Morphologie et structure prédicative dans les langues ougriennes - article ; n°4 ; vol.142, pg 1031-1044
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1998 - Volume 142 - Numéro 4 - Pages 1031-1044
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Charles Perrot
Morphologie et structure prédicative dans les langues
ougriennes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 4, 1998. pp.
1031-1044.
Citer ce document / Cite this document :
Perrot Jean-Charles. Morphologie et structure prédicative dans les langues ougriennes. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 4, 1998. pp. 1031-1044.
doi : 10.3406/crai.1998.15931
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1998_num_142_4_15931COMMUNICATION
MORPHOLOGIE VERBALE ET STRUCTURE PRÉDICATIVE
DANS LES LANGUES OUGRIENNES, PAR M. JEAN-CHARLES PERROT,
CORRESPONDANT DE L'ACADEMIE
1. Les langues fînno-ougriennes de la branche ougrienne (le
hongrois en Europe, le vogoul et l'ostiak en Sibérie) sont
connues comme présentant un trait de structure qu'elles parta
gent avec le seul mordve dans l'autre branche, celle des langues
fînno-permiennes, tandis qu'il se retrouve en samoyède. Il s'agit
de l'organisation des formes conjuguées du verbe en un double
paradigme : une conjugaison dite subjective ou indéterminée et
une conjugaison dite objective ou déterminée, les deux se distin
guant par les références qu'elles comportent ; les formes de la
conjugaison subjective font référence à un seul participant au
procès, celui qui, s'il est exprimé dans l'énoncé, y est reconnu
comme sujet, tandis que les formes de la conjugaison objective
introduisent une deuxième référence (dont l'association à la pre
mière se fait sous des espèces morphologiques variables de
langue à langue) en impliquant un participant qui, s'il est
exprimé dans l'énoncé, y est reconnu comme objet et est marqué
de définitude (trait dont ne rend pas compte l'appellation
« conjugaison objective »).
On omet souvent d'associer à l'existence de cette double conju
gaison un trait qui dans ces langues en est inséparable : le fait que
le marquage personnel des formes verbales met en œuvre un
matériel morphologique coïncidant, dans une plus ou moins
large mesure et selon des modalités qui varient d'une langue à
l'autre, avec le matériel qui fournit les marques possessives du
nom. Il résulte de cette situation qu'une forme verbale peut appar
aître comme posant en fonction prédicative un procès présenté
comme rapporté à un participant par une relation d'apparte
nance.
Ainsi en vogoul la référence à la première personne du pluriel
se présente identiquement dans koluw, « notre maison » [kol, « mai
son ») et dans la forme verbale subjective minasuw, « nous sommes
allés» (minas- thème de prétérit en -s du verbe à radical min-,
« aller ») ; et dans un énoncé où est posé un procès à deux partici- 1032 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
pants, il est clair que l'un des deux est traité à la façon d'un pos
sesseur, l'autre à la façon d'un possédé. Soit l'énoncé nawramst
mâtâpris kàsalasand, « les enfants aperçurent la souris », où au pro
cès «apercevoir» (kasal-, au prétérit en -s- thème kasalas-) sont
reliés deux participants : des enfants (nawram, pluriel en - st) et une
souris (mâtâpris), les uns et l'autre identifiés dans le contexte d'un
récit, donc définis. La forme verbale objective présente le même
suffixe -and que le nom du renne sali dans la forme possessivée
sâliand, « leur renne », de sorte que l'énoncé s'interprète littéral
ement « les enfants la souris (est) leur aperçu » (apercevoir-passé : il
s'agit d'une forme d'indicatif passé, non de participe) ; la structure
possessive du verbe apparaît de façon complète dans les variations
de nombre affectant d'une part le possédé nominal et d'autre part,
de la même façon, le participant dit « objet » : « leurs deux rennes »
se dit sâli-ay-and avec insertion d'une marque de duel -ay- entre
le radical sali et le suffixe et « ils aperçurent les (deux) souris » se dit
de même kâsalas-ay-and avec insertion de -ay- entre le thème ver
bal de prétérit et la finale -and, c'est-à-dire « (elles furent) leurs
(deux) aperçues ».
2. Personne ne conteste et ne peut contester cette structure des
formes verbales et en particulier celle des formes de la conjugai
son objective avec leur double référence :
— par le suffixe possessif au même participant que celui,
unique, auquel réfère la conjugaison subjective {-and commun
aux formes citées minas-and, forme et kâsalas-and,
kùsalas-ay-and, formes objectives) ;
— et par la marque du nombre (celle du possédé dans la pos-
sessivation nominale) au participant dont la représentation dans la
forme verbale appartient en propre à la conjugaison objective.
Mais la pratique des linguistes maintient une interprétation de
la construction syntaxique de l'énoncé qui ne tient aucun compte
de ces évidences morphologiques dénonçant une construction
d'appartenance : on assimile toujours les participants auxquels
réfère la forme verbale à un sujet pour l'un, à un objet défini pour
l'autre.
Or l'interprétation d'une construction d'énoncé organisant au
plan morphosyntaxique les relations entre un prédicat et des
actants doit se faire sur la base des réalités morphologiques qui
fournissent les marques de ces relations. On ne saurait valabl
ement prendre appui sur un cadre général qui organiserait néces
sairement la relation entre un noyau prédicatif exprimant un pro
cès et des constituants nominaux ou pronominaux désignant des
participants comme une relation de type actanciel exprimant une VERBALE ET STRUCTURE PRÉDIGATIVE 1033 MORPHOLOGIE
relation sémantique entre agent et patient : une construction d'ap
partenance ne relève pas d'un schéma actanciel, et au plan sémant
ique elle n'engage pas un agent et un patient, notions qui ne s'im
posent pas plus à l'analyse de tout énoncé que les fonctions
syntaxiques de sujet et d'objet, qui s'identifient dans les données
morphosyntaxiques propres à une langue et non à partir d'une
définition de portée universelle, dont les linguistes ont depuis
longtemps reconnu l'impossibilité.
Les points d'appui morphologiques de l'analyse d'une construc
tion prédicative dans les langues finno-ougriennes considérées ici
sont essentiellement :
1) les indices qui dans les formes verbales réfèrent aux partici
pants et qui sont eux-mêmes de deux types :
a) les marques personnelles qui peuvent — comme, de façon
généralisée, en vogoul — correspondre aux marques possessives
portant référence au possesseur dans la morphologie de la posses-
sivation des noms ;
b) les marques de nombre résultant du transfert, par un phéno
mène d'accord, du affectant un participant à la forme ver
bale prédicative ;
2) les morphèmes qui, dans les formes nominales et pronomin
ales, fonctionnent comme des relateurs, c'est-à-dire les marques
casuelles dont sont affectés les termes de l'énoncé désignant les
participants.
On résumera ici la situation en ce qui concerne deux langues
ougriennes : le hongrois et le vogoul, en renvoyant pour plus de
détails à des publications antérieures (voir J. Perrot, 1994 et 1999 ;
sur l'ostiak, non présenté ici, voir J. Perrot, 1992-1993).
3. En vogoul, le tableau suivant (où sont données les formes du
vogoul du nord) réunit les suffixations qui interviennent dans les
formes verbales pour le marquage indiciel des participants et per
met de comparer les marques personnelles du verbe avec les
marques possessives du nom. On y voit que :
a) le participant commun aux deux conjugaisons est toujours
signalé identiquement dans les à la lère et à la
2e personne, mais que ce participant est représenté à la 3e per
sonne par 0 dans la conjugaison subjective et au passif, tandis que
le suffixe possessif de 3e personne apparaît comme ceux des autres
personnes dans la objective ;
b) le participant dont l'indiciation verbale est propre à la conju
gaison objective est toujours représenté par un suffi

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