Baccalauréat Philosophie 2016 série ES sujet 2 corrigé
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Corrigé : Baccalauréat 2016 Philosophie série ES sujet 2 Pourquoi avons‐nous intérêt à étudier l’histoire ? L'histoire signifie au sens large l’ensemble des faits et des événements passés, mais dès son étymologie (istoria en grec = enquête), le mot désigne aussi le récit de ces faits. Hérodote, considéré comme l'un des premiers historiens, donne un sens particulier à ce type de récit, qui n'est plus alors celui des hauts faits de héros légendaires ou mythologiques mais celui des hommes. Le mot histoire prend le sens d'un récit qui prétend restituer fidèlement les événements du passé. Lorsque l'on s'interroge sur l'intérêt d'étudier l'histoire, il s'agit de supposer une certaine objectivité qui en permette l'étude. À partir de là, il convient de bien distinguer l'histoire en tant que réalité des faits passés eux‐mêmes et leur connaissance, leur étude, voire la science de ces faits, la science des événements. Certains diront, puisque ces faits sont passés, à quoi bon les étudier ? D'autres resteront attachés à ces faits de manière affective ou en visant une transmission vers les générations futures, ou encore pour faire preuve d'érudition. Enfin, certains assigneront à l'histoire la tâche d'éclairer le présent et l'avenir.

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Publié le 15 juin 2016
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Langue Français

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Corrigé : Baccalauréat 2016 Philosophie série ES sujet 2 Pourquoi avons‐nous intérêt à étudier l’histoire ?
L'histoire signifie au sens large l’ensemble des faits et des événements passés, mais dès son étymologie (istoria en grec = enquête), le mot désigne aussi le récit de ces faits.
Hérodote, considéré comme l'un des premiers historiens, donne un sens particulier à ce type de récit, qui n'est plus alors celui des hauts faits de héros légendaires ou mythologiques mais celui des hommes. Le mot histoire prend le sens d'un récit qui prétend restituer fidèlement les événements du passé. Lorsque l'on s'interroge sur l'intérêt d'étudier l'histoire, il s'agit de supposer une certaine objectivité qui en permette l'étude. À partir de là, il convient de bien distinguer l'histoire en tant que réalité des faits passés eux‐mêmes et leur connaissance, leur étude, voire la science de ces faits, la science des événements.
Certains diront, puisque ces faits sont passés, à quoi bon les étudier ? D'autres resteront attachés à ces faits de manière affective ou en visant une transmission vers les générations futures, ou encore pour faire preuve d'érudition. Enfin, certains assigneront à l'histoire la tâche d'éclairer le présent et l'avenir.
Dans tous les cas, cela suppose un sens de l'histoire, c’est‐à‐dire une signification, et une direction, un but vers lequel tendraient les hommes qui, connaissant le passé, comprennent le présent et l'avenir.
Mais quel intérêt, ou quels intérêts, avons‐nous à étudier l'histoire ? Qui y trouve un intérêt ? Celui‐ci est‐il extérieur à la discipline que l'on enseigne, c'est‐à‐dire y a‐t‐il un intérêt qui dépasse la connaissance, les études historiques ? Nous nous demanderons quel intérêt nous pouvons avoir à l'histoire en tant que discipline, puis en élargissant cette question nous montrerons que l'intérêt de l'histoire ne se limite pas à son étude telle que nous l'avons définie mais se confond avec la culture et enfin que le sens présupposé de l'histoire fait de son étude bien plus qu'un intérêt, une exigence morale
L'histoire, plus qu'un récit, une connaissance
1.La description des faits, une démarche subjective ?
Contrairement aux faits scientifiques que l'on peut vérifier parce qu'ils constituent des relations constantes et répétitives entre eux (les lois de la nature), les faits historiques sont des événements, phénomènes uniques qui ne se répètent pas (La bataille de 1515). Or, « il n'y a de sens que du général » affirme Aristote.
L'histoire ne serait‐elle pas objective ? Quel intérêt à l'étudier si elle dépend de la fantaisie et du caprice de chacun ? Quelle différence avec la compilation des événements, leurs différents récits plus ou moins teintés d'imagination, d'interprétation, bref, de subjectivité ?
2.Les événements, connaître ce qui n'est plus ?
La deuxième difficulté pour trouver un intérêt à l'histoire est de travailler sur le passé. L'historien doit faire un choix pour rendre à la fois intelligibles et mémorables des événements qui n'existent plus.
Quel critère fait alors l'événement, et quelle réalité a‐t‐il alors à étudier si celle‐ci n'est plus? Pourquoi alors faire de l'histoire, s’intéresser à ces choses passées qui ne sont plus ?
L'historien peut, certes y accéder par des traces (archives, monuments, vestiges, objets...) mais surgit alors la question de la subjectivité.
3.La construction d'une démarche scientifique
Les traces, archives, documents sont des témoignages partiels car ils concernent des faits passés, des acteurs qui eux‐mêmes ne sont pas neutres dans ce qu'ils ont transmis plus ou moins volontairement (on ne peut pas être partout sur le champ de bataille, on a nécessairement un point de vue sur ce dernier).
L'historien lui‐même n'est pas neutre lorsqu'il écrit l'histoire car il appartient à une culture, et c'est le plus souvent son intérêt pour le présent qui détermine son intérêt pour le passé.
L'historien doit à la fois construire une méthode (la démarche objective), et un objet à connaître la réalité historique n'est pas un ensemble de faits bruts. Il ne faut pas confondre son intérêt à la recherche qui est l'objectivité, l'emploi d'une méthode et l’intérêt pour soi, pour comprendre le présent et faire revivre le passé.
L'histoire se confond avec la culture
1.Race et histoire, Claude Lévi‐Strauss
Supposer un intérêt à l'histoire, c'est supposer que les buts, les intérêts des hommes sont toujours les mêmes, bref, que l'histoire a une direction unique, un développement continu, une continuité cumulative.
Claude Lévi‐Strauss dénonce cette vision ethnocentrique de l'histoire qui consiste à lui assigner un but unique et une série d'événements régulière et continue (c'est par exemple l'histoire qui prend la forme de succession « d'âges » dont on admet aujourd'hui la coexistence).
2.L'École des Annales, un nouvel intérêt
Contre une histoire centrée sur les nations, les batailles, les héros, le mouvement de l'École des Annales (Marc Bloch, Lucien Febvre) au XX° siècle, va montrer que l'histoire
est globale, et correspond non pas à une chronologie d'événements successifs mais à un ensemble de phénomènes sociaux, économiques et culturels.
C'est par exemple ce que montre Fernand Braudel dans son ouvrage La Méditerranée, où il distingue trois temps de l'histoire : le temps géographique, le temps social, le temps individuel (longue, moyenne et courte durée).
L’intérêt de cette étude, et de ce nouveau découpage, est de montrer qu'une situation historique se comprend par l'interaction d'éléments de conjoncture (cours et moyen termes) et de structure (long terme) sur les plans économiques, sociaux et culturels.
3.L'histoire n'est pas une science exacte
De ces différents efforts d'objectivité pour donner de l’intérêt aux études historiques, on peut conclure que l'histoire ne se confond pas avec le « journal intime » d'un peuple, et comme l'affirme Lévi‐Strauss, tout peuple possède une histoire, même celui qui ne l'a pas écrite.
La Race « est » l'histoire, le développement historique n'est pas traduit sous la forme d'une discipline dont on pourrait formuler des lois, à la manière des sciences de la nature ou de sciences physiques. Mais il reste un postulat fondamental, c'est celui de la compréhension par l'historien, de l'histoire comme réalité tout à fait contingente.
Donner du sens, une exigence morale
1.
La raison dans l'histoire.
