Les journalistes, seul public de l Union européenne ? - article ; n°1 ; vol.9, pg 30-35
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Les journalistes, seul public de l'Union européenne ? - article ; n°1 ; vol.9, pg 30-35

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Description

Critique internationale - Année 2000 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 30-35
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Contre-jour
e problème, abondamment débattu, du
déficit démocratique dont souffre l’Union
européenne ne saurait se réduire à des consi-
dérations institutionnelles et juridiques. Il est clair que le manque de légitimité de
ce système politique inédit relève aussi des représentations, des repères cognitifs et
symboliques qui permettent à chacun de s’orienter dans une réalité politique
1
.
L’observation du corps de presse accrédité auprès de l’Union européenne présente
à cet égard un intérêt particulier. D’une part, parce que ces quelque huit cents
correspondants
2
constituent un groupe déjà socialisé au système politique et insti-
tutionnel de l’Union et qui, du coup, l’envisage comme tel : vivant à son contact immé-
diat et permanent, ils finissent par en connaître intimement les processus, le per-
sonnel politique, les lieux et les enjeux. D’autre part, parce qu’ils sont l’une des
principales sources des représentations de l’Union dans la conscience de ses habitants.
La grand-messe de midi
Tous les jours, quelques minutes avant midi, deux cents à trois cents journalistes
affluent vers le bâtiment Breydel, qui abrite la Commission européenne. Ils n’ont
d’ailleurs le plus souvent que quelques pas à faire : leurs bureaux ne sont pas loin.
Ils se rendent à leur rendez-vous avec le porte-parole de l’institution, un rendez-
vous dont le caractère rituel est sanctionné par l’usage généralisé du vocabulaire
religieux : la « grand-messe », les « prêtres », « notre pain quotidien »... De fait,
il s’agit pour une large part d’une rencontre avant tout sociale (au sens anglais du
terme), d’une occasion de discuter avec ses collègues, dans une ambiance détendue,
des sujets du jour et aussi d’obtenir des informations « off » par des échanges
informels avec les porte-parole de la Commission.
Car le plus important n’est sans doute pas le
briefing
proprement dit, mais plutôt
la rencontre régulière dont il est l’occasion entre tous ces journalistes privés de rédac-
tion et de leurs collègues « naturels » – ils sont souvent les seuls représentants de
Les journalistes,
seul public
de l’Union
européenne ?
par Olivier Baisnée
l
leur journal sur place. Dans le bar du centre de presse de la Commission, comme
dans celui du Conseil, ils sont à même de partager leurs avis mais aussi des infor-
mations et des contacts (car il n’y a guère, on le verra, de concurrence), et ainsi de
compenser partiellement leur isolement.
Petit hémicycle d’à peine deux cents places assises, la salle de presse est bien étroite
pour accueillir une population de correspondants qui n’a cessé de croître depuis
les débuts de la construction européenne. Le
briefing
consiste avant tout en une pré-
sentation des sujets à l’ordre du jour, des derniers développements des dossiers en
cours. Le ton est très lisse et ne laisse guère transparaître les conflits à l’oeuvre.
Conflits dont les journalistes sont par ailleurs informés par leurs propres sources,
par les déclarations « off » qu’ils reçoivent des porte-parole et des différents fonc-
tionnaires qu’ils ont rencontrés. Bien souvent, au demeurant, l’information la plus
intéressante leur vient de la salle, des questions posées par les collègues qui met-
tent en évidence les problèmes que les différentes décisions poseront dans leur propre
pays. Malgré la faible valeur informationnelle du
briefing
, le tiers du corps de
presse se sent tenu de passer tous les jours une heure de son temps – denrée rare
dans la profession – dans les murs du Breydel.
Toutefois, l’inscription spatiale des journalistes dans ce lieu de travail montre bien
que, comme l’explique un journaliste britannique, ce corps ne constitue pas
un
micro-
cosme, mais quinze, chaque groupe national s’organisant de manière relativement
autonome. L’hémicycle se compose de trois parties marquées par deux travées. La
partie gauche est traditionnellement occupée par les Britanniques ; le centre, à parts
égales, par les francophones et les Espagnols, la partie droite accueillant les Italiens
mais aussi les pays nordiques. Les Allemands, eux, se disséminent dans toute la salle
ou se massent au fond de l’hémicycle.
