Le sens des principes et de la responsabilité
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Le sens des principes et de la responsabilité En 2003, alors que les Etats Unis étaient en pleine fougue guerrière contre l'Irak, la Grande Bretagne de Tony BLAIR marquait son adhésion complète à la cause américaine. Le 17 mars 2003, alors que le parlement était à la veille d'autoriser une intervention britannique en Irak, un homme, Robin COOK, alors ministre des relations avec le parlement se démarquait admirablement de cette folle entreprise, en démissionnant du cabinet Blair. Il fit comprendre ceci : « Je ne peux pas accepter une responsabilité collective pour la décision d'envoyer la Grande-Bretagne maintenant dans une action militaire en Irak sans un agrément international ou de l'opinion britannique. » A la même période, Jacques CHIRAC, président français à l'époque, manifestait sa ferme décision de ne pas emballer la France dans cette guerre, au grand bonheur des pacifistes de ce monde. Il affirma que « Dans ce nouveau monde en gestation (...), la France refuse la fatalité de l'affrontement comme la facilité du laisser-faire », manifestant ainsi sa foi en « un monde réconcilié et rassemblé ». En Afrique du Sud, Nelson MANDELA, après avoir passé 27 ans en prison, accède à la magistrature suprême. A la fin de son premier mandat, il ne demanda pas le renouvellement, préférant céder la place à la nouvelle génération et refusant par là de pervertir la démocratie sud-africaine acquise à un prix de sang. Il en va de même au Benin où Mathieu ...

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Publié le 18 décembre 2011
Nombre de lectures 89
Langue Français