Dans cet ouvrage, Hegel donne un sens aux actions individuelles : «l'histoire est le processus par lequel se découvre lui‐même» écrit‐il, mais en même temps, la raison « ruse » et fait de chaque événement un moment particulier de la finalité.
Ces moments, ces passions, sans lesquelles « rien de grand ne s’est fait dans le monde », ne nous permettent pas de comprendre ni le présent, ni l'avenir.
L'histoire, lorsqu’elle est comprise comme un récit, prend souvent des allures de tragédie dans laquelle règne une violence aveugle et où les efforts des hommes sont vains. Mais celle‐ci a tout de même un sens, et pour Hegel l'intérêt de l'histoire comme connaissance est de comprendre les processus, le rôle des individus, le pourquoi les événements se produisent dans le grand plan de l'esprit en marche.
2.La notion de progrès
Convient‐elle alors pour comprendre l'intérêt que nous avons à l'histoire ? Le sentiment de notre propre historicité peut donner un sens à ce qui dans une vie individuelle n'en a pas.
En effet, c'est l'idée que l'histoire a un but, une fin, indépendamment de la contingence des actions individuelles : on conçoit alors l'histoire comme un processus continu et orienté vers un progrès. Mais cette notion de progrès elle‐même est difficile à considérer comme critère d'un intérêt à donner à l'histoire. Nous l'avons vu avec la diversité de cultures et les différentes manières d'aborder l'histoire.
On peut également la critiquer comme le fait Nietzsche dans la Seconde considération inactuelle lorsqu'il parle de « la maladie de l'histoire, », maladie qui consiste à se rendre à la fois victime du savoir livresque tourné vers le seul passé et de la croyance à une fin (terme) de l'humanité. Comme remède, on sait que Nietzsche fera l'éloge de l'oubli.
3.L’exigence morale
Il y aurait, non seulement des intérêts particuliers plus ou moins intéressants aux études de l'histoire, mais aussi des usages que l'on pourrait faire des études historiques ? On peut alors montrer que donner de l'intérêt à l'histoire c'est dépasser l'intérêt spéculatif des seules études historiques et affirmer que la vie n'est pas insensée d'une part, et que nous sommes des acteurs qui pouvons agir en vue d'un progrès futur, d'autre part.
L'intérêt de l'histoire, pour ne pas outrepasser les prétentions d'une discipline qui se veut objective, c'est de réconcilier une réflexion méthodologique avec le devenir chaotique et contingent des événements vécus par les hommes. Cela dépasse alors le seul devoir de mémoire auquel Nietzsche réduisait ce prétendu intérêt de ressasser le passé.
Contre les falsifications, la propagande, les mensonges, l'histoire permet avant tout de garder raison en ce qui concerne la connaissance du genre humain, et en ce sens elle ne se limite pas aux seules connaissances du passé ni aux seules leçons que l'on pourrait en tirer.
Si l'histoire présente de l'intérêt, c'est sans doute dans le domaine de la connaissance qu'il faut le chercher. Or, nous avons vu que ce n'est pas seulement l'intérêt de connaître des faits qui anime l'historien car il doit, par sa critique même du passé, construire son objet d'étude qu'il ne se contente pas de réciter . Il doit en outre appliquer une méthode rigoureuse lui permettant la plus grande objectivité.
Mais cette connaissance historique ne s'applique pas seulement aux peuples qui ont consigné leur passé grâce à l'écriture, aux monuments ou témoignages. Notre propre conscience historique nous indique que la vie humaine est soumise au devenir, au changement, qu'il s'agisse de la réalité matérielle ( l'étude des paysages, des techniques, des objets l'atteste) mais aussi de réalité spirituelle (les idées, les mœurs, les habitudes changent).
L'étude des différentes cultures montre que l'histoire a un sens, sans que ce dernier soit déterminé ni orienté vers un même but. L'intérêt est alors de comprendre l'exigence morale de connaître et de transmettre l'histoire.
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