Un fondement secondaire de la distribution spatiale en salle de presse relève du
statut individuel. Comme à l’église, les dignitaires du lieu y ont un siège tacitement
réservé, sur lequel personne, sauf un novice, ne songerait à s’asseoir. Il en va ainsi
de Ferdinando Riccardi, directeur de l’agence
Europe
, éternellement installé à la
même excellente place. Ce phénomène se retrouve également chez certains jour-
nalistes français qui, présents depuis parfois plus de trente ans, constituent le
noyau autour duquel s’organise la petite colonie française. Généralement placés
côte à côte, les correspondants du
Monde
, des
Échos
et de la
Tribune Desfossés
sont
connus de tous et connaissent tout le monde.
Dans chaque groupe national, d’ailleurs, quelques « grands anciens » sont devenus
au fil du temps, de l’accumulation de leur capital relationnel mais aussi de leur connais-
sance intime des dossiers, des figures de proue de ce petit monde. C’est autour d’eux
que se massent les journalistes de chaque nationalité, les plus jeunes ou les plus inex-
périmentés cherchant auprès d’eux à réduire l’incertitude née d’une actualité extrê-
mement foisonnante et technique. Cela est particulièrement vrai pour les correspondants
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britanniques, que leurs journaux ne laissent guère en place plus de quatre ou cinq ans :
le seul qui soit là depuis vingt ans (Geoffrey Meade de l’agence
Press Association
) fait
figure, comme il le remarque lui-même ironiquement, d’« oracle » que ses collègues
viennent consulter quotidiennement pour savoir ce qu’il va écrire.
Entre soi
Si le groupe des journalistes accrédités est numériquement assez important, son
univers social et professionnel se révèle exigu. Certains journalistes présents depuis
de nombreuses années remarquent, certes, que l’ambiance au sein du corps de
presse accrédité a beaucoup changé et que, avec l’accroissement de leur nombre,
les relations sont de plus en plus formelles et professionnalisées. Mais d’autres ne
manquent pas de rappeler le choc que constitue la première découverte de ce petit
noyau et de ses règles, de son interpénétration très forte avec les autres univers
sociaux de l’UE dont ils sont, précisément, supposés rendre compte : ceux des
fonctionnaires, des hommes politiques et des représentants des groupes d’intérêt.
Évoquant ses premiers jours à Bruxelles, ce journaliste parle d’« horreur absolue :
un monde techno, obscur, obéissant à des codes indéchiffrables de l’extérieur ; un
monde convenu. [...] Il n’y avait pas de distance, pas de recul. Un monde de mili-
tants européens, de gens persuadés de travailler pour le bien de l’humanité. Bref,
je n’arrivais jamais à distinguer qui était journaliste, qui était fonctionnaire, qui était
diplomate. C’est quand même un peu bizarre ».
Ces journalistes ne sont donc en fait qu’un groupe parmi d’autres d’un micro-
cosme plus large qui englobe tous ceux dont la profession est liée aux activités de
l’Europe communautaire. Une presse « microcosmique » leur est d’ailleurs dévolue,
avec notamment deux titres. L’un,
European Voice
(filiale de
The Economist
), est un
hebdomadaire sur la vie quotidienne du système communautaire. On y retrouve
des rubriques proches des formes traditionnelles du journalisme politique : portraits,
indiscrétions... L’autre,
The Bulletin
, lui aussi imprimé en anglais, est un magazine
destiné aux expatriés et qui mêle rubriques politiques et informations culturelles
et gastronomiques sur Bruxelles (sorties, restaurants).
Au demeurant, ce « peuple européen » vit replié sur des quartiers extrême-
ment circonscrits. Selon un journaliste, « on se retrouve dans les même bars, dans
les mêmes écoles, dans les mêmes magasins. [...] Il est très difficile de ne pas tom-
ber dans cette connivence. On rencontre un jeune fonctionnaire qui est sympa, qui
a votre âge et puis petit à petit il grimpe dans la hiérarchie, un jour il se retrouve
directeur général, voire commissaire. On se tutoie. On est vraiment entre soi ».
Breydel (siège de la présidence de la Commission européenne), Justus Lipsius
(qui abrite le Conseil européen) et le Parlement européen ne sont séparés que de
quelques centaines de mètres. À l’intérieur ou à proximité immédiate de ce triangle,
on trouve à la fois de très nombreux bars et restaurants et la plupart des bureaux
abritant les correspondants. Ces personnes ne cessent donc de se croiser tout au
long de la journée : sur leurs lieux de travail, dans les cafés, dans la rue, dans les
bâtiments communautaires.
