Lettre de Vincent Bolloré à tous les collaborateurs de Canal+ et Vivendi
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Ce matin se tient l'Assemblée Générale des actionnaires du groupe Vivendi, à L'Olympia. L'industriel breton vient d'adresser une lettre à toutes les collaborateurs du groupe

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Publié le 22 avril 2016
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Langue Français

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La lettre de Vincent Bolloré
Nous travaillons depuis moins de deux ans à transformer Vivendi,qui était devenu une holdingfinancière, en un véritablegroupe industriel intégré dans les contenus. Face à la culture américaine et à la culture asiatique, la culture européenne vaut lapeine d'être développée etpeut même être exportée en Amérique, en Asie, en Afrique. Vivendi peut être l'acteur clé de ce beau projet.
C'est toujours bien d'avoir une idée, une stratégie, maispour la transformer en réalité, en réussite, il faut tout d'abord des équipes. C'est ainsique nouspouvons compter, avenue Friedland, siège du groupe, sur des gens compétents, dynamiques et solidaires : Arnaud de Puyfontaine, Hervé Philippe, Stéphane Roussel, Simon Gillham et Frédéric Crépin, et bien d'autres. Cette équipe a su finaliser les cessions d'actifs au meilleurprix : GVT au Brésil, le solde de Numericable  SFR, le solde d'Activision Blizzard. Près de 3 ou 4 milliards ontpu être accumuléspar rapport à la valeur d'aujourd'hui !
Nous avons pu aussi avancer dans notre stratégie :
 Conforter la musique avec Universal Music Group, le numéro 1 mondial, sous la direction talentueuse de Lucian Grainge. La musique est lepremier contenu, leplus importantpour les audiences sur les plateformes digitales  c'est un immense atout pour notre groupe.  Mettre le capsur le Sud, enpartenariat avec les télécoms, et Mediaset en Italie et en Espagne.  Retourner dans lesjeux vidéo.  Développer le " live and talents ".  Prendre une participation dans la Fnac.  Développer des contenus et du digital avec Studio+, Watchever et Dailymotion.
Cette stratégie offensive se met en place pas à pas.
"Nous ne pouvions risquer de voir une de nos filiales historiques françaises nous entraîner dans sa faillite"
Malgré ces avancées positives, nous ne pouvions risquer de voir une de nos filiales historiques françaises nous entraîner dans sa faillite. Canal+ a été créé ilya 30 anspar Havas, surqui La Générale des Eaux  Vivendi avait fait une OPA pour en prendre le contrôle.
Canal+ a toujours connu une vie mouvementée : un lancement avec "tambours et trompettes" vite suivipar des rumeurs et un risque de faillite. Puis unepériode degloire,puis despertes colossales (jà 500 millions). Puis un redressement. Puis à nouveau unepériode difficile à cause de la concurrence de TPS qui, racheté très cher par Vivendi, permettait à Canal+ de connaître encore de belles années. Puis l'arrivée de beIN Sports et autres Netflix entraînant les chaînes Canal+ dans des pertes considérables180 millions en 2014, 250 millions en 2015, 400 millions d'euros pour 2016 !
Face à cette terrible situation, l'équipe de Vivendi a accepté de faire son devoir en s'impliquant dans une tentative de redressement. D'abord, afin d'intervenir sans contestation, Vivendi a dû racheter les minoritaires mécontents : Lagardère et la SECP  cela a coûté la bagatelle d'1,5 mil liard d'euros ! En effet, Canal+ est un mélange de 5 activités bien distinctes, dont une seuleprésente un grand danger, les actionnaires minoritaires des autres activités auraient légitimement bloqué toute aide interactivités :
 Canal Overseas, qui dispose d'équipes remarquables et solidaires dans le monde entier sous l'autorité de Jacques du Puy, représente 1,5 milliard de chiffre d'affaires et dégage un bénéfice positif de près de 250 millions d'euros.
 Studiocanal, dirigé désormaispar Didier Lupfer, dispose d'équipes compétentes et dégage un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros ainsi qu'un bénéfice d'environ 50 millions d'euros, grâce à l'un desplus beaux catalogues de films d'Europequi est chaque année complétépar laproduction de nouveaux films.
 CanalSat, dirigé désormaispar JeanMarc Juramie, achète des chaînes de télévision à des tiers (Disney, Eurosport, Lagardère)et les diffuse avec succèspuisque son bénéfice est supérieur à 250 millions d'euros pour 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
 Les chaînes Canal+, dirigées désormaispar GéraldBrice Viret, fabriquent desprogrammes en achetant sport, cinéma, séries, documentaires et émissions. Elles devraient réaliser un chiffre d'affaires d'1,5 milliard d'euros mais 400 millions de pertes cette année.
 Enfin, les chaînesgratuites, dont D8 et D17, sont en train degagner leurpari de l'audience et de la rentabilité. Cependant iTélé perd des sommes importantes :  16 millions d'euros en 2014,  20 en 2015 et  24prévus en 2016, alorsqu'arrivent deux nouvelles concurrentes aux actionnaires puissants : LCI de TF1 et France Info de la télévision publique.
"Legroupe Canal+ ayant un endettement supérieur à 1 milliard n'obtiendra pas de Vivendi de mettre indéfiniment la main à la poche"
Outre iTélé, c'est évidemment sur les chaînes Canal+ Franceque doivent se concentrer nos efforts. En effet, legroupe Canal+ ayant un endettement supérieur à 1 milliard d'euros n'obtiendrapas de Vivendi, dont 70% du capital est détenupar des fonds étrangers, de mettre indéfiniment "la main à la poche".
Comme toujours, lepremierpas a consisté à choisir une équipe capable de faire face à cette hémorragie. Outre la compétence  bien sûr essentielle  il est souvent nécessaire de faire venir du "sang neuf", car lespersonnes déjà impliquées ont du mal à modifierprofondément le travail qu'elles faisaient auparavant. Si unjour dans legroupe Bolloré, en Bretagne  à Dieu neplaise  il fallait faire unplan d'économies,je serais le moins bienplacépour le faire, étant tropattaché aux personnes et aux usines que j'ai contribué à embaucher ou construire.
C'est ainsique dans la direction, 20personnes ont été remplacées  croyezmoi, avec des conditions financières très honorables  et une nouvelle équipe a été constituée autour des "anciens". Maxime Saada, en tantque Directeur Général, et Grégoire Castaing, comme Directeur Financier, ont apporté leurs compétences et leurs connaissances de la maison au Directoire présidépar JeanChristophe Thiery etqui comprend Jacques du Puy. Cette nouvelle équipe commence à travailler ensemble et je ne doute pas de son succès.
Dans toute autre société, le changement d'une équipe de 20personnes sur 8 000 aurait été banal ; chez Canal+, le retentissement médiatique a été malheureusement considérable. A cela s'est ajoutée une campagne sur une censureprésumée, totalement injustifiée car Canal+ est l'un des groupes de médias où les responsables sont les plus libres aujourd'hui.
"On parle beaucoup de nos programmes en clair mais nos abonnés ont droit, avec cequ'ilspayent mensuellement, d'avoir accès en priorité à des programmes inédits et intéressants."
Ily a 4 mois,j'avais annoncé à l'Olympia ceque nous voulions faire : investirpour redonner à Canal+ sapuissance et son attrait, et nous le faisons ! Nous investissons dans lesprogrammes pour les abonnés... Onparle beaucoupde nosprogrammes en clair mais nos abonnés ont droit, avec ce qu'ils payent mensuellement, d'avoir accès en priorité à des programmes inédits et intéressants.
Pour le sport, dirigé avec talent par Thierry Cheleman, tout est déjà joué entre aujourd'hui et 2020, et beIN Sportspossède l'essentiel des droitsqui nous intéressent. Il est donc naturel de rechercher à avoir ces contenus dans l'offre Canal+. J'espère de toutes mes forces que l'accord entre Canal+ et beIN Sports, essentiel, aboutira car le sport reste le contenu leplus attractifpour nos abonnés qui sinon, inexorablement, se désabonneront en grand nombre, mettant en cause l'existence même de Canal+.
Pour le cinéma, nous avons rattrapé fin 2015 les 4 millions d'euros de retard pris auparavant, et investi mêmeplus, montrant ainsi notre soutien à cette création essentielle tout en offrant des films pour nos abonnés. Nous avons aussi développé avec Studio+ un grand nombre de séries courtes. Mais Canal+ n'estpas seulement un robinet à films. Il faut éditorialiser davantage, assumer les choix, les coups de coeurs. Nous investissons en France et à l'étranger dans Mars Films, Bambu ou Iroko.
Pour les émissions, nous avons investi dans Banijay, le 3èmegroupe mondial de contenus(après les n°1 et 2 détenuspar nos concurrents Murdoch et Bertelsmann)et soutenu des talents ramenés ou découvertspar notre efficace équipe de Vivendi Talents. Le digital, le live et l'international vont également représenter des investissements importants avec lesplateformes Watchever et Dailymotion, qui permettront de faire connaître nos contenus partout.
"Nous allons continuer à réduire cequi est inutile et à réinvestir dans les contenus pour nos écrans"
Enfin, la Direction Marketing et Commerciale  dirigée par Frank Cadoret, fort de sa longue expérience chez SFR  a lancé unplan de transformation dont le succès est crucial. L'exploitation des data va être mise en oeuvre, et Francine Mayer qui dirige nos régies publicitaires, va également développer nos diversifications. Mais investir ne veutpas dire nepas faire attention aux dépenses exagérées. Ainsi, la décision de ne pas dépenser les millions d'euros habituels au Festival de Cannes a étéprise, tout en augmentant nos investissements sur le dispositif cinéma surplace et en supprimant les dépenses de fêtes  relations publiques  et chambres avec vue sur mer. Dans cettepériode difficile, nous faisons le choix d'investir dans desprogrammespour nos abonnés. Nous allons continuer à réduire ce qui est inutile et à réinvestir dans les contenus pour nos écrans.
De même, le Directeur des Achats a revu l'ensemble des contrats avec nos fournisseurs,qui pendant longtemps ontprofité dugroupe Canal+. Ce sont des signes forts d'une volonté de réduire les coûts dans tous les domaines.
Je sais que la période est difficile et que le "bashing" quotidien peut en faire douter beaucoup et inquiéter chacun. Mais lorsqu'une entreprise comme Canal+ voit lespiliersqui ont fait ses succès s'effondrer et ses pertes s'accumuler par centaines de millions d'euros, il n'y a qu'une seule solut ion pour s'en sortir : c'est de poursuivre notre travail avec courage, confiance et détermination.
Ainsi, Canal+ pourra participer avec fierté au succès de tout le groupe Vivendi.
Vincent Bolloré,Président du Conseil de surveillance
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