Je suis recroquevillée en moi dans un monde sans désir, puisque je ne peux même plus l’exprimer.Le dire, c’est le faire exister même s’il est devenu sans objet. Et si l’écriture n’était rien d’autre que le besoin de perpétuer le désir ? J’ai cessé de vouloir être belle pour lui et ça me fait de la peine, mais depuis ce billet de train pour un voyage que je n’ai pas effectué, je sens bien que je ne le verrais jamais. Il me semble qu’à nouveau déjà, je n’habite plus mon corps délesté de ce désir qui l’habillait d’ombres et de lumières.
Je ne pensais pas rougir de mon désir pour lui, mais il a tellement détricoté les liens qui nous unissaient que c’est comme s’il était devenu un étranger pour moi. Nos rares contacts ressemblent une plage après le passage d’une pelleteuse venant d’effacer sur le sable, les traces de pas, les châteaux en ruine érodés par la marée, et les cris joyeux des vacanciers, laissant pour seule empreinte, le sillon, de ses roues et les marques d’un ratissage professionnel. Comme si le rêve d’autre chose n’avait jamais existé...
C’est peut-être une histoire aux tiroirs multiples aux portes se dérobant vers l’infini. Il serait vain d’imaginer le voir surgir dans l’embrasure d’un porche. Il ne s’y trouve pas et pourtant, il semble être partout ailleurs. Nos pensées se rencontrent parfois simulant un lien qui ne se dit plus, si fragile qu’il romprait si des mots cherchaient à le définir. Au-delà du sens, les mots ne sont-ilsque la sève du