laissez aux parents le choix de leur établissement, en publiant les statistiques de réussite. Cest ce qui se fait dans le monde entier, de lEurope du Nord à lAmérique du Sud ! Cest cette souplesse, dans laquelle on prend soin de chaque élève, qui ouvrira à nouveau les parcours de réussite républicaine auxquelles nous tenons tant ! Remettez en place les bourses au mérite que vous avez supprimées, confortez les internats dexcellence et les écoles de la deuxième chance, renforcez les aides individualisées, ajoutez plus dheures de français à lécole primaire, au lieu de surcharger les programmes et les têtes de nos enfants déjà trop fatigués, permettez leur dêtre créatifs, innovants et différents ! Brisez le moule dune Ecole qui broie les individualités !
En terminant cette lettre, Madame la ministre, je crains bien sûr de ne pas vous avoir convaincue. Je sais, au fond, comme lensemble des Français dailleurs, que ni vous, ni le Premier ministre, naurez ce courage, ne porterez cette ambition. Un peu par lâcheté personnelle, un peu par contrainte politique, un peu par idéologie :aucun de vous ne veut réellement faire de lEducation une priorité puisque cela impliquerait de la réformer. Là aussi, François Hollande nous a bien menti !