Un cauchemar papal prémonitoire
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UN CAUCHEMAR PAPAL PRÉMONITOIRE Fantaisie pontificale de Michel Bellin Il y a quelques mois, très précisément le 3 juin 2012, sur le blog de mon site littéraire (www.michel- bellin.fr) j’ é c r ivi s une fiction intitulée "Tempête sous un crâne pontifical". J'imaginais un Benoît XVI dépressif, découragé, au bord de la crise de nerfs. Aujourd'hui, le Souverain Poncif annonce sa démission et se retire à Castelgandolfo, apparemment heureux (certains sourires en disent plus long que des déclarations officielles !). Je m'en réjouis pour lui et je l'admire sincèrement pour sa décision, quelles qu'en soient les raisons, étant entendu que le bordel à la Curie n'y est pas pour rien. Et j'ai plaisir à mettre ce texte en ligne sur YouScribe agrémenté de la une de CHARLIE HEBDO qui colle si bien avec la fin de mon monologue. Adieu, Benedetto, mon plus cher ennemi ! Et bonnes et longues vacances ! Le texte qui va suivre pourrait s’intituler « Tempête sous un crâne pontifical ». En imaginant le pape en proie à la fièvre et au délire, bourrelé de culpabilité et de remords, crevant à petit feu de solitude et d’angoisse, l’auteur avoue s’être abandonné avec délices à ses démons habituels. Mais la réalité ne dépasse-t-elle pas parfois la fiction ? En effet, il convient de garder en mémoire que la crise qui secoue – ou plutôt désagrège – la dernière Cour d’Europe, ne date pas d’hier, pas même du pontificat de Benoît XVI.

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Publié le 04 mars 2013
Nombre de lectures 338
Langue Français

Extrait

UN CAUCHEMAR PAPAL PRÉMONITOIRE


Fantaisie pontificale de Michel Bellin






Il y a quelques mois, très précisément le 3 juin 2012,
sur le blog de mon site littéraire (www.michel-
bellin.fr) j’ é c r ivi s une fiction intitulée "Tempête
sous un crâne pontifical". J'imaginais un Benoît XVI
dépressif, découragé, au bord de la crise de nerfs.
Aujourd'hui, le Souverain Poncif annonce sa
démission et se retire à Castelgandolfo,
apparemment heureux (certains sourires en disent
plus long que des déclarations officielles !). Je m'en
réjouis pour lui et je l'admire sincèrement pour sa
décision, quelles qu'en soient les raisons, étant
entendu que le bordel à la Curie n'y est pas pour
rien. Et j'ai plaisir à mettre ce texte en ligne sur
YouScribe agrémenté de la une de CHARLIE
HEBDO qui colle si bien avec la fin de mon
monologue.

Adieu, Benedetto, mon plus cher ennemi ! Et bonnes
et longues vacances !




Le texte qui va suivre pourrait s’intituler « Tempête sous un crâne
pontifical ». En imaginant le pape en proie à la fièvre et au délire,
bourrelé de culpabilité et de remords, crevant à petit feu de solitude et
d’angoisse, l’auteur avoue s’être abandonné avec délices à ses démons
habituels. Mais la réalité ne dépasse-t-elle pas parfois la fiction ? En effet,
il convient de garder en mémoire que la crise qui secoue – ou plutôt
désagrège – la dernière Cour d’Europe, ne date pas d’hier, pas même du
pontificat de Benoît XVI. Elle est endémique, parfois comique, et ce bien
avant le récent scandale du « Vatileaks » pour reprendre l’expression de
Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège. A présent, pénétrons
dans les appartements privés du pauvre Benedetto et faisons un scanner
du crâne de celui qui incarne à son corps défendant la tourmente et la
décrépitude de l’Institution catholique.



TEMPÊTE SOUS UN CRÂNE PONTIFICAL


hriste eleison, Kyrie eleison... Seigneur, je n'en peux plus... Ton
Serviteur n'en peut plus... Nous n'avons plus la force... Nous n'avons plus l'âge pour ce saint
ministère... Trop lourdes, tes clés, Seigneur, trop fragiles les épaules de ton vieux pasteur...
prends pitié de Nous... nos forces, notre pauvre cœur, notre foi même, notre charité, notre
espérance... tout lâche, tout se délite... s'il est possible, éloigne de moi ce Calice... Gianni ?
Gianni !... Tu es là ? Décidément, toujours seul ici !... sans cesse trahi... rien que des
courbettes, des simagrées, des regards en code, des sourires de miel... jamais de main tendue,
jamais le moindre élan vraiment fraternel... ce n'est plus possible ! Tous aux aguets, tous à nos
trousses... même Angelo qui vient de passer dans l'autre camp... Angelo ! avec tout ce que
Nous avons fait pour lui, tout ce que Nous avons enduré... son ascension dans la Curie, grâce
à Nous, du jamais vu !... et aujourd’hui, la défection et le silence.
Mais voilà que le Pape n’avait pas bu son ciboire jusqu’à la lie, voilà qu’aujourd’hui le
pire arrive : Paoletto, mon Paoletto, celui en qui Nous avions toute confiance, le premier qui à
l’aube m’embrassait, m’aidait à me vêtir, me présentait humblement ma dalmatique en soie,
m’apportait ma collation matinale, alternait avec Nous les versets sacrés des Laudes en notre
chapelle privée… voilà qu’il me trahit, l’Iscariote ! Depuis des mois, des années peut-être, le
gredin déguisé en saint a volé tous nos secrets, les uns après les autres, Paolo les a violés et
divulgués. Nos lettres les plus intimes, il les a pillées, surtout mes notes secrètes à Napolitano
! C’est insensé, c’est… c’est… Nous ne trouvons pas de mots pour dénoncer une telle
ignominie, pour pleurer une amitié de vingt ans bafouée et trahie ! A qui se fier désormais si
les majordomes se mettent eux aussi à table et lâchent le morceau… mais je m’égare, Nous
Nous égarons, nous parlons avec l’insigne vulgarité de tous ces journalistes qui nous épient et
nous crucifient… surtout cet odieux Nuzzi avec son pamphlet sur Rome. Anatema sit !
Anatema sit ! Même Bertone en qui Nous avions toute confiance nous lâche… il sent le vent
tourner, il veut sauver sa peau. Quel couard ! Mais pourquoi s’en prendre à notre banquier ?
Pourquoi Tedeschi ? Pourquoi précisément lui ? Et aujourd’hui ? Je ne sais plus… je ne
comprends plus… Nous ne savons plus, Nous n’en pouvons plus… Christe eleison… Kyrie
eleison.

