Corrigé bac 2014 - Série S - Philo - Sujet 2
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Corrigé bac 2014 - Série S - Philo - Sujet 2

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Publié le 16 juin 2014
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Langue Français

Extrait

CORRECTION DU BACCALAUREAT DE PHILOSOPHIE 2014
Série S : 4h, coefficient 3
Sujet 2 : Vivons-nous pour être heureux ?
Voici quelques pistes d’analyse pour ce sujet. Je propose ici des pistes et non un corrigé-type :
Chaque candidat doit mener sa réflexion librement en montrant ce qui fait problème. Il n’y a pas
qu’une seule manière de comprendre ce sujet, et je n’ai donc pas cherché à le réduire mais au
contraire à ouvrir des « portes » :
Le but de la vie humaine est-il le bonheur ? « Tous les hommes recherchent d’être heureux »
écrit Pascal. C’est en apparence une évidence. Mais la formulation du sujet nous invite à une
réflexion critique. « Vivre pour » suggère que toutes nos actions seraient des moyens dirigés
dans la perspective d’une fin unique, le bonheur. Cela supposerait que l’on est en mesure de
définir cette fin avec précision puisque c’est cette définition qui permettrait de déterminer quels
moyens mettre en œuvre. Or un premier problème se pose ici : Peut-on définir le bonheur ? Le
bonheur est subjectif, empirique, c’est un « idéal de l’imagination et non de la raison » selon
Kant. Comment dès lors agir en fonction d’un objectif qui sans cesse nous échappe, qui n’est
peut-être qu’une illusion ?
« Vivre pour » signifie aussi que toute notre existence serait guidée par l’espoir du bonheur, bien
suprême, fin en soi. Mais cette aspiration ne risque-t-elle pas de nous faire passer « à côté » de
notre vie ? Pascal écrit que les hommes ne vivent pas mais « espèrent de vivre », ce faisant ils
« errent dans des temps » qui ne sont pas les leurs, hésitant entre nostalgie et espoir, oubliant le
seul temps qui est le leur, le présent. « Vivre pour » être heureux serait-ce se condamner à ne
l’être jamais ? Une fois de plus cela renvoie à la conception du bonheur : celui-ci est-il une
conséquence de mes actions, leur récompense ou bien est-il dans l’action elle-même, dans la
mise en œuvre des moyens ? (cf Aristote)
« Vivre pour » pose la question du but de la vie mais la formulation parait restrictive, exclusive :
Certes les hommes aspirent au bonheur mais celui-ci n’est-il pas égoïste ? Vivre pour être
heureux, ne serait-ce pas alors se concentrer sur soi-même (« chacun pour soi »), se
désintéresser du sort d’autrui ? Ceci fait penser à la critique de la démocratie américaine de
Tocqueville : Les hommes « tournent sans repos sur eux-mêmes, pour se procurer de petits et
vulgaires plaisirs … comme étrangers à la destinée de tous les autres ». Il y aurait là une
approche politique de cette question ainsi formulée. Puis-je réellement être heureux en faisant
abstraction du sort des autres ? (dimension morale du sujet, penser à Kant)« Vivre pour » quelque chose renvoie aussi au « sens », ce qui donne un sens à notre vie. A quoi
bon vivre si on n’a nul espoir de bonheur ? Le problème ici est celui du pouvoir que nous avons
sur le bonheur : Dépend-il d’événements extérieurs (la chance, la « fortune ») ? En ce cas, je vis
« pour » quelque chose que je ne connais pas, qui et imprévisible, que je ne saurais peut-être
même pas reconnaître si je le possédais (cf Schopenhauer). Ou bien dépend-il de nous-mêmes ?
d’une disposition psychologique (ce que Schopenhauer nomme « la bonne humeur ») ? ou d’un
effort moral ? (cf le stoïcisme, se libérer de ce qui ne dépend pas de nous, seules nos opinions
dépendent de nous). Le sujet peut nous inviter alors à réfléchir sur la relation bonheur-liberté.
En conclusion à ces remarques, une formule de Freud, « Il y a beaucoup moins de difficultés à
faire l’expérience du malheur ». Les hommes aspirent-ils à l’inaccessible, se condamnant eux-
mêmes au malheur, au manque ? Ou doivent-ils régler leurs aspirations sur le possible et ainsi
non pas vivre « pour » être heureux, mais « vivre », « agir » le mieux possible (cf la vertu,
Aristote) et peut-être grâce à cela être heureux. (cf aussi Kant, bien sûr sur le lien bonheur-
morale, l’homme qui agit selon son devoir « mérite » d’être heureux mais n’a pas la garantie de
l’être)

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