Les aspects macro-économiques et redistributifs des politiques de changement climatique - article ; n°3 ; vol.21, pg 177-211
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Les aspects macro-économiques et redistributifs des politiques de changement climatique - article ; n°3 ; vol.21, pg 177-211

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Revue française d'économie - Année 2007 - Volume 21 - Numéro 3 - Pages 177-211
Alain Bernard Marc Vielle Laurent Viguier Les aspects macro-économiques et redistributifs des politiques de changement climatique. Les politiques de changement climatique sont souvent analysées comme des actions sectorielles mettant en jeu une activité essentielle, qui est la production et la consommation d'énergie, et générant des effets induits, notamment ceux sur l'environnement. Ils concerneraient ainsi principalement, selon la célèbre typologie de Musgrave, un problème d'allocation des ressources. De fait les autres dimensions de l'analyse économique, la régulation et la redistribution, apparaissent le plus souvent absentes des argumentaires et des débats politiques. L'objet du présent article est, à travers l'expérience accumulée par l'utilisation d'un modèle d'équilibre général calculable et une revue de la littérature, de montrer comment les problèmes de régulation macro-économique - au sens de prise en compte des distorsions dans les marchés ou de celles créées par la fiscalité - et d'équité, tant sur le plan international que domestique, peuvent être analysés et évalués. Il met en évidence l'importance des effets correspondants, qui peuvent être supérieurs aux effets sectoriels tels qu'ils sont évalués dans une analyse d'équilibre partiel.
Macroeconomic and Equity Aspects of Climate Change Policies Climate change policies are often considered as sectoral measures implying a central activity that is production and consumption of energy and generating spill-over effects on the environment. The aim of the article is, through the accumulated experience with a Computable General Equilibrium Model and a survey of the literature, to show how the issues of macroeconomic regulation and equity can be coped with. It highlights the size of the corresponding effects, possibly bigger than sectoral effects as they can be appraised through a partial equilibrium approach.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2007
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alain Bernard
Marc Vielle
Laurent Viguier
Les aspects macro-économiques et redistributifs des politiques
de changement climatique
In: Revue française d'économie. Volume 21 N°3, 2007. pp. 177-211.
Résumé
Alain Bernard Marc Vielle Laurent Viguier Les aspects macro-économiques et redistributifs des politiques de changement
climatique. Les politiques de changement climatique sont souvent analysées comme des actions sectorielles mettant en jeu une
activité essentielle, qui est la production et la consommation d'énergie, et générant des effets induits, notamment ceux sur
l'environnement. Ils concerneraient ainsi principalement, selon la célèbre typologie de Musgrave, un problème d'allocation des
ressources. De fait les autres dimensions de l'analyse économique, la régulation et la redistribution, apparaissent le plus souvent
absentes des argumentaires et des débats politiques. L'objet du présent article est, à travers l'expérience accumulée par
l'utilisation d'un modèle d'équilibre général calculable et une revue de la littérature, de montrer comment les problèmes de
régulation macro-économique - au sens de prise en compte des distorsions dans les marchés ou de celles créées par la fiscalité
- et d'équité, tant sur le plan international que domestique, peuvent être analysés et évalués. Il met en évidence l'importance des
effets correspondants, qui peuvent être supérieurs aux effets sectoriels tels qu'ils sont évalués dans une analyse d'équilibre
partiel.
Abstract
Macroeconomic and Equity Aspects of Climate Change Policies Climate change policies are often considered as sectoral
measures implying a central activity that is production and consumption of energy and generating spill-over effects on the
environment. The aim of the article is, through the accumulated experience with a Computable General Equilibrium Model and a
survey of the literature, to show how the issues of macroeconomic regulation and equity can be coped with. It highlights the size
of the corresponding effects, possibly bigger than sectoral effects as they can be appraised through a partial equilibrium
approach.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Alain, Vielle Marc, Viguier Laurent. Les aspects macro-économiques et redistributifs des politiques de changement
climatique. In: Revue française d'économie. Volume 21 N°3, 2007. pp. 177-211.
doi : 10.3406/rfeco.2007.1606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2007_num_21_3_1606Alain BERNARD
Marc VIELLE
Laurent VIGUIER
Les aspects macro-écono
miques et redistributifs
des politiques de
changement climatique
es politiques de changement climatique
sont souvent analysées comme des actions sectorielles mettant
en jeu une activité essentielle, qui est la production et la
consommation d'énergie, et générant des effets induits, notam-
Revue française d'économie, n° 3/vol XXI 178 Alain Bernard, Marc Vielle, Laurent Viguier
ment ceux sur l'environnement. Elles concerneraient ainsi
principalement, selon la célèbre typologie de Musgrave [1959],
un problème d'allocation des ressources. De fait, les autres
dimensions de l'analyse économique, la régulation et la redis
tribution, apparaissent le plus souvent absentes dans les argu
mentaires et les débats politiques.
De manière plus précise, l'allocation des ressources y est
analysée comme un problème local, relevant d'analyses ou de
modèles dits d'équilibre partiel, sans que les effets indirects résul
tant du bouclage du circuit économique soient pris en considér
ation. Certes l'énergie (fossile) représente une part très faible en
valeur dans la production mondiale - et donc dans les coûts de
production directs1 - et une analyse locale peut apparaître justi
fiée. Mais il faut bien voir que, d'une part, l'énergie est un bien
faiblement substituable aux autres facteurs de production, et que,
d'autre part, les variations de prix nécessaires pour atteindre des
baisses significatives des émissions de gaz à effet de serre sont très
élevées, provoquant des changements dans les économies qui ne
sont pas « marginales ». Elles sont d'ailleurs, et de ce fait même,
difficiles à prévoir, car les élasticités-prix sont déjà estimées avec
une grande imprécision dans la situation actuelle, a fortiori à
extrapoler pour des variations qui seraient une multiplication
par deux ou trois, voire cinq, des prix actuels pour les usagers.
Il convient aussi de préciser que, si elle est évidemment
plus grande qu'avec les autres biens ou facteurs de production,
la substituabilité entre énergies n'est pas totale : en aucune
manière il ne serait justifié de les considérer comme des substi
tuts parfaits, remplissant une fonction bien identifiée (faire rou
ler une voiture, chauffer des locaux...), car ils ont des qualités
de service différentes, lesquelles rendent d'ailleurs compte des
écarts de prix entre elles (à « énergie utile » donnée, encore que
ce concept ne soit pas facile à définir avec précision).
L'usager, domestique ou industriel, valorise ces diffé
rences de qualité - qui correspondent le plus souvent d'ailleurs
à des coûts réels pour eux —, et répond à un changement de prix
relatif par un changement dans l'arbitrage entre les produits
mais qui n'est pas un basculement complet de l'un vers l'autre.
Revue française d'économie, n° 3/vol XXI Alain Bernard, Marc Vielle, Laurent Viguier 179
De ce fait, recourant davantage à un produit moins apprécié ou
plus coûteux à utiliser, il subit une perte de bien-être qui peut
être mesurée avec précision à partir de la fonction d'offre de
l'entreprise ou de la fonction de demande du consommateur.
Cette idée que « tous les biens ne sont pas parfaitement
substituables » peut paraître une évidence encore qu'elle soit
parfois négligée. Elle est maintenant reconnue et prise en compte
en particulier dans l'analyse du commerce mondial et de la spé
cialisation internationale, sous la dénomination dite de l'hypo
thèse d'Armington (Armington, [1969]), que connaissent bien
en particulier les modélisateurs d'équilibre général calculable.
Elle consiste à dire que le même bien, produit par des pays dif
férents, n'est pas homogène et que donc il n'y a pas substitua-
bilité parfaite entre production nationale et importations (et
aussi entre importations en provenance de pays différents) . Ceci
résulte principalement de biais d'agrégation et la seule façon
qu'ont trouvée les économistes de les prendre en compte est de
considérer les biens concernés comme des substituts non parfaits2.
De fait, une question difficile est d'estimer l'élasticité de substi
tution correspondante.
Les modèles et analyses d'équilibre partiel prennent en
compte les substituabilités, mais de manière très limitée, en par
ticulier quand ils raisonnent en termes d'« énergie utile ». Entre
les produits énergétiques et les autres biens, l'analyse de la sub-
stituabilité passe par l'écriture de fonctions de demande ou d'offre
mais qui sont incomplètes si elles ne prennent pas en compte les
prix des autres biens. Enfin et surtout, s'il n'y a pas une description
complète du circuit économique, l'incidence sur la formation et
la distribution du revenu n'est pas prise en considération et ceci
peut conduire à négliger des effets importants (les effets revenu)
qui peuvent modifier très sensiblement les résultats de l'analyse.
Il en est ainsi notamment, comme on le verra, de l'effet de la poli
tique considérée sur le consommateur (surplus du consommat
eur3 ou, selon une terminologie plus moderne, coût de bien-être
— « welfare cost » en anglais).
La première partie de cet article traitera de ces différents
aspects et montrera, en particulier à travers la littérature écono-
Revue française d'économie, n° 3/vol XXI 1 80 Alain Bernard, Marc Vielle, Laurent Viguier
mique consacrée à l'évaluation des politiques de changement
climatique et plus particulièrement l'expérience et les résultats
accumulés par l'équipe GEMINI-E3, l'importance de la prise en
compte de la dimension macro-économique, tant sur le pl

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