Découverte d un Augusteum à Narona (information) - article ; n°3 ; vol.140, pg 1029-1040
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1996 - Volume 140 - Numéro 3 - Pages 1029-1040
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S.E.M. Emilio Marin
Découverte d'un Augusteum à Narona (information)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 3, 1996. pp.
1029-1040.
Citer ce document / Cite this document :
Marin Emilio. Découverte d'un Augusteum à Narona (information). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 3, 1996. pp. 1029-1040.
doi : 10.3406/crai.1996.15657
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1996_num_140_3_15657NOTE D'INFORMATION
DÉCOUVERTE D'UN AUGUSTEUM À NARONA,
PAR M. EMILIO MARIN
La ville de Narona (actuel village de Vid près de Metkovic en
Croatie) était dans l'Antiquité une colonie romaine renommée,
située dans la vallée du fleuve Naron/Naro (aujourd'hui Neretva)
sur la côte adriatique orientale. Bien que Salona, la capitale, ait
été le centre incontestable de la province romaine de Dalmatie,
Narona est également connue pour le rôle marquant qu'elle joua,
et ce à partir de l'époque de la République tardive, dans le cadre
de l'établissement de communications entre le littoral et l'arrière-
pays de la province (avant tout avec l'actuelle Bosnie-Herzégov
ine).
Dans les années cinquante, le Musée archéologique de Split ini
tia, sous la direction d'Ivan Marovic, le mouvement de recherches
archéologiques à Narona ; furent découvertes alors les fragments
d'une inscription laissant augurer la présence d'un Augusteum,
ainsi que le fragment d'un bras ayant appartenu à une statue de
taille plus grande que nature. Un peu plus tard, de la fin des
années soixante au début des années soixante -dix, suivirent des
travaux de grande importance qui furent conduits par Nenad
Cambi ; on doit à ce dernier la mise au jour d'un portrait de Ves-
pasien, les premières recherches sur la basilique Saint- Vid (Saint-
Guy) et les fouilles des remparts de l'ancienne Narona1, dont il
assura la direction.
Le site de Plecaseve stale (les écuries de Plecas ; fig. 1), dans le
centre de la localité de Narona, en bordure ouest du forum
romain, avait depuis longtemps suscité l'intérêt des spécialistes en
raison d'une partie de mur qui y était bien visible ; il s'agissait
d'un mur antique. Sous les blocs de pierre, tout laissait pressentir
la présence de vestiges d'un bâtiment de tout premier plan - dont
1 . Cf. G. Alfôldy, Narona und Umgebung, Bevôlkerung und Gessellschaft der rô'mischen Pro-
vinz Dalmatien, Budapest, 1965, p. 134-139; J. Marcadé, « Le relief aux danseuses de Narona
au Musée de Split » , VAHD LXVII, I960 fSpliti, p. 45-54; I. Marovic, « Novi i neobjavljeni
nalazi iz Narone ■» , ibid. LIV, 1952 fSpliti, p. 153-173 ; N. Cambi, *Zwei Vespasians Portràts aus
Dalmatien », Boreas 7, 1984 fMùnsterj. p. 82-88; I. Marovic, « A Hoard of 'Byzantine (iold Coins
front Narona», dans Studia numismatica Labacensia, Ljubljana, 1988, p. 295-316. COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 1030
Fig. 1. Le site de Plecaseve stale avant la fouille
(photo Zrinka Ruljevic, Musée archéologique de Split)
les ornements architecturaux avaient été emmurés dans les mai
sons et les barrières du village. En se fondant sur des études comp
aratives, mais aussi sur les résultats de sondages que nous y
avions entrepris trois années auparavant, nous pouvions estimer,
avec de bonnes raisons, qu'à cet emplacement de significatives
trouvailles archéologiques, remontant à l'époque de la Narona
romaine, devaient nous attendre.
Les premiers résultats de nos travaux, entrepris en 1995 pour le
compte du Musée de Split sur une aire correspondant à environ
un cinquième de l'étendue du temple antique, tenaient au déga
gement de divers éléments conservés, à savoir : un dallage placé
devant l'entrée, un seuil, des murs en place avec une élévation
variant de 1 à 3 mètres (avec un crépi bien préservé sur une grande
partie de leur surface), un sol exécuté en mosaïque (blanc avec
bordure noire) ainsi qu'une sorte de tribune haute d'environ un
mètre, courant le long des murs du temple et servant de socle pour
les statues du bâtiment religieux. Les statues mises au jour, en DÉCOUVERTRE D'UN AUGUSTEUM À NARONA 1031
Fk;. 2. - Le site au cours de la fouille en 1996
(photo Zrinka Buljevic, Musée archéologique de Split).
marbre, pour leur majorité de taille plus grande que nature, ne
portaient plus de chef. Partant de leurs emplacements dispersés, à
l'évidence elles avaient été volontairement jetées pêle-mêle après
avoir été décapitées. Cependant nous ne sommes pas assurés que
ces têtes aient pu être entièrement détruites, sachant que quelques
spécimens, découverts antérieurement et qui appartiennent vis
iblement à cet ensemble, demeurent encore en notre possession.
C'est le cas d'une tête de l'empereur Vespasien, sortie de terre il y
a une quinzaine d'année, mais également de celle de l'impératrice
Livie, exhumée il y a environ un siècle et qui se trouve aujourd'hui
conservée à Oxford. Ces statues, que l'on peut dater du I" siècle
et en majorité de la première moitié de ce siècle -, sont celles
d'empereurs, de membres de la famille impériale, de personnalit
és éminentes de l'aristocratie urbaine et de divinités païennes
romaines. Se trouvaient également dans ce temple des inscrip
tions votives, témoignages d'un culte privé. Ainsi reste particulièr
ement saisissante la découverte du piédestal d'une statue de Vénus, 1032 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
trouvé en position, sur le site d'origine où elle avait été érigée au
IIe siècle. L'inscription - plus précisément l'explication qu'on peut
lui attribuer avec raison - nous indique que cette grande statue
était d'argent2. Comme aucune des statues, nous l'avons déjà dit,
n'a été retrouvée avec sa tête, il paraît raisonnable de supposer
une interruption violente de la vie du temple qui dut avoir lieu au
cours ou à la fin du IVe siècle, époque où les statues furent renver
sées de leur socle, jetées sur le sol du temple, puis recouvertes de
crépi et de terre. C'est alors que cette partie de la ville fut complè
tement abandonnée, les édifices chrétiens s'élevant ensuite dans
la Ville basse (à savoir quatre basiliques)3. Il reste qu'il est difficile
de soutenir, comme on le pensait jusqu'ici, qu'une catastrophe
naturelle ait pu détruire Narona ; en effet, si tel avait été le cas, ce
que nous avons découvert n'aurait certainement pas présenté un
si bel état conservation. Pour la période la plus récente, le VIe siècle
à peine, nous avons mis en évidence la présence de tombes - dans
des amphores et sous des tuiles -, elles-mêmes situées au-dessus
du temple enseveli et abandonné. Pour finir notre bref résumé des
résultats obtenus lors des fouilles de 1995, il nous faut rapporter
qu'une seule tête fut mise au jour, assez endommagée ; elle pourr
ait représenter soit Germanicus, fils adoptif de l'empereur Tibère,
et remonter à la seconde décennie du Ier siècle, soit son fils Néron
- elle serait alors à dater de la troisième décennie de ce siècle.
Cette sculpture est pour nous le témoignage précieux des som
mets atteints par l'art antique à cette époque.
Présentons maintenant les découvertes effectuées au printemps de
cette année 1996 (fig. 2), dans la continuité des recherches menées
sur toute la surface du temple et de son voisinage sud. Il s'agit, en
tout, de 14 grandes statues, auxquelles s'ajoutent une effigie de
taille plus réduite et un fragment provenant d'un sujet vraisem
blablement plus petit, sans oublier une base appartenant peut-être
à l'une des grandes statues susmentionnées. En l'état, il n'est donc
pas permis, on l'aura compris, de donner avec assurance le nombre
définitif de cet ensemble ; peut-être s'élève-t-il à 16. La simple obser
vation de ce que nous avons découvert cette année, en direction de
l'emplacement du piédestal de Vénus de l'an dernier,

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