La ville d Ougarit au XIIIe siècle av. J.-C. - article ; n°4 ; vol.129, pg 705-723
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1985 - Volume 129 - Numéro 4 - Pages 705-723
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Marguerite Yon
La ville d'Ougarit au XIIIe siècle av. J.-C.
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 129e année, N. 4, 1985. pp. 705-
723.
Citer ce document / Cite this document :
Yon Marguerite. La ville d'Ougarit au XIIIe siècle av. J.-C. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 129e année, N. 4, 1985. pp. 705-723.
doi : 10.3406/crai.1985.14318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1985_num_129_4_14318COMMUNICATION
LA VILLE D'OUGARIT AU XIIIe SIÈCLE AV. J.-C.,
PAR MME MARGUERITE YON
Le site de la ville d'Ougarit, sur le tell de Ras Shamra, est bien
connu pour les travaux que mène depuis 1929 la Mission française,
sous la direction successive de C. Schaefîer, qui en fut l'inventeur,
et le fouilleur heureux pendant des années, puis, à partir de 1972,
de H. de Contenson et ensuite de J. Margueron ; j'en ai la responsab
ilité depuis 1978. Je n'ai pas à redire ici quelle a été l'importance des
fouilles de Ras Shamra pour l'histoire du Proche-Orient et du
monde méditerranéen, par la signification des restes archéologiques
autant que par celle des documents écrits1. Et l'apport a été si grand
que l'on n'a pas fini d'en exploiter toutes les possibilités. L'équipe
qui y travaille depuis six ans a ouvert un nouveau chantier au
centre du tell, entrepris des études d'ensemble et des travaux
thématiques, tenté une nouvelle approche du matériel conservé
dans les musées de Syrie et au Musée du Louvre. La recherche se
veut collective, pour comparer et combiner les acquis qu'apportent
des spécialités complémentaires, et des regards différents : c'est
pourquoi les remarques que je veux présenter ici sont issues des
travaux que mènent actuellement les membres de la Mission de
Ras Shamra, en particulier pour ce qui concerne la ville, sur l'archi
tecture, les techniques, l'eau, l'artisanat ; je tiens à leur rendre
hommage ici2.
Parmi les différents aspects de la civilisation ougaritique que nous
avons entrepris d'étudier, je m'en tiendrai aujourd'hui à ce qui
1. Rapports parus assez régulièrement dans la revue Syria depuis 1930. Pour
une vue d'ensemble sur Ougarit, voir en particulier G. Saadé, Ougarit, métropole
cananéenne, Beyrouth, 1979 ; J. C. Courtois, M. Liverani, D. Arnaud, E. Laroche,
A. Caquot, M. Sznycer, E. Jacob et H. Cazelles, « Ras Shamra », Supplément au
Dictionnaire de la Bible, Paris, 1979, col. 1124-1466 ; Mission de Ras Shamra,
Ras Shamra-Ougarit 1929-1979, CMO Lyon 1979. Pour les travaux depuis 1978,
outre les rapports parus dans Syria 1982 (p. 169-195) et 1983 (p. 201-244), voir
M. Yon, « Mission française de Ras Shamra-Ougarit 1978-1983 », Annales Archéo
logiques Arabes Syriennes 33, 1983 [paru 1985], p. 111-122.
2. Un volume collectif est en cours de réalisation aux éditions « Recherche sur
les civilisations », sur le quartier urbain fouillé de 1968 à 1984 : abrégé ici Ougar
it IV. Cf. aussi O. Callot, Ougarit I, Une maison à Ougarit, 1983 ; « Rôle et
méthodes des ' constructeurs de maisons ' à Ras Shamra-Ougarit », Le dessin
d'architecture dans les sociétés antiques, Colloque Strasbourg 1984, 1984, p. 19-28 ;
Y. Calvet, « Installations hydrauliques d'Ugarit », L'homme et l'eau en Médit
erranée et au Proche-Orient I, TMO Lyon, 1981, p. 33-48.
1985 47 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 706
concerne la ville : comment se présentait le paysage urbain, comment
était organisée l'agglomération habitée, quel était le cadre dans
lequel se déroulaient les activités publiques et privées... La période
envisagée est la seule que l'on puisse observer sur une surface suff
isante, celle de la dernière période avant son abandon, c'est-à-dire
la ville du xme siècle. Ce n'est pas mon propos ici de chercher à
déterminer quelles conditions historiques et politiques lui ont permis
un tel développement au Bronze récent, puis une régression qui l'a
menée à sa fin : cela s'intègre dans une étude historique qui dépasse
les limites du royaume d'Ougarit. L'exposé se limitera volontair
ement à une description pour une période donnée, qui est l'aboutissdes 5 000 ans d'occupation qui ont constitué le tell de Ras
Shamra3.
Le cadre d'une ville, c'est d'abord son environnement géogra
phiques, et les conditions naturelles sont une des composantes
essentielles du développement d'une agglomération et de son carac
tère spécifique. Sans entrer ici dans une analyse détaillée4, il n'est
pas inutile de rappeler d'abord quelques données qui contribuent à
expliquer l'histoire d'Ougarit.
La ville, capitale d'un royaume d'environ 2 000 km2, occupe la
surface du tell de Ras Shamra, à quelques centaines de mètres de
la côte méditerranéenne de la Syrie, et à près de 10 km au nord de la
ville moderne de Lattaquié. La plaine côtière qui l'entoure sépare
la mer de la chaîne montagneuse du Djebel Ansariyeh, dont les
1 000 mètres font obstacle aux vents secs venant de la steppe syrienne
à l'est, tout en retenant sur la plaine les pluies arrivant de la mer.
Aussi la région jouit-elle d'un climat méditerranéen tempéré, suf
fisamment arrosé (800 mm d'eau par an à Lattaquié), favorable
aujourd'hui comme dans l'antiquité à la culture des céréales, des
oliviers, de la vigne... Vers le nord, l'horizon est limité par la
silhouette du Djebel Aqra (qui culmine à près de 1 800 m), la
montagne du Sapon où siégeait Ba'al selon les textes mytholog
iques5 (fig. 4). Tout près de là, les fouilles menées dans la baie de
Minet el-Beida dès 1929 avaient mis au jour un établissement
3. Une présentation de la civilisation urbaine avait été faite en juin 1984 dans
le cadre du colloque « Mari, Ébla, Ugarit » à Rome (Actes sous presse : M. Yon,
« La civilisation urbaine d'Ougarit ») ; le présent exposé, qui en reprend en résumé
certains aspects, bénéficie de l'avancement des recherches au cours des cam
pagnes de fouilles et d'étude en 1984 et 1985.
4. L'étude géographique et géomorphologique a été entreprise par B. Geyer
(Institut français d'Archéologie du Proche-Orient, Damas), à partir de 1984.
5. A. Caquot, M. Sznycer et A. Herdner, Textes ougaritiques, I : Mythes et
légendes, Paris, 1974, passim (voir p. 80-81). MER
) MEDITERRANEE
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0 1
Fig. 1. — La ville (tell de Ras Shamra) et le port
(baie de Minet el-Beida) d'Ougarit.
Fig. 2. — Schéma du tell et des voies de circulation. 1 : Forteresse. 2 : Entrée
sud. 3 : Palais royal. 4 : Bâtiment aux quatre piliers. 5 : Temple « hourrite ».
6 : Temple de Ba'al. 7 : Temple « de Dagan ». 8 : Quartier du centre. 9 : Sanct
uaire. D'après M. Yon, « La civilisation urbaine d'Ougarit », Colloque « Mari,
Ebla, Ugarit » Rome, avril 1984, sous presse : dessin O. Caliot. COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 708
portuaire, avec diverses installations permettant de reconnaître là
le port d'Ougarit au Bronze récent6.
Le tell lui-même (fig. 1), qui domine la plaine de 18 m, forme
comme un bastion protégé par les deux petits cours d'eau qui le
contournent par le nord et par le sud, avant de se rejoindre pour
aller se jeter dans la baie. Certes, ces « rivières » — Nahr Chbayyeb
et Nahr ed-Delbé — sont à sec pendant plusieurs mois d'été ; mais
la nappe phréatique n'est pas loin, qui alimentait de nombreux
puits sur le tell et des sources à son pied. L'exploration de plusieurs antiques (quartier résidentiel et tranchée sud-acropole, en
particulier) a permis de voir comment la technique de construction
utilisait avec efficacité la couche marneuse pour maintenir une
réserve pendant la saison sèche7.
Ainsi les conditions naturelles étaient tout à fait favorables au
développement d'une agglomération dont l'activité s'appuyait entre
autres choses sur le commerce maritime, grâce à la proximité d'un
bon port, et qui pouvait vivre de sa production agricole, voire en
faire dans certains cas une denrée

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