Le règne d Eudes (888-898) à la lumière des diplômes expédiés par sa chancellerie - article ; n°2 ; vol.105, pg 140-157
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Le règne d'Eudes (888-898) à la lumière des diplômes expédiés par sa chancellerie - article ; n°2 ; vol.105, pg 140-157

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1961 - Volume 105 - Numéro 2 - Pages 140-157
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Robert-Henri Bautier
Le règne d'Eudes (888-898) à la lumière des diplômes expédiés
par sa chancellerie
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 105e année, N. 2, 1961. pp. 140-
157.
Citer ce document / Cite this document :
Bautier Robert-Henri. Le règne d'Eudes (888-898) à la lumière des diplômes expédiés par sa chancellerie. In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 105e année, N. 2, 1961. pp. 140-157.
doi : 10.3406/crai.1961.11298
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1961_num_105_2_11298' COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 140
encore à la valeur d'un ouvrage qui se recommande par sa nouveauté et son
intérêt.
Le volume de Mlle Gonon, qui a été publié par la Fondation Georges Guichard,
se fait remarquer par sa typographie élégante ; il est accompagné de cartes
établies avec soin et d'un glossaire ; il fait honneur, non seulement à l'auteur,
mais aussi au généreux Mécène, qui, grâce à ses dispositions testamentaires,
a assuré l'avenir des publications d'histoire forézienne ».
SÉANCE DU 26 MAI
PRESIDENCE DE M. PIERRE CHANTRAINE
M. Robert-Henri Bautier expose à l'Académie le règne d'Eudes,
qui dura de 888 à 898, à la lumière des diplômes expédiés par la
chancellerie de ce souverain.
COMMUNICATION
LE RÈGNE D'EUDES (888-898), .
A LA LUMIÈRE DES DIPLÔMES EXPÉDIÉS PAR SA CHANCELLERIE,
PAR M. ROBERT-HENRI BAUTIER.
Le règne d'Eudes, ancêtre des Capétiens, premier de la famille
des Robertiens à monter sur le trône, a été bien diversement apprécié
par les historiens modernes. A la fin du xixe siècle, on s'accordait
à louer « son courage, sa générosité, sa loyauté surtout », son achar
nement à combattre les Normands. Après Dummler1 et Kalckstein2,
A. Eckel lui attribuait le mérite d'avoir, en accueillant favorable
ment Charles le Simple, son compétiteur malheureux, et en lui
assurant sa propre succession quelques mois plus tard, sauvegardé
l'unité du royaume et confirmé l'indépendance de la « France » à
l'égard de l'Empire3. En revanche, à mesure que s'approfondis
saient les recherches sur la nature de la vassalité, sur le problème
« Fidèles ou vassaux ? », sur la formation des grands fiefs de la
France médiévale, l'opinion des historiens se faisait plus sévère,
cette sévérité n'atteignant pas seulement l'aspect institutionnel et
1. Ernst Dttmmler, Geschichte des ostfrànkischen Reiches, t. III (2e éd., 1888), p. 436.
2. Cari von Kalckstein, des frânkischen Kônigstums unter den ersten Cape-
tinger. Der Kampf der Robertiner und Karolinger, Leipzig, 1877, p. 106-107.
3. Auguste Eckel, Annales de l'histoire de France à l'époque carolingienne. Charles le
Simple (Bibliothèque de l'École des Hautes Études. Sciences philologiques et histo
riques, 124» îasc, 1899), pp. 28-29. LE RÈGNE D'EUDES 141
social, mais conduisant à un jugement radical sur l'ensemble du
règne. Récemment J. Dhondt voyait en son avènement le « grand
triomphe des magnats sur la royauté », et il estimait « que tous les
éléments impondérables qui jouaient encore en faveur de la royauté
et qui facilitaient dans une large mesure la survie du pouvoir
monarchique, se sont évanouis à jamais en ce moment1 ». Déjà
A. Fliche, le dernier historien à avoir abordé avec quelque détail
le règne d'Eudes en lui consacrant dix pages dans son volume de
la « Collection Glotz », avait résumé tous les griefs antérieurement
faits à ce roi et porté sur lui une sentence particulièrement dure :
« Eude n'est pour rien dans cette retraite [des Normands]... Person
nellement il n'a que des défaites à son actif. En bien des circonstances
il a manqué de clairvoyance, plus encore d'énergie et de décision2...
Partout le roi s'est montré inerte ou impuissant. Élu par les grands
pour briser la force normande et pour relever le prestige du royaume
franc de l'Ouest, il ne s'est pas acquitté de la tâche qui lui était
assignée3... On ne pouvait avouer plus explicitement l'échec de
l'expérience tentée en 888, qui avait substitué à la dynastie tradi
tionnelle l'élu de l'aristocratie. Brillamment inauguré par la victoire
de Montfaucon, le règne d'Eudes a été tout à la fois stérile et néfaste.
La menace normande est aussi redoutable en 898 qu'en 888. D'autre
part le pouvoir royal, miné par la guerre civile qui a permis aux
grands d'exercer le rôle d'arbitres entre Eudes et Charles le Simple,
a achevé de s'éclipser devant la grande féodalité qui agit et gouverne
à sa guise »4.
Devons-nous nous rallier à ce jugement sur un règne défini
ailleurs comme « catastrophique » ? Pouvons-nous admettre l'opinion
antérieure d'Eckel, qui jadis fut le plus sérieux érudit qui se soit
consacré à cette époque ? Tel est le dilemme auquel, durant les
années passées à la préparation du Recueil des actes d'Eudes —
maintenant achevé5 — , j'ai constamment songé et que je désirerais
vous soumettre. L'étude approfondie de chacun des diplômes du
roi, le rejet des actes faux et la critique des passages interpolés
ou remaniés, l'examen attentif de toutes les autres sources dispo
nibles sur cette époque obscure, me permet peut-être de reprendre
sur une nouvelle base cette page d,e l'histoire de France.
IXe-Xe 1. Jan siècles Dhondt, (Rijksuniversiteit Études sur la te naissance Gent. Werken des principautés uitgegeven door territoriales de- Faculteit en France, van de
Wijsbegeerts en Letteren, 102e Afl., 1948), p. 49-50.
2. Augustin Fliche, L'Europe occidentale de 888 à 1125, dans Histoire générale publiée
sous la direction de G. Glotz, Histoire du Moyen Age, t. II, 1930, p. 63.
3. lbid.,p. 64.
4. Ibid., p.<69.
5. Sous presse : Recueil des actes d'Eudes, roi de France, 888-898, publié par Robert-
Henri Bautier sous la direction de Georges Tessier (Chartes et diplômes relatifs à l'histoire
de France publiés par les soins de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 142
Les Sources.
Les sources dont nous disposons sont peu nombreuses, relativ
ement maigres et souvent tendancieuses.
Le poème d'Abbon sur le siège de Paris par les Normands en
885-886, récit fondamental de cet événement mémorable, ne nous
est plus guère utile à partir de l'avènement d'Eudes : il ne traite
des faits que par allusion et sa chronologie est incertaine ; « fran
cien », l'auteur reproche à Eudes d'être un « neustrien », un homme
d'au-delà de la Seine et, qui plus est, il lui fait grief d'intervenir
dans la lointaine Aquitaine alors que son devoir — c'est un moine
de Saint-Germain des Prés qui nous le dit — lui commanderait-
d'agir dans la région parisienne.
Les Annales anonymes de Saint- Vaast constituent au contraire,
de 874 à 900, une source essentielle, contemporaine et objective,
assez sèches mais d'une chronologie sûre, véritable fil conducteur
de l'histoire du règne. Malheureusement elles nous informent surtout
des événements du Nord du royaume, de la « Francia » proprement
dite, et sont à peu près muettes sur les autres régions, l'Aquitaine
en particulier.
Flodoard, dans son Histoire de l'église de Reims, s'est fait l'histo
rien attentif de cette époque que pourtant il n'avait pas vécue,
puisque, né en 893 ou 894, il ne commencera ses Annales qu'en 919.
Mais en véritable érudit il a travaillé dans les archives de l'église
de Reims, réunissant des documents de première main sur la bio
graphie des archevêques : minutes de lettres expédiées et lettres
reçues1. Il nous a transmis, sans les ordonner chronologiquement
et sans les dater, l'analyse de nombreux actes qui nous éclairent
sur la position politique de l'archevêque Foulques, un des prélats
les plus actifs de cette époque, perpétuel agité qui prétend suscit

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