Le biais technologique fondements, mesures et tests empiriques - article ; n°1 ; vol.14, pg 171-227
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Description

Revue française d'économie - Année 1999 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 171-227
Au cours des années trente, les théoriciens de la croissance ont défini la neutralité du progrès technique en considérant seulement deux facteurs de production homogènes : le travail et le capital. Aujourd'hui, cette notion sert à étudier l'impact des nouvelles technologies sur le changement de la structure de la demande de travail, dans une perspective plutôt micro-économique. Les nouvelles technologies élimineraient du travail non qualifié au profit des salariés les plus formés. Les résultats des études empiriques anglo-saxonnes et françaises sont toutefois peu concordants quant à la responsabilité directe de l'innovation dans la déformation des structures de salaire et d'emploi. Cet article a pour objectif d'analyser les fondements théoriques et méthodologiques de l'évaluation empirique du biais technologique afin d'identifier si ces écarts prennent leur source dans des différences de mesure, de sources statistiques, de niveaux d'observation ou s'ils doivent être rattachés à des spécificités des marchés du travail nationaux.
The neutrality of technical progress has been defined in the 30s in the framework of the macroeconomic analysis of growth and distribution, which considered only two aggregate inputs : labour and capital. Current analyses focus now on the impact of new technologies on the changing structure of labour demand, mainly from a microeconomic perspective. The new information and communication technologies would be biased toward skilled labour. However, the empirical evidence of a direct influence of technical progress on the changing structure of skills and wages in France and the United States is far from being perfectly converging. This paper aims at investigating the theoretical and methodological foundations of the empirical evaluation of technological bias in order to trace whether these discrepancies are due to differences in measures, in data sources, in the level of observation or to the specificity of each national labour market.
57 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 129
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Khaled Bouabdallah
Nathalie Greenan
Marie-Claire Villeval
Le biais technologique fondements, mesures et tests empiriques
In: Revue française d'économie. Volume 14 N°1, 1999. pp. 171-227.
Résumé
Au cours des années trente, les théoriciens de la croissance ont défini la neutralité du progrès technique en considérant
seulement deux facteurs de production homogènes : le travail et le capital. Aujourd'hui, cette notion sert à étudier l'impact des
nouvelles technologies sur le changement de la structure de la demande de travail, dans une perspective plutôt micro-
économique. Les nouvelles technologies élimineraient du travail non qualifié au profit des salariés les plus formés. Les résultats
des études empiriques anglo-saxonnes et françaises sont toutefois peu concordants quant à la responsabilité directe de
l'innovation dans la déformation des structures de salaire et d'emploi. Cet article a pour objectif d'analyser les fondements
théoriques et méthodologiques de l'évaluation empirique du biais technologique afin d'identifier si ces écarts prennent leur source
dans des différences de mesure, de sources statistiques, de niveaux d'observation ou s'ils doivent être rattachés à des
spécificités des marchés du travail nationaux.
Abstract
The neutrality of technical progress has been defined in the 30s in the framework of the macroeconomic analysis of growth and
distribution, which considered only two aggregate inputs : labour and capital. Current analyses focus now on the impact of new
technologies on the changing structure of labour demand, mainly from a microeconomic perspective. The new information and
communication technologies would be biased toward skilled labour. However, the empirical evidence of a direct influence of
technical progress on the changing structure of skills and wages in France and the United States is far from being perfectly
converging. This paper aims at investigating the theoretical and methodological foundations of the empirical evaluation of
technological bias in order to trace whether these discrepancies are due to differences in measures, in data sources, in the level
of observation or to the specificity of each national labour market.
Citer ce document / Cite this document :
Bouabdallah Khaled, Greenan Nathalie, Villeval Marie-Claire. Le biais technologique fondements, mesures et tests empiriques.
In: Revue française d'économie. Volume 14 N°1, 1999. pp. 171-227.
doi : 10.3406/rfeco.1999.1076
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1999_num_14_1_1076Khaled BOUABDALLAH
Nathalie GREENAN
Marie-Claire VILLEVAL
Le biais technologique :
fondements, mesures et
tests empiriques
epuis les années quatre-vingt, la
dégradation de la situation des salariés non qualifiés sur le
marché du travail des pays développés, concernant les revenus
ou l'accès à l'emploi, a fait l'objet de nombreux tests empiriques.
Les économistes ont privilégié, de manière relativement una
nime, une explication en termes de choc sur la demande de tra- 172 Khaled Bouabdallah, Nathalie Greenan, Marie-Claire Villeval
vail dont l'origine est renvoyée parfois à la globalisation des
économies, mais plus fréquemment à la diffusion des technol
ogies de l'information et de la communication. Ces seraient économes en main-d'œuvre faiblement dotée en
capital humain et donc « biaisées » en faveur de la main-
d'œuvre la plus qualifiée.
Cette contribution a pour objectif d'éclairer la notion de
« biais technologique » en recourant aux enseignements de la théo
rie économique et en s'appuyant sur des travaux empiriques
récents. La définition du biais technologique trouve ses fonde
ments dans les travaux de Hicks [1932] et se prolonge dans ceux
de Harrod [1948] et Solow [1956]. Il s'agissait alors d'étudier les
effets du progrès technique sur l'intensité capitalistique dans le
cadre de l'analyse macro-économique de la croissance et de la
répartition (Lorenzi et Bourlès, [1995]). Ces auteurs décrivent
le progrès technique comme un choc déplaçant vers le haut la
frontière technologique de l'économie (ou la fonction de pro
duction agrégée). Analyser le biais technologique revient à ident
ifier comment cette frontière se déforme en se déplaçant. Si, à
l'équilibre, la répartition est restée inchangée, le progrès technique
est dit neutre. Dans le cas inverse, le progrès technique est dit
biaisé.
Dans les années trente, au moment où Hicks mit au
point sa théorie, l'idée que les innovations tendaient plutôt à éco
nomiser le travail était prégnante (Blaug [1978]). Le point de vue
dominant dans le débat était celui d'un progrès technique biaisé
en faveur du capital, ce qui venait étayer le sentiment, alors la
rgement partagé chez les économistes, de la croissance de long
terme de l'intensité capitalistique et du capital par unité de pro
duit. Cette vision reflète d'ailleurs la difficulté à établir une dis
tinction entre changement dans la substitution de facteurs et
déplacement de la fonction de production. Du point de vue
théorique, les prémices d'une analyse du progrès technique exo
gène sont en train de se mettre en place, alors même qu'il est décrit
comme principalement incorporé aux nouvelles machines.
Pourtant, à la suite de Hicks, l'hypothèse qui deviendra
dominante dans la littérature économique sur la croissance est Khaled Bouabdallah, Nathalie Greenan, Marie-Claire Villeval 173
celle de la neutralité du progrès technique. Cette neutralité sera
progressivement consacrée par l'usage croissant des fonctions de
production de type Cobb-Douglas à partir des années quarante.
Notons que dans ce cadre d'analyse, un progrès technique biaisé
affecte la clef de répartition au travers d'une déformation du
rapport des productivités marginales et/ou moyennes, mais que
l'on ne sait rien de son effet sur le niveau de l'emploi. Cette période
d'après-guerre n'est pas une période où l'on se préoccupe d'un
éventuel chômage technologique.
Plusieurs étapes scandent l'évolution de la réflexion théo
rique sur la neutralité ou le biais technologique depuis Hicks jus
qu'aux débats contemporains. Jusqu'à la fin des années soixante,
le débat a d'abord porté sur les problèmes de l'agrégation des fonc
tions de production. Le travail, perçu comme un facteur relat
ivement homogène, ne posait pas de problème particulier d'éva
luation. Cependant, le développement des systèmes éducatifs
aidant, la représentation du travail se modifia peu à peu dans les
années soixante et soixante-dix. En 1969, Griliches formalise et
teste empiriquement l'hypothèse d'une complémentarité entre
capital et main-d'œuvre qualifiée pour expliquer le maintien de
la croissance du salaire relatif des qualifiés en dépit de la crois
sance de l'offre de cette catégorie de main-d'œuvre. C'est aussi
à cette époque que les radicaux américains ainsi que certains
sociologues dénoncent le processus de déqualification associé à
l'automatisation. Le capital physique et la main-d'œuvre ouvrière
non qualifiée se substitueraient aux ouvriers professionnels.
Une étape nouvelle se dessine aujourd'hui. Les notions
de biais technologique et de complémentarité entre facteurs sont
mobilisées afin d'expliquer la dégradation de la situation des
travailleurs non qualifiés sur le marché du travail1. Il ne s'agit plus
de dénoncer leurs conditions de travail, mais les difficultés crois
santes de leur accès à l'emploi ou à un niveau de revenu de sub
sistance. La représentation de la technologie s'est complexifiée et
les tests empiriques sont réalisés à un niveau de plus en plus fin
en recourant à des fonctions de production flexibles. Alors que
dans les années trente et quarante, le débat théorique avait été
très présent autour de la notion de biais technologique, aujour- 174 Khaled Bouabdallah, Nathalie Greenan, Marie-Claire Villeval
ďhui le cadre théorique est beaucoup plus flou. En revanche, la
qualité du matériau empirique utilisé dans les tests s'est cons
idérablement améliorée.
L'objectif de cet article est de s'interroger sur le

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