Fonction et formes principales de l imitation dans la poésie préovidienne - article ; n°2 ; vol.116, pg 240-253
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Fonction et formes principales de l'imitation dans la poésie préovidienne - article ; n°2 ; vol.116, pg 240-253

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1972 - Volume 116 - Numéro 2 - Pages 240-253
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jan Waszink
Fonction et formes principales de l'imitation dans la poésie
préovidienne
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 2, 1972. pp. 240-
253.
Citer ce document / Cite this document :
Waszink Jan. Fonction et formes principales de l'imitation dans la poésie préovidienne. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 2, 1972. pp. 240-253.
doi : 10.3406/crai.1972.12748
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1972_num_116_2_12748COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 240
COMMUNICATION
FONCTION ET FORMES PRINCIPALES DE L'IMITATION
DANS LA POÉSIE PRÉ-OVIDIENNE*,
PAR M. JAN WASZINK, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.
Pour comprendre la fonction et les formes très variées de l'imita
tion dans la poésie latine archaïque et augustéenne il est nécessaire
d'avoir une idée1 de l'évolution des théories grecques de la mimèsis,
puisque des traces de l'influence de celles-ci se montrent dès le stade
initial de la littérature latine. Pour des raisons purement systémat
iques il est préférable de commencer par quelques mots sur la doc
trine philosophique de la mimèsis, bien que celle-ci ne soit pas anté
rieure à la doctrine rhétorique et littéraire.
Le premier fait qu'il faut mentionner dans cet ordre d'idées,
c'est que la théorie platonicienne de l'imitation, non seulement
en général, mais aussi en tant qu'elle se rapporte à l'œuvre litté
raire, est inséparable de la théorie des idées. On sait que pour Platon
les poètes ne sont que les imitateurs de choses qui à leur tour ne sont
qu'une imitation imparfaite de la vraie réalité, fxifXYjTat sîSwXcov
àpeTrjç (Républ., X, 600 e). Il s'agit donc d'une imitation au deuxième
degré ; ce n'est que par l'inspiration, élément entièrement irrationnel,
que le poète peut s'élever quelquefois jusqu'au niveau des Ôvtoc,
mais alors sans avoir une connaissance véritable de sa propre
activité2.
* II va sans dire qu'il ne saurait être question ici d'une bibliographie concernant la
notion de mimèsis dans la culture antique en général. On trouvera la littérature la plus
importante dans : W. J. Verdenius, Mimèsis. Plato's Doctrine of Artistic Imitation and
Us Meaning to Us (Philosophia Antiqua, III), Leyde, 1949, p. 38 ; G. Sôrbom, Mimèsis
and Art. Studies in the Origin and Early Development of an Aesthetic Vocabulary, diss.
inaug. Uppsala, 1966, p. 214-218.
1. Puisque dans ce mémoire je ne m'occupe que des théories grecques qui, dire
ctement ou indirectement, ont eu une réelle importance pour la littérature latine, je passe
sous silence tout ce qui concerne les doctrines esthétiques de la période avant Platon,
d'autant plus que ces doctrines n'ont pas encore reçu de description systématique.
On trouve sur ce sujet des observations très intéressantes dans le grand livre de
W. Tatarkiewicz, History of Aesthetics, vol. I, Ancient Aesthetics, La Haye-Paris-
Varsovie, 1970. L'importance de la définition, attribuée à Simonide, de la poésie comme
une peinture parlante, et de la peinture comme une poésie muette, qui semble se trou
ver pour la première fois chez Simonide, a été soulignée par Schmid-Stàhlin, Gesch. d.
griech. Lit., I, p. 516, n. 6 ; cf. aussi M. Treu, Von Homer zur Lyrik, Miinchen, 1968,
p. 297 sq. Il faut en tout cas ajouter la discussion remarquable de Socrate et le peintre
Parrhasius dans Xénophon, Memor. III, 10, 1, qui est très bien commentée par Tatar
kiewicz, p. 101 sq. ; voir aussi ibid., p. 16 sq. et 89 sq.
