Les activités pro ou contra-cycliques et la grande crise américaine des années trente - article ; n°4 ; vol.11, pg 83-117
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Revue française d'économie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 83-117
This article develops elements of interpretation of the Great Depression of the thirties within the United Sates. We argue that, all along the nineteen century, agriculture played in this country an important role as a stabilisator of business cycles. We examine, in particular, the role of farm production for self use, wether that this production was used for personal consumption or used for investments. Under such conditions, the relative erosion of the share of farm production, and its counterpart represented by the development of wage earning class, created a deep déstabilisation effect. The combination of those two movements will dramatically speed up at the edge of the XIX-XXth centuries as a consequence of the end of the Frontier and its secular trend for exploiting new lands. Our argument proposes that this capital event will have long lasting effects and explains in part the Great Depression of the thirties.
Isaac Johsua Les activités pro ou contra-cycliques et la grande crise américaine des années trente. Cet article traite du déroulement de la grande crise des années trente aux États-Unis. Nous y soulignons le rôle équilibrant au 19' siècle, face au « business cycle » américain, de l'agriculture de ce pays et de son importante production pour compte propre, une production qui vise la consommation, mais également l'investissement. Le recul de la place de cette agriculture (et sa contrepartie, la montée de celle du salariat) auront, de ce fait, un profond impact déstabilisateur, lequel, à notre sens, frayera la voie à la grande dépression. Ces deux mouvements combinés (recul de l'agriculture et montée du salariat) connaîtront une particulière accélération à la jonction des 19e et 20f siècles, accélération qui peut s'expliquer en partie par la fin de la frontière, par la fin de la séculaire colonisation des sols du nouveau monde.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Isaac Johsua
Les activités pro ou contra-cycliques et la grande crise
américaine des années trente
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°4, 1996. pp. 83-117.
Abstract
This article develops elements of interpretation of the Great Depression of the thirties within the United Sates. We argue that, all
along the nineteen century, agriculture played in this country an important role as a stabilisator of business cycles. We examine,
in particular, the role of farm production for self use, wether that this production was used for personal consumption or used for
investments. Under such conditions, the relative erosion of the share of farm production, and its counterpart represented by the
development of wage earning class, created a deep déstabilisation effect. The combination of those two movements will
dramatically speed up at the edge of the XIX-XXth centuries as a consequence of the end of the Frontier and its secular trend for
exploiting new lands. Our argument proposes that this capital event will have long lasting effects and explains in part the Great
Depression of the thirties.
Résumé
Isaac Johsua Les activités pro ou contra-cycliques et la grande crise américaine des années trente. Cet article traite du
déroulement de la grande crise des années trente aux États-Unis. Nous y soulignons le rôle équilibrant au 19' siècle, face au «
business cycle » américain, de l'agriculture de ce pays et de son importante production pour compte propre, une production qui
vise la consommation, mais également l'investissement. Le recul de la place de cette agriculture (et sa contrepartie, la montée de
celle du salariat) auront, de ce fait, un profond impact déstabilisateur, lequel, à notre sens, frayera la voie à la grande dépression.
Ces deux mouvements combinés (recul de l'agriculture et montée du salariat) connaîtront une particulière accélération à la
jonction des 19e et 20f siècles, accélération qui peut s'expliquer en partie par la fin de la frontière, par la fin de la séculaire
colonisation des sols du nouveau monde.
Citer ce document / Cite this document :
Johsua Isaac. Les activités pro ou contra-cycliques et la grande crise américaine des années trente. In: Revue française
d'économie. Volume 11 N°4, 1996. pp. 83-117.
doi : 10.3406/rfeco.1996.1009
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1996_num_11_4_1009Isaac
OHSUA
Les activités pro ou
contra-cycliques et la
grande crise américaine
des années trente
ont années le cadre été trente, avancées de cet trop article. pour nombreuses expliquer Parmi ces pour la hypothèses, e grande très pouvoir nombreuses crise être on américaine détaillées en hypothèses voit pourdans des
tant bien peu qui mettent en avant le caractère pro ou contra-
cyclique des diverses activités1. C'est précisément sur cet aspect
des choses que, pour notre part, nous voudrions insister, sans 84 Isaac Johsua
pour autant nier la part de vérité qu'il peut y avoir dans telle
ou telle autre explication qui a pu être présentée. Nous vou
drions, dans cette contribution, souligner le rôle équilibrant
au 1 9e siècle, face au « business cycle » américain, de l'agriculture
de ce pays et de son importante production pour compte
propre, une production qui vise la consommation, mais éga
lement l'investissement. Le recul de la place de l'agriculture (et
sa contrepartie, la montée de celle du salariat) auront, de ce
fait, un profond impact déstabilisateur, lequel, à notre sens,
frayera la voie à la grande dépression des années trente. Ces
deux mouvements combinés (de recul de l'agriculture et de
montée du salariat) connaîtront une particulière accélération
à la jonction des 19e et 20e siècles, accélération qui peut s'e
xpliquer en partie par la fin de la frontière, par la fin de la
séculaire colonisation des sols du nouveau monde.
Nous sommes ainsi amenés à traiter de la crise américaine
indépendamment de la crise mondiale. Il s'agit là indéniablement
d'une simplification, mais nous ne la croyons pas telle qu'elle
puisse ôter sa validité à l'analyse : n'oublions pas que le territoire
américain a été le point de départ de la dépression, et s'il est vrai
que l'onde de choc, après avoir frappé les autres pays, a fait
retour vers les Etats-Unis, la dynamique interne de la crise a été
suffisamment puissante pour avoir eu son propre impact2.
C'est cet impact que nous nous proposons d'étudier.
Commençons pour cela, par noter que quand une branche quel
conque constate une forte baisse de la demande qui lui est adres
sée, elle réagit de deux façons. D'abord (par un effet de traduc
tion immédiate de la crise), en réduisant son propre volume de
production (pour éviter l'accumulation de stocks), ce qui entraîne
une réduction correspondante de la production nationale. Cet
effet sera d'autant moins intense que la branche concernée sera
le siège d'une importante autoconsommation, insensible aux
variations de la conjoncture, voire même évoluant en sens inverse
des mouvements de cette dernière : tel est précisément le cas de
l'agriculture américaine du 19e siècle, ce que nous avons tenté
de mettre en évidence dans une autre contribution3. Le deuxième
effet (de renvoi de l'onde dépressive) est celui sur lequel nous nous Isaac Johsua 85
proposons de centrer ici notre attention. Il propage la récession
en répercutant la chute de demande enregistrée : les commandes
passées aux autres branches sont coupées.
L?investissement agraire
pour compte propre
Ce comportement d'une branche menacée dans ses débouchés
présente pour nous d'autant plus d'intérêt que la production
pour compte propre des agriculteurs ne se limite pas à la seule
autoconsommation : elle peut aussi s'étendre au domaine des biens
de production, biens d'investissement ou de consommation inte
rmédiaire et être, là encore, insensible aux variations de la conjonct
ure. Si c'est le cas, l'effet de renvoi d'une crise née dans le monde
des affaires en sera atténué d'autant. Or, une grande partie des
investissements agraires de la première moitié du 1 9e siècle amér
icain sont réalisés par les fermiers eux-mêmes, qu'il s'agisse de
défricher, clôturer, ériger la maison et les bâtiments de l'exploi
tation ou construire des routes 4 ; au cours du premier tiers de
ce dernier siècle, le fermier confectionne aussi souvent ses propres
outils : herses, fourches, râteaux, fléaux, pelles, manches de hache
ou de houe, joug pour les bœufs, traits, colliers et brides pour
les chevaux, ou encore des chariots ou de rudimentaires charrues5.
Une telle attitude n'a rien d'étonnant : nombre d'agri
culteurs sont encore en phase d'installation. Ils ont consacré le
peu de capitaux liquides dont ils disposaient à l'achat de la terre
et des équipements absolument indispensables : ils fabriquent donc
eux-mêmes tout ce qu'ils peuvent et s'appuient pour cela surtout
sur leurs aides familiaux. Par ailleurs, l'insigne faiblesse du réseau
de transport de l'époque leur interdit de vendre une part import
ante de leur production et d'obtenir ainsi les ressources monét
aires qui leur manquent. A supposer même que de telles ressources
soient disponibles, elles ne seront pas nécessairement utilisées, car Isaac Johsua 86
on ne trouve pas toujours des artisans spécialisés, forgerons,
bourreliers, etc., dans les zones de colonisation.
Cet investissement pour compte propre est largement
insensible au cycle des affaires. On ne peut en apporter de preuve
chiffrée, dans la mesure où les données annuelles disponibles
sur l'investissement de la première moitié du 19e siècle sont très
incomplètes 6. Mais de nombreux arguments militent dans ce
sens. D'abord parce qu'il s'agira, en l'occurrence, pour nombre
de fermiers, de simples objectifs de survie : défricher un bout de
terrain pour obtenir sa première récolte, pour pouvoir nourrir sa
famille ; bâtir très rapidement une maison, même modeste, pour
mettre cette famille à l'abri ; creuser un puits pour avoir de l'eau
si celle-ci n'est pas disponible en surface. Autant d'opérations
vitales qui ne dépendront que de la hiérarchie relative des besoins
à satisfaire, des temps morts

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