Remarques sur l âge du mariage des jeunes Romaines en Italie et en Afrique - article ; n°3 ; vol.133, pg 656-669
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1989 - Volume 133 - Numéro 3 - Pages 656-669
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Morizot
Remarques sur l'âge du mariage des jeunes Romaines en Italie
et en Afrique
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 3, 1989. pp. 656-
669.
Citer ce document / Cite this document :
Morizot Pierre. Remarques sur l'âge du mariage des jeunes Romaines en Italie et en Afrique. In: Comptes-rendus des séances
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 3, 1989. pp. 656-669.
doi : 10.3406/crai.1989.14779
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1989_num_133_3_14779COMMUNICATION
l'Age au mariage des jeunes romaines
à rome et en afrique,
par m. pierre morizot*
L'on aurait pu penser qu'à la suite des études convaincantes
publiées en 1955 par M. Durry1 et dix ans plus tard par K. Hopkins2,
tout, ou presque tout, avait été dit sur l'âge des jeunes Romaines
au moment de leur mariage. Ces deux savants, le premier scrutant
avec beaucoup de finesse et de pénétration les sources juridiques et
littéraires, le second plus porté sur les statistiques démographiques,
mais ne négligeant pas pour autant le témoignage des historiens et
des juristes étaient arrivés à des conclusions voisines : pour M. Durry,
les jeunes Romaines (il pensait tout particulièrement à ÏUrbs)
pouvaient être données en mariage dès qu'elles avaient atteint l'âge
légal de 12 ans, qu'elles soient ou non pubères ; et, en fait, elles
étaient parfois mariées à un âge plus tendre. De son côté, K. G. Hopk
ins constatait sur la foi des épitaphes, que la moitié des filles
étaient mariées à 15 ans et que l'âge usuel du mariage se situait
entre 12 et 15 ans.
Grâce en particulier à P. Grimai, ces notions sont aujourd'hui
à la portée de tous ceux qu'intéresse l'histoire des mœurs dans
l'Antiquité3.
En Afrique J. M. Lassère a de son côté constaté que l'âge du
mariage était un peu plus tardif et se situait entre 15 et 17 ans4.
Or dans un article publié récemment dans le Journal of Roman
* Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Pierre Grimai, membre de l'Institut,
qui m'a encouragé à approfondir mes recherches en vue de pouvoir les présenter
à l'Académie ; à J. Desanges, Directeur d'étude à l'École des Hautes Études,
qui a bien voulu se pencher avec moi sur certains Carmina epigraphica quelque
peu obscurs ; aux professeurs Rosé E. Frisch et G. Wyshak du « Center for
population studies » de l'université de Harvard qui ont guidé mes recherches
dans le domaine inconnu pour moi de l'endocrinologie ; enfin au Dr I. Baliasny,
qui m'a le premier orienté dans cette direction.
1. M. Durry, « Le mariage des filles impubères à Rome », CRAI, 1955, p. 84 ;
Autocritique et mise au point. Rev. int. des droits de l'Antiquité, III, 1956,
p. 227 et ss.
2. M. K. Hopkins, « The âge of roman girls at marriage », Pop. Studies, n° 3,
1965, p. 309-327 (ci-dessous, « The âge of roman girls »).
3. P. Grimai, Histoire mondiale de la femme, Paris, 1965 ; L'Amour à Rome,
Les Belles-Lettres, Paris, 1988, 2e édition.
4. J. M. Lassère, Ubique populus, Éd. du CNRS, 1977, p. 489. l'Age du mariage des jeunes romaines 657
studies, B. D. Shaw conteste ces affirmations et entend démontrer
que c'est aux approches de la vingtième année « in the late teens »
que se situait l'âge du mariage de la plupart des jeunes filles de
l'univers romain5.
Comment s'articule sa démonstration6 ?
Tout d'abord, il dénie toute valeur statistique aux sources histo
riques et littéraires, car elles concernent une élite proche de la
famille impériale, dont les mœurs ne peuvent nous révéler grand-
chose des pratiques en cours hors de ces milieux.
L'on ne peut davantage, selon lui, tirer argument des lois per
mettant aux filles de se marier à 12 ans et aux garçons à 147, pour
conclure que la moyenne des unions avait lieu à ces âges, pas plus
qu'aujourd'hui la fixation à 15 ans de l'âge légal du mariage ne
signifie qu'une majorité de filles se marie aussi jeunes.
Il en veut pour preuve les lois d'Auguste, qui édictaient des peines
d'amende contre les femmes sans enfants, car elles ne s'appliquaient
qu'à partir de la vingtième année8. Il serait surprenant, dit-il,
que l'on ait attendu si longtemps pour les sanctionner, si la majorité
d'entre elles avaient été mariées beaucoup plus tôt. L'argument, ici,
ne convainc guère, car l'on peut, au contraire, soutenir que le légis
lateur entendait frapper les épouses qui s'étaient refusé à procréer
après plusieurs années de mariage et non les jeunes mariées.
Mais les recherches basées sur l'épigraphie n'ont pas davantage
trouvé grâce à ses yeux et ses arguments ne manquent pas d'une
certaine force. Il faut bien admettre avec lui que le matériel épigra-
phique utilisé pour ce genre d'études, au demeurant peu nombreux,
est constitué par des épitaphes, monuments faits pour commémorer
le trépas et non le mariage. Néanmoins elles contiennent parfois
des indications susceptibles de nous renseigner sur l'âge des noces :
dans un très petit nombre de cas, nous le verrons ci-dessous, l'âge de
la défunte au moment de son mariage est indiqué. Plus souvent, mais
cela reste une exception, l'âge auxquelles les défuntes se sont mariées
résulte d'un calcul fort simple : l'on soustrait de la durée totale de
la vie, la durée de l'union conjugale, lorsque celle-ci est indiquée9.
5. B. D. Shaw, « The âge of romans girls at marriage : some reconsiderations »,
JRS, 1987, p. 30 à 44. L'auteur n'exclut pas cependant l'existence de mariages
beaucoup plus précoces.
6. Tout en reprenant, point par point, son argumentation, j'ai parfois été
incité à en modifier quelque peu l'ordonnancement. J'espère n'avoir pas, ainsi,
interprété de façon inexacte la pensée de l'auteur.
7. Cod. Iust. V, 4, const. 24.
8. B. D. Shaw, op. cit., p. 42.
9. Le nombre total des épitaphes de l'un ou l'autre type a été calculé à la fin
du siècle dernier par A. G. Harkness, « Age at marriage and at death in the
roman Empire », T.A.Ph.A., XXVII, 1896, p. 27-72. Il s'élève à 173 épitaphes
païennes ou chrétiennes sur un total de 28 865 textes étudiés.
1989 43 658 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Les épitaphes en question sont en général du type suivant :
« Aux Mânes de Staberia Agathemeris. Elle a vécu 36 ans, 2 mois,
22 jours. T. Staberius Secundus a fait ce monument pour son épouse
méritante avec laquelle il a vécu 22 ans10. »
Staberia s'est donc mariée à 14 ans, 2 mois et 22 jours.
B. D. Shaw estime pour plusieurs raisons que de tels documents
ne permettent pas l'établissement de statistiques valables pour
l'ensemble du monde romain.
Tout d'abord il constate qu'il existe à Rome une propension
marquée à commémorer par une épitaphe le décès des jeunes épouses
plutôt que celui des épouses âgées ; par voie de conséquence cette
classe d'âge figurera en plus grand nombre dans l'épigraphie funé
raire et l'âge moyen au mariage que l'on peut en déduire sera indû
ment abaissé11.
Enfin B. D. Shaw fait remarquer que le nombre relativement
faible d'épitaphes qui contiennent à la fois des indications sur l'âge
de la mort et sur la durée du mariage, provient à 90 % de la ville
de Rome, à 3 % de la péninsule, les 7 % restant provenant des autres
provinces, Afrique et Pannonie-Dalmatie principalement12.
Dans ces conditions, il ne croit pas possible d'en tirer des conclu
sions valables pour l'ensemble du monde romain. Il propose alors
une « méthode alternative » qui consiste, à partir d'épitaphes d'un
autre type, celles qui mentionnent à la fois l'âge de la défunte et
l'auteur du monument funéraire, à examiner si celui-ci est l'œuvre du
mari ou des parents de la jeune femme.
Dans le premier cas, l'on déduira que celle-ci était mariée, dans
le second qu'elle ne l'ét

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