Entre littérature, lecture, rébellions, réflexions de société et numérique
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Publié le 14 mai 2012
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Langue Français

Extrait

Entre littérature, lectures, rébellions,
réflexions de société et numérique
Je surfe énormément sur le net, et je lis autant sur le net. Je lis aussi des livres palpables, surtout dans les univers de Fantaisy inventant d’ailleurs un néologisme non revendiqué par les hautes instances académiques de notre pays. Grâce au numérique, je redécouvre des classiques, comme « Les Misérables » de Victor Hugo ou encore « le
Rouge et le Noir » de Stendhal, gratuitement.
Durant toute ma scolarité, je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi on privilégiait des écrivains morts depuis des décennies plutôt que les nouvelles générations, qui elles-aussi, ont des histoires à raconter et des sentiments à partager ; à condition qu’on leur en offre la chance et la
possibilité. D’ailleurs, d’un point de vu logique, pourquoi payerais-je pour l’histoire d’un squelette ? Ses os auraient-ils besoin de calcium ? De nourriture? Ou alors la littérature d’aujourd’hui ne vaudrait même pas celle du passé? Un siècle plus tôt, la télévision, le cinéma, les jeux vidéos,
internet, n’existaient pas. Une nouvelle époque implique la création de différentes formes littéraires et artistiques. Comment la littérature se transcendera-t-elle dans les décennies à venir ? Comment s’imposera-t-
elle au cœur d’un monde d’images, de publicités, de virtualité ? Tout cela
est passionnant.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Cette phase de métamorphose naturelle s’applique aussi pour les arts.Va-t-on donc encourager la poussière plutôt que l’horizon et la terre sous
nos pieds ? Au-delà même de ces clivages papier et du numérique, il s’agit d’un enjeu de civilisation : la peur du futur et du changement doit-elle bloquer l’évolution de nos existences et de notre espèce ?
Le passé est révolu, et non, ce n’était pas mieux avant, ni pire : l’avenir
est simplement différent, tout comme la création artistique d’aujourd’hui est différente de celle d’hier. Tant que nous cheminerons en contemplant des fantômes, nous nous immobiliserons au sein d’une boucle temporelle
désespérante. Les habitudes ont besoin d’être bousculées pour apporter d’autres visions sociétales, existentielles et d’autres manières d’écrire, de songer à ce monde. Le numérique nous offre cette possibilité d’expression, qu’importe nos origines, notre réseau ou notre degré intégration sociale ou encore, le poids de notre porte monnaie. Nous n’avons certes aucun véritable contrôle sur cette jungle virtuelle.
Alors, certains encouragent les clivages, accumulent les préjugés, mettent
en valeur une vision totalement noire d’internet et du virtuel en général :
en conséquence, l’univers numérique des textes enpâtit.
 Pourtant, à la base, les textes véhiculent des idées, des sensations et des histoires, virtuelles, nées d’un esprit humain, virtuel. Ils retrouvent leur milieu d’origine à travers le numérique. Ils n’incarnent plus seulement l’idéal de la littérature actuelle : centrée sur l’autofiction, le commérage, le poids médiatique des individus ou encore son imitation plus ou moins réussi des anciens... Oh, regardez-le, il s’est inscrit dans
une démarche Stendhalienne, Becketienne ou dans la droite lignée des écrivains romantiques du XIX siècles et du courant surréaliste d’André Breton ; il est le descendant scriptural de Jean de la Fontaine, le fils spirituel de Victor Hugo ou encore, le confesseur de Dostoïevski. (Et encore, je ne parle même pas dans mon domaine de prédilection, la Fantasy.)
Ah, et cet individu, est-il quelqu’un, finalement ? Ou bien seulement le produit de tout un caveau d’ossements bons marchés ?
 Je comprends bien évidemment que la citation de ces écrivains permette aux lecteurs de se positionner par rapport à une œuvre, à un genre et à un courantsans oublier l’effet marketing et « attrape pigeon » de la dite action. Je réfute l’effet « tiroir-caisse », le passé emboutissant le présent et le futur, la frilosité, la sélection âpre et très sélective, dans le sens social du terme. Néanmoins, je ne cracherai pas ma haine sur l’ancienne chaîne : les deux milieux sont différents, l’un est physique,
l’autre virtuel.
Que l’on soit bien clair : je ne médis pas sur la qualité littéraire de ces écrivains très connus et adulés, souvent avec conviction et raison. Je
comprends l’importance de ne pas les oublier, de les relire. Simplement,
en tant qu’écrivain, je me pose une question existentielle : dois-je me
construire en tant qu’homme et écrivain dans ma singularité, ou en tant
que le nouveau « un tel » de la décennie ? Rester dans des standards
rigides ou m’approprier un lambeau d’avenir, aussi funeste puisse-t-il être ? Et ne serait-ce qu'en profiter un brin de mon vivant ? Je suis certes encore jeune, mais je vous le dis tout net : une fois mort, je n'en aurais
plus rien à cirer que mes livres soient lus, vendus, décorés ou entassés dans un coin de poubelles, oubliés... Alors, le discours d'égo sur la postérité, vous pouvez le jeter dans les flammes d'une autre dimension.
Laissons les morts en paix, intéressons-nous aux vivants. Sans oublier un fait : nous, les écrivains, nous faisons travailler beaucoup de monde : imprimeurs, éditeurs, diffuseurs, correcteurs, traducteurs, libraires, organisateurs de salons du livre (souvent), maquettistes, critiques (aussi quelques fois), bibliothécaires... J'en ai sans doute oublié quelques uns,
mais si nous dépassons le stade du texte littéraire, cela peut aller encore bien plus loin.
 En retour, on reçoit une somme de misère, ainsi que cette fameuse phrase : " ah et tu fais quoi d'autres dans la vie." On se sacrifie pour toucher deux pièces de cuivre, on fait travailler des dizaines de personnes, on en passionne quelques unes et onn’est même pas pris au
sérieux. Après, ne vous étonnez pas qu'onbrise nos chaînes et qu’onpasse au numérique. Ce sera notre revanche de la décennie.
Grâce au numérique, tout à chacun, s’il en a la volonté, a la capacité de construire une œuvre et de la partager, peut-être même de s’épanouir grâce à ses créations, voire de léguer son vécu, ses expériences, à ses
descendants.
 La création artistique elle-même, la vraie, pas celle formatée par le système actuelle, va se diffuser. Les trônes culturels actuels s’effondreront face à cette vivacité créative ; pas en cinq millisecondes,
sur des années.
 Alors oui, nous assisterons à des publications en ligne au goût discutable et nous serons noyés sous une masse sans précédent de navets
(et de perles.) Quoique tout cela soit souvent une affaire de subjectivité, de style et de fond. Cependant, à la différence de l’édition actuelle, mercantile, les lecteurs seront aux premières loges pour juger de la teneur d’une œuvre et de ce qu’ils en attendent. Si les auteurs savent s'émanciper , les lecteurs aussi s’émanciperont.
 Les écrivainsont d’ores et déjà la possibilité de se libérer de certaines de leurs chaînes, à condition qu’ils saisissent cette chance, et soient
écrivains d’essence, et pas seulement d’apparence. Il serait dommage d’oublier que les arts dominants actuels débutent toujours avec des mots et des histoires : jeux vidéos, cinéma, (et d’autres formes qui naissent déjà ou sont à naître, etc.), impliquent de la rédaction. La littérature doit dorénavant s’inspirer des avancées technologiques et des autres arts visuels, notamment, pour se métamorphoser à nouveau.
En conclusion, la lecture s’effectue selon son âge et ses attentes, qu’importe le support ou le lieu (virtuel ou non) d’achat ou d'emprunt. Il
s’agit avant tout de construire son identité, sa propre imagination et sa liberté mentale à travers les mots, en les lisant, en les partageant ou en les écrivant. Depuis trop longtemps, la Plume est entravée, formatée et cloîtrée dans un marasme moqueur et destructeur. La seule liberté est celle de l’esprit et du cœur, pas du corps. Nos sociétés misent tout sur la chair, l’apparence, et une sorte de principe existentielle abusif, sans limite, qui bride nos capacités d’évolution. Nous
sommes poussés à devenir quelqu’un d’autre, à vivre à toute vitesse, à sceller un masque sur notre visage, sans prendre le temps de nous construire, pendant que d’autres se cultivent dans une sorte de vérité
première unilatérale et entraînent le monde vers des abysses infamantes. Sacrifier le futur au profit du présent ou du passé, c’est réaliser un suicide collectif ; l’ultime indignité que l’humanité s’infligerait envers elle-même. Sacrifier l’expression artistique présente et à venir des citoyens du monde pour réaliser des bénéfices et contrôler les populations, garantir les profits de quelques grands pontifes, est tout aussi absurde.
G.N.Paradis, 2012
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