Ce huis clos social et intellectuel se trouve encore renforcé du fait de la véritable
prise en charge des journalistes par la Commission européenne. Ceux-ci sont en
effet les destinataires d’innombrables documents, rapports, discours qui leur sont
distribués lors du
briefing
de midi. Cette montagne de papier (mille informations-
presse ont ainsi été distribuées pour l’année 1999 par la seule Commission), qui
encombre l’espace et le temps des correspondants, permet à la Commission de
contrôler l’agenda médiatique la concernant. Englués dans ce flot, les journalistes
ne peuvent guère prendre du recul, mener des investigations, s’intéresser à autre
chose qu’à l’ordre du jour proposé
3
. D’autant plus qu’il s’agit souvent de dossiers
assez techniques.
Qu’ils le vivent explicitement sur le mode de la dépendance et de la domination
ou, au contraire, qu’ils rationalisent leur position en mettant en avant leur compé-
tence, les correspondants en poste à Bruxelles sont ainsi très proches du « journa-
lisme d’institution ». Cependant, depuis quelques années, apparaissent de nouvelles
pratiques, plus critiques. Alors que, pour les tenants de la première approche, il est
inconcevable de ne pas assister à un
briefing
technique ou de ne pas posséder la note
de presse relative à une décision, les journalistes qui refusent de se laisser enfermer
dans l’expertise et privilégient une définition de leur poste plus proche de celle du
journalisme politique ou d’investigation entretiennent un rapport plus distant à la
source d’information institutionnelle. Leur présence à la grand-messe de midi est plus
épisodique et, plus largement, leur attitude à l’égard de la parole de la Commission
est plus distanciée. Arrivés au début des années quatre-vingt-dix, ils ont commencé
de remettre en cause les relations par trop routinières et symbiotiques à leur goût
entre journalistes et fonctionnaires ; relations qui, même si elles sont en pleine évo-
lution, continuent de s’apparenter assez largement à un « plaisant bavardage ».
Le seul public de l’Union européenne ?
Car le fonctionnement convivial du corps de presse accrédité est encore renforcé
par le peu de concurrence : il n’existe guère de
scoops
au niveau communautaire qui
soient considérés comme tels par les rédactions nationales : « Quand je suis le pre-
mier à avoir le projet de document sur l’harmonisation des fréquences radio,
explique un journaliste, à Bruxelles c’est un
scoop
mais, à Paris, [...] tout le monde
s’en fout ». Peu touchés par la compétition, les journalistes sont ainsi plus à même
de développer des pratiques de collaboration, de partage d’information, voire de
travail, lorsque plusieurs événements ont lieu en même temps. L’absence ou la
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rareté du sensationnel apaise les rapports professionnels.
Cette exiguïté du groupe et ces relations confraternelles ont pour conséquence
un effet d’autorité morale des « grands anciens » (parfois qualifiés par leurs cadets
d’« institutions »), qui parrainent les nouveaux venus en les aidant dans leur travail
quotidien, en leur procurant des piges, en les faisant entrer au service de journaux
qu’eux-mêmes délaissent. Même lorsque ces vétérans sont contestés
4
, leur compé-
tence n’est jamais remise en cause : ils connaissent très bien les dossiers et ils ont
eu le temps de constituer « les meilleurs carnets d’adresses de Bruxelles ». Ils
peuvent donc faire profiter les nouveaux de leurs réseaux de relations et de leur maî-
trise de la machine communautaire. C’est par ce biais que les arrivants sont inté-
grés au groupe mais aussi qu’ils accèdent à une connaissance intime de la vie poli-
tique communautaire malgré « l’impression de débarquer sur la planète Mars » qui
domine leurs premiers temps à Bruxelles.
Alors que, pour nombre d’Européens, les décisions semblent venir de nulle
part ou plutôt de « Bruxelles », entendu comme synonyme vague et un peu creux
des institutions communautaires, les journalistes accrédités, une fois assimilée la
grammaire du fonctionnement de ces institutions, sont à même de comprendre les
enjeux, de repérer les acteurs et les problèmes qui entourent une décision, et de
l’interpréter. « Au bout de tant d’années, ajoute l’un d’eux, on est probablement
un peu des eurocrates, d’une certaine manière. Quand une directive sort, on pour-
rait presque écrire déjà le résultat : que l’Italie va enlever ça parce que ceci, que les
Français vont gueuler parce que la souveraineté machin, que les Allemands les
syndicats, et les Danois l’écologie... ».
