"Front National : les raisons d un succès non transformé" - CSA
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Note d’analyse du Pôle Opinion Corporate de l’Institut CSA CSA décrypte… les élections départementales « Front national : les raisons d’un succès non transformé » Avec 31 cantons remportés aux élections départementales, le Front national améliore son implantation locale (1 seul canton détenu jusqu’alors). Ses gains ne représentent toutefois que 1,55% des cantons de métropole, alors qu’il recueillait plus du quart des suffrages exprimés au soir du premier tour. Un tel décalage doit bien entendu beaucoup au mode de scrutin majoritaire et à l’absence d’allié lui permettant de disposer de réserves de voix suffisantes pour enfoncer le « plafond de verre » auquel il se trouve traditionnellement confronté au second tour. Dans un contexte de porosité accrue entre les électorats de droite et celui du Front national, les candidats frontistes pouvaient toutefois espérer de bons reports venant de la droite et du centre en cas de duels les opposant à un binôme de gauche, une configuration de second tour présente dans 293 cantons de métropole le 29 mars. C’est d’ailleurs dans ces cantons que le Front national enregistre au soir du 29 mars ses gains les plus importants : sur les 27 cantons gagnés au second tour (4 ayant été emportés dès le 22 mars), 19 l’ont été face à la gauche contre seulement 3 face à la droite et 5 à l’issue d’une triangulaire l’opposant à la gauche et à la droite.

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Publié le 03 avril 2015
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Langue Français

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Note d’analyse du Pôle Opinion Corporate de l’Institut CSACSA décrypte… les élections départementales « Front national : les raisons d’un succès non transformé »
Avec 31 cantons remportés aux élections départementales, le Front national améliore son implantation locale (1 seul canton détenu jusqu’alors). Ses gains ne représentent toutefois que 1,55% des cantons de métropole, alors qu’il recueillait plus du quart des suffrages exprimés au soir du premier tour. Un tel décalage doit bien entendu beaucoup au mode de scrutin majoritaire et à l’absence d’allié lui permettant de disposer de réserves de voix suffisantes pour enfoncer le « plafond de verre » auquel il se trouve traditionnellement confronté au second tour. Dans un contexte de porosité accrue entre les électorats de droite et celui du Front national, les candidats frontistes pouvaient toutefois espérer de bons reports venant de la droite et du centre en cas de duels les opposant à un binôme de gauche, une configuration de second tour présente dans 293 cantons de métropole le 29 mars. C’est d’ailleurs dans ces cantons que le Front national enregistre au soir du 29 mars ses gains les plus importants : sur les 27 cantons gagnés au second tour (4 ayant été emportés dès le 22 mars), 19 l’ont été face à la gauche contre seulement 3 face à la droite et 5 à l’issue d’une triangulaire l’opposant à la gauche et à la droite. Mais si les duels opposant un binôme du Front national à un binôme de gauche ont été la configuration la plus favorable au parti dirigé par Marine Le Pen, son « taux de transformation » s’élève à seulement 6,5%. C’est nettement mieux qu’en cas de duels face à la droite (0,6%) ou à l’issue des triangulaires (1,8%) mais
nettement insuffisant pour transformer l’essai. Pour mieux comprendre le comportement des électeurs d’un tour de scrutin à l’autre en cas de présence du Front national au second tour, nous avons analysé deux séries de données. Il s’agit en premier lieu des résultats officiels à l’échelle cantonale, mis à disposition par le Ministère de l’Intérieur. Nous avons ensuite classé les cantons selon leur configuration de second tour. Plus précisément, nous avons isolé en métropole les duels de second tour opposant un binôme de gauche au Front national (293 cantons) et ceux opposant un binôme de la droite ou du centre au Front national (537 cantons). Pour compléter notre analyse, nous nous sommes ensuite appuyés sur les données de deux sondages réalisés par CSA à l’occasion du second tour, chacun d’eux correspondant à une configuration spécifique. Nous disposons ainsi d’un échantillon de 1 300 électeurs, représentatif de la population des cantons à duels gauche – Front national et d’un second échantillon de taille équivalente représentatif des cantons à duels opposant la droite au Front national. Les données issues de ces deux enquêtes, compte-tenu de la taille de chaque échantillon, permettent d’analyser finement les trajectoires électorales d’un tour de scrutin à l’autre, selon la force politique présente face à un binôme présenté par le Front national.
