Géographie politique du monde Caraïbe - article ; n°318 ; vol.60, pg 34-47
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Description

Annales de Géographie - Année 1951 - Volume 60 - Numéro 318 - Pages 34-47
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

E. Revert
Géographie politique du monde Caraïbe
In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°318. pp. 34-47.
Citer ce document / Cite this document :
Revert E. Géographie politique du monde Caraïbe. In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°318. pp. 34-47.
doi : 10.3406/geo.1951.13163
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1951_num_60_318_1316334
GÉOGRAPHIE POLITIQUE DU MONDE CARAÏBE1
(Pl. I-II.)
Ce sont les événements majeurs ou spectaculaires de la politique mondiale
qui accaparent presque toujours l'attention. Là où il n'y a ni guerre ni
révoltes sanglantes, on ne s'inquiète guère d'évolutions dont on est tout
surpris de s'apercevoir un jour qu'elles ont entraîné des transformations pro
fondes. Le monde caraïbe d'aujourd'hui ne correspond plus à celui de 1939
et une nouvelle géographie politique s'y esquisse, dont je voudrais, dans les
pages qui vont suivre, marquer les traits principaux.
Qu'est-ce d'abord que le monde caraïbe ? Si l'on y comprenait l'ensemble
des pays baignés par la mer du même nom, il comporterait à la fois les
Antilles, le Nord de l'Amérique du Sud et l'Amérique Centrale (fig. 1).
En fait, on peut éliminer cette dernière pour des raisons en grande partie
valables. Il s'agit de républiques indépendantes depuis longtemps, qui ont
évolué suivant leurs normes propres et où l'élément « indien », pratiquement
disparu des îles, joue encore un rôle important. Si l'on met à part le trafic
provoqué par le canal de Panama, les relations entre Amérique Centrale
et Antilles sont peu importantes et il en a toujours été ainsi. Les «Isles»
ont formé le vrai pont entre les deux Amériques, par où sont passés plantes,
bêtes et hommes, bien avant l'époque historique, tandis que les pays de
l'isthme sont apparus plus d'une fois comme un obstacle et une barrière.
Au contraire, les trois Guyanes anglaise, hollandaise et française rentrent
incontestablement dans le cadre dé cette étude, et du fait de leur histoire,
intimement liée à celle des Antilles, et du fait de leur participation actuelle
aux travaux de la Commission Caraïbe.
En apparence, les souverainetés n'ont pas varié depuis 1940. Cuba,
Haïti et Saint-Domingue demeurent des républiques théoriquement indé
pendantes. Les États-Unis contrôlent Porto Rico et les îles Vierges. La part
de la France comprend la Guadeloupe avec ses dépendances, la Martinique
et la Guyane Française de l'Oyapock au Maroni. Les Anglais sont toujours
aux Bahama, à la Jamaïque, aux Leeward et Windward Islands comme à la
Barbade, à Trinidad, au Honduras et à la Guyane britanniques ; les Hollan
dais à Surinam, Curaçao, Aruba, Bonaire et Saba. Au total, les républiques
groupent près de 11 millions de personnes, dont 5 200 000 pour Cuba,
3 500 000 pour Haïti et plus de 2 200 000 pour Saint-Domingue, contre un
peu plus de 6 millions dans les territoires « dépendants».
1. Je tiens à remercier ici mes amis des Antilles et plus spécialement Mr L. Calvert, ancien
secrétaire général adjoint de la Commission Caraïbe, de l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée.
Sans leurs conseils répétés, sans les documents peu accessibles qu'ils m'ont communiqués, je
n'eusse jamais pu écrire cet article. Tel y reconnaîtra à l'occasion des passages entiers de ses
lettres. Je dois également des indications précieuses à Mr L. Fauvel, professeur à la Faculté
de droit de Lille et rapporteur général des questions de développement industriel auprès de la
Commission Caraïbe. De très beaux clichés, enfin, m'ont été obligeamment fournis par le Gou
vernement de Porto Rico. GÉOGRAPHIE POLITIQUE DU MONDE CARAÏBE 35
Sous le maintien extérieur, néanmoins, des vieilles dominations, de»
changements essentiels sont intervenus, du fait seul de la guerre et de ses
