Rapport de l Institut Montaigne : Nouveau monde arabe,  nouvelle "politique arabe" pour la France
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Rapport de l'Institut Montaigne : Nouveau monde arabe, nouvelle "politique arabe" pour la France

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Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France R A P P O R T2 0 1 7A O Û T L’Institut Montaigne est un laboratoire d’idées - think tank - créé fin 2000 par Claude Bébéar et dirigé par Laurent Bigorgne. Il est dépourvu de toute attache partisane et ses financements, exclusivement privés, sont très diversifiés, aucune contribution n’excédant 2% de son budget annuel. En toute indépendance, il réunit des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile issus des horizons et des expériences les plus variés. Il concentre ses travaux sur quatre axes de recherche : Cohésion sociale (école primaire, enseignement supérieur, emploi des jeunes et des seniors, modernisation du dialogue social, diversité et égalité des chances, logement) Modernisation de l’action publique (réforme des retraites, justice, santé) Compétitivité (création d’entreprise, énergie pays émergents, financement des entreprises, propriété intellectuelle, transports) Finances publiques (fiscalité, protection sociale) Grâce à ses experts associés (chercheurs, praticiens) et à ses groupes de travail, l’Institut Montaigne élabore des propositions concrètes de long terme sur les grands enjeux auxquels nos sociétés sont confrontées. Il contribue ainsi aux évolutions de la conscience sociale. Ses recommandations résultent d’une méthode d’analyse et de recherche rigoureuse et critique.

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Publié le 24 août 2017
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France
R A P P O R T2 0 1 7A O Û T
L’Institut Montaigne est un laboratoire d’idées - think tank - créé fin 2000 par Claude Bébéar et dirigé par Laurent Bigorgne. Il est dépourvu de toute attache partisane et ses financements, exclusivement privés, sont très diversifiés, aucune contribution n’excédant 2 % de son budget annuel. En toute indépendance, il réunit des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile issus des horizons et des expériences les plus variés. Il concentre ses travaux sur quatre axes de recherche :
Cohésion sociale (école primaire, enseignement supérieur, emploi des jeunes et des seniors, modernisation du dialogue social, diversité et égalité des chances, logement)
Modernisation de l’action publique (réforme des retraites, justice, santé)
Compétitivité (création d’entreprise, énergie pays émergents, financement des entreprises, propriété intellectuelle, transports)
Finances publiques (fiscalité, protection sociale)
Grâce à ses experts associés (chercheurs, praticiens) et à ses groupes de travail, l’Institut Montaigne élabore des propositions concrètes de long terme sur les grands enjeux auxquels nos sociétés sont confrontées. Il contribue ainsi aux évolutions de la conscience sociale. Ses recommandations résultent d’une méthode d’analyse et de recherche rigoureuse et critique. Elles sont ensuite promues activement auprès des décideurs publics.
À travers ses publications et ses conférences, l’Institut Montaigne souhaite jouer pleinement son rôle d’acteur du débat démocratique.
L’Institut Montaigne s’assure de la validité scientifique et de la qualité éditoriale des travaux qu’il publie, mais les opinions et les jugements qui y sont formulés sont exclusivement ceux de leurs auteurs. Ils ne sauraient être imputés ni à l’Institut, ni,a fortiori, à ses organes directeurs.
Il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance
L’AUTEUR
Normalien, agrégé de géographie,Hakim El Karoui a enseigné à l’université Lyon II avant de rejoindre le cabinet du Premier ministre en 2002, où il était en charge des discours. Après un passage à Bercy, il rejoint, en 2006, la banque Rothschild. En 2011, il rejoint le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger où il est co-responsable de l’Afrique et du conseil au gouvernement français. En 2016, il fonde sa propre société de conseil stratégique, Volentia. Il est aussi essayiste – il est l’auteur notamment deRéinventer l’Occident(Flammarion 2010), – et entrepreneur e social (il a créé le club du XXI siècle et lesYoung Mediterranean Leaders).
Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France
R A P P O R T - A O Û T 2 0 1 7
SOMMAIRE
Introduction .......................................................................................... 5
Chapitre I : Deux mondes qui s’interpénètrent et s’influencent ...................... 9  A La France est un partenaire essentiel du monde arabe ...........9  B Les mondes arabe et turc influencent la France ...................34  C Des pays stratégiques mais sans relations économiques fortes.. 56
Chapitre II : La « grande transformation » des sociétés arabes et moyen-orientales 73
A B C
D E
Le modèle socio-démographique ......................................74 Des sociétés en pleine transformation .............................. 77 Des systèmes économiques à la recherche d’une nouvelle dynamique ....................................................................84 Des systèmes politiques pas toujours efficaces ....................88 L’incertitude domine .......................................................98
Chapitre III : À la recherche d’une « stratégie arabe » de la France .............. 109
A B C D
Un champ d’action pour les grandes puissances ..............109 La«politiquearabe»traditionnelledelaFrance.............125 Une politique au défi des bouleversements du monde arabe ... 127 Conclusion : les problèmes structurels de la stratégie française . 129
Chapitre IV : Pour unnéoréalismefrançais dans la politique arabe et moyen-orientale ............................................................... 131
A B C D
Des éléments de doctrine ..............................................131 Contenir deux problèmes : l’islamisme et les migrations ....133 Pour une politique ambitieuse en Méditerranée occidentale 140 « Honest broker » ........................................................149
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INTRODUCTION
« LA GÉOGRAPHIE, ÇA SERT AUSSI À FAIRE LA PAIX »
La France a une relation passionnelle avec le monde arabe : de l’amour de Lyautey au mépris de certains colons, du racisme des uns au dévouement des autres, des présidents français qui en faisaient un enjeu de politique intérieure aux touristes qui aujourd’hui le désertent, des entrepreneurs qui y trouvent pétrole et clients pour leurs armes en passant par les artistes qui s’y ressourcent et s’en inspirent, des terroristes qui se réclament de l’islam au malaise des enfants de l’immigration maghrébine, la région s’est installée au cœur de l’actualité française depuis près de deux siècles comme aucune autre, à l’exception de l’Europe. De son côté, le monde arabe a lui aussi une relation passionnelle avec la France, surtout bien sûr, la partie du monde arabe qui a été colonisée ou « protégée » : Maroc, Algérie, Tunisie et dans une moindre mesure Liban et Syrie. Mais pas seulement : de Saddam Hussein aux terroristes de l’État Islamique (EI), de l’émir du Qatar aux présidents Moubarak et Sissi, tous ont fait de la France, pour le meilleur et pour le pire, un acteur clé de la région, y compris les islamistes de toutes les obédiences pour qui la France pour les uns, les États-Unis pour les autres, sont les incarnations de l’Occident honni qu’ils combattent par la prière, les idées et les armes.
La région est difficile à définir. Le monde arabe est l’ensemble régional le moins intégré du monde en matière commerciale, mais le plus cohérent en matière culturelle, linguistique et religieuse. De fait, les idées y circulent d’un bout à l’autre très vite. Ses limites géographiques sont claires : de la Mauritanie à l’Irak en passant par le Golfe et le Levant (et une question concernant le Soudan). À cet ensemble, nous avons ajouté deux grands pays, la Turquie et l’Iran, tant leur interaction avec le monde arabe est importante et structurante, aussi bien pour leur politique étrangère que pour la compréhension de la situation géopolitique arabe. Nous aurions pu aller plus loin : au Sud jusqu’au Mali, ou au Nigéria gangrené par le djihadisme, à l’Est jusqu’à l’Afghanistan et au Pakistan, pays dont la religion, la situation politique et les modèles économiques ressemblent tant aux pays arabes. Nous aurions embrassé tout le champ de ce que l’on appelle aujourd’hui « l’arc de crise ». Pour des raisons pratiques, mais aussi historiques, nous nous sommes finalement limités au champ couvert par la direction Afrique du Nord – Moyen-Orient du Quai d’Orsay, qui commence à l’Ouest au Maroc (et non à la Mauritanie qui est, elle, rattachée à la direction Afrique) et va jusqu’en Iran, les pays du Golfe et l’Égypte, auquel
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N O U V E A U M O N D E A R A B E , N O U V E L L E « P O L I T I Q U E A R A B E » P O U R L A F R A N C E
nous avons simplement ajouté la Turquie. Dans certains cas, nous parlerons du« monde arabe », dans d’autres, des « mondes arabe et turc » et rarement des trois ensembles à la fois, arabe, turc et iranien. On pourra nous reprocher ce parti-pris : nous pensons utile au contraire de jouer avec les limites qui sont mouvantes et changeantes suivant les thématiques. L’Iran est un acteur politique clé, un partenaire économique mineur pour l’instant. La Turquie est un grand partenaire global, nettement moins important que le Maghreb sur les questions d’immigration, mais de plus en plus important sur l’islam.
Cette aire culturelle est en pleine transformation. Les conséquences politiques en sont l’instabilité et la violence. La France a subi cette violence dans sa chair avec plusieurs attentats odieux commis sur son sol par des terroristes téléguidés par des organisations basées dans la région (al-Qaïda dans la péninsule arabique ou l’État islamique) et des nationaux français qui se revendiquaient d’un lien d’allégeance avec ces organisations ou tout simplement d’une même vision du monde. L’attitude de la France envers le monde arabe a changé. L’inquiétude et la peur dominent. Peur de l’immigration, peur du terrorisme, peur de l’islamisme, peur de l’antisémitisme, peur des guerres, qui embrasent le monde arabe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’espoir existe aussi, né des « Printemps arabes », des dictateurs renversés, des peuples qui se soulèvent au nom de la liberté et aussi, on le sait moins, de la condition de la femme qui s’améliore, à bas bruit.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la fameuse « politique arabe de la France », difficile à définir et même à appréhender tant elle est faite de complexités et de paradoxes. Peut-être peut-on modestement la définir comme le fruit des passions de la France pour le monde arabe mêlées à des objectifs souvent contradictoires : être l’ami d’Israël et du monde arabe, commercer avec des dictateurstout enrevendiquant notre attachement aux droits de l’homme, s’imposer comme médiateur dans les multiples crises sanspour autantse fâcher avec tout le monde.
À l’heure où les fondements traditionnels de notre politique dans la région ont été profondément remis en cause par les bouleversements politiques arabes et les difficultés françaises, où notre impuissance (par exemple en Syrie) coexiste avec une stratégie d’abord mercantile (dans le Golfe) et où le Maghreb n’est perçu que comme l’addition de trois sujets très distincts, ce rapport poursuit trois buts : • donner de l’objectivité au débat sur notre politique dans la région ; • montrer, par les faits et les chiffres, que nos destins sont intimement liés ; • proposer des pistes d’action pour renouveler notre « politique arabe ».
www.institutmontaigne.org
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I N T R O D U C T I O N : « L A G É O G R A P H I E , Ç A S E R T A U S S I À F A I R E L A PA I X »
Parce que la question est passionnelle, nous avons choisi d’aborder le sujet par un angle géopolitique, rationnel et quantitatif, bien que non exhaustif. Quel est le poids de la France dans la région ? Que représente-t-elle pour ses partenaires ? Que représentent ces pays pour nous ? Nous avons mené un travail d’analyse des flux et des stocks commerciaux, financiers, monétaires mais aussi humains (l’immigration), idéologique et culturel (les langues, la diffusion religieuse) et enfin sécuritaire et diplomatique, destiné à dresser le tableau le plus exhaustif possible de cette interrelation entre la France, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.60 thématiques ont été abordées, 600 tableaux réalisés.
Cetteméthodologieassumesespartispris:
1. partir de la géographie de nos relations plutôt que de leur histoire ;
2. se concentrer sur la géopolitique qui en découle plutôt que sur les questions politiques et diplomatiques du moment ; analyser les interrelations entre la France et les mondes arabes, turcs et iraniens et pas seulement la situation statique de ces pays.
Tous les sujets n’ont pu être abordés, notamment le détail des relations bilatérales entre la France et les 21 pays du monde arabe, pas plus que le détail de leurs situations intérieures. Ce n’était pas l’objet de ce travail. Sur certains sujets, on pourra nous reprocher de passer trop vite, de simplifier peut-être une situation, d’oublier un point important. Ce sont les risques d’une approche globale. Nous assumons l’incomplétude inhérente à ce genre de projet.
Nous avons aussi analysé les stratégies des grandes puissances dans la région et nous les avons comparées à celle de la France. Avant de proposer un ensemble de pistes de discours et d’actions, en raisonnant par échelles (du plus global au plus local), nous avons conçu un modèle d’analyse du degré d’avancement de la transformation sociale des sociétés de la région. Cela nous permet, en tenant compte des réalités économiques et politiques nationales, de mesurer la stabilité des différents pays, tout en racontant la vraie histoire des mondes arabe, turc et iranien contemporains. Ce pays ne connaissant pas une grande régression sociale comme le disent les islamistes et maints commentateurs, mais au contraire une dynamique très forte de modernisation.
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