Energies renouvelables : comment ne vivre qu'avec elles

Ademe

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A l'approche de la COP 21, l'ADEME, l'Agence de l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie, a publié un rapport étudiant les possibilités pour vivre qu'en ne consommant que des énergies renouvelables.

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• Publié par: Fil_Politique
• Publié le: 22 octobre 2015
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• Langue: Français

Extrait

UN MIX
ÉLECTRIQUE
100%
RENOUVELABLE ?
ANALYSES
ET OPTIMISATIONS

Un travail d’exploration
des limites du développement
des énergies renouvelables
dans le mix électrique métropolitain
à un horizon 2050
SYNTHÈSEÉDITO
En 2013, l’ADEME publiait ses visions et non pas d’un scenario politique.
énergétiques et climatiques à l’horizon Les mix électriques envisagés restent
2030-2050, montrant des voies possibles en effet théoriques, puisqu’ils sont
pour atteindre le facteur 4 en 2050, grâce construits ex nihilo, et ne prennent
à une division par 2 de la consommation pas en compte la situation actuelle,
énergétique et à un déploiement massif ni le scénario pour arriver au résultat.
des énergies renouvelables : ces deux
éléments ont nourri les objectifs fxés Alors pourquoi une telle étude ?
par le Président de la République puis En imaginant un mix électrique jusqu’à
adoptés par le parlement dans la Loi 100 % renouvelable, nous permettons
sur la Transition énergétique en faveur qu’une hypothèse jusqu’ici impensable
de la croissance verte. pour la majorité des acteurs devienne
une hypothèse techniquement possible,
Nous publions aujourd’hui une étude ceci sans en sous-estimer les conditions
d’une nature différente, relative nécessaires, qu’il s’agisse des aspects
à l’exploration technique du déploiement techniques, économiques (dont
des EnR au sein du mix électrique : notamment le coût supportable par
à l’instar des travaux du NREL la collectivité) ou encore l’acceptabilité
(Laboratoire National pour les Energies sociale : l’étude a justement pour but
Renouvelables américain) de 2012 de mettre en lumière les freins ainsi
étudiant un scenario 100 % EnR aux USA, que les mesures à mettre en oeuvre pour
il s’agit ici d’une étude scientifque accompagner une politique de croissance
à caractère prospectif et exploratoire massive des EnR électriques. Elle vise
3avons lancé en 2013 cette étude avec Au regard des
l’ambition d’analyser la capacité du réseau “
électrique à assurer l’équilibre enjeux climatiques,
offre-demande au pas horaire si la part
les transformations des EnR était massivement augmentée.
Après deux années de travaux et des à réaliser sont consultations diverses, je suis heureux
de présenter une étude aujourd’hui nécessairement
fnalisée et fer du caractère original
des résultats obtenus, de la rigueur majeures
et de la fnesse de ses analyses.
et ne peuvent Une version intermédiaire, publiée
il y a quelques mois, avait suscité intérêt se concevoir mais aussi craintes et critiques : améliorée
en terme de pédagogie comme de seuls
et d’explications, et largement complétée
par des analyses de sensibilité, cette ajustements
étude est aujourd’hui aboutie et permet
des systèmes d’expliciter à la fois toutes les conditions
d’un mix à 100 % EnR… et les limites existants inhérentes à ce type d’exercice !”
également à identifer les limites au-delà Les principaux résultats de cette étude
desquelles la faisabilité technique serait sont les suivants :
impossible ou le coût pour la collectivité — Plusieurs mix électriques sont
non supportable. techniquement possibles pour satisfaire la
demande chaque heure de l’année
En réalisant cette étude, l’ADEME avec 80 ou 100% de renouvelables ;
est ainsi pleinement dans l’un — Le développement de la maîtrise
de ses rôles majeurs, celui de précurseur : de la demande d’électricité, ainsi
savoir parfois questionner ce que l’on que la maîtrise de la pointe, sont
croit a priori impossible, pour ouvrir des conditions essentielles : sans elles, quel
le champ des possibles. Cela permet que soit le mix intégrant notablement des
ensuite à l’ensemble des acteurs EnR, le coût
de revisiter cette question et d’intégrer du système électrique n’est pas maîtrisé ;
les résultats de cette étude dans leur — Le coût des technologies doit continuer
perception de l’avenir pour construire à baisser, surtout pour
ensemble des visions du futur. les technologies les moins matures, afn
C’est dans cette perspective que nous de permettre un mix équilibré entre
4les différentes flières de production La transition énergétique nécessite
d’électricité. Cette baisse de coût de l’innovation dans tous les secteurs :
peut s’envisager grâce au progrès la production et la consommation
technologique mais également via la mise d’énergie ainsi que la gestion et la
en place de conditions de fnancement régulation des réseaux y ont toute leur
appropriées pour les énergies place. Au regard des enjeux climatiques,
renouvelables ; les transformations à réaliser sont
— L’acceptabilité sociale est cruciale pour nécessairement majeures et ne peuvent
permettre la réalisation d’un nouveau se concevoir comme de seuls ajustements
mix électrique sur le terrain, dans les des systèmes existants : Henry Ford
meilleures conditions : complémentarité aimait à rappeler que s’il avait demandé
entre productions domestiques et aux gens ce qu’ils voulaient, ils lui
productions centralisées, interconnexion auraient répondu des chevaux
renforcée par le réseau électrique, plus rapides…
redistribution des revenus générés
par la production d’énergie… Bref, à chacun de prendre sa part
- chercheurs, experts, acteurs publics,
Ces résultats nous paraissent acteurs économiques, société civile,
suffsamment robustes pour pouvoir consommateurs - pour modifer
nourrir la réfexion des acteurs. Certains en profondeur ses pratiques et rendre
objecteront sans doute que l’étude est possible un véritable déploiement
incomplète, car nous ne tenons pas des EnR, assis sur une effcacité
compte de l’existant et ne programmons énergétique poussée et des réseaux
pas la trajectoire des investissements : profondément adaptés.
ils auront raison. D’autres noterons
que nous ne sommes pas descendus Enfn, il est essentiel de rappeler que
en deçà du pas horaire : ils auront l’électricité ne représente qu’un quart
également raison et nous n’ignorons de la consommation d’énergie en France.
pas l’enjeu que représente la gestion Les meilleurs moyens de rendre notre
de la stabilité du réseau, qui n’est pas système énergétique plus durable dans
traité dans l’étude. son ensemble résulteront d’une analyse
Mais réféchir à des horizons lointains, globale et non de l’examen séparé de
n’est-ce pas justement s’autoriser chaque vecteur (électricité, gaz, produits
à partir d’une page (presque) blanche pétroliers, chaleur) : cette étude n’est
pour esquisser une situation souhaitable donc qu’une contribution qui invite à
et durable afn que chacun puisse des travaux ultérieurs afn de permettre
travailler sur son champ d’actions, la construction d’une compréhension
affner le dessin et rendre effectivement partagée de notre futur énergétique !
ce futur réalisable ?
Bruno LECHEVIN
56RÉSUMÉ ÉXECUTIF
Contexte
et objectifs
Ces dernières années, des progrès électrique à un pas de temps suffsamment
technologiques signifcatifs relatifs aux fn (typiquement horaire, sur un an et sur
énergies renouvelables ont été observés. plusieurs scénarios climatiques), la gestion
De nombreuses études s’accordent ainsi du pilotage des différents moyens
sur des hypothèses de projections de coûts de production et de consommation,
des EnR affchant une forte décroissance ainsi que leur répartition entre les régions,
d’ici à 2050. Dans un tel contexte, il est et la circulation des fux électriques.
légitime de s’interroger non seulement sur La présente étude ambitionne de réunir
la faisabilité mais également sur les impacts l’ensemble de ces paramètres. Elle constitue
économiques d’un mix électrique à for