Le peuple veule habite une antre souterraine, le terrier delabassesseo`used´echaˆınentlespiresinstincts.Letemple mystiquedelacite´ou`l’homme,deuxfoisparjour,vientsa crifiersurl’auteldelabeˆtise.J’ail’honneurdevouspre´senter lem´etropolitainauxheuresdepointe. Aujourd’hui,force´parlescirconstances,j’aid´ecid´ederis quermavertudanscecloaque.Enm’avan¸cantverslabouche de la station, je commence par me faire alpaguer par des as sociatifsquiveulentmefairecotiser`aleurputaind’ONG pourrie.Despetitsbranleurs,dese´tudiantsdelafacsap´es comme des clodos : sandales moisies, pantalonsari sorti tout droit d’une brocante vintage, les cheveux qui retombent en dreads`aforced’oubliercequesignifielemotshampooing. Quellebandedefauxculs:ilssontla`avecleursouriremiel leuxcommesit’´etaisleurmeilleurpote,alorsqu’ilsonttre`s bienrenifle´entoilejeunegoldenboy,cemˆemecapitaliste 63
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qu’ils assassinaient verbalement il y a quelques mois pen dant les manifs antiCPE. Je crois qu’ils militent pour la paix danslemondeouuntruccommec¸a.Jelesenvoiechiersans ame´nite´,c’esttoutcequ’ilsme´ritent. J’arrive aux portillons. Comme par hasard, il faut qu’il yaitunbouletdevantmoiquid´ecouvrelesyst`emepourla premi`erefois.Ilfixesonticketcommeunepoulequiserait tomb´eesurunuf.Jechangeprestementdefile,c’estla` qu’unconnardseglissea`masuiteetsecolle`amoncul pour passer avec moi sans payer. Pour qui me prendil, ce sodomite?Pourl’arme´edusalut?L’airderien,jem’arreˆte brutalementa`lasortiepourregardermaRolex;iln’apasle tempsdesed´egager,lesportesserefermentsurlui.C¸ava luid´egommerlescˆotesflottantes,bond´ebarras. C’estde´ja`bond´esurlequai.Enmefaufilant,jeparviens aubordduvide,enteˆtepourentrerdanslarame.Lavoici justement qui arrive. Un frisson parcourt la foule, c’est la lutte finale, le grand ballet commence. Chacun sur le quai n’a plus qu’uneobsession:rentrercouˆtequecouˆte.Orcertainsdans lem´etroenontuneautre:sortircouˆtequecouˆte.Malheu reusement pour eux, le flux montant n’en a strictement rien `acarrer. Vousenfaitespas,lesgars,¸cavabiensepasser,unpeu de discipline et chacun sera content. Mais c’est sans compter avecl’inqui´etudequilesempˆecheder´efl´echir.Uneve´ritable paniquequileurenle`velepeudeneuronesqu’illeurrestait.
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Les portes ne se sont pas encore ouvertes devant moi que jepeuxd´ej`asentirdansmondoslapressiondelahorde aux abois. Je m’efforce de la contenir pour laisser descendre quelquespassagers,quivontdetoutefac¸ondevoirjouerdes coudes pour se tailler un passage dans cette jungle. Je serais eux, je sortirais un flingue en hurlant, je vous raconte pas comment¸cas’ouvriraitdevanteuxenmoinsdedeux.J’ima ginederri`eremoilespauvresbeaufsbouillantd’impatience de s’engouffrer dans leur traintrain quotidien. Cequiestextraordinaire,c’estqu’unefoisrentr´es,ilne leurvientpas`al’id´eequ’ilexistederrie`reeuxd’autresgens: a`peinelemarchepiedfranchi,ilss’arrˆetentnet,enpleinpas sage, au lieu d’aller remplir le fond. C’est parfaitement ab surde,maisc’estainsi:toutlemondeestmass´epr`esdes portes,`aene´touffer,pendantquelesalle´essontvides.C’est vrai,onnesaitjamais,desfoisqueleme´troprennefeu,il fauteˆtrelespremiersa`sortir.Lepire,c’estquec¸afaitchier toutlemonde,ycompriseux,maispersonnenere´agit.Ils tirentlagueule,maisriena`faire,unesortedetorpeurs’est saisied’eux,ilspr´ef`erentsouffrirensilenceplutoˆtquedepas ser`al’action.Ceseraitpourtanttellementfacilequ’ilyen ait un qui sorte du lot et qui harangue les autres pour qu’ils d´egagentunpeu.Jesuissuˆrqu’ilsn’attendentque¸ca,ces prosdugre´garisme. Seulementvoil`a,enFrance,de`squet’asuncomporte ment un peu original, tu te fais tout de suite regarder de
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travers.Etl’exclusion,¸cafaitgraveflippermescontempo rains. Oh, il suffit de pas grandchose : rien qu’en parlant un peuplusfortquelamoyennerienqu’ensouriantmeˆme, tudevienssuspect.Gardelesyeuxbaiss´es!Alors,prendrela paroleface`aunefoule,fautpasde´conner,tupassesdirect pouruntar´e:levraisuicidesocial. ` AMontparnasse,c¸adescendenmasse,ouf.Jemetrouve une place assise. Un mendiant en profite pour monter. Un bavard,ilsemet`ainsulterlespassagers.C’estnormal,c’est l’hiver,ilafroid,ileststress´e,c’estsamanie`rea`luide d´ecompresser.Etpuisexclupourexclu,autantyaller`afond. Jeleskiffe,ceschampionsdel’irr´eve´rence,ilscrachentsou ventdesv´erit´esdugenrepasbonnesa`dire.Bon,ge´ne´rale mentc¸avolepastre`shaut,cesontdesgrostrucsdepou jadiste, mais parfois ils sortent une petite ”miette philoso phique”qu’ilsontenfant´eelanuitderni`ere,dugenre”Ma dame,vouseˆtesgrosse,et`acausedevouspersonnenepeut d’asseoirsurlestrapontina`coˆt´e”.Toutlemondeplongele nezdansunbouquinoufixeletunnelparlafeneˆtre.C’est sˆurquelacaverne,c’estplusinte´ressantquelephilosophe quigesticule`adeuxme`tresdetoi.C’estPlatonquiserait content. Maisa`Falgui`ere,monpotesefaitvolerlavedetteparun Roumain.Unaccorde´oniste.Ouplusexactement,unemerde qui appuie au hasard sur toutes les touches en bouffant deux tempssurtrois.”Bˆojourmadamemessieursunpetitpi`ece