Intuitivement, de tels résultats laissent penser que la gauche a bénéficié de bons reports venant de la droite dont les candidats avaient été éliminés au premier tour, voire FG PS-UG-PRG EELV-DVG UMP-UDI-CENTRE32 DVD34 FN3 Abstention, blanc, nul14 6
41,58% des suffrages exprimés, soit un gain de 9,43 points. La progression des binômes de gauche s’avère toutefois plus importante Des candidats de gauche qui ont bénéficié deque celle des binômes frontistes (+12,8 bons reports de droite.points par rapport à la totalisation des voix En cas de duel, c’est face à la gauche que le de gauche au premier tour), ce qui leur Front national progresse le plus au second permet de conserver voire d’accroître leur tour des élections départementales. Dans avantage, visible dès le premier tour. cette configuration, il passe de 32,15% à Duels gauche / FN Duels droite / FN  n = 293 n = 537 T1 T2 Evolution T1 T2 Evolution Abstention en % 50,87 49,36 - 1,51 50,96 51,05 + 0,09 Total gauche en % 45,62 58,42 + 12,8 25,98 - -Total droite et centre en % 21,4 - - 41,43 63,49 + 22,06 Front national en % 32,15 41,58 + 9,43 31,2 36,51 + 5,31 Divers en % 0,83 - - 1,39 - -TOTAL en % 100 100 - 100 100 -Figure 1 Evolution du rapport de forces politique selon la configuration de second tour
16 1 7 19
9 48 48
d’une mobilisation des abstentionnistes de premier tour. Les résultats des enquêtes réalisés par CSA le dimanche 29 mars confirment ces deux hypothèses.
semblent toutefois avoir laissé quelques traces visibles puisque sur 100 électeurs du Front de gauche au premier tour, 16 déclarent s’être abstenus ou avoir voté blanc ou nul au second tour. Cette proportion s’élève même jusqu’à 19% parmi les électeurs d’un binôme écologiste ou divers gauche (parmi lesquels figurent de nombreux binômes EELV/Front de gauche), auxquels
4
Votepour un binôme degauche Votepour un binôme FN Abstention,vote blanc ou nul Figure 2 Reports en cas de duels gauche – FN
84 92 72 20 18 93
Comme on le voit sur le graphe ci-dessus, les reports des électorats de premier tour (listés à gauche) s’avèrent plus favorables à la gauche qu’au Front national. Ils atteignent en toute logique leurs plus hauts niveaux parmi les électeurs ayant voté pour un binôme de gauche dès le 22 mars. Les stratégies d’opposition souvent mises en œuvre par les binômes de la gauche non socialiste
80
s’ajoutent encore 9% ayant choisi de voter tour confondues. Cette hausse de la pour un binôme frontiste. participation a profité à la gauche : selon les  données CSA, parmi les 20% Les pertes enregistrées en termes de reports d’abstentionnistes de premier tour déclarant « gauche à gauche » s’avèrent toutefois avoir voté au second tour, 14% l’ont fait en compensées au second tour par le faveur des binômes de la gauche contre comportement des électeurs de la droite et seulement 6% pour ceux du Front national. du centre au premier tour. Si parmi ces derniers près d’un sur deux (48%) a mis en Compte-tenu des trajectoires de vote application le « ni-ni » prôné par l’UMP (mais observées, il n’est donc pas surprenant que rejeté par l’UDI), ceux qui sont allés voter les gains du Front national s’avèrent au final (52%) l’on majoritairement fait en faveur du limités dans les cantons l’opposant à la binôme de gauche. Ce sont ainsi près des gauche. Si cette dernière a pu l’emporter dans deux tiers des électeurs de droite ayant voté plus de neuf cantons sur dix face au Front le 29 mars qui auraient apporté leur voix à la national, elle doit souvent ce bon résultat au gauche, permettant ainsi de faire barrage au vote des électeurs de la droite et du centre. Front national dans de nombreux cantons. Des électeurs de gauche qui résistent Notons aussi que les cantons voyantdavantage que ceux de droite à la tentation s’opposer au second tour un binôme dedu vote FN. gauche face au Front national ont enregistréun