Extrait

Le sens des principes et de la responsabilité
En 2003, alors que les Etats Unis étaient en pleine fougue guerrière contre l'Irak,
la Grande Bretagne de Tony BLAIR marquait son adhésion complète à la cause
américaine. Le 17 mars 2003, alors que le parlement était à la veille d'autoriser
une intervention britannique en Irak, un homme, Robin COOK, alors ministre
des relations avec le parlement se démarquait admirablement de cette folle
entreprise, en démissionnant du cabinet Blair. Il fit comprendre ceci : «
Je ne
peux pas accepter une responsabilité collective pour la décision d'envoyer la
Grande-Bretagne maintenant dans une action militaire en Irak sans un
agrément international ou de l'opinion britannique
. »
A la même période, Jacques CHIRAC, président français à l'époque, manifestait
sa ferme décision de ne pas emballer la France dans cette guerre, au grand
bonheur des pacifistes de ce monde. Il affirma que «
Dans ce nouveau monde en
gestation (...), la France refuse la fatalité de l'affrontement comme la facilité du
laisser-faire »,
manifestant ainsi sa foi en
« un monde réconcilié et rassemblé
».
En Afrique du Sud, Nelson MANDELA, après avoir passé 27 ans en prison,
accède à la magistrature suprême. A la fin de son premier mandat, il ne demanda
pas le renouvellement, préférant céder la place à la nouvelle génération et
refusant par là de pervertir la démocratie sud-africaine acquise à un prix de sang.
Il en va de même au Benin où Mathieu KEREKOU et Nicéphore SOGLO,
tirèrent leur révérence avant l'échéance présidentielle de mars 2006, conférant
ainsi au jeu démocratique de leur pays une certaine noblesse et une certaine
hauteur dans la mare malsaine du jeu démocratique de la plupart des Etats
africains.
Au Liban, en juin 2006 à la suite des sanglantes émeutes qui se sont déroulées à
Beyrouth, le ministre de l'Intérieur, Hassan SABEH présentait sa démission au
Président de la république et au premier ministre. Tout en expliquant son échec à
garantir la sécurité pendant la manifestation par l'insuffisance des effectifs et
d'équipement, il a en outre fait une mise au point très saisissante: «
Pour
empêcher ce qui s'est passé aujourd'hui, j'aurais dû donner l'ordre d'ouvrir le
feu sur les manifestants, c'est une mesure que je ne prendrais jamais contre des
civils libanais
». En voilà qui ne souffre pas d'équivoque.
Un autre exemple. Au Canada, en avril 2004, Marc BELLEMARE, alors
Ministre de la justice et député de Vanier démissionnait. Il justifia sa démission
en ces termes : «
Les reformes ne se font pas au rythme et de la façon aussi
extensive que je souhaiterais. Je comprends qu'il y a des raisons d'Etat, des
raisons administratives, des raisons politiques aussi, qui ont de l'importance. Il
faut être capable de naviguer dans l'ensemble de ces considérations, ce que j'ai
énormément de la difficulté à faire (...) Je ne suis pas un homme qui accepte
facilement qu'on reporte les échéances, qu'on diminue ou modifie la nature des
reformes qu'on s'est engagé à faire. Je suis plutôt un homme de ligne droite » et
de conclure : « Pour moi, le monde de la politique est un monde qui ne me
convient pas.
»
Enfin, au Burkina Faso, en décembre 1998 alors que les prédateurs de la presse
venaient de consumer quatre innocents corps dont celui du célèbre journaliste
Norbert ZONGO dans la géhenne de leurs desseins, un homme, Ahmed Newton
BARRY, alors journaliste à l'infini talent de reporteur et de présentateur à la
Télévision Nationale du Burkina, chaine de télévision gouvernementale,
déposait sa démission de cet organe de presse gouvernementale.
Ces différents hommes dont mention vient d'être fait sont certainement de lieux,
de situations et de réalités bien différentes mais partagent un fort point commun
: le sens des principes et de la responsabilité.
Ces hommes se sont trouvés dans des situations dans lesquelles les valeurs qui
leur sont le plus intimes étaient plus que jamais en jeu ; quelque chose de si
précieux, de si grand et peut être de si noble en eux et à laquelle ils attachaient
certainement une capitale considération était en passe d'être violée. Et ces
hommes ont préféré être conformes à leurs principes ; ils ont préféré faire valoir
leur sens de la responsabilité. Ils se sont comportés en hommes de principe, en
responsable, assumant les conséquences de leurs actes, leurs négligences, leurs
incompétences, leur illégimité, plutôt que d'accepter une réduction de leurs
valeurs et principes ou de se laisser aller à un entêtement stupide et peu
honorable, en s'accrochant indignement sans doute, mais certainement
résolument.
Il y a à parier que si chacun d'entre nous faisait preuve d'un si grand sens de la
conséquence dans la sphère de responsabilité qui est la sienne, le monde, notre
monde s'en porterait mieux. Et il y a à parier aussi que le désordre troublant dans
lequel se trouve notre monde d'aujourd'hui provient certainement de ce que nous
ne sommes pas enclins à être des hommes de principe et de responsabilité. Nous
tordons souvent le cou à certaines de nos valeurs fondamentales bafouant ainsi
notre sens des principes au profit d'intérêts strictement personnels immédiats tels
que l'honneur, le privilège, l'argent, le pouvoir et renvoyant ainsi l'intérêt général
ou le bien collectif, ou l'intérêt des générations futures dans l'univers éthéré des
concepts creux, imprécis et utopiques.
Nous refusons bien souvent d'assumer nos responsabilités et d'appliquer nos
principes dans des situations dans lesquelles nos limites, nos erreurs, nos
négligences, notre impopularité sont notoirement établies, préférant nous entêter
en portant la responsabilité sur les autres. De véritables forceurs !
Imaginons-nous un Georges BUSH qui démissionne au lendemain du 11
septembre ? Mais non, en tant que super président de la super puissance
mondiale, il n'a pas réussi à déjouer la ruse des fous de Dieu et à prévenir le
drame de ses concitoyens ne constitue pas tant sa faute ou sa responsabilité. La
faute, la responsabilité ce sont ces fous de Dieu, ces illuminés des temps
modernes situés à des années lumières de notre belle civilisation et de nos
rayonnantes valeurs.
Imaginons-nous Robert MUGABE tirer toutes les conséquences politiques de
l'autodafé à lui infligé par le peuple du Zimbabwe lors du premier tour de la
récente élection présidentielle en acceptant le verdict des urnes ? Mais non, lui
est un président chérit par la population ; il est l'homme du peuple, l'alpha et
l'oméga du Zimbabwe. Les fauteurs de trouble, ce sont certainement les Morgan
TSVANGIRAI et autres, petits déstabilisateurs prétentieux, manipulés par les
Etats unis et autres.
Peut être que sommes nous loin de comprendre notre ridicule, de comprendre
que nous ne sommes pas ou plus légitimes, aimés, populaires quand bien même
notre conscience s'évertue à nous marteler ceci : «
Tu sais, tu ne mérites pas
d'être où tu es. Tu es entrain de forcer mais entre nous, tu sais ce que tu vaux :
rien et ridicule
. »
En conclusion, je voudrais terminer par cette réflexion : apprenons à être des
hommes et des femmes de principe et de responsabilité à quelque niveau que ce
soit. Parce que seuls des femmes et des hommes d'une telle envergure, sachant
tirer toutes les conséquences de leurs actes mais aussi sachant refuser toutes
réductions compromettantes à des valeurs et principes cardinaux seront à même
de relever nos nombreux défis contemporains et aussi de demain.
GNIENHOUN A. NAZAIRE
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