Mais, premier public de l’Union européenne, le corps de presse en est peut-être
aussi le seul. Le symbole le plus frappant de ce rôle étrange est sans doute fourni
par certains sondages. Comme Eurobaromètre, l’organe chargé de collecter des
données d’opinion sur l’Union européenne, n’est pas autorisé à réaliser des sondages
concernant la popularité des commissaires pris individuellement, certains journaux
ont cherché à la mesurer par eux-mêmes. Lorsque l’hebdomadaire
The Economist
ou le magazine français
L’Expansion
ont voulu évaluer la popularité des différents
commissaires comme on le fait pour n’importe quelle personnalité politique, s’est
posée la question de l’échantillon. Si le coût de l’organisation d’un sondage à
l’échelle européenne rend difficile la réalisation de telles enquêtes, le problème
majeur semble avoir tenu au fait que les commissaires sont généralement de par-
faits inconnus pour la plupart des Européens, à l’exception de quelques-uns d’entre
eux (Emma Bonino par exemple) qui ont su s’assurer une visibilité médiatique et
(peut-être) des commissaires de leur propre pays. La plupart des sondés auraient
donc été bien incapables de porter un jugement sur des personnes dont ils ne
connaissent même pas le nom. Voilà pourquoi il fut décidé d’interroger les jour-
nalistes pour établir une cote de popularité des commissaires...
Des interprètes indispensables
Les accrédités soulignent que le principal intérêt du « rendez-vous de midi » est
la projection des différents éclairages nationaux sur les décisions annoncées quoti-
diennement. S’ils ne peuvent anticiper toutes les configurations et ne sont souvent
pas au courant des problèmes qu’engendre une directive dans un pays qui n’est pas
le leur, les remarques de collègues étrangers peuvent fort bien questionner leur
propre situation nationale
5
. Symétriquement, dans les questions qui sont posées
à cette occasion, les commissaires peuvent percevoir la réception des mesures
annoncées dans les différents pays, car les enjeux n’y sont pas les mêmes. Les réac-
tions de cette salle de presse laissent transparaître finalement toutes les préoccu-
pations nationales et donnent une idée de ce que pourrait être, si elle existait, une
opinion publique européenne replaçant les enjeux dans les contextes nationaux et
rendant visibles aux autres partenaires les problèmes spécifiques à chaque État. À la
différence de leurs lecteurs, ces journalistes sont ici en présence des différentes
manières d’appréhender les questions communautaires et c’est cette intervisibilité
des points de vue qui fait de la salle de presse une figuration de forum européen.
Pour autant, on ne saurait parler d’émergence d’une forme transnationale, véri-
tablement communautaire, de journalisme. Les accrédités restent d’abord et avant
tout des journalistes nationaux chargés de rendre compte de l’Union européenne
à des publics ancrés dans des réalités politiques, sociales et historiques distinctes.
Contre l’idée d’un journalisme communautaire, d’une pratique unifiée de relation
des événements européens, il convient de réaffirmer combien cette couverture
médiatique reste soumise à des contingences nationales et éditoriales spécifiques.
L’espace public européen est encore loin
6
.
1. Voir notamment Marc Abélès,
En attente d’Europe
, Paris, Hachette, 1996.
2. Représentant une cinquantaine de pays ; environ 62 % d’entre eux proviennent des États membres.
3. Ajoutons que certains de ces journalistes couvrent non seulement l’Union européenne, mais aussi l’OTAN et la Belgique,
quand ils ne travaillent pas pour plusieurs organes de presse à la fois.
4. C’est notamment le cas dans le groupe français depuis la polémique ayant conduit à la démission de la Commission Santer :
de nouveaux arrivants à Bruxelles ont développé des pratiques plus proches du journalisme politique et d’investigation qui
remettent en cause les conceptions traditionnelles.
5. Ainsi, lorsqu’un journaliste allemand demanda à un porte-parole s’il était vrai que la Commission envisageait de suppri-
mer les aides régionales communautaires à certains Länder pour non-respect d’une directive environnementale, les jour-
nalistes français réagirent aussitôt pour savoir si de telles mesures pourraient être appliquées à des régions françaises, au pre-
mier rang desquelles la Bretagne. On voit bien ici la valeur ajoutée que représente (davantage que la qualité de l’information
prodiguée) une salle de presse composée de journalistes de nationalités diverses qui représentent autant de points de vue,
de centres d’intérêt et de ressources informationnelles pour l’ensemble du corps de presse.
6. Voir aussi Olivier Baisnée,
Can political journalism exist at the EU level ?
, communication au congrès de l’ECPR, Copenhague,
14-19 avril 2000. Il s’agit des premiers résultats de recherches menées dans le cadre d’une thèse de science politique. La pre-
mière campagne d’entretiens a concerné une trentaine de journalistes anglais et français correspondants à Bruxelles ou res-
ponsables éditoriaux dans les rédactions nationales.
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