Régulation et structures économiques au Royaume-Uni - article ; n°1 ; vol.2, pg 111-132
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Revue française d'économie - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 111-132
The keynesian policies, set up in Britain after world-war two, illustrates the risks of a self-maintained process increasing state interventions, ends up by threatening the market economy itself. After an analysis keynesian policies used in and their implications on the british productive structures, the author proposes a return to more liberalism.
La politique d'inspiration keynésienne mise en place en Grande-Bretagne après la seconde guerre mondiale illustre les risques d'un processus auto- entrenu d'intervention croissante de l'État, qui finit par mettre en cause l'économie de marché elle-même. Après avoir analysé les politiques keynésien- nes instaurées au Royaume-Uni et leurs conséquences sur l'appareil productif britannique, l'auteur propose un retour vers plus de libéralisme.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Régniez
Régulation et structures économiques au Royaume-Uni
In: Revue française d'économie. Volume 2 N°1, 1987. pp. 111-132.
Abstract
The keynesian policies, set up in Britain after world-war two, illustrates the risks of a self-maintained process increasing state
interventions, ends up by threatening the market economy itself. After an analysis keynesian policies used in and their
implications on the british productive structures, the author proposes a return to more liberalism.
Résumé
La politique d'inspiration keynésienne mise en place en Grande-Bretagne après la seconde guerre mondiale illustre les risques
d'un processus auto- entrenu d'intervention croissante de l'État, qui finit par mettre en cause l'économie de marché elle-même.
Après avoir analysé les politiques keynésien- nes instaurées au Royaume-Uni et leurs conséquences sur l'appareil productif
britannique, l'auteur propose un retour vers plus de libéralisme.
Citer ce document / Cite this document :
Régniez Jacques. Régulation et structures économiques au Royaume-Uni. In: Revue française d'économie. Volume 2 N°1,
1987. pp. 111-132.
doi : 10.3406/rfeco.1987.1131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1987_num_2_1_1131Jacques
REGNIEZ
Régulation
et structures
économiques
au Royaume-Uni
portaient opposaient sur les l'efficacité experts de conjoncturelle la Trésorerie ans les années de de Sa la Majesté 30, politique les débats à Keynes budgétqui
aire.
Après la guerre, deux décennies de mise en oeuvre
de politiques contracycliques d'inspiration keynésienne ont
paru apporter la preuve de la pertinence des vues développées 112 Jacques Régniez
dans la Théorie générale de V emploi, de l'intérêt et de la monnaie.
A la fin des années 60, l'expérience paraissait à ce point
probante et favorable au keynésianisme qu'elle conduisait
P.A. Samuelson à une profession de foi devenue fameuse :
« We are all keynesians now ! »
Par la suite, cependant, la réapparition du phéno
mène du chômage de masse au cours des années 70 a conduit
non seulement à mettre en doute l'efficacité conjoncturelle
des politiques keynésiennes, mais encore à imputer à l'applica
tion antérieure de ces dernières la responsabilité des difficultés
rencontrées. Pour une part, en effet, les remises en cause
actuelles des politiques d'inspiration keynésienne mettent en
avant les conséquences de nature structurelle du keynésia
nisme systématique des années 50 et 60.
Berceau de Keynes et lieu privilégié de mise en prati
que de ses théories, la Grande-Bretagne d'après-guerre illustre
les risques d'un processus auto-entretenu d'intervention crois
sante de l'État et d'éviction progressive des mécanismes de
marché. Dans cette perspective, l'évolution de l'économie br
itannique, de l'immédiat après-guerre jusqu'à la victoire électo
rale du parti de Margaret Thatcher en 1979, peut être vue
comme une succession d'étapes marquant l'expansion de ce
qui se veut d'abord une régulation exogène du capitalisme,
mais finit par mettre en cause l'économie de marché elle-
même.
