La résistance des régions d agriculture intensive aux crises de la fin du XIXe siècle : les cas de l Alsace, du Vaucluse et du Bas-Languedoc - article ; n°1 ; vol.184, pg 31-41
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La résistance des régions d'agriculture intensive aux crises de la fin du XIXe siècle : les cas de l'Alsace, du Vaucluse et du Bas-Languedoc - article ; n°1 ; vol.184, pg 31-41

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Description

Économie rurale - Année 1988 - Volume 184 - Numéro 1 - Pages 31-41
Depuis la fin du XVIIIe siècle, les régions d'agriculture intensive souffrent du surpeuplement rural. Mais elles ont su profiter de l'intensité de la vie urbaine et des échanges commerciaux pour s'orienter vers des productions rapportant des recettes élevées à l'hectare. Leurs paysans ont dû pour cela subir un allongement de la durée de leur travail et affronter un risque supplémentaire : les crises de mévente. L'intensification des cultures ne leur a pas permis de s'enrichir, mais seulement de survivre sur des exploitations de plus en plus exiguës. En choisissant cette voie, plus difficile que la polyculture d'autosubsistance, ils ont développé des habitudes de travail et des capacités d'innovation qui leur ont donné le moyen de répondre aux crises de la fin du XIXe siècle par une reconversion rapide vers les produits dont la consommation s'accroissait chez les citadins.
Since the end of the XVI Nth century, intensive farming regions have suffered from an overpopulation. But they have been able to learn how to organize for the best their production in order to obtain a high return per hectare. To achieve this, their landworkers were obliged to labour longer hours and to face the additional risk of a slump in prices. This intensification of cultivation did not make the peasants more, thanks to the intensity of urban life and trade ; it only allowed them to survive by exploiting smaller and smaller land areas. By choosing this method, which is more difficult than general subsistence farming, they developed the habit of working hard and the ability to innovate which enabled them to react positively at the end of the XlXth century by quickly changing to the products the consumption increased in the cities.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Hau
La résistance des régions d'agriculture intensive aux crises de la
fin du XIXe siècle : les cas de l'Alsace, du Vaucluse et du Bas-
Languedoc
In: Économie rurale. N°184-186, 1988. pp. 31-41.
Résumé
Depuis la fin du XVIIIe siècle, les régions d'agriculture intensive souffrent du surpeuplement rural. Mais elles ont su profiter de
l'intensité de la vie urbaine et des échanges commerciaux pour s'orienter vers des productions rapportant des recettes élevées à
l'hectare. Leurs paysans ont dû pour cela subir un allongement de la durée de leur travail et affronter un risque supplémentaire :
les crises de mévente. L'intensification des cultures ne leur a pas permis de s'enrichir, mais seulement de survivre sur des
exploitations de plus en plus exiguës. En choisissant cette voie, plus difficile que la polyculture d'autosubsistance, ils ont
développé des habitudes de travail et des capacités d'innovation qui leur ont donné le moyen de répondre aux crises de la fin du
XIXe siècle par une reconversion rapide vers les produits dont la consommation s'accroissait chez les citadins.
Abstract
Since the end of the XVI Nth century, intensive farming regions have suffered from an overpopulation. But they have been able to
learn how to organize for the best their production in order to obtain a high return per hectare. To achieve this, their landworkers
were obliged to labour longer hours and to face the additional risk of a slump in prices. This intensification of cultivation did not
make the peasants more, thanks to the intensity of urban life and trade ; it only allowed them to survive by exploiting smaller and
smaller land areas. By choosing this method, which is more difficult than general subsistence farming, they developed the habit of
working hard and the ability to innovate which enabled them to react positively at the end of the XlXth century by quickly changing
to the products the consumption increased in the cities.
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Hau Michel. La résistance des régions d'agriculture intensive aux crises de la fin du XIXe siècle : les cas de l'Alsace, du
Vaucluse et du Bas-Languedoc. In: Économie rurale. N°184-186, 1988. pp. 31-41.
doi : 10.3406/ecoru.1988.3887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1988_num_184_1_3887ÉCONOMIE n° 184-185-186, RURALE mars-août 1988
LA RÉSISTANCE DES RÉGIONS D'AGRICULTURE
INTENSIVE AUX CRISES DE LA FIN DU XIXe SIÈCLE :
Les cas de l'Alsace, du Vaucluse et du Bas-Languedoc
Michel HAU *
Résumé :
Depuis la fin du XVIIIe siècle, les régions d'agriculture intensive souffrent du surpeuplement rural. Mais
elles ont su profiter de l'intensité de la vie urbaine et des échanges commerciaux pour s'orienter vers des
productions rapportant des recettes élevées à l'hectare. Leurs paysans ont dû pour cela subir un allongement
de la durée de leur travail et affronter un risque supplémentaire : les crises de mévente. L'intensification des
cultures ne leur a pas permis de s'enrichir, mais seulement de survivre sur des exploitations de plus en plus
exiguës. En choisissant cette voie, plus difficile que la polyculture d'autosubsistance, ils ont développé des
habitudes de travail et des capacités d'innovation qui leur ont donné le moyen de répondre aux crises de
la fin du XIXe siècle par une reconversion rapide vers les produits dont la consommation s'accroissait chez
les citadins.
Summary :
THE STAND AGAINST THE CRISES OF THE END OF THE XIXTH CENTURY BY THE INTENSIVE
FARMING REGIONS : THE CASES OF ALSACE, VAUCLUSE AND BAS-LANGUEDOC
Since the end of the XVI Nth century, intensive farming regions have suffered from an overpopulation. But
they have been able to learn how to organize for the best their production in order to obtain a high return
per hectare. To achieve this, their landworkers were obliged to labour longer hours and to face the additional
risk of a slump in prices. This intensification of cultivation did not make the peasants more, thanks to the inten
sity of urban life and trade ; it only allowed them to survive by exploiting smaller and smaller land areas. By
choosing this method, which is more difficult than general subsistence farming, they developed the habit of
working hard and the ability to innovate which enabled them to react positively at the end of the XlXth century
by quickly changing to the products the consumption increased in the cities.
La crise agricole de la fin du XIXe siècle s'est amorc Normandie). Au contraire, les régions d'agriculture
ée en France plus de dix années avant la Grande intensive de la partie orientale se sont relevées rapide
Dépression (1)** et la stagnation du produit agricole y ment et ont renoué avec la croissance durant la dernière
décennie du XIXe siècle (fig. 1). Cette bonne perfora été plus accusée que dans les autres pays. Mais une
analyse menée au niveau départemental révèle que la mance est paradoxale, dans la mesure où elle est le fait,
crise a été ressentie très inégalement selon les régions. pour l'essentiel, de petites exploitations faiblement outil
lées et spécialisées dans des productions particulièrement Les plus touchées ont été celles du Bassin Parisien (non
seulement celles à vocation céréalière, mais même des exposées aux fléaux naturels aussi bien qu'à l'irrégular
zones déjà orientées vers l'élevage, comme la Basse- ité des cours.
UNE TRADITION D'ADAPTATION AU MARCHE
La nécessaire orientation commerciale Le versant alsacien des Vosges, raide et accidenté,
1. La pénurie de terres cultivables n'est exploitable que par la sylviculture. Les bordures
A première vue, la France orientale paraît moins méridionales du Massif Central et des Alpes du Sud
douée pour l'agriculture que celle de l'ouest ou des bas n'offrent à l'agriculture que des terrains secs et cai
sins sédimentaires. Ayant été la plus relevée par les mou llouteux sur lesquels la culture des céréales est d'un bien
vements orogéniques du tertiaire, elle est dépourvue de médiocre rapport. A partir du Bas Moyen-Age, les pro
grandes plaines et les terroirs agricoles y sont confinés grès du troupeau ovin y ont provoqué la deforestation
partout entre deux pôles de répulsion, la montagne et des versants et la surcharge des pâturages, qui ont été
dévastés par le ruissellement des pluies d'orage. De vas- le marais.
* Université de Strasbourg II
** Les notes et références bibliographiques sont à la fin de l'article.
-31- La pénurie de terres cultivables se traduit par l'exites zones de montagne ont ainsi été rendues infertiles
pas les dégâts infligés à la couverture végétale. guïté des exploitations. En 1862, la surface agricole utile
par actif masculin est, dans le Vaucluse, de 4,6 ha. La
petite taille des exploitations est un fait acquis dès le Figure 1 . — Produit Agricole Final (en volume) XVe siècle dans la Provence et le Comtat. Elle est encore de quelques régions durant la crise
accrue par les partages successoraux égalitaires qui y
sont la règle (2). Après la Révolution, les aliénations
de communaux se font par très petits lots, afin de per
mettre aux moins fortunés de se porter acquéreurs. Sur
les pentes, dans les régions de collines ou de montagnes,
on cultive à la bêche la vigne associée à l'olivier et l'on
évite d'utiliser la charrue pour ne pas compromettre la
stabilité du terrain. Ceci rend impossible la possession
de grandes tenures. L'étude du cadastre montre que sous
la Monarchie de Juillet, dans la plaine du Comtat, la
parcelle de plus d'un ha est rareté. La crise phylloxéri-
que favorise les remembrements en faisant abandonn
er de nombreuses terres vendues à bas prix, mais les
propriétés remembrées ne dépassent pas 10 à 15 ha et
restent divisées en plusieurs parcelles.
En Bas-Languedoc, la densité d'occupation des sols
est élevée également (5,4 ha par actif masculin en 1862).
Mais là, il y a coexistence entre la grande et la petite Champagne ou très petite exploitation. La proportion des terres en
grandes exploitations augmente même en Bas-
Languedoc entre 1862 et 1882 alors qu'elle se réduit au
niveau national. La crise phylloxérique, imposant des
techniques coûteuses, développera encore la constitu
tion de grands domaines. Mais c'est la progression de
la moyenne exploitation qui s'en trouvera freinée : la
petite, elle, se maintiendra (3).
Dans le Lyonnais et l

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