Hunger and Public Action () Rapport sur le développement dans le monde 1990 la pauvreté(Banque mondiale)  La France face au Sud : le miroir brisé (Jacques Adda et Marie-Claude Smouts)   ; n°1 ; vol.6, pg 189-204
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Hunger and Public Action () Rapport sur le développement dans le monde 1990 la pauvreté(Banque mondiale) La France face au Sud : le miroir brisé (Jacques Adda et Marie-Claude Smouts) ; n°1 ; vol.6, pg 189-204

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Revue française d'économie - Année 1991 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 189-204
16 pages

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Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Monsieur Jean Pisani-Ferry
Hunger and Public Action ()__**__Rapport sur le
développement dans le monde 1990 la pauvreté(Banque
mondiale) __**__La France face au Sud : le miroir brisé
(Jacques Adda et Marie-Claude Smouts)
In: Revue française d'économie. Volume 6 N°1, 1991. pp. 189-204.
Citer ce document / Cite this document :
Pisani-Ferry Jean. Hunger and Public Action ()__**__Rapport sur le développement dans le monde 1990 la pauvreté(Banque
mondiale) __**__La France face au Sud : le miroir brisé (Jacques Adda et Marie-Claude Smouts) . In: Revue française
d'économie. Volume 6 N°1, 1991. pp. 189-204.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1991_num_6_1_1371Jean
PISANI-FERRY
ШШШ/ШШШШЕЯШШШШ
La revue des livres
(Jean Drèze University Hunger et Amartya Press, and Sen, Oxford, Public Clarendon 373 Action pp., Press/ 1989) Oxford
Rapport sur le développement dans le monde 1990
la pauvreté
(Banque mondiale, 286 pp., 1990)
La France face au Sud : le miroir brisé
(Jacques Adda et Marie-Claude Smouts, Karthala,
Paris, 363 pp., 1989)
Economie politique de la famine
700 millions d'êtres humains souffrent de malnutrition.
Quelque 40 millions d'entre eux mourraient chaque année
de la faim ou des maladies liées à la faim 1. La sagesse
commune appréhende cette catastrophe routinière dans
le plus simple appareil intellectuel : la faim est vue au pire 190 Jean Pisani-Ferry
comme un tribut payé à la fatalité climatique ou à la folie
des gouvernants, au mieux comme la conséquence inexo
rable de l'arithmétique malthusienne. Bref, elle n'est guère
objet d'analyse.
Ce dénuement de la pensée se retrouve le plus
souvent lorsque la solidarité se met en branle. A ceux qui
ont faim, on envoie de la nourriture. Aux généreux donat
eurs, on assure qu'elle sera remise en main propre aux
affamés. La générosité se mesure en tonnes de blé ou de
lait, en avions chargés et en sacs distribués, comme si cette
comptabilité en quantité était un gage de réalité, comme
si le refus de l'agrégation monétaire valait efficacité. Les
plus clairvoyants dénoncent les effets pervers de l'aide
alimentaire et s'attachent à développer des politiques pré
ventives, mais face à l'urgence, nul ne semble douter que
la solidarité doive revêtir les formes les plus élémentaires,
les plus physiques du partage.
Il suffit à J. Drèze et A. Sen de rappeler quelques
faits, de fournir quelques chiffres, pour mettre en lumière
la naïveté de cette vision. Les famines surviennent souvent
en période de boom de la production alimentaire (comme
au Bangladesh dans les années soixante-dix) ; lorsque celle-
ci subit les effets de la sécheresse, les pays les plus atteints
par la famine ne sont pas ceux où la chute de la production
est la plus sévère (comme par exemple en Afrique noire
dans les années 1983-84). Il est arrivé plus d'une fois (en
Irlande dans les années 1840, en Inde dans les années 1870,
ou tout récemment au Tchad) qu'un pays qui souffre de la
faim accroisse ses exportations alimentaires. Plus généra
lement la corrélation entre production alimentaire et situa
tion alimentaire est des plus ténues, que ce soit en courte
ou en longue période. Quant à l'efficacité de l'aide aliment
aire directe, elle mérite au moins d'être réexaminée si l'on
sait qu'en 1984, l'Afrique noire a reçu un volume d'aide
alimentaire suffisant pour nourrir 25 millions de personnes Jean Pisani-Ferry 191
tout au long de l'année sans pour autant apporter une
solution au problème de la famine.
Appuyé sur une étude quantifiée de nombreux cas
récents ou plus anciens, le livre de Drèze et Sen frappe