conséquences. L'arc antillais occupe une position stratégique dont le perce
ment de l'isthme de Panama a souligné l'importance. Aussi les États-Unis
se sont-ils hâtés de « tirer le verrou de sécurité » sur toute la zone caraïbe.
Ils ont établi une ceinture militaire du Honduras Britannique à la « côte
ferme» de l'Amérique du Sud, en passant par Cuba, la Jamaïque, Porto Rico,
250 500 750 1000 km
OCEAN
PACIFIQUE
Fig. 1. — Le monde caraïbe. — Échelle, 1 : 40 000 000.
1, Base américaine. — 2, Frontières d'États.
les îles Vierges, Sainte-Lucie, Trinidad, les Guyanes, Curaçao et Aruba. La
plupart des bases subsistent et comportent base navale et aérodromes gardés
par une garnison américaine.
Lorsque les événements du printemps et de l'été 1940 firent craindre
« un changement de possesseur, précipité par la force, dans les régions de
l'hémisphère occidental »x, les 21 ministres des Affaires Étrangères d'Amér
ique réunis à La Havane proclamèrent le droit pour leurs nations d'empêcher
ce changement de possesseur, au besoin par l'occupation militaire, confiée
à une puissance limitrophe. Il s'agissait, sans les nommer, des Antilles Franç
aises, où l'amiral Robert demeurait fidèle au gouvernement de Vichy tout
en gardant le contact avec Washington. Les relations se tendirent peu à peu
1. Annales de l'organisation des États Américains, Union Panaméricaine, Washington, 1949,
n° 1, p. 73. ANNALES DE GÉOGRAPHIE 36
et aboutirent non à l'occupation, mais au quasi-blocus de la Martinique et
de la Guadeloupe, jusqu'à ce que la pression croissante de l'opinion y obligeât
les autorités navales et militaires à admettre le ralliement à la France Libre,
opéré le 14 juillet 1943 dans l'enthousiasme général.
Cependant était née la première Commission Caraïbe, d'abord unique
ment anglaise et américaine. Il conviendrait peut-être d'en faire remonter
la première origine à la Commission Moyne, chargée d'enquêter avant guerre
sur la situation des Antilles Britanniques après les émeutes de Trinidad et de
la Jamaïque. Après le début des hostilités, le Président Roosevelt chargea
un homme d'affaires qui était son ami, Ch. W. Taussig, de faire une étude
confidentielle sur la région caraïbe. Le rapport de ce dernier fut assez pessi
miste et c'est pour faire face à la situation ainsi constatée que fut créée la
commission anglo-américaine. Son premier but fut d'assurer le ravitaillement
des Antilles dépendant des Nations Unies et elle organisa à cette intention
un pool des schooners. Mais sa compétence était plus large et « s'étendait à
la main-d'œuvre, à l'agriculture, au logement, à l'hygiène, à l'instruction, au
progrès social, à la vie économique et à toutes les matières connexes»1. La
commission instituait en conséquence un « Conseil des Recherches » et orga
nisait la première Conférence des Indes Occidentales, formée de délégués
des pays intéressés, qui se tint à la Barbade en mai 1944. A ce moment,
toutes les îles avaient rallié la cause des Nations Unies. La France et les
Pays-Bas furent donc invités à participer à la Commission, dont le sta
tut définitif devait être fixé par la convention signée à Washington le
30 octobre 1946.
Ce sec résumé traduit mal cependant les craintes et les appréhensions
que certains milieux intéressés avaient éprouvées et qui ne sont peut-être
pas entièrement dissipées. Il est certain que le livre d'Elliott Roosevelt,
Mon père m'a dit, contient des indications assez peu rassurantes pour les
«puissances coloniales». Et Mr Ralph J. Bunche, dans un commentaire sur
la commission anglo-américaine du Pacifique, qui a précédé de quelques
mois la Commission Caraïbe, ne craignait pas d'affirmer2 que la coopération
régionale, désirable en elle-même, supposait, qu'on le voulût ou non, une
certaine immixtion dans le domaine politique, voire administratif local. Et
il lui paraissait douteux qu'une « ligne clairement définie pût être tracée
entre les questions sociales et économiques d'un c&#

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