Déclaration de Glenn O Farrell - Étude des industries canadiennes des médias
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MÉMOIRE À L’INTENTION DU Comité sénatorial permanent des transports et des communications Étude des industries canadiennes des médias Glenn O’Farrell, Président et Chef de la direction L’Association canadienne des radiodiffuseurs Le 23 février 2005 SEUL LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOIIntroduction – D’hier à aujourd’hui Madame la Présidente, Mesdames et messieurs les honorables membres du Comité, Bonsoir, Je suis Glenn O’Farrell, le président et chef de la direction de l’Association canadienne des radiodiffuseurs, en anglais, the Canadian Association of Broadcasters. Premièrement, je remercie votre Comité de nous permettre de venir exprimer notre position et de répondre à vos questions au sujet du mémoire que nous vous avons soumis. Comme vous le savez, la dernière étude portant sur les médias qui a été réalisée par un comité du Sénat date de 1970. À l’époque, c’est le sénateur Keith Davey qui présidait ce comité. Sur une période de deux ans, le Comité du sénateur Davey a reçu 500 mémoires et a entendu 125 témoins. Dans ses mémoires, le sénateur Davey a rappelé l’importance des travaux du comité qui visaient, selon lui, « à déterminer si nous avions une presse qui répondait à nos besoins ou la presse que nous méritions ». C’était une question fondamentale en 1970. Et elle l’est toujours autant aujourd’hui, 35 ans plus tard, à une époque où les Canadiens disposent d’un accès direct à un plus grand ...

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MÉMOIREÀ LINTENTION DUComité sénatorial permanent des transports et des communicationsÉtude des industries canadiennes des médias Glenn O’Farrell, Président et Chef de la directionL’Association canadienne des radiodiffuseurs Le 23 février 2005
SEUL LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOI
Introduction – D’hier à aujourd’hui Madame la Présidente, Mesdames et messieurs les honorables membres du Comité, Bonsoir, Je suis Glenn O’Farrell, le président et chef de la direction de l’Association canadienne des radiodiffuseurs, en anglais, the Canadian Association of Broadcasters. Premièrement, je remercie votre Comité de nous permettre de venir exprimer notre position et de répondre à vos questions au sujet du mémoire que nous vous avons soumis. Comme vous le savez, la dernière étude portant sur les médias qui a été réalisée par un comité du Sénat date de 1970. À l’époque, c’est le sénateur Keith Davey qui présidait ce comité. Sur une période de deux ans, le Comité du sénateur Davey a reçu 500 mémoires et a entendu 125 témoins. Dans ses mémoires, le sénateur Davey a rappelé l’importance des travaux du comité qui visaient, selon lui, « à déterminer si nous avions une presse qui répondait à nos besoins ou la presse que nous méritions ». C’était une question fondamentale en 1970. Et elle l’est toujours autant aujourd’hui, 35 ans plus tard, à une époque où les Canadiens disposent d’un accès direct à un plus grand nombre de stations de télévision et de radio, de journaux et de magazines, d’actualités et de sources d’information et de divertissement. Tout cela aurait été inimaginable il y a 30 ans, 20 ans ou encore même il y a seulement 10 ans. Aujourd’hui, l’industrie de la radiotélédiffusion privée au Canada représente 5 milliards de dollars en activités économiques et 21 000 emplois. On y dénombre plus de 600 radiotélédiffuseurs privés, ce qui représente deux fois plus de services par habitant qu’aux États-Unis. Les stations sont réparties aux quatre coins du pays, de St. John’s à Vancouver. Elles investissent dans la production d’au-delà de 90 000 heures de contenu canadien chaque année et, en 2003-2004 seulement, elles ont dépensé 482 millions de dollars dans des productions indépendantes. Cela représente une augmentation de 150 % sur dix ans. Enfin, elles diffusent dans plus de 40 langues différentes chaque semaine. Dans toutes les communautés du pays, nous sommes en quelque sorte à la fois le forum de discussion, la vitrine, la bibliothèque et le kiosque à musique. Durant les 20 mois pendant lesquels ce comité-ci a tenu des audiences publiques partout au pays, plus de 220 témoins ont comparu. Ils provenaient de tous les secteurs des médias : la télévision, la radio, les magazines, les journaux, l’enregistrement sonore, le monde de l’édition, l’industrie cinématographique et l’Internet, un moyen de communication qui ne faisait même pas partie de nos rêves en 1970.