d'abord par sa volonté de prendre la faim comme un objet
d'analyse. Sans jamais céder à la tentation fréquente de
renvoyer le problème à telle ou telle cause profonde, ils
s'attachent à élucider les comportements des agents, à
démonter les mécanismes qui conduisent à la privation et
au total dressent, sans aucun pédantisme, une véritable
économie politique de la famine. Mais leur objectif est avant
tout de proposer des remèdes dont puisse s'emparer l'ac
tion publique. Ils consacrent pour cela une partie import
ante de leurs efforts à l'étude des politiques qui ont avec
succès combattu la famine, afin d'examiner quels éléments
peuvent en être transposables. La rigueur de l'analyse s'allie
ainsi au souci de conclusions opérationnelles.
Le point de départ est simple : il est de considérer
la famine comme manifestant une défaillance des méca
nismes économiques et sociaux qui assurent quotidie
nnement l'approvisionnement de chacun en produits al
imentaires. Ainsi vue, la famine peut évidemment avoir des
causes multiples : une chute de l'offre ou une rupture des
réseaux de distribution, bien sûr, mais aussi une modifi
cation de la répartition des revenus, le chômage, l'appari
tion d'opportunités de profits plus élevés sur d'autres
marchés, ou des anticipations de hausse des prix condui
sant à un stockage spéculatif. Dans des sociétés où d'im
portantes fractions de la population vivent dans un état de
grande pauvreté, le développement de l'échange marchand
et du salariat ont introduit des éléments de forte vulnérab
ilité que ne parviennent pas à corriger des mécanismes
de solidarité communautaire souvent eux-même fragilisés,
et que ne pallie pas une assurance sociale restée embryonn
aire. 192 Jean Pisani-Ferry
II suffît alors d'un choc — climatique, politique ou
économique — pour que réapparaisse la privation aliment
aire, mais celle-ci se propage selon des lignes a priori sans
rapport avec l'évolution ou la répartition géographique de
la production. Ainsi, par exemple, la grande famine de 1974
au Bangladesh trouvait-elle son origine dans des inondat
ions qui, premièrement, induirent un chômage important
et, deuxièmement, suscitèrent des hausses de prix consé
cutives à des anticipations de chute de production. Ce
furent ces deux phénomènes — chômage et hausse des
prix — qui causèrent la famine, alors que la baisse de la
production elle-même devait in fine se révéler bien infé
rieure aux anticipations. En outre, les éléments présentés
par Sen et Drèze montrent que la répartition de l'impact
de la famine répond aussi à des logiques sociales complexes
et variables : ainsi les enfants sont-ils souvent protégés,
tandis que les personnes âgées et, dans certaines sociétés,
les femmes, subissent l'essentiel du choc.
Dans ces conditions, on conçoit qu'une politique
consistant à pallier par des dons l'insuffisance présumée
de l'offre interne soit d'une efficacité discutable. Non tant,
disent Sen et Drèze, à cause des effets souvent dénoncés
de découragement de la production locale : lorsqu'il y a
réellement chute de l'offre interne, il est important d'éviter
qu'elle se perpétue parce que les agriculteurs sont, pour
survivre, contraints de prélever sur leur capital productif.
Mais parce qu'une distribution de nourriture, même sélect
ive, n'est pas forcément adaptée au problème posé. Mieux
vaut, disent-ils, se donner pour objectif la préservation du
pouvoir d'achat en biens alimentaires et, lorsqu'il y a four
niture directe de biens, séparer radicalement l'accroiss
ement de l'offre de la protection des revenus en vendant les
produits et en utilisant le produit de cette vente pour
soutenir les revenus. Dans la même veine, les auteurs se
prononcent pour utiliser, autant que faire se peut, les mé- Jean Pisani-Ferry 193
canismes de marché : ils soulignent le caractère équilibrant
que peut avoir une hausse des prix si elle suscite des
courants d'exportation en provenance des pays voisins.
Mais ils sont aussi sans illusions sur l'efficience intertem-
porelle des marchés agricoles africains et se prononcent
pour une vigoureuse politique de régulation des prix par
la constitution de stocks d'intervention.
Mais comment protéger les plus vulnérables
lorsque n'existent pas de systèmes de transferts sociaux?
La lutte contre

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