2. Cf. E. Stemplinger, Mimèsis im philosophischen und rhetorischen Sinne, dans iVeue
Jahrb. f. d. klass. Altertum, Geschichle und deutsche Literatur, XVI, 1913, p. 21-23 ; Id.,
Dos Plagiat in der griech. Literatur, Leipzig-Berlin, 1912, le chapitre « Literarische
» (p. 121-167) ; Verdenius, op. cit., passim ; Tatarkiewicz, p. 112-138. l'imitation dans la poésie pré-ovidienne 241
Or, Aristote, partant selon sa méthode usuelle du fait de l'exis
tence de la poésie dans la société humaine — fait qui, pour cette
raison même, mérite d'être expliqué par une description rationnelle
et systématique, — prend la défense de la poésie contre la condamn
ation prononcée par son maître. A juste titre, M. Perry a fait
remarquer dans son livre important sur les romans de l'Antiquité1
que pour une réfutation vraiment convaincante il aurait fallu reje
ter, ou plutôt ignorer la théorie de l'imitation, mais Aristote s'en
tient à l'idée que, comme les arts plastiques, la poésie est une imi
tation ; l'argument le plus important qu'il avance contre Platon,
c'est que pour le genre humain l'action d'imiter est une chose natur
elle, crufxçuTov (Poét. 4, 1448 b 5 sqq.) ; à son avis, chaque forme
de poésie est une forme spéciale — souvent une forme très libre2 —
d'imitation de la réalité — ceci contrairement aux conceptions de
Platon. La possibilité d'une création artistique fondée sur l'imagi
nation seule n'est même pas mentionnée. Ensuite il expose dans sa
Rhétorique, qui fait pendant à sa Poétique puisqu'elle contient ses
idées sur l'art de la prose, que chaque forme d'imitation donne à
l'homme un plaisir positif3. Je peux passer sous silence l'élabo
ration de cette idée dans la littérature et la critique littéraire de
l'Hellénisme parce que, dans la conception fondamentale de l'art
comme imitation de la réalité ou bien de la vie, celui-ci n'a ajouté
rien d'essentiel à la théorie d'Aristote4.
Fixons maintenant notre attention sur la doctrine rhétorique et
1. B. E. Perry, The Ancient Romances. A Literary-historical Account of Their Origins,
Berkeley et Los Angeles, 1967, p. 18-27.
2. Cf. Tatarkiewicz, p. 142 : « His understanding of imitation, différent from that of
modem thinkers, had two aspects : mimesis is the représentation of reality on the one
hand, and, on the other, its free expression » ; et, un peu plus en bas : « (selon Aristote)
poetry is distinguished by the fact that it ' imitâtes '. He meant by this that the essen-
tial feature of poetry is expression and performance. It is both an expression of feelings
and a représentation of reality, though représentation is hère only a means and can
assume various guises ranging from faithful répétition to a quite free adaptation ».
3. Rhét., I, 11, 1371 b 5 sqq.
4. Je ne saurais me ranger de l'avis de Tatarkiewicz quand il dit que dans la période
de l'Hellénisme la notion de l'imagination (cpovTaaîa) a de plus en plus supplanté celle
de la mimesis, non seulement dans les arts plastiques, mais aussi dans la rhétorique et
la littérature. Quand il observe (p. 289) « Introduced by the Stoics and swiftly popu-
larized, the concept of imagination began to supersede mimesis in the theory of art »,
il faut remarquer que dans les Stoicorum Vetcrum Fragmenta le terme çpavTacia est assez
rare et qu'il n'est jamais mis en rapport avec la poésie et la prose. Dans son sommaire
« An Assessment of Ancient Aesthetics » (p. 331-340) il dit sur la même période : « During
the Hellenistic period the concept of imitation (mimesis), which had been fundamental
in classical aesthetics, was employed less and less... Art was now thought of more consis-
tently as projection of ideas, an expression of soûls, a création of fantasy. Hellenistic
writers proposed ' imagination ' (for example Philostratus) or ' ardour ' or ' charm '
(for example Dionysius of Halicarnassus) as the essential properties of the arts ». Ici
je me borne à deux observations : Philostrate n'a pas en vue la littérature, mais les arts
plastiques, et « ardour » est une traduction fautive de ÇfjXoç, un terme qui chez les théo
riciens grecs est très proche à mimesis ; cf. infra, p. 247. 242 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
littéraire de la mimèsis. Comme M. Bompaire l'a justement fait
observer dans son beau livre Lucien écrivain. Imitation et création
(Paris, 1958, p. 26), il ne peut s'agir ici que d'une partie de la mimèsis
philosophique, puisque « l'imitation des livres n'est qu'un cas par
ticulier de l'imitation du monde ». La fonction de la mimèsis dans
la rhé

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents