Division du travail, changement technique et croissance. Un retour à Adam Smith - article ; n°1 ; vol.5, pg 125-194
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Description

Revue française d'économie - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 125-194
70 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Robert Boyer
Geneviève Schméder
Division du travail, changement technique et croissance. Un
retour à Adam Smith
In: Revue française d'économie. Volume 5 N°1, 1990. pp. 125-194.
Citer ce document / Cite this document :
Boyer Robert, Schméder Geneviève. Division du travail, changement technique et croissance. Un retour à Adam Smith. In:
Revue française d'économie. Volume 5 N°1, 1990. pp. 125-194.
doi : 10.3406/rfeco.1990.1246
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1990_num_5_1_1246Robert
BOYER
Geneviève
SCHMEDER
Division du travail,
changement technique
et croissance.
Un retour à Adam Smith
Aux origines de l'économie politique
écossais A. Smith où est son né père en avril-mai était receveur 1723 à général Kirkaldy, des petit douanes bourg .
A quatorze ans, il commence ses études à l'Universté de
Glasgow où il suit les cours de F. Hutchinson qui semble
avoir exercé une influence durable dans sa formation
intellectuelle. Il étudie surtout la philosophie pure, les 126 Robert Boyer/Geneviève Schmeder
mathématiques et les sciences naturelles. En 1740, il
obtient une bourse pour le Balliol College à Oxford dont
l'enseignement ne semble pas l'avoir enthousiasmé puis
qu'il en critiquera le caractère formel et compassé.
Après être retourné à Kirkaldy, il obtient en 1751
le poste de professeur de logique puis de philosophie
morale à l'université de Glasgow dont il deviendra le
doyen (1760), puis le recteur (1762). Il y entretient des
relations suivies avec D. Hume, aussi bien intellectuelles
qu'amicales. L'un et l'autre considèrent la philosophie
morale et l'économie politique comme intimement liées.
A. Smith élabore progressivement son cours magistral
combinant quatre parties : théologie naturelle, éthique,
justice et jurisprudence, enfin politique, définie comme
l'ensemble des règlements ne reposant pas sur la justice
mais sur l'expédient et dont le dessein est d'accroître la
puissance et la prospérité de l'Etat.
La seconde partie de ce cours aboutit en 1759 à
la publication de la Théorie des sentiments moraux qui va
contribuer à sa renommée. L'impact de cet ouvrage lui
vaut d'être choisi comme précepteur du Duc de Buccleuh,
avec qui A. Smith va effectuer un périple en Europe et
tout particulièrement en France de 1764 à 1766. Visitant
successivement Paris, Toulouse, le Midi et Genève, il y
rencontre Turgot, Quesnay, le groupe des physiocrates et
Voltaire. De retour en Ecosse, il se met à la préparation
de son œuvre majeure : Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des Nations, publiée en 1776. Il
devient ensuite receveur général des douanes pour
l'Ecosse et meurt en 1790 à Edimbourg, exigeant que l'on
brûle la totalité de ses manuscrits, à l'exclusion de
quelques essais .
Les commentateurs ont souligné l'extrême ambi
tion de l'œuvre d'A. Smith qui couvre les problèmes
d'éthique et de philosophie morale tout autant que d'éco- Robert Boyer/Geneviève Schmeder 127
nomie politique. A. Smith prend soin d'expliciter les
comportements psychologiques et sociaux qui sont à l'ori
gine de l'échange, de la division du travail et donc de
l'émergence d'une sphère propre à l'activité économique.
Dès l'introduction de la Richesse des Nations est clair
ement affirmée la filiation entre le comportement des hom
mes en société, le penchant à échanger et la division du
travail. Dans la mesure où la tradition néo-classique, sauf
exception, adoptera ultérieurement une conception beau
coup plus dichotomique du social et du politique d'un
côté, de l'économique de l'autre, cette volonté d'une
approche à la fois intégrée et rigoureuse méritait d'être
rappelée. Contrairement à ses modernes successeurs, la
théorie smithienne s'ouvre par une théorie positive de
l'homo oeconomicus, qui n'est pas seulement mû par l'ut
ilitarisme, mais par l'aptitude à communiquer avec ses
semblables.
Trois traits de l'ouvrage méritent d'être sou
lignés. En premier lieu, A. Smith procède par analyse,
critique puis synthèse par rapport aux grands systèmes
théoriques de son temps. Il s'oppose aux mercantilistes
et à leur interventionnisme et prône le libéralisme en
faveur duquel il produit l'argument canonique, celui de
la « main invisible ». A l'encontre des physiocrates, l'éc
onomiste écossais conteste le rôle exclusif de l'agriculture
dans la création des richesses. En second lieu, le système
smithien s'inscrit fort bien dans la conjoncture historique
qui caractérise l'Angleterre de son temps, celle de la révo
lution industrielle. Enfin, A. Smith n'est pas le pur esprit
universitaire que certains observateurs ont cru discerner.
Par son rôle dans l'administration écossaise, il est bien
placé pour percevoir les grands enjeux politiques de
l'époque : quelle devrait être la politique des échanges
extérieurs pour stimuler au mieux le processus de crois
sance ; dès lors que l'Etat s'abstiendrait de tout interven- 128 Robert Boyer/Geneviève Schmeder
tionnisme dans l'activité économique, quels seraient les
principes d'une fiscalité juste et efficace ?
Autant de thèmes qu'abordent les parties finales
de La Richesse des Nations et qui trouvent de façon plus
ou moins directe leur origine dans les trois chapitres intro-
ductifs de ce qu'une longue tradition considère comme
l'ouvrage fondateur de l'économie politique, voire de
l'analyse économique. Après en avoir présenté le raiso
nnement, puis diagnostiqué les forces et les faiblesses, on
se propose de montrer en quoi ce texte a gardé toute sa
force et sa pertinence pour analyser toute une série de
problèmes contemporains.
La dialectique penchant à réchange-
division du travail
Smith ne fut en rien l'inventeur de la notion de division
du travail, puisqu'on peut faire remonter à Platon, Aris-
tote et Xénophon les discussions sur son rôle dans l'o
rganisation sociale et la satisfaction des besoins et qu'on
trouve celles-ci reprises, par exemple, chez I. Khaldoun.
L'originalité d'A. Smith, par rapport à ses prédesesseurs,
est d'en avoir fait le moteur qui propulse le marché dans
une spirale de productivité ascendante et d'avoir fondé
sur elle une philosophie en quelque sorte démocratique
de la richesse.
La thèse sans doute la plus fameuse de La
Richesse des Nations est que « l'opulence naît de la divi
sion du travail ». L'importance de cette notion est si
grande que Smith y consacre les trois premiers chapitres
de son livre. Le premier démarre de façon quelque peu
abrupte par le célèbre exemple de la manufacture
d'épingles. Si un homme devait fabriquer une épingle Robert Boyer/Geneviève Schmeder 129
entièrement seul, il lui faudrait bien une journée pour
fabriquer une seule épingle. Mais dans une manufacture
où « l'important travail de faire une épingle est divisé en
dix-huit opérations distinctes », le produit est au min
imum de quatre mille huit cents épingles par travailleur et
par jour. Cette augmentation considérable du produit a
selon Smith trois causes : l'accroissement de l'habileté des
travailleurs ; le gain de temps résultant de la suppression
du passage d'une tâche à une autre ; l'utilisation de
machines, enfin, à propos desquelles A. Smith ne craint
pas d'écrire que « c'est à la division du travail qu'est or
iginairement due l'invention de toutes ces machines
propres à abréger et à faciliter le travail. »
Ces trois facteurs d'accroissement de la product
ivité sont bien les conséquences directes de la division
du travail. L'augmentation de l'habileté des travailleurs
est le résultat de leur spécialisation : « En réduisant la
tâche de chaque homme à quelque opération très simple
et en faisant de cette opération la seule occupation de sa
vie, la division du travail lui fait acquérir nécessairement
une très grande dextérité. » L'économie de temps

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