Le ratio Cooke et le comportement des banques  - article ; n°1 ; vol.5, pg 59-73
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le ratio Cooke et le comportement des banques - article ; n°1 ; vol.5, pg 59-73

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 59-73
Les effets de la mise en place d'un ratio de fonds propres minimaux pour les banques dépendent du comportement supposé pour celles- ci ; ils peuvent être pervers en raison de la réaction des banques à l'instauration de cette nouvelle réglementation, en particulier quant au choix de la structure de leurs actifs. De plus, les conséquences de l'existence d'un niveau requis de ce capital ne sont pas indépendantes des modalités des autres composantes de la réglementation des banques (possibilités de rémunération des dépôts, fonctionnement du système d'assurance des dépôts...).
The effects of imposing á minimum capital requirement for banks depend on their assumed behaviour ; they may be perverse because of bank's reactions, in particular as far as the choice of assets's structures is concerned. Moreover the consequences of such a capital ratio are not indépendant from the other existing regulation (concerning the interest paid on deposits, deposit insurance...)
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Patrick Artus
Le ratio Cooke et le comportement des banques
In: Revue française d'économie. Volume 5 N°1, 1990. pp. 59-73.
Résumé
Les effets de la mise en place d'un ratio de fonds propres minimaux pour les banques dépendent du comportement supposé
pour celles- ci ; ils peuvent être pervers en raison de la réaction des banques à l'instauration de cette nouvelle réglementation, en
particulier quant au choix de la structure de leurs actifs. De plus, les conséquences de l'existence d'un niveau requis de ce capital
ne sont pas indépendantes des modalités des autres composantes de la réglementation des banques (possibilités de
rémunération des dépôts, fonctionnement du système d'assurance des dépôts...).
Abstract
The effects of imposing á minimum capital requirement for banks depend on their assumed behaviour ; they may be perverse
because of bank's reactions, in particular as far as the choice of assets's structures is concerned. Moreover the consequences of
such a capital ratio are not indépendant from the other existing regulation (concerning the interest paid on deposits, deposit
insurance...)
Citer ce document / Cite this document :
Artus Patrick. Le ratio Cooke et le comportement des banques . In: Revue française d'économie. Volume 5 N°1, 1990. pp. 59-
73.
doi : 10.3406/rfeco.1990.1243
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1990_num_5_1_1243Patrick
ARTUŠ
Le ratio
Cooke et le
comportement des
banques
de ce implique compensation leur toutes cas, coût détenteurs. les le des l'hypothèse formes théorème actifs de de correspondant l'écart financement de a Modigliani marchés des vision risques sont n'étant financiers idéale et qu'ils équivalentes, Miller que de parfaits font la l'économie est nécessaire valable courir l'écart ; dans à : 60 Patrick Artus
Dans ce cas idéal, la structure d'un passif ban
caire entre dépôts, autres formes d'emprunts et fonds
propres n'a aucune importance. Il est équivalent que les
actionnaires des banques s'endettent personnellement
pour souscrire une augmentation de capital de la banque
ou que la banque s'endette directement, puisqu'il n'y a
aucune discrimination entre les emprunteurs sur des
marchés parfaits. De plus, toutes les informations étant
connues de tous, Я n'y a pas d'incitation pour une banque
à profiter d'un avantage d'information, par exemple pour
prendre des risques excessifs sans que les déposants le
sachent et exigent d'être rémunérés en conséquence.
Dans un monde de marchés financiers parfaits,
la motivation de la mise en place de règles prudentielles
(risques excessifs, possibilité de faillites bancaires ou de
crise de liquidité...) disparaît ; de plus, celles de ces règles
qui modifient la structure de bilan sont sans effet.
L'analyse du comportement des banques et de la
réglementation repose donc sur la reconnaissance d'im
perfections des marchés financiers. Celles qui sont les plus
probables sont de trois ordres : asymétries d'information,
externalités, caractère incomplet des marchés.
L'information sur la qualité des emprunteurs, si
elle est connue des dirigeants ou actionnaires de la
banque, ne l'est pas facilement en effet des déposants ou
des autorités de tutelle. Ceci est le fondement même de
l'existance d'intermédiaires financiers 1, qui sont plus à
même que les investisseurs isolés d'évaluer la valeur et le
risque des emprunteurs, des projets d'investissement... ;
en évaluant leur solvabilité, ils permettent la réalisation
de transactions financières impossibles dans une écono
mie de marché, où chacun devrait payer le coût d'obser
vation de cette solvabilité.
Par ailleurs, cette transformation d'actifs que réa
lisent les banques les soumet à une instabilité potentielle : Patrick Artus 61
l'intermédiation n'est viable que si les agents ne retirent
pas en même temps leurs dépôts dont la contre-partie est
largement illiquide. Si des retraits massifs sont envisa
geables, chaque déposant a intérêt à récupérer son place
ment le plus rapidement possible . Il s'agit bien de la
conséquence d'une externalité, puisque c'est la décision
du retrait de certains agents qui conduit à une situation
inefficace. De plus, les défaillances bancaires provoquent
la rupture des relations de crédit qui reposent sur la
connaissance des emprunteurs ; il s'ensuit un accroi
ssement du coût de l'intermédiation, donc du coût des
crédits, et un effet sur l'économie réelle qui accroît l'am
pleur des cycles .
Enfin, le fait que les marchés ne sont pas
complets empêche la diversification complète des
risques : ceux pris par la banque ne peuvent pas être
compensés pour les déposants ou les actionnaires par la
détention d'autres actifs ; il s'en suit que les agents éco
nomiques, en particulier les dirigeants de banques, pré
sentent de l'aversion pour le risque.
Ces imperfections de marché se retrouvent dans
la représentation faite, dans la littérature économique, du
comportement des banques 5.
On peut considérer celles-ci comme des entre
prises dans une situation d'asymétrie d'information et leur
appliquer les résultats de la littérature sur la finance adapt
ée à ce cas ; leurs dirigeants actionnaires maximisent l'e
spérance de la valeur des banques, en étant confrontés à
une possibilité de faillite si la valeur de marché des actifs
détenus devient inférieure aux dépôts ; les contrats de
prêt ont alors les caractéristiques habituelles : le prêteur
reçoit le taux d'intérêt prévu, sauf si l'emprunteur fait
faillite ; on mesure alors son résultat (sa valeur nette), et
le prêteur reçoit ce résultat .
On peut aussi, et ceci correspond à la situation 62 Patrick Artus
de marché incomplet envisagée plus haut, considérer que
les managers de la banque ont de l'aversion pour le risque,
et se comportent en fait en gérants de portefeuille d'actifs
financiers (aussi bien du côté des emplois que des res
sources) en arbitrant optimalement entre le rendement
anticipé et le risque des différents actifs.
Ce sont ces deux représentations que nous allons
utiliser pour analyser les effets de la mise en place des
ratios de fonds propres.
Les conséquences de l'existence de ratios de fonds
propres
La motivation de la mise en place de tels ratios est claire :
il s'agit d'éviter les courses aux dépôts (bank runs) en
augmentant la solvabilité des banques et d'empêcher les
faillites bancaires et les effets de chaîne qui pourraient en
résulter. Cependant, l'analyse microéconomique 7 a mis
en évidence des effets pervers, dont les raisons dépendent
du comportement sous-jacent supposé pour les banques.
Distinguons les deux cas vus plus haut.
Les banques considérées comme des entreprises
Leurs actionnaires maximisent donc la valeur de marché
anticipée de la banque. Considérons tout d'abord l'effet
d'une hausse générale, non différenciée, du niveau de
fonds propres exigé (hausse du ratio fonds propres/total
de bilan). Le point essentiel est la convexité de la valeur
de la banque pour ses actionnaires en fonction de la
de marché de ses actifs.
Détaillons ce point. Si cette valeur tombe en-des
sous d'un certain niveau (lié bien sûr au montant des
dépôts) la banque fait faillite ; ses actionnaires-dirigeants
perdent tout et les créanciers (déposants) récupèrent l'e
nsemble des actifs de la banque ; au-dessus de ce niveau,
les actionnaires possédant la valeur nette de la banque Patrick Artus 63
(valeur des actifs moins valeur des dettes), la valeur de la
banque pour ses propriétaires a donc le profil indiqué
dans la figure n° 1.
Figure n° 1
valeur pour
les actionnaires
zone
de faillite
valeur valeur des actifs
des dettes
Cette convexité de la valeur de la banque a la
conséquence fondamentale suivante : l'espérance (antici
pation) de cette valeur croît avec le risque pris.
Avant la réalisation de la valeur de marché des
actifs, celle-ci est aléatoire et peut d'autant plus varier que
les actifs choisis sont risqu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents