Extrait de la thèse de Marie Casset - Douvres la Délivrande
8 pages
Français

Extrait de la thèse de Marie Casset - Douvres la Délivrande

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
8 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Extrait de la thèse Marie Casset Les Evêques aux champs / Presse universitaire de Caen Avec son aimable autorisation ; Merci de respecter les droits d’auteur. 1Le manoir des évêques de Bayeux à DOUVRES L’agglomération de Douvres se situe à environ 23 kilomètres à l’est de Bayeux, la métropole épiscopale (Pl.). Nous sommes ici sur les franges septentrionales d’un plateau calcaire issu des formations du Jurassique moyen, qui culmine à 19 mètres au-dessus du niveau de la mer. La surface à peine ondulée n’est entaillée que par un seul ruisseau, la Douvette, dont la source résurgente se situe dans l’enclos de la résidence épiscopale. L’enclos du manoir qui a perduré jusqu’à nos jours, à l’ouest de l’église Saint-Rémi a conservé deux bâtiments en élévation et les vestiges très arasés d’un troisième. La dénomination du lieu-dit, « la Baronnie » pérennise le statut du complexe chef-lieu de seigneurie. L’étude qui suit n’a pu être menée qu’en sollicitant les sources les plus variées aussi bien par leur nature 2que par leur période de production : actes épiscopaux médiévaux , baux de location et travaux des e 3 4 5 6érudits du XVIII siècle , acte de mise en vente en 1790 , cadastre de 1811 et gravures . 7La Baronnie a souvent fait l’objet d’évocations rapides et récemment de travaux plus poussés d’analyse 8architecturale . Des fouilles archéologiques permettraient de mieux connaître les dispositifs de ce manoir emédiéval et le témoignage du chanoine ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 214
Langue Français

Extrait


Extrait de la thèse Marie Casset
Les Evêques aux champs / Presse universitaire de Caen

Avec son aimable autorisation ; Merci de respecter les droits d’auteur.

1Le manoir des évêques de Bayeux à DOUVRES
L’agglomération de Douvres se situe à environ 23 kilomètres à l’est de Bayeux, la métropole épiscopale
(Pl.). Nous sommes ici sur les franges septentrionales d’un plateau calcaire issu des formations du
Jurassique moyen, qui culmine à 19 mètres au-dessus du niveau de la mer. La surface à peine ondulée
n’est entaillée que par un seul ruisseau, la Douvette, dont la source résurgente se situe dans l’enclos de
la résidence épiscopale.
L’enclos du manoir qui a perduré jusqu’à nos jours, à l’ouest de l’église Saint-Rémi a conservé deux
bâtiments en élévation et les vestiges très arasés d’un troisième. La dénomination du lieu-dit, « la
Baronnie » pérennise le statut du complexe chef-lieu de seigneurie.
L’étude qui suit n’a pu être menée qu’en sollicitant les sources les plus variées aussi bien par leur nature
2que par leur période de production : actes épiscopaux médiévaux , baux de location et travaux des
e 3 4 5 6érudits du XVIII siècle , acte de mise en vente en 1790 , cadastre de 1811 et gravures .
7La Baronnie a souvent fait l’objet d’évocations rapides et récemment de travaux plus poussés d’analyse
8architecturale . Des fouilles archéologiques permettraient de mieux connaître les dispositifs de ce manoir
emédiéval et le témoignage du chanoine Béziers au XVIII siècle, rapporté aux ondulations du sol de
9l’enclos, justifierait de telles interventions . Le site est aujourd’hui classé MH et propriété de la commune.
1- LES CONTEXTES DE L’INSTALLATION
1-1 Un site d’occupation ancienne
Il existe sans doute entre la région de Douvres et les évêques de Bayeux des liens très anciens affirmés
e
de façon péremptoire par les érudits du XVIII siècle et mal élucidés par l’archéologie. Au Bas-Empire,
cette zone traversée d’est en ouest par une ancienne voie de circulation, fait partie d’une structure de
edéfense, l’Otlinga Saxonia, créée dans le Bessin à la fin du VI siècle. Les troupes saxonnes qui
10stationnaient là auraient été évangélisés par l’évêque de Bayeux, Regnobert . Celui-ci aurait également
fondé près de Douvres une chapelle dédiée à la Vierge en l’honneur d’une statue qui venait d’y être
11découverte, puis laissé ses biens à son Église de Bayeux .
1-2 Les origines du domaine
La tradition transmise par J. Hermant mérite d’être critiquée. Alors qu’il prétend s’appuyer sur les écrits
ede Robert Cenalis, érudit évêque d’Avranches, au milieu du XVI siècle, celui-ci ne mentionne que
rapidement les constructions nouvelles entreprises par Regnobert (églises, palais épiscopal et
12chapelles) sans jamais citer Douvres . Enfin, la vita de Regnobert, restituée par J. Lair, signale bien une

1. Calvados. Chef-lieu de canton.
2
. V. Bourienne, Antiquus cartularius ecclesie baiocensis ou Livre Noir du chapitre, Paris-Rouen, A. Picard et fils-A.
e
Lestringant, 1902-1903. É. Anquetil, Le Livre Rouge de l’évêché de Bayeux. Manuscrit du XV siècle, Bayeux, Société des
Sciences Arts et Belles-Lettres, 1908-1911.
3
. Arch. dép. Calvados, G 24 fo 51-54, bail de la location en 1764 et G 15. M. Beziers, Mémoires pour servir à l’état historique
et géographique du diocèse de Bayeux, éd. Société de l’Histoire de Normandie, 1894-1896, III, p. 279-280. J. Hermant,
Histoire du diocèse de Bayeux. Première partie comprenant l’histoire des évêques avec celle des Saints, des doyens et des
hommes illustres de l’Église cathédrale du diocèse, Caen, Doublet, 1705.
4
. Arch. dép. Calvados, 1 Q3 40, Mise en vente des biens nationaux en 1790.
5
. Arch. dép. Calvados, Cadastre de 1811, éch.1/2500.
6
. A. de Caumont, Abécédaire ou rudiment d’archéologie, Caen, 1869, p. 159.
7. Abbé J. Marie, Histoire de Douvres-la-Délivrande depuis les origines jusqu’en 1850, 1987. E. de Laheudrie, Bayeux,
capitale du Bessin, Bayeux, Colas, 1945.
8. E. Impey, Rapport de prospection thématique sur l’architecture seigneuriale en Normandie (1050-1350), SRA, DRAC
Caen, 1993.
9. « ... le vieux château des barons de Douvres, dont l’enclos est tout rempli de souterrains et d’aqueducs... », M. Béziers,
ibidem, p. 279-280. En 1764, l’enclos de la baronnie est loué à un fermier et l’évêque se réserve une chambre au-dessus de la
cuisine, Arch. dép. Calvados, G 24 fo. 51-54.
10
. F. Delacampagne, Carte archéologique de la Gaule. Le Calvados (14), Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres,
1990.
11
. J. Hermant, ibidem, p. 13.
12. Robert Cenalis, Historia Gallica, Paris, 1557. 13donation de Regnobert à l’Église de Bayeux, mais sans plus de précisions . Rien ne permet donc de
confirmer cet épisode de la vie de saint Regnobert qui pourrait être d’invention récente.
Une autre tradition veut que l’évêque, Richard de Douvres (1107-1133), ait donné à son Église un bien
14issu de son patrimoine familial, la baronnie de Douvres . Si cette tradition frôle la réalité, elle est à
nuancer par des textes précis qui permettent de suivre, dans une certaine mesure, la constitution
progressive de la baronnie de Douvres. Dès 1035-1037, le temporel de l’Église de Bayeux comprend
des alleux à Douvres (alloders in Duvero) cités dans le recensement ordonné par l’évêque Hugues
15d’Ivry . L’origine de ces biens est inconnue, et il paraît impossible de déterminer s’il s’agit d’acquisitions
de l’évêque Hugues ou de biens plus anciens.
En 1089, Robert Courte-Heuse confirme les donations faites à l’Église de Bayeux du temps de son père,
Guillaume le Conquérant ; il y ajoute des maisons et des revenus. Parmi les biens confirmés figure tout
16ce que Samson tenait du duc Robert . Ce Samson doit être identifié comme étant Samson de Douvres,
qui une fois veuf devint clerc de la chapelle de Guillaume le Conquérant, trésorier de l’Église de Bayeux
17puis évêque de Winchester en 1096. Un de ses fils, Richard, devint évêque de Bayeux en 1107 .
Enfin, en 1133, un des jureurs du compte rendu de l’enquête sur les fiefs de l’évêché de Bayeux,
ordonnée par Henri Ier après la mort de l’évêque Richard de Douvres, est un nommé Geoffroy de
Douvres, cité en même temps que Roger de la Ferrière-Hareng, Osmond, bedel de Neuilly et Godefroy
de Bayeux. Ces quatre hommes sont considérés chacun comme des administrateurs d’une partie du
18domaine de l’Église de Bayeux . Si un officier est spécialement chargé de l’administration des biens de
Douvres, c’est que le domaine est largement constitué dès 1133, au moment de la mort de l’évêque
Richard. Celui-ci n’a certainement pas donné à l’Église de Bayeux la baronnie de Douvres ; il a, tout au
plus, complété par des donations un ensemble préexistant.
e eAucun document ne permet d’affirmer que les évêques de Bayeux possédaient dès les XI et XII
19siècles une résidence à Douvres, mais rien n’interdit de l’envisager .
1-3 Localisation (Pl.)
Le manoir s’étend aux franges occidentales du village de Douvres, à environ 50 mètres à l’ouest de
l’église dont il est séparé par une zone d’habitat qui semble n’avoir jamais fait partie du complexe de la
résidence. Il est cerné sur trois côtés, au nord, à l’ouest et au sud par des routes. La voie sud est
réputée être une ancienne voie romaine ; il s’agit peut-être du chemin royal (queminum domini Regis)
20mentionné dans un acte d’échange de 1298, comme étant près du manoir . Le terrain sur lequel le
manoir a été édifié forme en son centre une cuvette longitudinale orientée nord-sud ; dans la partie sud
se trouve une résurgence, la Cuve de Douvres, qui se prolonge vers le nord par un ruisseau, la
Douvette.
1-4 L’emprise du complexe (Pl.)
21L’emprise du manoir annoncée pour la vente en 1790 et sur le cadastre de 1811, est d’environ 5 ha 50
et de plan rectangulaire. Cette superficie serait le résultat de l’agglomération au noyau initial de terrains
achetés et échangés par les évêques Pierre de Benais (1276-1306) et Pierre de Lévis (1324-1330) à la
e e 22fin du XIII et début du XIV si

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents