Le mouvement pour la protection des animaux aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Recrutement, idéologie et stratégie - article ; n°64 ; vol.16, pg 75-102
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Le mouvement pour la protection des animaux aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Recrutement, idéologie et stratégie - article ; n°64 ; vol.16, pg 75-102

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Description

Politix - Année 2003 - Volume 16 - Numéro 64 - Pages 75-102
The Animal Protection Movement in the United States and Great Britain. Recruiting, Ideology and Strategy Robert Garner Since the 1970s, associations for the protection of animals have seen a major return to strength in both the United States and Great Britain, and have at the same time become more radical. In both countries these organisations are now key players in the arena of social movement and pressure groups. Using the works of Mancur Olson as a basis, the article starts by looking at how such associations have managed to resolve their problems of recruiting militants and of organisational survival. These considerations encourage a move away from the Olsonian model and lead the author to try to identify the problems underlying the central debate which runs through the animal protection movement; a debate which, to simplify, opposes animal rights fundamentalists and those who favour a more pragmatic approach that involves reconciling the objective of gaining recognition for animal rights with the more immediate aims of promoting animal welfare. The author, who is himself involved in this debate between militants, discusses the position of the former whilst pleading on behalf of the latter for the continuation of strategies of reform.
Le mouvement pour la protection des animaux aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Recrutement, idéologie et stratégie Robert Garner Depuis les années 1970, les associations pour la protection des animaux ont connu aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne un très net regain de vitalité, en même temps que leurs actions se sont radicalisées. Ces organisations constituent désormais, dans ces deux pays, un acteur incontournable sur la scène des mouvements sociaux et des groupes de pression. Cet article s'attache dans un premier temps à examiner, en repartant d'une problématique inspirée par les travaux de Mancur Olson, de quelle façon de telles organisations ont réussi à faire face à leurs difficultés en matière de recrutement des militants et de survie organisationnelle. Ces considérations, qui incitent à une sortie du modèle olsonien, conduisent l'auteur, dans un second temps, à essayer de cerner les enjeux sous-jacents au débat central qui traverse le mouvement pour la protection animale et qui oppose, pour le dire schématiquement, les fondamentalistes des « droits de l'animal » aux partisans d'une approche plus pragmatique fondée sur la conciliation de l'objectif de reconnaissance de ces droits avec des buts plus immédiats de promotion du bien-être animal. L'auteur, lui-même impliqué dans ce débat entre militants, discute la position des premiers et plaide, aux côtés des seconds, pour la poursuite de stratégies réformistes.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robert Garner
Le mouvement pour la protection des animaux aux Etats-Unis et
en Grande-Bretagne. Recrutement, idéologie et stratégie
In: Politix. Vol. 16, N°64. Quatrième trimestre 2003. pp. 75-102.
Citer ce document / Cite this document :
Garner Robert. Le mouvement pour la protection des animaux aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Recrutement, idéologie
et stratégie. In: Politix. Vol. 16, N°64. Quatrième trimestre 2003. pp. 75-102.
doi : 10.3406/polix.2003.1310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2003_num_16_64_1310Résumé
Le mouvement pour la protection des animaux aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Recrutement,
idéologie et stratégie
Robert Garner
Depuis les années 1970, les associations pour la protection des animaux ont connu aux Etats-Unis
comme en Grande-Bretagne un très net regain de vitalité, en même temps que leurs actions se sont
radicalisées. Ces organisations constituent désormais, dans ces deux pays, un acteur incontournable
sur la scène des mouvements sociaux et des groupes de pression. Cet article s'attache dans un
premier temps à examiner, en repartant d'une problématique inspirée par les travaux de Mancur Olson,
de quelle façon de telles organisations ont réussi à faire face à leurs difficultés en matière de
recrutement des militants et de survie organisationnelle. Ces considérations, qui incitent à une sortie du
modèle olsonien, conduisent l'auteur, dans un second temps, à essayer de cerner les enjeux sous-
jacents au débat central qui traverse le mouvement pour la protection animale et qui oppose, pour le
dire schématiquement, les fondamentalistes des « droits de l'animal » aux partisans d'une approche
plus pragmatique fondée sur la conciliation de l'objectif de reconnaissance de ces droits avec des buts
plus immédiats de promotion du bien-être animal. L'auteur, lui-même impliqué dans ce débat entre
militants, discute la position des premiers et plaide, aux côtés des seconds, pour la poursuite de
stratégies réformistes.
Abstract
The Animal Protection Movement in the United States and Great Britain. Recruiting, Ideology and
Strategy
Robert Garner
Since the 1970s, associations for the protection of animals have seen a major return to strength in both
the United States and Great Britain, and have at the same time become more radical. In both countries
these organisations are now key players in the arena of social movement and pressure groups. Using
the works of Mancur Olson as a basis, the article starts by looking at how such associations have
managed to resolve their problems of recruiting militants and of organisational survival. These
considerations encourage a move away from the Olsonian model and lead the author to try to identify
the problems underlying the central debate which runs through the animal protection movement; a
debate which, to simplify, opposes "animal rights" fundamentalists and those who favour a more
pragmatic approach that involves reconciling the objective of gaining recognition for animal rights with
the more immediate aims of promoting animal welfare. The author, who is himself involved in this
debate between militants, discusses the position of the former whilst pleading on behalf of the latter for
the continuation of strategies of reform.Le mouvement pour la protection
des animaux aux Etats-Unis
et en Grande-Bretagne
Recrutement, idéologie et stratégie
Robert Garner*
II est clair que l'attention croissante que nos sociétés portent au bien-être
animal résulte de l'interaction de plusieurs facteurs1. Parmi ceux-ci,
toutefois, il en est un plus décisif que les autres : le rôle toujours plus
actif qu'ont joué ces dernières années les associations pour la protection des
animaux. La constitution d'organisations préoccupées par la condition
animale n'est certes pas un phénomène récent. Dans le cas des Etats-Unis et
de la Grande-Bretagne, on en trouve les premiers exemples au XIXe siècle.
Cependant, depuis un peu plus de deux décennies, les associations pour la
protection des animaux ont connu un très net regain de vitalité, en même
temps que leurs actions se radicalisaient. Ces organisations constituent
désormais un acteur incontournable sur la scène des mouvements sociaux et
des groupes de pression. Comme on pouvait s'en douter, l'émergence de ce
nouveau mouvement social majeur a stimulé de nombreuses recherches
universitaires. Notre objectif n'est pas ici de fournir une vision synthétique
* Le texte présenté ici est tiré du chapitre 3 de l'ouvrage de R. Garner, Political Animals. Animal
Protection Politics in Britain and the United States (London, McMillan, 1998). Traduction de
B. Gaïti et O. Fillieule, avec C. Lemieux.
1. Cf. Garner (R.), Animals, Politics and Morality, Manchester, Manchester University Press, 1993,
chap. 2.
Politix. Volume 16 - n° 64/2003, pages 75 à 102 Politix n° 64 76
et exhaustive des éléments que contiennent ces travaux. Cet article
s'attachera plutôt à approfondir deux points centraux que la littérature
consacrée au sujet a mis en lumière. Dans un premier temps, nous
reviendrons sur la question du recrutement des militants et de la survie des
associations, en essayant de cerner la spécificité des difficultés auxquelles est
confronté sur ce plan le mouvement pour la protection animale. Cela nous
conduira, dans un second temps, à cerner les enjeux sous-jacents au débat
central qui traverse le en question et qui oppose, pour le dire
schématiquement, les partisans d'une stratégie exclusivement axée sur les
« droits de l'animal » à ceux, plus pragmatiques, qui cherchent à concilier
des objectifs en termes de reconnaissance de droits avec des objectifs en
termes d'amélioration du bien-être animal.
Le problème du recrutement des militants : en partant d'un point de vue
olsonien
La grande majorité des associations qui luttent pour la protection animale
peut être rangée dans la catégorie des groupes d'intérêt liés à une cause ou si
l'on préfère, des groupes d'intérêt public2 (pour reprendre un terme
couramment utilisé aux Etats-Unis). Une telle catégorie est adéquate, dans la
mesure où ces organisations visent l'obtention de bénéfices collectifs et non
pas la défense des seuls intérêts professionnels ou économiques de leurs
membres. Certes, pareille distinction, entre d'une part, des groupes qui
luttent pour la cause de la protection animale et d'autre part, des groupes
d'intérêt qui défendent les « usages des animaux » propres à leurs membres,
ne saurait être rigidifiée. Ainsi par exemple, ceux qui plaident pour
l'expérimentation animale dans la recherche biomédicale prétendraient sans
aucun doute qu'en agissant ainsi, ils servent l'intérêt public. De même, il est
patent que des organisations qui défendent le bien-être animal - par
exemple, des détaillants qui vendent des cosmétiques garantis non testés sur
les animaux, ou des œufs garantis de ferme, ou encore certaines
organisations vétérinaires - sont également des groupes qui ont face au
problème un intérêt professionnel ou économique particulier à défendre.
Néanmoins, dans la mesure où peu de ces avocats des animaux tirent un
bénéfice économique direct de leurs activités collectives, la distinction entre
groupes liés à une cause et groupes d'intérêt nous semble pertinente dans la
plupart des cas.
S'il importe d'opérer une distinction entre ces deux types de groupes
(groupes liés à une cause et groupes d'intérêt), c'est notamment en raison
des problèmes très spécifiques de recrutement et de gestion
2. Cf. Berry (].), Lobbying for the People. The Political Behavior of Public Interest Groups, Princeton,
Princeton University Press, 1977, p. 7. Le mouvement pour la protection des animaux 77
organisationnelle que rencontrent les groupes liés à une cause. Encore faut-il
préciser que l'idée que de tels problèmes puissent se poser à des associations
d'individus visant les mêmes buts est assez récente. Jusqu'au milieu des
années I960, le sens commun voulait plutôt qu'il fût tout à fait naturel que
des individus partageant les mêmes convictions s'organisent au sein de
groupements et ce, chaque fois que des intérêts communs, des griefs ou des
phénomènes de dépossession collective surgissaient et appelaient des
solutions d'ordre politique3. Comme o

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