L’Association canadienne des radiodiffuseurs Exposé présenté au Comité permanent des transports et des communications – le 23 février 2005
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Quel rôle doivent jouer les radiotélédiffuseurs privés du Canada dans cet univers médiatique où une multitude d’intervenants se côtoient?Permettez-moi de citer encore une fois vos prédécesseurs qui, dans leur rapport final, faisaient valoir l’importance de la radiotélédiffusion au Canada dans les termes suivants : « …aucun autre moyen de communication ne s’est jamais vu confier une telle responsabilité en vertu d’une loi du Parlement, c’est-à-dire de : préserver, enrichir et renforcer le tissu culturel, politique, social et économique du Canada. » [traduction libre] C’est une responsabilité que les radiotélédiffuseurs privés du Canada prennent très au sérieux et dont ils s’acquittent en faisant preuve de créativité et en investissant d’importantes sommes au quotidien. Notre cadre analytique – La fragmentation et l’érosion des frontières, hier et aujourd’hui. Le rapport intérimaire de ce comité reflète une grande variété d’opinions, à savoir si la « concentration des médias » existe ou non au Canada. J’aimerais attirer votre attention sur une citation, qui provient de ce rapport intérimaire, dans laquelle le président du CRTC, M. Charles Dalfen, explique que le Conseil a effectué : « … une recherche sur la concentration des médias dans les quatre principaux marchés au Canada durant une période de dix ans, de 1991 à 2001. Dans chaque cas, dans presque chaque médium, vous constaterez qu'il y a un grand nombre de propriétaires et un grand nombre de sources journalistiques et de radiodiffusion sur cette période de dix ans. C'est peut-être contraire aux idées reçues, mais c'est effectivement le cas quand on scrute la question. » À la fin de notre mémoire, nous avons joint une annexe intitulée « La radiodiffusion au Canada – hier et aujourd’hui » qui dresse un portrait statistique de la radiodiffusion au Canada en 1970 et aujourd’hui. Je vais revoir avec vous les conclusions de cette analyse dans un instant, mais je veux d’abord surtout mettre en lumière l’un des principaux résultats qui s’en dégage : le monde de la radiotélédiffusion est très différent aujourd’hui de celui d’il y a 35 ans. En 1970, les Canadiens pouvaient choisir entre l’un des deux réseaux canadiens de télévision, soit entre CBC et CTV en anglais et entre la SRC et TVA en français. Seulement un ménage canadien sur cinq recevait des services télévisuels par câble. Pour ceux qui habitaient à l’extérieur des grandes agglomérations urbaines, le choix radiophonique se limitait à une ou deux stations disponibles principalement en mode AM. Trente-cinq ans plus tard, les Canadiens peuvent choisir entre plus de 100 chaînes canadiennes de télévision. La radio FM a pris de l’expansion et offre un plus grand nombre
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L’Association canadienne des radiodiffuseurs Exposé présenté au Comité permanent des transports et des communications – le 23 février 2005
de choix aux auditeurs canadiens. Bientôt, l’abonnement à la radio va accroître encore davantage la quantité de services disponibles. Durant l’exposé présenté par CHUM Limited en avril 2003 devant ce comité, Jay Switzer a résumé le menu radiophonique à Ottawa, d’hier et d’aujourd’hui. Il serait bon de revenir à ce tour d’horizon qui a démontré jusqu’à quel point les Canadiens ont actuellement un très vaste choix de sources d’information et de divertissement. Il y a 20 ans, un résidant d’Ottawa avait accès à sept stations de radio commerciale, à 4 stations de radio de la SRC/CBC, à une station de télévision de la CBC en anglais et à une en français, à une station de CTV, à une station de télévision affiliée en français, à un quotidien en français et à un quotidien en anglais et, enfin, à un quotidien national. Aujourd’hui, il y a 10 stations de radio commerciale, 3 stations de radio de la SRC/CBC, des stations de télévision locales de la SRC/CBC en anglais et en français, une station locale de CTV, une station de télévision locale de CHUM TV, une station affiliée à TVA et une autre à TQS, deux quotidiens locaux en anglais et un quotidien local en français, deux quotidiens nationaux, plus de 100 services canadiens de télévision spécialisée et payante, au-delà