Organisation et marché - article ; n°1 ; vol.4, pg 65-96
33 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Organisation et marché - article ; n°1 ; vol.4, pg 65-96

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1989 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 65-96
Dix conceptions de l'organisation sont passées en revue, et opposées à la vision traditionnelle du marché comme mode unique d'allocation de ressources. Les deux conceptions les plus novatrices rattachent organisation et marché à une notion commune : des arrangements contractuels inter-individuels, dans un cas, des dispositifs cognitifs collectifs, dans l'autre.
Ten conceptions of organizations are reviewed and confronted with the traditional view of markets, as the only means of allocating ressources. The two most suggestive conceptions analyze organizations and markets through a common notion : inter-individual contractual relationships in one case, cognitive collective devices in the other.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 161
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Favereau
Organisation et marché
In: Revue française d'économie. Volume 4 N°1, 1989. pp. 65-96.
Résumé
Dix conceptions de l'organisation sont passées en revue, et opposées à la vision traditionnelle du marché comme mode unique
d'allocation de ressources. Les deux conceptions les plus novatrices rattachent organisation et marché à une notion commune :
des arrangements contractuels inter-individuels, dans un cas, des dispositifs cognitifs collectifs, dans l'autre.
Abstract
Ten conceptions of organizations are reviewed and confronted with the traditional view of markets, as the only means of
allocating ressources. The two most suggestive conceptions analyze organizations and markets through a common notion : inter-
individual contractual relationships in one case, cognitive collective devices in the other.
Citer ce document / Cite this document :
Favereau Olivier. Organisation et marché. In: Revue française d'économie. Volume 4 N°1, 1989. pp. 65-96.
doi : 10.3406/rfeco.1989.1203
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1989_num_4_1_1203Olivier
FAVEREAU
Organisation
et marché
la éviction politique recommencée. théorie Dès implicite en économique discipline l'origine et primitive, de distincte, a est question la celle constitution fort le d'une de marché discrète l'organisation éviction de a mais pris l'économie — toujours toute d'une dans la
place, du moins la place de la catégorie fondatrice
(Dumont [1977], Dupuy [1983], Rosanvallon [1979],
Myers [1983], Boltansky-Thévenot [1987]. C'est ainsi que
le terme « organisation » ne figure pas dans l'index de la
monumentale Histoire de l'analyse économique de Schum-
peter, ni dans celui du manuel pédagogique d'histoire de
la pensée économique de Blaug. 66 Olivier Favereau
Ceci ne signifie pas pour autant que la notion
d'organisation soit simplement absente des différentes tra
ditions théoriques qui se sont affrontées depuis la fin du
XVIIIe siècle. Au contraire, une investigation attentive
révélerait une surprenante récurrence de cette notion,
sous des labels variés, depuis la division du travail d'Adam
Smith, jusqu'à la relation d'autorité de Simon, sans
oublier l'activité d'entreprise, comme anti-spéculation, de
Keynes.
Seulement cette récurrence même, face à l'im
périalisme de la notion de marché, est l'indice d'une dif
ficulté radicale à penser simultanément l'organisation et
le marché. D'un côté, la notion de marché ne parvient
pas à appréhender la totalité des coordinations perti
nentes, pour l'économiste, ce qui ressuscite à intervalles
réguliers la notion d'organisation ; de l'autre, cette notion
d'organisation, dans les moments où elle refait surface au
sein du discours théorique, tend à être rapidement réin
terprétée à travers la grille de lecture du marché. L'or
ganisation n'est que l'Autre du Marché, dépouillée par là
du droit à un traitement autonome, vouée jusqu'à présent
aux seconds rôles : confirmation, ou contestation de la
place fondatrice du marché.
Les différentes positions, aujourd'hui dispon
ibles, de l'articulation théorique entre « organisation »
et « marché » seront brièvement passées en revue afin
d'en tirer quelques enseignements, pour un possible pr
ogramme de recherches cognitiviste (ce qualificatif fait
référence aux sciences cognitives en général et non au
courant dit cognitiviste au sein de celles-ci) qui conférerait
à l'organisation le statut de catégorie fondatrice.
Dans ce qui suit, le marché (organisation) sera
entendu au sens de mode d'allocation des resssources ou
de coordination des activités économiques :
— au moyen de prix (règles), ce qui n'exclut pas les règles Olivier Favereau 67
(prix) mais les cantonne dans un rôle second;
— au travers d'une combinaison de décisions indivi
duelles (individuelles et collectives : ces dernières impli
quant donc la reconnaissance d'une entité collective).
Pour classer les différentes positions analytiques,
plus nombreuses qu'on ne pourrait le penser, les res
sources d'une analogie entre les rapports qu'entretiennent
les notions de marché et d'organisation seront exploitées
ainsi que la gamme entière de ceux que peuvent entretenir
deux populations de couleur différente : depuis le racisme
le plus sommaire jusqu'à l'utopie assimilatrice la plus
idéaliste.
Ainsi dix positions distinctes seront définies dans
le débat marché-organisation, mobilisant chacune une
définition particulière de l'organisation.
Les stratégies du mépris radical
Dans ces stratégies, il y expulsion d'une des deux notions
par l'autre.
L'apartheid ou les théories de la bureaucratie
Ce sont les théories de l'école du « Public Choice »
(Buchanan, Tullock), l'analyse des bureaux par Niskanen,
en ce qui concerne les organisations publiques non mar
chandes, ou encore par extension du raisonnement au cas
des organisations privées et marchandes, le modèle de
l'action collective, proposé par Oison ([1966], [1982],
[1986]), et les modèles de recherche des rentes (Krueger)
ou d'activités directement improductives (Bhagwati).
Terny [1980] et Colander [1984] offrent d'excellentes
revues de littérature, sur chacun des deux pôles du
domaine. 68 Olivier Favereau
Dans tous les cas, un groupe soit par décision
collective, soit par décision de ses leaders ou de ses re
sponsables, crée, gère ou accentue une position de monops
one ou de monopole, dans la fourniture d'un certain bien
ou service. Cette rareté artificielle limite la production de
ce bien ou service pour la société (en fixant un prix plus
élevé que celui de la concurrence parfaite) mais engendre
une (quasi) rente, au sens Marshallien du terme, pour le
groupe. Les intérêts individuels des membres du groupe
convergent — au prix d'une divergence accrue par rap
port à ceux des membres extérieurs : le reste de la société.
Cette stratégie de recherche fait de la concur
rence l'attribut naturel du marché et l'organisation est ce
qui reste du marché quand on a retiré la concurrence
(sous tel ou tel de ses aspects constitutifs).
On ne s'étonnera donc pas que l'organisation soit
inefficiente — par rapport au marché. L'organisation est
traitée comme un parasite.
Définition 1 : organisation = ensemble des moyens per
mettant à une collectivité de faire passer, dans l'échange,
l'intérêt de ses membres avant celui de ses clients.
Le racisme inversé ou les théories radicales du pouvoir
Ces théories, qu'elles le reconnaissent ou non, plongent
sans doute leurs racines dans les analyses inégalées de
l'atelier industriel par Marx (Le Capital, Livre I, 4ème sec
tion). Une illustration récente est l'article classique de
Marglin ([1973], [1984]) sur la fonction patronale. On
peut lui adjoindre la version radicale des théories de la
segmentation du marché du travail : pour Gordon,
Edwards et Reich [1982], les hiérarchies internes aux
organisations résulteraient d'une politique délibérée des Olivier Favereau 69
employeurs dans le dessein de diviser la classe ouvrière.
Les théories de la régulation ou du rapport salarial sont
plus sobres quant aux intentions de ces politiques patro
nales — le point essentiel commun, bien mis en lumière
par Boyer ([1986], à propos du holisme inhérent à ces
approches) est que les hiérarchies internes, constitutives
des entreprises, reflètent une hiérarchie fondamentale
externe constitutive du mode de production capitaliste.
Chez Marx, cette hiérarchie externe, on le sait, se déguis
ait sous la forme paradoxale du marché — du marché
généralisé, étendu à la force de travail qui devient mar
chandise comme les autres (Le Capital, Livre 1, sections
1 à 3). L'extraction de la plus-value — donc les diverses
manifestations d'un lien de subordination au sein de l'o
rganisation — était inséparable d'un contexte extérieur
d'achat / vente de la force de travail, c'est-à-dire de l'a
pparente logique égalitaire du marché. L'organisation
révèle la relation de pouvoir

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents