Revue Défense nationale N° 870 - Mai 2024
140 pages
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Date de parution 16 mai 2024
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Extrait

RDN
France, Otan, États-Unis et défense européenne : un débat permanent
Revue Défense NationaleMensuel - Mai 2024
Cahier de laRDN  Spécial Bac 2024 Spécialité histoiregéographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) La RDN publie ceCahierSpécial Bac 2024 pour accompagner les lycéens dans leurs révisions de la spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP). Avec des articles de 1945 à 2024, la RDN accompagne les lycéens dans leurs révisions grâce à une sélection de 14 articles et 2 annexes rédigées par la rédaction et une méthodologie de la dissertation et du commentaire de documents, partagée par un professeur d'histoire géographie, de géo-politique et de relations internationales. 144 pages - Cahier numérique uniquement - 9 €
Éditorial ’année 2024 est celle des guerres en Ukraine et au Proche-Orient, avec un hieLr pour contrer la menace soviétique, alors en pleine expansion, est aujourd’hui à monde fracturé, divisé et aux antagonismes ravageurs. Et le paradoxe est que e c’est aussi le 75 anniversaire de la création de l’Otan. L’Alliance militaire créée nouveau mobilisée pour contraindre la Russie à cesser sa guerre d’annexion contre Kiev. Un anniversaire qui sera célébré à Washington, alors même que les États-membres européens s’interrogent sur le futur du lien transatlantique à l’aune des pro-chaines élections américaines de novembre. (1) Autre paradoxe, la question de la relation entre la France et l’Otan . Certes, Paris est membre fondateur depuis 1949, mais le débat reste à la fois permanent et cli-vant sur la nature de cette relation si spéciale, notamment depuis l’avènement de la e V République voulue par le général de Gaulle. Aujourd’hui encore, l’Otan est presque un ovni au sein de notre écosystème de défense, entre ceux qui considèrent que l’indépendance de la France n’est pas compatible avec la participation à l’Alliance et ceux qui estiment que cette dernière est un multiplicateur de puissance et que nous devons d’ailleurs y accroître notre présence pour mieux peser dans les décisions. D’où l’intérêt du dossier de ce mois s’appuyant sur un colloque organisé par l’École de Guerre qui revient sur ces 75 années qui ont profondément marqué le « Vieux Continent » sans oublier les États-Unis,primus inter pares. À l’heure des nouveaux défis imposés par la Russie principalement, autant que par les tensions croissantes émanant des puissances révisionnistes et désinhibées comme la Chine, l’Iran ou encore d’autres, l’Otan se révèle à la fois indispensable mais aussi complémentaire de l’Union européenne. Certes, celle-ci est d’abord une construction économique et politique, elle a néanmoins pris conscience du besoin d’affirmer sa puissance géopolitique. Avec une certitude, la guerre imposée par Moscou a obligé tant l’Otan que l’UE à se réveiller et accroître leurs efforts de défense – en jouant d’ailleurs la complémentarité. Certes, il reste encore beaucoup de chemin à accomplir, toutefois nul ne saurait nier l’importance des deux organisations, y compris pour la France si soucieuse de conserver, à juste titre, son autonomie de décision. Là encore, notre pays apporte une dimension très spécifique par ses capacités militaires, ainsi que par sa volonté de continuer un rôle majeur dans les affaires du monde, sachant que ce rôle passe aussi par notre aptitude à travailler en coalition avec nos partenaires. L’Otan est ici un intégrateur essentiel, en particulier pour garantir l’interopérabilité des forces, gage indispensable pour obtenir la supériorité sur les théâtres d’opérations. Dans un monde incertain, l’Otan a su s’adapter parfois au gré des circonstances de l’histoire. Il est à espérer que ce projet ambitieux se poursuive pour le bien commun. Jérôme PELLISTRANDIRédacteur en chef
(1)  La RDN avait une chronique « Otan » de 1952 à 1967, signe de l’importance de l’Alliance pour notre défense, en e particulier sous la IV République.
Sommaire MAI 2024 -RDNn° 870
France, Otan, États-Unis et défense européenne : un débat permanent L’Alliance atlantique a 75ans 7 BENOÎT D’ABOVILLE L’Alliance atlantique va fêter ses 75 ans dans un contexte inédit de confrontation avec la Russie, d’interrogations sur la future administration à Washington et de compétition internationale accrue, notamment avec la Chine. Autant de sujets d’âpres discussions à venir. D’où l’actualité du prochain Sommet où il faudra dépasser le temps des congratulations.
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Introduction * JEANMARC VIGILANT L’Otan reste l’Alliance militaire la plus efficace, malgré de nombreuses critiques et ce, dès sa création en 1949. La France, membre fondateur, a toujours eu une relation complexe avec l’Organisation, d’où l’importance de ce colloque de l’École de Guerre permettant d’en comprendre les enjeux et les évolutions, alors même que la menace russe est redevenue d’actualité.
L’Otan à Fontainebleau: une présence structurante presque effacée * NICOLAS PENDRIEZ De 1948 à 1967 les Alliés furent massivement présents à Fontainebleau. De nombreuses infrastructures y furent construites afin d’héberger les militaires de l’Alliance et leurs familles. L’American way of lifemarqua la cité impériale, déjà ville de garnison. Cette présence structurante n’est plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir, effacé des mémoires locales.
Lerôle de la Convention surlestatut desforces del’Otan * MICKAËL DUPENLOUP La Convention sur le Statut des forces de l’Otan (SOFA) a été signée le 19 juin 1951. Ce texte détermine les règles s’appliquant aux forces de l’Alliance déployées dans un État-membre. Cet instrument juridique reste une référence à l’efficacité éprouvée et maintes fois utilisée, y compris pour la conduite d’opérations.
LeCentre Europe Pipeline System(CEPS), une structure de l’Otan en France depuis 1966 * L. M. LeCentre Europe Pipeline System (CEPS) est une structure très particulière de l’Otan destiné à ravitailler en carburants les principales bases alliées. Ce réseau, dont les installations traversent la France, a un usage militaire, mais aussi civil. La guerre en Ukraine a été l’occasion de mettre en avant le rôle duCEPSpour la logistique de l’Alliance.
PremierSACTfrançais: expérience et enseignements * STÉPHANE ABRIAL Le général Abrial a été le premier Français occupant la fonction de Commandant suprême allié transforma-tion à Norfolk aux États-Unis. Son expérience démontre le bien-fondé d’ACTdans le processus de transfor-mation de l’Alliance. Un regret, la relative méfiance de la France à l’égard de ce commandement qui est pourtant un véritable relai d’influence que Paris doit mieux exploiter.
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Conclusion * JEANMARC VIGILANT Depuis près de 75 ans l’Otan a su démontrer son aptitude à surmonter les crises et à s’adapter aux évolutions géopolitiques. Sa capacité de résilience est un atout majeur encore démontré depuis la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. L’Alliance reste le fondement de notre sécurité collective en Europe.
(1/2) La bombe nucléaire américaineB61en EuropeSituation actuelle ANDRÉ DUMOULIN L’Otan dispose de capacités nucléaires avec les bombesB61américaines stationnées et stockées dans plu-sieurs pays européens. Cette dimension de l’Alliance est essentielle et a été remise en avec la guerre imposée par la Russie à l’Ukraine. LesB61nécessitent des infrastructures dédiées et protégées.
Ukraine: quels objectifs pour l’Union européenne? GUY VINET La guerre imposée par la Russie à l’Ukraine a permis à l’UE de démontrer son soutien à Kiev. Cependant, il y a un manque de stratégie claire et déterminée de la part de Bruxelles, due aux divergences d’approche entre les 27 États-membres. Or, il y a urgence à s’inscrire dans la durée et à produire des effets concrets.
Ukraine-Russie: vers unaggiornamentostratégique américain? JEANCLAUDE ALLARD La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine est révélatrice d’une tentative de remise en cause des équilibres stratégiques classiques. Les États-Unis, très impliqués dans le soutien à Kiev, se retrouvent de factodans une compétition géopolitique majeure avec Moscou, mais aussi Pékin qui a choisi de soutenir la rupture théorisée par Vladimir Poutine.
* Articles issus du Colloque de l’École de Guerre « L’Otan en France (1950-1966) et la France dans l’Otan (1949-2022) ».
 Opinions - Repères La résilience européenne: vingt ans après le plus grand élargissement 81 NATHALIE DE KANIV Les pays de l’Est de l’Europe ont une conscience aiguë des défis de sécurité provoqués par une Russie revan-charde, d’où leur attachement à l’Otan et à l’UE. Se trouvant en première ligne face à la menace, ils œuvrent pour un renforcement généralisé et un accroissement de la résilience européenne indispensable en cas de conflit.
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La Marine nationale etl’Action del’État enmer àl’épreuve delahauteintensité JEANEMMANUEL PERRIN La Marine nationale est pleinement engagée sur un spectre très large de missions, allant de l’Action de l’État en mer (AEM) jusqu’à la haute intensité. Cette dualité permanente est une caractéristique majeure de notre politique maritime, d’autant plus que la France dispose de la deuxième Zone économique exclusive (ZEE) mondiale, l’obligeant à en assumer la sûreté.
Haute intensité: la rusticité comme facteur de succès incontestable SÉBASTIEN NOËL La rusticité demeure un facteur de succès incontestable sur le champ de bataille. Rusticité du combattant par l’aguerrissement, rusticité de certains équipements, rusticité et résilience des chaînes de commandement déployées sur le terrain. La technologie est indispensable mais ne doit pas devenir une dépendance pour le soldat, surtout si celle-ci connaît des défaillances.
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S’adapter ou partir: ledilemme del’Occident militaire auSahel LÉON KOUNGOU L’Occident militaire – essentiellement la France et les États-Unis – connaît des difficultés au Sahel, au point de devoir quitter certains États après des années de présence. La concurrence de la Russie, de la Chine mais également de la Turquie oblige à revoir nos partenariats dans un contexte de contestation anti-occidentale par les opinions publiques africaines.
 Chroniques (2/3) Histoire militaire-la réformelagarde (1975-1979):lesprincipes d’action 109 du générallagarde CLAUDE FRANC Pour le général Lagarde, réformer l’Armée de terre était une évidence en rétablissant un lien de confiance entre celle-ci et la Nation. Cela passait notamment par un nouveau style de commandement fondé sur l’ini-tiative et la discipline librement consentie plutôt que sur une contrainte rigide et subie.
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Amérique latine-l’inévitable rupture idéologique?PASCAL DROUHAUD L’Amérique latine semblait être éloignée des lignes de tensions internationales. Mais avec la guerre de la Russie contre l’Ukraine et la riposte d’Israël à Gaza après l’attaque duHamasdu 7 octobre 2023, le panorama a évolué avec des prises de position contradictoires entre les États soutenant l’idée d’un Sud global comme le Brésil, et l’Argentine du président Milei ouvertement pro-Occident. Trouver un équilibre devient impératif.
Cinéma & séries-Les Derniers Hommes(2024), lalégionétrangère etl’indochine deretourdanslessallesobscuresJOHANN LEMPEREUR La Légion étrangère et l’Indochine ont été des sujets de prédilection du cinéma. Le filmLes derniersHommes, sorti en France en février 2024, rappelle cette épopée dramatique où une poignée de légionnaires affronta les Japonais et la jungle. Derrière le scénario et les images bien tournées, se révèle toute la dimension humaine de la Légion, une « société multiraciale mais “monoculturelle” » au service de la France depuis 1831.
 Recensions Chalineet K Olivier OwalSKi Jean-Marie (dir.) :L’Amiral deGrasse et l’indépendance améri-127 caine. TomeI: Commander en opérations(lars wedin) e FOuilletthibault (dir.) :La guerre au XXIsiècle - Le retour de la bataille(Jérôme Pellistrandi) BadalaSSinicolas :Histoire de la sécurité européenne depuis 1945 – De la guerre froide à la guerre en Ukraine(Guy Vinet) COintetMichèle :La République assassinée (Mars-juillet 1940)(Jérôme PelliStrandi) drOuindenis :Stratégie intégrale, réflexions sur la puissance(lars wedin)
Programme de laRDNen ligne, p. 136
France, Otan, États-Unis et défense européenne : un débat permanent
RDN
Revue Défense NationaleMai 2024
L’Allianceatlantiquea 75ans
BenoîtD’ABOVILLE
Ancien ambassadeur.
e a préparation du Sommet du 75 anniversaire de l’Alliance atlantique, prévu meLauspices, jusqu’à ce que la crise au Moyen-Orient, la détérioration de lailleurs du 9 au 11 juillet 2024 à Washington (en réalité la signature du Traité de l’Atlantique Nord date du 4 avril 1949), se présentaita priori sous les situation militaire sur le terrain en Ukraine et la polarisation du débat interne amé-ricain sur le soutien à Kiev vienne ternir l’ambiance.
On doute que sa tenue, à la veille de surcroît de la convention républicaine américaine, représente un véritable atout pour le président-candidat Biden. Il demeure toutefois l’occasion d’une manifestation de la solidarité transatlantique, et un soutien des alliés à une Alliance dont l’utilité a été clairement mise en cause par le candidat républicain Trump, ouvertement critique des alliés et de l’Otan.
