La théorie générale de l emploi (1937) - article ; n°4 ; vol.5, pg 141-156
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Description

Revue française d'économie - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 4 - Pages 141-156
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

John Maynard Keynes
La théorie générale de l'emploi (1937)
In: Revue française d'économie. Volume 5 N°4, 1990. pp. 141-156.
Citer ce document / Cite this document :
Keynes John Maynard. La théorie générale de l'emploi (1937). In: Revue française d'économie. Volume 5 N°4, 1990. pp. 141-
156.
doi : 10.3406/rfeco.1990.1267
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1990_num_5_4_1267John Maynard
KEYNES
La théorie générale
de l'emploi (1937)
qu'aux et ^^^^^^ relativement formes e particulières suis simples plus attaché qui dans sous-tendent aux lesquelles idées fondamentales je ma les ai théorie, incor
porées; et je ne désire aucunement que celles-ci soient
cristallisées en l'état actuel du débat. S'il s'avère que mes
idées simples de base peuvent devenir familières et accept
ables, le temps, l'expérience et la collaboration de nom- 142 John Maynard Keynes
breux esprits permettront de découvrir la meilleure façon
de les formuler.
On reconnaît en général que l'analyse ricardienne se pré
occupait de ce que nous appelons maintenant l'équilibre
de longue période. La contribution de Marshall consista
principalement à greffer sur cette analyse le principe d'uti
lité marginale et le principe de substitution, en même
temps qu'une discussion sur le passage d'un point d'équi
libre de longue période à un autre. Mais Marshall supposait,
comme Ricardo, que les quantités de facteurs de product
ion utilisées étaient données et que le problème était de
déterminer la façon dont elles seraient utilisées et leurs
rémunérations relatives. Edgeworth, le professeur Pigou et
après eux d'autres auteurs actuels ont apporté des raf
finements à cette théorie et l'ont améliorée, en prenant
certains éléments en considération : quelle incidence pourr
aient avoir diverses formes particulières des fonctions
d'offre de facteurs; ce qui arriverait dans des conditions
de monopole et de concurrence imparfaite ; jusqu'à quel
point les avantages de la société et de l'individu coïncident ;
quels sont les problèmes spécifiques que soulève l'échange
dans un système d'économie ouverte; et d'autres ques
tions du même ordre. Mais ces auteurs plus récents, tout
comme. leurs prédécesseurs, traitaient encore d'un sy
stème dans lequel les quantités de facteurs employées
étaient données et où les autres éléments importants à peu près connus avec certitude. Cela ne signifie
pas qu'ils traitaient d'un système d'où le changement était
exclu d'emblée, ni même d'un système d'où était écarté
par avance le fait que des anticipations puissent s'avérer
erronées. Mais, à tout instant donné, les faits et les prévi- John Maynard Keynes 143
sions étaient supposés également donnés, sous une forme
déterminée et calculable ; et les risques, dont on ne faisait
pas grand cas — bien qu'on admît leur existence — , étaient
supposés mesurables avec exactitude par le calcul actuariel.
Le calcul de probabilités, bien qu'on n'y fît qu'implicit
ement allusion, était suppřosé capable de réduire l'incert
itude au même état calculable que l'état de la certitude elle-
même ; tout comme dans le calcul benthamien des plaisirs
et des peines ou des avantages et des inconvénients, par
lesquels la philosophie benthamienne croyait les hommes
influencés dans l'ensemble de leur comportement éthique.
En réalité, nous ne disposons pourtant, comme
principe directeur, que de la plus vague idée des consé
quences qu'auront nos actes, si l'on excepte leurs les plus immédiates. Parfois, nous ne nous pré
occupons guère de leurs conséquences plus lointaines,
même s'il est vrai que le temps et le hasard peuvent les
rendre importantes. Mais il arrive que nous nous en pré
occupions fortement, et parfois même plus que de leurs
conséquences immédiates. Or, de toutes les activités
humaines qui sont concernées par ce souci à plus long
terme, il se trouve que l'une des plus importantes est de
caractère économique, puisqu'il s'agit de l'accumulation
de la richesse. Tout l'objet de cette accumulation est de
produire des résultats, ou des résultats potentiels, à une
date relativement lointaine, et parfois à une date repoussée
indéfiniment dans le lointain. Ainsi, du fait que notre
connaissance de l'avenir est fluctuante, vague et incertaine,
il résulte que la richesse est un sujet particulièrement im
propre à être étudié selon les méthodes de la théorie
économique classique. Cette théorie fonctionnait sans
doute pour un monde dans lequel les biens économiques
étaient consommés en l'espace d'un bref intervalle à partir
du moment où ils étaient produits. Mais elle réclame, selon
moi, d'être considérablement modifiée, si on veut l'appli- 144 John Maynard Keynes
quer à un monde où l'accumulation de richesse en vue
d'un avenir reporté à une date indéterminée est un facteur
important ; et plus le rôle relatif joué par une telle accu
mulation de richesse est grand, plus une telle modification
devient essentielle.
Il me faut expliquer que, par l'expression de
connaissance «incertaine», mon intention n'est pas sim
plement de distinguer ce qui est su avec certitude de ce
qui est seulement probable. Le jeu de la roulette n'est pas
sujet à l'incertitude, en ce sens, ni la perspective de tirer
un bon numéro au loto. Ou encore, l'espérance de vie n'est
soumise qu'à une légère incertitude. Même le temps qu'il
fait n'est que modérément incertain. Le sens dans lequel
j'utilise ce terme est celui selon lequel la perspective d'une
guerre européenne était incertaine, ou encore le prix du
cuivre et le taux d'intérêt dans vingt ans, ou la date d'ob-
solescence d'une invention nouvelle, ou la position des
détenteurs de fortunes privées dans le système social de
1970. En ces matières, il n'y a pas de fondement scientifique
sur lequel on puisse formuler, de façon autorisée, quelque
raisonnement probabiliste que ce soit. Nous ne savons pas,
tout simplement. Néanmoins, la nécessité d'agir et de dé
cider nous oblige, en tant qu'hommes pratiques, à faire de
notre mieux pour surmonter cette réalité embarrassante
et à nous conduire exactement comme nous le devrions si
nous avions derrière nous un bon calcul benthamien de
séries d'avantages et d'inconvénients futurs — chacun mult
iplié par sa probabilité propre — en attente d'être effectué.
Comment, dans de telles circonstances, arrivons-
nous à nous comporter d'une façon qui nous permet de
sauver la face et d'apparaître comme des hommes écono
miques rationnels? Nous avons inventé, à cet effet, une
palette de techniques variées, dont les plus importantes
sont les trois suivantes.
1. Nous admettons que le présent est un guide de John Maynard Keynes 145
l'avenir bien plus utilisable que ne le montrerait jusqu'ici
un examen candide de l'expérience passée. Autrement dit,
nous ignorons largement quelles sont les perspectives de
changements futurs, et nous ne savons rien de la forme
réelle que prendront ces changements.
2. Nous admettons que l'état actuel de l'opinion,
en tant qu'il est exprimé par les prix et par la production
courante, est fondé sur une sommation correcte de prévi
sions quant à l'avenir, de sorte que nous pouvons l'accepter
comme tel à moins que et jusqu'à ce que n'apparaisse
quelque chose de nouveau et d'important.
3. Sachant que notre opinion propre et indivi
duelle est dénuée de valeur, nous nous efforçons de retom
ber sur l'opinion du reste du monde, qui est peut-être
mieux informé. C'est-à-dire que nous nous efforçons de
nous conformer au comportement de la majorité ou au
comportement moyen. La psychologie d'une société d'in
dividus où chacun s'efforce de copier les autres suscite ce
que nous sommes en droit de nommer très exactement un
jugement conventio

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