Mai / Juin 2012LaPhiLanThro PiE.DES EnTr EPr EnEur S DE SoLiDari Téwww.fondapol.orgFrancis Charhonwww.fondapol.orgLa phiLanthropie.des entrepreneurs de solidaritéFrancis Charhonl a Fondation pour l’innovation politique est un think tank libéral, progressiste et européen.président : nicolas BazireVice-président : Charles Beigbederdirecteur général : dominique r eyniél a Fondapol publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur les valeurs.4r ÉSUMÉLa France a longtemps accusé un retard signifcatif dans le domaine de la philanthropie. Depuis 2003, les comportements ont commencé à évoluer en matière d’engagement individuel au service de la société. Une nouvelle génération de philanthropes s’est développée plus entrepreneuriale, moins complexée, voulant s’engager avec effcacité au service des autres. Comme c’est le cas à l’étranger, où les traditions sont plus anciennes, on constate une forte croissance des fondations et des fonds de dotations venant compléter l’action de l’état. Ces acteurs ont ouvert des voies d’innovation pour répondre aux diffciles questions qui se posent à notre société en mutation rapide. Ainsi chaque année, sont menés des dizaines de milliers de projets qui bénéfcient à des centaines de milliers de personnes, à des laboratoires de recherche, à des actions culturelles, par exemple.
Mai / Juin 2012
La
PhiLanThro PiE.
DES
EnTr EPr EnEur S
DE SoLiDari Té
www.fondapol.org
Francis Charhonwww.fondapol.orgLa phiLanthropie.
des entrepreneurs
de solidarité
Francis Charhonl a Fondation pour l’innovation politique
est un think tank libéral, progressiste et européen.
président : nicolas Bazire
Vice-président : Charles Beigbeder
directeur général : dominique r eynié
l a Fondapol publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur
les valeurs.
4r ÉSUMÉ
La France a longtemps accusé un retard signifcatif dans le domaine
de la philanthropie. Depuis 2003, les comportements ont commencé
à évoluer en matière d’engagement individuel au service de la société.
Une nouvelle génération de philanthropes s’est développée plus
entrepreneuriale, moins complexée, voulant s’engager avec effcacité au
service des autres. Comme c’est le cas à l’étranger, où les traditions sont
plus anciennes, on constate une forte croissance des fondations et des
fonds de dotations venant compléter l’action de l’état. Ces acteurs ont
ouvert des voies d’innovation pour répondre aux diffciles questions qui
se posent à notre société en mutation rapide. Ainsi chaque année, sont
menés des dizaines de milliers de projets qui bénéfcient à des centaines
de milliers de personnes, à des laboratoires de recherche, à des actions
culturelles, par exemple. Cette croissance est due non seulement à la
mobilisation d’intervenants engagés, mais aussi à une défscalisation des
dons particulièrement favorable.
Comment poursuivre la croissance du secteur philanthropique,
qui porte en elle l’engagement de personnes généreuses ayant choisi
d’investir au service des autres ?
Comment éviter un krach philanthropique aux conséquences
désastreuses pour les bénéfciaires de l’aide, si l’on persiste à envisager
une modifcation de la fscalité basée sur la réduction des déductions
fscales sur les dons et l’augmentation de l’imposition des hauts revenus ?
Comment ouvrir un dialogue sur un partage nouveau entre les
actions de la société civile et l’état, afn que l’on arrive à une approche
dépassionnée du rôle des philanthropes et la puissance publique ?
Comment s’assurer de la bonne utilisation des fonds ?
La philanthropie est une grande cause qui permet de reconstruire le
flet social, d’être au plus près du terrain, de retrouver des valeurs de
partage et d’engagement. Elle est indispensable à notre cohésion sociale.
56La phiLanthropie.
des entrepreneurs de solidarité
Francis Charhon
président du Centre Français des Fonds et Fondations
directeur général de la Fondation de France
Que ce soit en Asie, en Europe ou en Amérique latine, la philanthropie se
développe un peu partout dans le monde en complément de l’action des
états. Sous des formes différentes, en fonction des contextes politiques
et historiques, particuliers et entreprises s’invitent dans la gestion de
l’intérêt général. Ils apportent des réponses à des problèmes peu ou mal
traités par la collectivité.
Le terme de philanthropie, s’il est usuel dans les pays anglo-saxons,
est réapparu assez récemment en France, prenant le relais d’un ensemble
de mots – engagement, mécénat, générosité – plus couramment utilisés
jusqu’alors. Parfois réfuté, notamment pour les entreprises (dans l’esprit
français, lucrativité et don paraissent irréconciliables), c’est cependant ce
mot que nous retiendrons. Aux états-Unis, le terme désigne toute action
privée tournée vers l’autre, qu’elle soit portée par une entreprise ou
un particulier. Compris et couramment utilisé au niveau international,
ce terme assez ouvert de « philanthropie » est donc, au fnal, le plus
pratique pour notre propos.
Portée par un homme ou une entreprise qui désire améliorer
l’environnement dans lequel il vit, la philanthropie peut s’exprimer sous
des formes variées. Les philanthropes peuvent mener des actions d’intérêt
général en fnançant directement des associations, en s’impliquant
eux-mêmes bénévolement. Quoique potentiellement signifcatives, ces
7actions ne sont pas, pour la partie portée par les particuliers, identifables
statistiquement. Elles échappent de ce fait à l’analyse. Il est donc diffcile
d’en parler précisément. En revanche, lorsque la philanthropie prend la
forme juridique d’une fondation ou d’un fonds, elle devient observable.
Nous approcherons donc essentiellement la philanthropie à travers ces
formes très abouties.
Cette optique, contrainte par les données disponibles, n’est néanmoins
pas dénuée de sens. Une fondation est l’affectation irrévocable d’un
patrimoine à une cause d’intérêt général, elle mobilise en général des
sommes importantes, elle implique souvent un engagement dans la durée,
elle sollicite des réseaux et exige la mise en place d’une gouvernance.
Moins solide dans les textes, la structure du fonds de dotation est
toutefois aussi potentiellement porteuse de projets stables dédiés au
bien commun. Ces deux types d’organisations sont toutes susceptibles
d’intervenir à une échelle signifcative.
Leurs domaines d’intervention, dès lors qu’ils relèvent de l’intérêt
général, ne sont pas limités. Fondations et fonds de dotation peuvent
couvrir des domaines extrêmement larges, allant de la remise de bourses
d’études au plaidoyer politique, en passant par l’aide aux plus démunis,
la recherche scientifque et médicale ou le développement durable.
Opérateurs de terrain ou fnanceurs de projets externes, elles sont toutes
en mesure de déployer un engagement réféchi, construit stratégiquement.
Elles sont amenées à penser leurs dépenses et leur gestion en fonction
d’objectifs d’intérêt général inspirés par leurs fondateurs, validés ou
amendés par leurs administrateurs ou leurs experts.
Le développement de la philanthropie constaté aujourd’hui en France
n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un long travail mené par
des acteurs. Ceux-ci sont convaincus que, dans certaines conditions de
contrôle et de professionnalisme, le déploiement de l’initiative privée
dans la prise en charge de l’intérêt général est gage à la fois d’ouverture,
de diversité et de cohésion sociale.
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fondapol l’innovation politique
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