net surcroît de mobilisation, avec une Ces résultats témoignent toutefois d’une participation en hausse de 1,5 point, porosité non négligeable entre les électorats lorsqu’elle baissait légèrement à l’échelle de la droite et du centre d’une part, et celui nationale toutes configurations de second du Front national d’autre part. EXG-FG6233 5 PS-UG-PRG47 7 46 EELV-DVG5241 7 UMP-UDI-CENTRE89 2 9 DVD1579 6 FN64 90 Abstention, blanc, nul16 6 78 Votepour un binôme de la droite VotepAbstentionour un binôme FN ,vote blanc ou nul Figure 3 Reports en cas de duels droite - FN A cet égard, il est particulièrement frappant blanc ou nul à gauche s’avèrent eux aussi de constater que dans la configuration de nombreux : 46% chez les électeurs socialistes duels opposant la droite au Front national, au premier tour et jusqu’à 62% chez ceux du les reports de « gauche à droite » Front de gauche. Toutefois, ceux ayant pris apparaissent beaucoup plus massifs que ceux position l’ont massivement fait en faveur des de « droite à gauche » précédemment. Il binômes de la droite et du centre (cf. ci-serait sans doute excessif de parler ici de dessus) bien que nos données révèlent aussi « Front républicain » tant les l’existence de reports de type « gauche à abstentionnistes ou les électeurs ayant voté Front national ».
Ces éléments constituent l’une des clés de Front national doit en effet être appréhendée compréhension majeure du vote de comme un processus en cours et donc non dimanche et de la contreperformance du abouti. Ainsi, si le seul vote sur étiquette au Front national, lequel pouvait espérer premier tour permet au Front national davantage de victoires compte-tenu de ses d’engranger de nombreux soutiens à résultats de premier tour et de sa l’échelle de l’ensemble du territoire, il y a qualification dans une majorité de cantons. Si fort à parier que son déficit d’implantation le Front national apparaît incontestablement locale et donc la faible notoriété de la plupart comme le principal vainqueur du premier tour de ses candidats constituent un sérieux (plus d’un quart des suffrages exprimés et 5,1 handicap pour l’emporter au second tour. millions de bulletins de vote, sans alliance), sa Une observation détaillée des 19 cantons difficulté voire son incapacité à transformer gagnés face à la gauche s’avère à cet égard l’essai en l’absence d’allié doit beaucoup au riche d’enseignements : Béziers 1 et 3, comportement des électeurs de la droite et Beaucaire, Hénin-Beaumont 1 et 2… autant du centre en cas de duels face à la gauche. de cantons remportés lorsque Ces derniers, lorsqu’ils sont allés voter, ont l’enracinement local du Front national est en effet majoritairement décidé de faire déjà à un stade déjà très avancé. D’ailleurs, barrage au Front national, contrairement à des cinq cantons gagnés au second tour face ce qui avait été observé lors de l’élection à la gauche dans le Pas-de-Calais (Hénin-législative partielle dans la troisième Beaumont 1 et 2, Harnes, Wingles et Lens), circonscription du Doubs, début février. tous sont situés dans le bassin minier et  constituent un ensemble territorial continu La proportion d’électeurs ayant toutefois englobant la commune d’Hénin-Beaumont. choisi de voter Front national (un cinquième Mieux implanté que sur la plupart des autres environ) constitue une sérieuse alerte pour la cantons, le Front national y a dès lors gauche. La stratégie d’implantation locale du enfoncé le « plafond de verre ». Yves-Marie CANN Directeur Opinion - Institut CSA 01.57.00.58.94 /yves-marie.cann@csa.euTwitter : @yvesmariecann Retrouvez les études et analyses de l’Institut CSA surwww.csa.euSuivez-nous @InstitutCSA  CSA (Institut d’études et de Conseil) Contact Presse Léda Bontosoglou – Responsable communication 01.57.00.58.50 –leda.bontosoglou@csa.eu
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