Les progrès enregistrés les années précédentes au sein de l’Alliance avaient été significatifs. Stimulés par le «wake up call» qu’avait constitué l’engagement par la Russie de la plus grande opération militaire sur le sol européen depuis le conflit des Balkans, les deux précédents sommets de l’Alliance avaient conduit à une adap-tation importante de l’Otan au nouveau contexte stratégique.
En juillet 2023, à Vilnius, l’Otan avait remis en ordre sa planification mili-taire, élaborant des plans régionaux, réaffirmé son objectif de réarmement et relancé sa préparation militaire. L’admission comme membres de la Suède et de la Finlande, déjà partenaires actifs, avait été finalisée, faisant de la Baltique un « lac otanien ». Surtout la solidarité des alliés vis-à-vis de Kiev y avait été réaffirmée, même si un consensus n’avait pas été atteint, sinon sur le principe, du moins sur (1) les échéances et les modalités d’un tel processus d’admission de l’Ukraine à l’Otan .
En juin 2022, à Madrid, l’Otan avait adopté un nouveau concept straté-(2) gique prenant en compte la menace russe à la suite de l’agression de l’Ukraine,
(1)  Communiqué du Sommet de Vilnius publié par les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Otan à l’issue de la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord tenue à Vilnius le 11 juillet 2023 (https://www.nato.int/). (2)  Otan, « Les concepts stratégiques » 15 juillet 2022(https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_56626.htm).
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: Un dÉbAt permAnent
FrAnce, OtAn, ÉtAts-Unis et dÉFense eUrOpÉenne
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et les nouveaux défis militaires, technologiques et sociétaux « émergents ». Le Sommet avait permis de réaffirmer la vocation nucléaire défensive de l’Otan en appui de sa mission de dissuasion et décidé le renforcement de sa présence militaire dans les pays baltes et en Pologne avec la création de 4 groupements tactiques mul-tinationaux (Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie) en plus des 4 déjà exis-tants (Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne). Un soutien militaire à l’Ukraine, « pour aussi longtemps que nécessaire » avait été proclamé, même si, à la demande américaine, il avait été convenu que celui-ci serait mis en œuvre en dehors de l’organisation elle-même, dans une cellulead hocsur la base américaine installée deRamstein, dont la composition est plus large que l’Otan et inclut d’autres pays soutenant l’effort ukrainien comme le Japon, l’Australie ou la Corée du Sud (dans la perspective du nouveau Sommet de Washington, le Secrétaire général avait tenté, au printemps de cette année, de rapatrier à l’Otan la gestion des aides mili-taires à Kiev, mais sans rencontrer de véritable écho).
C’est donc dans un contexte fort différent que celui envisagé au départ, que va se préparer ce Sommet de Washington. Il va être dominé par des probléma-tiques qui, si elles ne sont pas nouvelles pour l’Otan, vont devoir être étudiées dans un contexte différent compte tenu de l’incertitude qui va continuer de régner sur l’issue des élections américaines de novembre. Les spécificités du système électoral américain rendent possibles, comme on l’a déjà constaté dans le passé, les surprises de dernières minutes sur l’issue du scrutin. Or, les clivages et les priorités améri-caines en politique extérieure diffèrent aujourd’hui bien davantage que par le passé, même récent, notamment sur au moins trois points : l’Ukraine, les contributions européennes et la Chine.
La situation ukrainienne
Dans la perspective du prochain Sommet, il n’est évidemment pas de problème plus important que celui de l’Ukraine. Le risque d’un effondrement militaire ukrainien en raison notamment, mais pas seulement, d’un long blocage de l’aide américaine est réel, mais les conséquences ne sont pas appréciées à Washington de la même manière en fonction des affiliations partisanes.
En appui aux arguments du président Biden, le directeur de laCIA, Bill Burns, vient de le rappeler devant le Congrès que le gel de l’aide américaine promise (3) à Kiev cette année (61 milliards de $ ), mettait les Ukrainiens dans l’incapacité de résister à la poussée graduelle des Russes vers Kharkiv et au final, permettrait à Vladimir Poutine de dicter une solution politique selon ses propres termes. Ce serait un grave échec américain et occidental.
(3)  « Sur les 61 milliards contenus dans le projet de loi américain d’aide à Kiev, 23,17 sont pour l’armée ukrainienne », Le Grand Continent, 23 avril 2024.
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