À quoi bon à présent... à qui se fier ?... Homo homini lupus ! Le Pape demande grâce...
miserere... laisse à présent, Seigneur, s'en aller ton Serviteur... c'en est trop, c'est assez !...
Nunc dimittis servum tuum, Domine... Quelle heure ? Quel jour sommes-nous ? Mardi ?
Mercredi ?... En avril ou en juin ? Le matin déjà ?... Notre tête se brouille... Nous flottons de
plus en plus dans un crachin mortel... je perds pied, je m'enfonce... je me liquéfie dans la nuit,
le Saint Père mouille de trouille, lui le Pontifex Maximus... ah ! rire me fait du bien, rire de
moi-même... la nuit, le Souverain Pontife a encore le droit de rire et c'est très bien, non ?...
quelle tristesse, quelle débâcle ! Vanitas vanitatis et omnia vanitas... l'imbécile que je suis !
Stupido ! Jamais je n'aurais dû tripler la dose hier soir... C'est l'effet inverse, l'insomnie
maximale ! Dieu m'a puni. Stupido ! Stupido ! Stupido ! Quel sale môme je suis resté ! J'ai
honte, je m'en veux... toujours rebelle, toujours ce foutu orgueil sous mes airs timides...
Jamais suffisamment humble... sans cesse notre conversion à reprendre, Dieu seul, premier
servi... notre sainteté en berne, notre indignité… Domine, non sum dignus !


Est-ce honteux pour le Souverain Pontife d'avoir peur dans le noir ? Comme un petit enfant… comme jadis... Mutter, mutter, sois douce, je t'en supplie, souviens-toi de ton petit Josef... ah !
Transtein, c'est si loin... comme je regrette... Georg, tu te souviens ? Tu es là Georg ? Reviens,
fratello !... Dire qu'ils osent te salir, ils osent prétendre que tu savais... C'est terrifiant ! C'est
terrifiant aussi la nuit ici, sais-tu ? Non, non, tu ne peux pas imaginer, Georg, personne ne
peut imaginer... dans ce silence sacré, dans ce fatras de marbre, dans ce Temple sépulcral... et,
à cause de la dose, c'est l'effet inverse à présent, l'angoisse maximale, le porche du Néant...
Deux ou bien trois pilules hier soir ? Les roses ? Les petites blanches ovales ?... Je ne me
souviens plus... j’ai dû inverser… et la Filomena, elle, qui va sûrement s'en apercevoir tout à
l'heure... je hais cette nonne ! Comme elle me guette... son museau de musaraigne, son regard
acéré, sa manière de tout vérifier, de toujours calculer mes comprimés, compter et
recompter... ses fausses manières maternelles, douceur aux lèvres, guimpe rigide, chapelet
égrené... c'est sa charité qui me tuera... plus sûrement que ses potions… mulier lupissima !

Et notre foutue encyclique qui n'avance pas... jamais "Purissima Ecclesia" ne sera
prête pour l’Assomption ! Si je me levais pour essayer de conclure ?... pas la force, plus rien à
conclure... et ipsa mors nihil !... il faudrait qu'Alberto termine prestissimo le texte à notre
place... Alberto ! Mais maintenant qu'il a lui aussi rallié le camp adverse... tu quoque, mi fili...
tous des mous, des tièdes, des ennemis du saint Évangile... décidément seul, désespérément
seul, condamné à mourir seul... Jeudi ? Non, pas jeudi, vendredi, on est vendredi demain ?
Plutôt tout à l'heure... Vendredi Saint !!... impossible ! Pas déjà ! Pâques est pourtant passé,
non ? Mais quel jour sommes-nous donc ?... pas encore l'épreuve suprême... cette année, non,
non, je ne peux plus, je n'en veux plus de leur chemin de croix, elle est vraiment trop lourde
cette croix... tous ces visages qui vont me cerner, ces pauvres gens hallucinés, ces saintes
femmes hystériques, toutes ces caméras, ces micros, ces dagues acérées qui me happent,
veulent me transpercer... "Subito santo" ... lui seul, lui seul était digne de la foule, un vrai chef
celui-là ! Domine, non sum dignus...

Seigneur, Seigneur, je Vous en prie... une seule parole de Vous... appelez-moi,
rappelez-moi vite à Vous, je n'en

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