Puisant ses sources aux origines de la démocratie
moderne, la conception diffusante et proliférante du rôle de
l'Etat que, dans les grands pays industriels, une majorité a
cru légitime de tirer de la lecture de la Théorie générale, peut en
effet apparaître comme près d'impliquer un processus endo
gène de disparition du capitalisme lui-même. Les réactions des
électorats de nombreux pays à l'encontre de telles évolutions
et en faveur des partis libéraux refléteraient, au moins en part
ie, une prise de conscience que, dans un récent ouvrage sur
la politique de Margaret Thatcher, J.P. Holtz [1985] n'hésite Régniez 113 Jacques
pas à imputer aux électeurs britanniques : « C'est la concep
tion même du rôle de la puissance publique prévalant depuis
la seconde guerre mondiale qu'ils ont remise en cause, tant en
ce qui concerne la régulation conjoncturelle de l'économie
que l'interventionnisme public croissant en matière indust
rielle. »
L'État et le modèle anglais
La conception moderne de l'Etat, à la fois législateur, régula
teur et redistributeur, est née chez des penseurs britanniques
moins soucieux de bâtir des théories que d'oeuvrer au progrès
de la société. Ses premiers éléments apparaissent dans le
Léviathan de Hobbes et le Deuxième traité de gouvernement civil
de Locke. Selon l'expression de Pierre Rosanvallon [1981],
« l'Etat nouveau dont ils élaborent l'architecture intellectuelle
est fondé sur la réalisation d'une double tâche : la production
de la sécurité et la réduction de l'incertitude ». Suivant cette
ligne directrice, les moyens dont se dote l'État pour accomplir
les missions que lui demande la société civile s'élargissent et
s'approfondissent. Les objectifs de réduction de l'incertitude
et de production de sécurité conduisent à des formes de plus
en plus précises de garantie de revenu.
C'est ainsi que la doctrine de l'Etat assureur et redis
tributeur se place au centre des social-démocraties contempor
aines. Elle procède pour partie des idées développées dans le
rapport du député libéral britannique Beveridge destiné dans
les années 40 à définir l'organisation d'un système de sécurité
sociale au Royaume-Uni. C'est à partir de là que s'élargit le
champ des assurances mises en place dans les années 30 en
Europe et aux Etats-Unis et que se développe la conception
moderne du risque social et du rôle de l'Etat : la sécurité
sociale a pour but de garantir le revenu contre les risques que 14 Jacques Régniez 1
représentent la maladie, l'accident du travail, la vieillesse, la
maternité et le chômage. En outre, la mission de l'Etat inclut
depuis lors la politique sociale telle que l'aide à la famille, la
politique de la santé ou l'organisation de l'emploi. Enfin, les
conceptions développées par le rapport Beveridge conduisent
à la mission régulatrice de l'Etat car, le chômage étant un ri
sque social essentiel, il lui incombe d'en protéger les citoyens.
Les moyens d'une telle protection contre le chômage
procèdent en principe de la théorie de l'Etat-régulateur de
John Maynard Keynes. On impute à celui-ci le mérite d'avoir
mis en lumière deux éléments caractéristiques (et mutuelle
ment liés) de la dépression prolongée des années 30 : un pou
voir d'achat du salaire trop faible et une capacité de produc
tion excédentaire eu égard à la demande. Selon Keynes, l'Etat
peut — et donc doit — en toutes circonstances assurer le plein
emploi, soit par la régulation de la demande globale — princ
ipalement à travers l'action budgétaire — , soit par la politique
des revenus, en veillant à maintenir les salaires réels à un
niveau suffisant.
Les diverses composantes de cette conception d'un
Etat de plus en plus protecteur se rejoignent dans le concept
d'Etat-providence, fondement doctrinal de toutes les démoc
raties contemporaines, mais, depuis la fin de la seconde
guerre mondiale, dans une mesure plus grande et en avance
sur ceux des autres pays, les gouvernements travaillistes et
conservateurs ont administré la Grande-Bretagne selon cette
conception de l'Etat. Cependant, le soutien systématique de
l'activité par le canal budgétaire porte en germe un processus
de développement cumulatif et de prolifération de l'interven
tion de l'Etat dont l'économie britannique fournit une illu
stration confinant au modèle. De l'Etat-providence à l'Etat-
envahisseur, chaque extension des missions que s'assigne
l'État procède d'un mouvement dialectique : l'intervention de entraîne des pertes d'efficience que l'on tente de com
penser en élargissant le champ des interventions publiques. Jacques Régniez 115
Ces interventions ont par nature un caractère défensif et se
révèlent des facteurs de rigidifïcation des structures &

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