de 30 services de télévision étrangers et de langues tierces, et ce, sans mentionner la multitude de sources d’actualité internationale, d’information et de divertissement disponibles quotidiennement par l’entremise d’Internet. En termes simples, il existe actuellement plus de groupes de propriétaires de médias actifs au Canada qu’il y a 20 ou 30 ans. Plus particulièrement, le secteur de la radiotélédiffusion est moins concentré aujourd’hui qu’à tout moment de son histoire. L’augmentation du nombre de propriétaires et de services dans le secteur de la radiotélédiffusion s’est produite dans le contexte de l’évolution constante du cadre réglementaire. L’histoire de la radiotélédiffusion au Canada a été celle d’une industrie réglementée, de l’équilibre entre ses composantes publique et privée et de notre capacité de refléter la réalité canadienne dans un environnement économique dominé par une industrie mondiale du divertissement. Et, avec l’avènement des nouvelles technologies, cet équilibre change, et change même rapidement. Bien entendu, je pourrais vous énumérer une liste d’enjeux qui requièrent notre attention en matière d’actualisation de la réglementation. Pensons, par exemple, à la réforme du droit d’auteur, au vol des signaux satellite ou encore à la transition continue (et onéreuse) vers les services de télévision et de radio numériques. Cependant, lorsqu’on analyse cette liste, on constate que la plupart de ces enjeux sont liés à deux tendances fondamentales auxquelles les radiotélédiffuseurs privés du Canada doivent faire face dans leurs activités quotidiennes et dans leur planification stratégique détaillée :
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L’une est la fragmentation. L’autre est l’érosion des frontières traditionnelles. Prises séparément, chacune de ces deux tendances est complexe et pose des difficultés. Cependant, elles se pointent toutes les deux à l’horizon au même moment et ont un effet combiné. Débutons par la fragmentation. Un plus grand nombre de chaînes signifie un choix plus vaste et plus d’occasions de mettre en valeur la réalité canadienne et de refléter la diversité canadienne. Cependant, un choix plus vaste est synonyme de fragmentation et a un impact économique sur l’industrie. Au fur et à mesure que la fragmentation divise le marché en des parties de plus en plus petites, la quantité de ressources disponibles pour chaque entité individuelle est aussi réduite. L’une des conséquences de l’élargissement considérable du choix en matière de radiotélédiffusion au Canada durant la dernière génération est qu’il est encore plus difficile d’offrir de la programmation locale et des émissions dramatiques coûteuses. Voilà une réalité économique dont votre Comité doit tenir compte. L’impact économique de la fragmentation sur le marché canadien de la radiotélédiffusion est important. Cet impact devient encore plus important lorsqu’on le combine à celui des nouvelles technologies qui provoquent « l’érosion des frontières traditionnelles ». Comme en général, l’industrie des médias devient de plus en plus une affaire internationale, tant sur le plan de sa portée que de sa sophistication, nous assistons à une fragmentation encore plus marquée du marché canadien étant donné le nombre croissant de chaînes de télévision étrangères qui font leur apparition au Canada. Combiné aux marchés noir et gris des services de télévision, à l’augmentation de la distribution par l’entremise d’Internet et au partage des fichiers entre pairs, le niveau de fragmentation dans le marché de la radiotélédiffusion s’accentue presqu’au quotidien. Et l’érosion des frontières vient ajouter une autre dimension. Elle ébranle le système du droit d’auteur sur lequel l’industrie de la radiotélédiffusion repose. L’accroissement de la distribution non autorisée brime les droits des titulaires de droit d’auteur qui sont autorisés dans chaque marché. De plus, le partage des fichiers entre pairs a le potentiel d’éliminer le besoin d’acquérir de façon légitime les droits de programmation. Ce comité se doit de reconnaître que les radiotélédiffuseurs oeuvrent au quotidien dans un univers où les consommateurs ne font pas que recevoir le contenu média. Les consommateurs produisent aussi le contenu. Ils le copient. Ils le distribuent. Et ils font tout ça avec ou sans la permission du détenteur du droit d’auteur.
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Pour saisir à quel point la fragmentation et l’érosion des frontières traditionnelles transforment le secteur canadien de la radiotélédiffusion, il faut comprendre les chaînes de valeurs économiques au sein desquelles la télévision et la radio canadiennes fonctionnent. Comme l’indiquent les données qui se trouvent dans notre mémoire, il y a eu une fragmentation des sources de recettes et des parts de marché au fil du temps. Pour la radio et la télévision, l’ampleur des choix disponibles, les différents types de nouveaux choix offerts et la capacité des consommateurs de copier, de produire et de distribuer les émissions ont rendu les chaînes de valeurs beaucoup plus complexes qu’elles ne l’étaient la dernière fois qu’un comité du Sénat s’est penché sur l’état des médias canadiens. Dans notre mémoire, nous avons illustré en détail les chaînes de valeurs qui se transforment. Au-dessus de mon bureau j’ai une copie agrandie d’une de ces illustrations. Chaque jour, elle me rappelle que ce matin l’industrie de la radiotélédiffusion est différente de l’industrie de la radiotélédiffusion que j’ai connue quand j’ai joint cette organisation et qu’elle sera tout aussi différente demain. Si l’on compare l’évolution des chaînes de valeurs de 1970 à aujourd’hui, que constate-t-on? Qu’est ce qui a changé? Où se trouvent les sources de tension et quelles incidences ont-elles sur la capacité des radiotélédiffuseurs de produire du contenu canadien? La capacité toujours plus grande des consommateurs à échanger du contenu numérique dans un mode de partage de fichiers entre pairs, sans faire appel aux réseaux de distribution traditionnels, figure parmi les préoccupations des producteurs et des radiotélédiffuseurs de contenu en ce qui concerne la protection du droit d’auteur; Les annonceurs et les consommateurs peuvent plus facilement communiquer entre eux et ainsi contourner le modèle de radiotélédiffusion traditionnel; En 1970, les producteurs de contenu faisaient d’abord affaire avec les radiotélédiffuseurs. Dans le marché fragmenté d’aujourd’hui, les producteurs de contenu sont à la recherche de solutions de rechange : diffusion directe du contenu aux consommateurs, fusions avec des radiotélédiffuseurs ou lancement de leurs propres services de programmation; En 1970, les annonceurs faisaient d’abord affaire avec les radiotélédiffuseurs. En 2005, les entreprises de câblodistribution et d’autres intervenants ont demandé au CRTC l’autorisation de vendre de la publicité canadienne en concurrence avec les radiotélédiffuseurs; En 1970, les radiotélédiffuseurs étaient les propriétaires uniques des liens intermédiaires dans la chaîne de valeurs : entre les producteurs et les téléspectateurs, entre les annonceurs et les consommateurs. Ce n’est clairement plus le cas maintenant.
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Si l’on en juge par la brève description dans cet exposé et par les données détaillées qui se trouvent dans le mémoire de l’ACR, il est évident que le modèle d’affaires de la radiotélédiffusion canadienne a changé et qu’il continuera de se transformer. Les modèles d’affaires sur lesquels était fondée la radiotélédiffusion canadienne des années 1920 aux années 1970 ont peu à voir avec ceux d’aujourd’hui. Et ils ressembleront très peu aux modèles de demain. Aujourd’hui, les radiotélédiffuseurs oeuvrent dans un environnement médiatique très décentralisé qui se caractérise par plus de choix et plus de sources d’information et de divertissement qu’on ne pensait possibles en 1970. Pourtant, certains commentateurs et observateurs croient dur comme fer que la radiotélédiffusion canadienne a connu une plus grande concentration au cours de la dernière génération. Il est rare, cependant, qu’on examine cette supposition de près. Le seul fait de compter le nombre de médias exploités par un seul propriétaire dans un seul secteur du grand marché des médias ne nous dit rien sur la vaste diversité du marché des médias au Canada. Nous devons considérer l’ampleur véritable de la fragmentation qui existe au sein du marché de la radiotélédiffusion aujourd’hui. Il n’y a pas seulement eu une augmentation du nombre de services de radiotélévision. Il y a aussi eu une hausse du nombre de propriétaires / exploitants de ces services, et chacun d’entre eux rejoint des auditoires plus petits qu’à n’importe quelle époque de l’histoire de notre système de radiotélédiffusion. Si le Canada avait un marché de radiotélédiffusion « concentré », les Canadiens, en tant que consommateurs de radiotélédifusion, recevraient de l’information uniforme provenant d’un groupe uniforme de sources. Ce n’est pas le cas de toute évidence. Je fais référence une fois de plus à la déclaration du président du CRTC citée dans le rapport intérimaire de ce comité et selon laquelle il y a un plus grand nombre de propriétaires et un plus grand nombre de services aujourd’hui qu’en 1970. J’aimerais ajouter à cela que chacun de ces services atteint habituellement des parts d’auditoire plus petites aujourd’hui que jamais auparavant. La fragmentation est la nouvelle réalité de la radiotélédiffusion canadienne. Plus de choix, plus de voix, de plus petits auditoires. Comme l’a déclaré M. Dalfen, cela peut sembler contraire aux idées reçues, mais les chiffres sont là pour le prouver. Pourtant, dans beaucoup de milieux, on continue d’entendre des affirmations que personne ne remet en question en ce qui concerne la « concentration accrue » dans le marché canadien de la radiotélédiffusion. Ces affirmations ne résistent pas à l’analyse quantitative et ne reflètent tout simplement pas la réalité économique de la fragmentation qui existe au sein de l’industrie canadienne de la radiotélédiffusion aujourd’hui.
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Il importe que ce comité comprenne que lorsque les radiotélédiffuseurs ont consolidé leurs avoirs, ils l’ont fait en réponse aux tendances que nous observons dans l’industrie de la radiotélédiffusion, soit la fragmentation et l’érosion des frontières traditionnelles. Il s’agit d’une réponse à la fragmentation, les radiotélédiffuseurs tentant de maintenir les économies d’échelle en présence de ressources fragmentées. Il s’agit d’une réponse à l’érosion des frontières, alors que les diffuseurs s’efforcent de regrouper l’auditoire, divisé par le nombre croissant de chaînes américaines et étrangères offertes dans notre système de radiodiffusion. Il s’agit d’une réponse à l’évolution qu’a connue notre pays, et qui a mené la radiotélédiffusion canadienne à se faire le fer de lance d’une initiative inédite en vue de présenter à la télévision un portrait juste et fidèle de la diversité culturelle du Canada. En collaboration avec le CRTC, l’ACR a présenté un Plan d’action sur la diversité culturelle et a créé un Groupe de travail sur la diversité culturelle à la télévision composé de représentants de l'industrie de la télédiffusion et de groupes communautaires de diverses cultures. Ce groupe a pour but de favoriser la recherche, de repérer des pratiques exemplaires, d’aider à définir les problèmes et de proposer des solutions pratiques pour l'industrie de la télédiffusion. Le Canada a changé, tout comme l’industrie de la radiodiffusion. Aujourd’hui, les Canadiens ont accès à un plus vaste choix d’émissions que jamais, et ce, d’une multitude de façons. Le choix d’émissions canadiennes augmente, tout comme le choix d’émissions étrangères, et l’auditoire rétrécit. Aujourd’hui, les entreprises canadiennes de télédiffusion doivent entrer en compétition pour conquérir chaque téléspectateur chaque instant de la journée. Alors qu’en 1970, seules quelques stations américaines frontalières pouvaient atteindre les personnes dotées d’une antenne suffisamment puissante, aujourd’hui, les plus importants groupes médiatiques du monde prennent part à la compétition. Comme le mentionnait le rapport Lincoln en 2003, les groupes de radiotélédiffuseurs canadiens ne sont, selon les normes internationales, « pas d’aussi large taille que les grandes entreprises du monde qui oeuvrent dans le domaine de l’audiovisuel. » [traduction libre] Selon l’Observatoire européen de l’audiovisuel, aucune entreprise médiatique canadienne ne fait partie des 50 plus importantes entreprises de ce domaine à l’échelle mondiale. De plus, le budget de l’une ou l’autre des trois entreprises internationales en tête de cette liste est de loin supérieur aux budgets combinés de l’ensemble des diffuseurs privés au Canada. Pour demeurer compétitifs dans ce marché ultra fragmenté, les diffuseurs privés canadiens doivent être extrêmement efficaces et doivent mettre à profit chaque possibilité de maximiser les retombées positives liées au contenu qu’ils produisent.
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Je souhaite que lorsque ce comité se penchera sur la question de la consolidation des médias, il garde en mémoire les données présentées dans notre mémoire, ainsi que l’idée que la fragmentation est la cause, alors que la fusion est l’effet. Conclusion L’industrie de la radiodiffusion au Canada n’a jamais été moins concentrée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Je souhaite que vos discussions fassent place à cette réalité. L’ACR et moi-même vous remercions de nous avoir écoutés et de nous permettre de contribuer à cette étude importante. Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
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