Le calcul usuel des effets du commerce international sur l emploi : des principes fondamentalement erronés ? - article ; n°2 ; vol.11, pg 111-135
27 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le calcul usuel des effets du commerce international sur l'emploi : des principes fondamentalement erronés ? - article ; n°2 ; vol.11, pg 111-135

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
27 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 2 - Pages 111-135
Cet article se propose de réexaminer les principes des calculs traditionnels du nombre d'emplois créés ou détruits par le commerce international dans une économie à prix rigides et à facteurs de production immobiles. Il tente d'abord de montrer que la principale méthode employée à cette fin - la méthode du contenu en emplois de la balance commerciale, dite encore du contenu factoriel des échanges — repose sur un fondement théorique douteux, qui paraît relever, soit d'une interprétation abusive de la théorie néoclassique, soit d'une intuition non justifiée au plan théorique. Puis, il propose une nouvelle forme de calcul des effets du commerce international sur l'emploi, qui s'appuie cette fois explicitement sur un modèle élémentaire de petite économie à deux biens-deux facteurs, avec des facteurs imparfaitement mobiles et des prix des facteurs rigides. Les résultats obtenus différent alors profondément de ceux déduits de la méthode du contenu factoriel des échanges, et apparaissent souvent contraires à l'intuition : le nombre d'emplois détruits ou créés par le commerce international est loin de ne dépendre que des contenus en emplois des échanges commerciaux ; l'accroissement des exportations n'implique plus une hausse des quantités de travail et de capital employés; l'accroissement des importations n'entraîne pas davantage une réduction du volume de travail et de capital employés. De nouvelles pistes de réflexion semblent ainsi s'ouvrir, qui devraient permettre, à terme, de mieux calculer l'impact du commerce international sur l'emploi.
How many jobs are created or destroyed by international trade in a given economy? This article argues that the conventional method used to answer this question — the so- called factor content of trade method — is basically wrong: it seems theoretically inconsistent; and it is likely to lead to dubious estimations of the impact of international trade on employment. Accordingly, a reassessment of this impact is suggested in the familiar framework of a simple two- goods/ two factors model, the results of which seem strikingly different from those obtained from conventional calculations (even in their most sophisticated versions). A number of theoretical and empirical consequences follow from those results.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Gave
Le calcul usuel des effets du commerce international sur l'emploi
: des principes fondamentalement erronés ?
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°2, 1996. pp. 111-135.
Citer ce document / Cite this document :
Gave François. Le calcul usuel des effets du commerce international sur l'emploi : des principes fondamentalement erronés ?.
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°2, 1996. pp. 111-135.
doi : 10.3406/rfeco.1996.1006
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1996_num_11_2_1006Résumé
Cet article se propose de réexaminer les principes des calculs traditionnels du nombre d'emplois créés
ou détruits par le commerce international dans une économie à prix rigides et à facteurs de production
immobiles. Il tente d'abord de montrer que la principale méthode employée à cette fin - la méthode du
contenu en emplois de la balance commerciale, dite encore du contenu factoriel des échanges —
repose sur un fondement théorique douteux, qui paraît relever, soit d'une interprétation abusive de la
théorie néoclassique, soit d'une intuition non justifiée au plan théorique. Puis, il propose une nouvelle
forme de calcul des effets du commerce international sur l'emploi, qui s'appuie cette fois explicitement
sur un modèle élémentaire de petite économie à deux biens-deux facteurs, avec des facteurs
imparfaitement mobiles et des prix des facteurs rigides. Les résultats obtenus différent alors
profondément de ceux déduits de la méthode du contenu factoriel des échanges, et apparaissent
souvent contraires à l'intuition : le nombre d'emplois détruits ou créés par le commerce international est
loin de ne dépendre que des contenus en emplois des échanges commerciaux ; l'accroissement des
exportations n'implique plus une hausse des quantités de travail et de capital employés;
des importations n'entraîne pas davantage une réduction du volume de travail et de capital employés.
De nouvelles pistes de réflexion semblent ainsi s'ouvrir, qui devraient permettre, à terme, de mieux
calculer l'impact du commerce international sur l'emploi.
Abstract
How many jobs are created or destroyed by international trade in a given economy? This article argues
that the conventional method used to answer this question — the so- called "factor content of trade"
method — is basically wrong: it seems theoretically inconsistent; and it is likely to lead to dubious
estimations of the impact of international trade on employment. Accordingly, a reassessment of this
impact is suggested in the familiar framework of a simple two- goods/ two factors model, the results of
which seem strikingly different from those obtained from conventional calculations (even in their most
sophisticated versions). A number of theoretical and empirical consequences follow from those results.François
GAVE
Le calcul usuel des effets
du commerce international
sur l'emploi : des principes
fondamentalement
erronés?
ombien d'emplois le com
merce international crée t-il ou détruit-il dans une nation
donnée? A cette question cruciale, et en apparence si simple,
l'analyse empirique traditionnelle apporte deux réponses, qui
correspondent à deux contextes complémentaires. 112 François Gave
Si la flexibilité des rémunérations et la mobilité
des facteurs de production sont parfaites, le commerce
international n'a pas d'effet sur le volume des facteurs, et
donc sur l'emploi: il ne joue que sur les prix des facteurs
dont l'évolution est classiquement retracée par le théorème de
Stolper-Samuelson.
Si, en revanche, cette flexibilité et cette mobilité sont
imparfaites, l'effet sur l'emploi n'est plus forcément nul, et il
correspond approximativement à la différence entre le nombre
d'emplois « créés » à l'exportation et le nombre d'emplois
« détruits » à l'importation: c'est la fameuse méthode du
contenu en emplois de la balance commerciale, dite aussi
du factoriel des échanges (« factor content of trade »)
qui, sous réserve de multiples sophistications et améliorations,
demeure la clef de voûte des calculs usuels en la matière.
La première réponse est peu contestable, par définition.
Mais la seconde présente de graves faiblesses: cet article
se propose de le montrer, en analysant d'abord la fragilité
théorique de cette méthode; puis, en s'appuyant sur un
modèle théorique explicite d'une petite économie à facteurs
imparfaitement mobiles et à prix des facteurs rigides,
l'incorrection des calculs auxquels celle-ci aboutit.
L'approche traditionnelle
du calcul de l'impact du commerce
international sur l'emploi:
un fondement théorique fragile?
La méthode du contenu en emplois
de la balance commerciale, et ses prolongements
Cette approche conduit à examiner dans un premier temps,
et à titre d'approximation, l'ampleur du surplus ou du déficit François Gave 113
commercial de la nation considérée — un surplus étant supposé
améliorer la situation de l'emploi national, un déficit la
dégrader; puis, dans un second temps, à comparer le contenu
en emplois des exportations avec celui de la production
nationale perdue du fait de la concurrence internationale.
En pratique, si l'on analyse le commerce extérieur
des pays industrialisés sur une longue période, le premier
point apparaît d'ordinaire secondaire. A l'exception des Etats-
Unis depuis les années quatre-vingt, la plupart des pays de
l'O.C.D.E. ont des balances commerciales approximativement
équilibrées à long terme, et il paraît donc difficile d'imputer au
commerce international une quelconque responsabilité dans la
dégradation de l'emploi en utilisant ce canal.
En revanche, l'analyse du contenu en emplois des
échanges pourrait expliquer une partie des difficultés des pays
industrialisés, pour peu que l'on concentre son attention sur
leur commerce spécifique avec les pays en développement
(P.E.D.) et les nouveaux pays industrialisés (N.P.I.) . Il est
facile de voir en effet qu'avec ces derniers, les pays industrialisés
tendent à se spécialiser dans l'exportation de biens intenses en
capital et/ou en main d'oeuvre qualifiée, dont le contenu
en emplois est relativement faible, et à importer des biens
intenses en travail peu qualifié dont le contenu en emplois
est relativement élevé. Par soustraction, les pays industrialisés
devraient donc perdre des emplois lorsqu'ils commercent avec
des P.E.D.
Cette conclusion n'est pas évidente. D'une part, cet
effet négatif est souvent contrebalancé par l'existence de
surplus commerciaux avec les P.E.D. D'autre part, la fraction
du commerce extérieur des pays de l'O.C.D.E. réalisé avec
des P.E.D. ou des N.P.I, est faible en général: la part
des importations manufacturières des pays de l'O.C.D.E. en
provenance des pays non membres de l'O.C.D.E. n'excéderait
pas 2 % du P.I.B. des pays de l'O.C.D.E. à l'heure actuelle
(O.C.D.E. [94]).
De sorte que la plupart des calculs empiriques
réalisés sur cette base aboutissent à des pertes d'emplois 114 François Gave
négligeables au regard des populations actives considérées et
des déplacements de main d'oeuvre ayant lieu chaque année
sur les marchés du travail étudiés (O.C.D.E. [94]). Pour la
France, en particulier, la plupart des études concluent à un
impact faible de la concurrence du Sud en général, et des
N.P.I. d'Asie en particulier (C. Vimont [93], C. Mathieu et
H. Sterdyniak [94], P. Messerlin [95]). Et, quant à l'impact
global du commerce international sur l'emploi français, il
semble d'autant plus faible qu'il ne paraît pas nécessairement
défavorable au travail non qualifié, contrairement à une opinion
répandue: le salaire moyen de nos partenaires commerciaux,
une fois pondéré par la part de ceux-ci dans nos échanges,
apparaît en effet très voisin du salaire moyen français
(P. Messerlin [95]).
Enfin, la faiblesse des effets du commerce international
se voit aussi de la manière suivante: il suffit de comparer
ceux-ci aux effets estimés de la croissance de la demande
et des gains de productivité domestiques, dans le cadre
d'une décomposition comptable des sources des 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents