Bac STG 2012, épreuve de Philosophie, sujet 2 « Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? » Proposition de corrigé par Florence Begel, lycée René Char à Avignon Question 1 (8 points) : Quel est l’intérêt du portrait de Staline dans le tome III des Mémoires de guerre, de Charles de Gaulle ? Charles de Gaulle rencontre Staline lors de sa visite à Moscou en décembre 1944. Il fait de lui un portrait dans Le Salut, paru en 1959. Perçu par de Gaulle comme un dictateur implacable, habile et attaché à sa patrie, il fait partie des trois grands chefs de gouvernement auxquels le général consacre une partie de ses mémoires. En quoi le portrait de Staline présente-t-il un intérêt ? Staline : un dictateur implacable : - Il met son zèle au service de sa patrie et ne transige en rien pour y parvenir. - Il a une réelle volonté de pouvoir, une « volonté de puissance ». - Son côté tyrannique est mis en avant car il traque tout ce qui pourrait former un obstacle à son pouvoir. - Les péjoratifs et les jugements dépréciatifs ne manquent pas ainsi que le lexique du dénigrement : « despote » « tyran » « grondant, mordant ». - Il est un chef qui terrorise tout son entourage et de Gaulle le compare au tableau d’Yvan le terrible qui incarne la tyrannie en Russie. - C’est un personnage à portée symbolique et emblématique faisant de lui un personnage de théâtre ou de fiction qui surprend et dérange de Gaulle.
Faut-il être cultivé pour apprécier une uvre dart ?
Proposition de corrigé
par Florence Begel, lycée René Char à Avignon
Question 1 (8 points) : Quel est lintérêt du portrait de Staline dans le tome III des Mémoires de guerre, de Charles de Gaulle ?
Charles de Gaulle rencontre Staline lors de sa visite à Moscou en décembre 1944. Il fait de lui un portrait dans Le Salut, paru en 1959. Perçu par de Gaulle comme un dictateur implacable, habile et attaché à sa patrie, il fait partie des trois grands chefs de gouvernement auxquels le général consacre une partie de ses mémoires. En quoi le portrait de Staline présente-t-il un intérêt ?
Staline : un dictateur implacable :
- Il met son zèle au service de sa patrie et ne transige en rien pour y parvenir.
- Il a une réelle volonté de pouvoir, une volonté de puissance .
- Son côté tyrannique est mis en avant car il traque tout ce qui pourrait former un obstacle à son pouvoir.
- Les péjoratifs et les jugements dépréciatifs ne manquent pas ainsi que le lexique du dénigrement : despote tyran grondant, mordant .
- Il est un chef qui terrorise tout son entourage et de Gaulle le compare au tableau dYvan le terrible qui incarne la tyrannie en Russie.
- Cest un personnage à portée symbolique et emblématique faisant de lui un personnage de théâtre ou de fiction qui surprend et dérange de Gaulle.
Staline, un fin politique :
- Il fait preuve de ruse, se méfie, négocie sans pour autant renoncer au mépris et à lhostilité face à ses pairs.
- Il sait user de courtoisie et même de chantage pour parvenir à ses fins (notamment lors de la signature du traité).
- Il mesure ses gestes et les assujettit à ses succès politiques (lever un toast, manger et boire).
- Il tente dimpressionner les Français en mettant en valeur la puissance soviétique et en montrant le pouvoir quil a sur son peuple et ses collaborateurs.
De Gaulle se méfie demblée de Staline mais il ne peut sempêcher de remarquer sa stratégie politique qui, quoique basée sur la répression, parvient à allier subtilité, finesse et perfidie au service de son idéologie. Il est un homme politique qui sort de lordinaire car la politique est dabord fondée sur le culte de sa personne et ses objectifs personnels.
Question 2 (12 points) : François Mauriac fait de lauteur des Mémoires de guerre un homme seul . Quen pensez-vous ?
LesMémoire de guerre sont une uvre qui se rattache au genre de lautobiographie. Bien quelle concerne une période historique majeure, elle est dabord le point de vue dun homme sur lHistoire. Cependant, cet homme se livre peu et tait des épisodes personnels douloureux au profit dévénements qui lont attristé, affecté.
Peut-on affirmer, comme Mauriac, que lauteur desMémoires de guerreest un homme seul ?
Instaurer une politique nationale dans toutes les villes de France tenues par les Résistants :
- Le recours au je montre une certaine solitude de lhomme obligé de décider, de se déplacer, dagir jétais à Toulouse, ville passablement agitée
- Je me dirigeai vers Saintes afin dy prendre le contact des troupes du colonel Adeline.
- Il agit seul : Javoue avoir ressenti profondément ce début de dissentiment qui, demain, à mesure des peines, compromettrait mon effort.
- Les décisions lui incombent : Mes résolutions étaient prises. Il fallait que nos troupes passent, elles aussi, le Rhin.
- Il sassocie cependant au combat de tous ceux qui résistent : Les buts que je proclame sont difficiles, mais dignes de nous.
Un sentiment déchec et dimpuissance :
- Mais la tâche à accomplir est lourde : Et me voici aujourdhui en charge dun pays ruiné, décimé, déchiré, encerclé de malveillances.
- Lorsquil demande le secours de certains politiques, cela nest pas suivi deffet comme avec Léon Blum : Il me fallut bientôt déchanter. à qui il reproche de rester attaché à ses valeurs socialistes.
- Il essuie la même déception avec Edouard Herriot : Je lui demandai daider à la reconstruction de la France ; il me déclara quil se consacrerait à restaurer le parti radical.
- Force pour lui est de constater que les hommes quil sollicite déclinent ses propositions : Il me fallaitreconnaîtrequàcepointdemonparcourslesappuisquemoffraitlanationdevenaientrares et Incertains
- Les collaborations impossibles lui inspirent cette réflexion : Si je garde la direction, ce ne peut être quà titre transitoire.
On peut effectivement approuver les propos de Mauriac et affirmer que de Gaulle est un homme seul dans la mesure où il a agi seul pour réaffirmer lautorité du gouvernement français sous lOccupation. Il a été amené à plusieurs reprises à prendre seul des décisions politiques locales ou internationales qui fixaient le sort de la France. De plus, à la Libération, il a été confronté à plusieurs refus dhommes plus préoccupés par leur parti politique et son devenir que par la nécessité dune reconstruction rapide de la France.