Des Springboks en cours de transformation

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Des Springboks en cours de transformation

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Des Springboks en cours de

transformation

- International -

Les coopérations internationales -

Coopération avec l'Afrique du Sud -

Date de mise en ligne : mardi 18 septembre 2007

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Des Springboks en cours de transformation

Pour sa première participation à la coupe du Monde de Rugby en 1995, les Springboks sud-africains

remportent la finale, chez eux, face aux All-Blacks néozélandais. Mais ce que retiendra surtout l'histoire,

c'est l'image du nouveau président, Nelson Mandela, vêtu du maillot de l'équipe nationale, remettant la

coupe au capitaine blanc François Pienaar. Cette victoire montrait au monde entier l'expression d'« une

équipe, une nation » symbolisant une unité sud-africaine réalisée autour du rugby.

Le rugby est au cSur des conflits politiques et raciaux de l'Afrique du Sud, comme le décrit Pierre Chaix, auteur de «

Rugby, racisme et Afrique-du-Sud ». Dès les années 1920, les Afrikaners (majorité de la population blanche) lui ont

donné une importance toute particulière. Ce sport, renvoyait une image d'hommes forts luttant pour leur collectif, en

comparaison à la lutte des Boers contre les Anglais et les populations africaines locales.

Blanc d'honneur

Le rugby devint alors le symbole idéal d'une domination, et l'équipe nationale par ses performances sur tous les

terrains du monde, devint alors l'outil de légitimation de l'Apartheid à l'international. Pendant ces années de

ségrégation, de même que les Sud-Africains blancs et noirs ne peuvent s'asseoir côte à côte, ils ne peuvent pas

pratiquer le sport sur les mêmes terrains. Comme toute autre activité, le sport est organisé selon des critères

discriminatoires : les fédérations sont dirigées par les blancs, les infrastructures sportives sont réservées aux blancs

et en aucun cas des rencontres sportives mixtes (en terme de races) ne peuvent être organisées. En 1968, à

loccasion des Jeux olympiques de Mexico, quarante et un pays se déclarent prêts au boycott si l'Afrique du Sud y

participe. L'Afrique du Sud est exclue du Comité Olympique deux ans plus tard. Le rugby n'était de fait pas en reste.

La plupart des joueurs étaient issus de l'Université Stellenbosch, célèbre pour avoir formée l'élite afrikaner à l'origine

de la politique de l'Apartheid. De plus, la fédération nationale de Rugby (SARB) était dirigée par des membres de la

Broederband, société secrète ayant pour objectif de défendre les intérêts des Afrikaners, pierre angulaire de

l'Apartheid officialisée par le pouvoir en 1948 lors de l'instauration du régime raciste. La grande majorité des

capitaines et managers de l'équipe était également membre de ce système. En 1978, lors de la tournée de l'équipe

de France de rugby en Afrique-du-Sud (qui contrairement à la plupart des fédérations sportives ne boycottait pas les

relations avec l'Afrique-du-Sud de l'Apartheid), cette dernière doit demander une autorisation spéciale au

gouvernement, car elle comprend Roger Bourgarel, originaire des Antilles. Evidemment, ces mesures heurtent la

conscience des sportifs du monde entier et le régime sud-africain va tenter d'entretenir l'illusion et de limiter son

isolement en invitant des joueurs noirs devenus pour un jour « blanc d'honneur » et recevant de confortables

cachets.

Droit au rugby

L'année 1990 constituera un tournant pour le sport sud-africain, avec la reconnaissance des organisations

non-raciales, dont le National Sport Council (NCS) et le SACOS (South African Council of Sport) ayant pour objectif

l'établissement d'un sport unifié, non racial et démocratique. L'Afrique du Sud sera réintégrée au sein du Comité

Olympique en 1992. Comme dans les autres secteurs de la société, un processus de « transformation » du sport se

met alors en place, visant à apporter à tous les Sud-Africains les mêmes chances de pratiquer du sport. Chaque

fédération est supposée suivre le même processus, c'est-à-dire travailler à sa propre unification en mettant en place

une charte de non-racialisme. Pas moins de trois documents sont alors établis par la SARU (South of Africa Rugby

Union). La « constitution » précise dans son article 1 que « chaque personne, quelque soit sa race, sa couleur, sa

religion, son genre a le droit de participer au rugby. » Un code de conduite mentionne également que « chaque

dirigeant est responsable de toute forme de discrimination, incluant la race, la couleur, le genre, l'ethnie, l'origine

sociale, la religion et les affinités politiques. » En outre il « ne doit rien faire pour intimider, offenser et humilier toute

personne en raison de sa race, couleur, genre, etc. ». Enfin, le document le plus important est sans aucun doute « la

charte de transformation du rugby ». Tout au long d'une centaine de pages, il y est fait état du passé « comment en

sommes nous arrivés là ? » et de l'opportunité de la transformation pour réinventer le rugby. Mais au delà des textes

la réalité est toute autre. Il est facile de constater que « les Springboks ont toujours la peau claire », comme le titrait

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Des Springboks en cours de transformation

Le Monde dans son dossier spécial coupe du monde 2007. Les instances dirigeantes du rugby ne sont pas encore

parvenues à transformer le rugby, que ce soit au niveau local ou national. Au delà des raisons politiques et morales,

il en va même de la survie de ce sport en Afrique du Sud compte-tenu de la pyramide des âges de la population

blanche, vieillissante et affaiblie, et de la population noire, plus jeune et plus dense.

Interrogé sur cette question,

Sam Ramsamy, actuel représentant de l'Afrique du Sud au Comité Exécutif du CIO (*), estime que « le milieu du

rugby apparait toujours comme des plus conservateurs, maintenant son sport dans un exercice racial inégalitaire ».

En effet, si l'Apartheid est terminé, ses effets eux sont toujours présents. D'abord, les infrastructures sportives sont

toujours situées dans des quartiers où vivent majoritairement des blancs. Il faut donc aller chercher les enfants noirs

dans les townships, ce qui nécessite des efforts dorganisation, de temps et dargent. Ensuite, si certains enfants

noirs intègrent les clubs, certains finissent par abandonner. Les blancs parlent l'Afrikaans, laissant au noir le

sentiment d'être à part. Les insultes, comme « kaffir », sale nègre en Afrikaans, fusent très souvent sur les terrains.

L'équipe nationale a elle aussi connu des épisodes racistes, comme l'a dénoncé Chester Williams, l'ailier star des

Springboks en 1995 dans son autobiographie. Enfin, issus de milieux défavorisés,les jeunes doivent travailler très tôt

ne pouvant plus consacrer de temps aux entrainements.

Trois-quarts noir

Ainsi, la participation à la coupe du Monde de rugby 2007 et la composition de sa sélection nationale a fait l'objet de

nombreuses polémiques en Afrique du Sud. Faut-il la meilleure équipe permettant de gagner la coupe du Monde ou

bien l'équipe la plus représentative de la nouvelle société post-Apartheid ? Certaines colonnes de presse ont

sous-entendu que le sport était puni par le gouvernement en place. En fait, le gouvernement n'a pas interféré dans la

sélection. La loi actuelle précise que seules les fédérations sont responsables de la composition de leurs équipes.

Finalement, les Springboks participant à la coupe du Monde ont été sélectionnés dans le seul but d'avoir le plus de

chance de remporter la coupe. Bryan Habana le trois-quarts des Springboks, élu meilleur joueur de l'année en 2005

et qui apparait comme la clé de cette équipe est noir. Lui et toute l'équipe sont soutenus par le président de la

République, Thabo Mbeki, leur premier supporter. Ce dernier a même demandé aux joueurs « d'oublier les querelles

politiques et de rapporter le trophée à la maison. » On peut finalement penser que quand la transformation sera

acquise, la composition de chaque équipe sud-africaine ne sera plus une issue, qu'elle soit blanche, noire ou mixte.

A droite Bryan Habana, élu meilleur joueur 2005

Ici au Conseil Général de Seine St Denis le 7 septembre 2007

La FSGT y était invitée.

Article à paraître dans le numéro d'octobre du magazine de la FSGT, Sport et Plein Air

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Par Emmanuelle Oulaldj

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