Le sanctuaire d Artémis à Amyzon - article ; n°4 ; vol.97, pg 403-415
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1953 - Volume 97 - Numéro 4 - Pages 403-415
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Louis Robert
Le sanctuaire d'Artémis à Amyzon
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 97e année, N. 4, 1953. pp. 403-
415.
Citer ce document / Cite this document :
Robert Louis. Le sanctuaire d'Artémis à Amyzon. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 97e année, N. 4, 1953. pp. 403-415.
doi : 10.3406/crai.1953.10174
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1953_num_97_4_10174LE SANCTUAIRE D'ARTÉMIS
A AMYZON
PAR
M. LOUIS ROBERT
MEMBRE DE i/ ACADÉMIE
En vous présentant aujourd'hui le sanctuaire d'Artémis à
Amyzon, j'évoquerai l'un des aspects de l'activité de l'historien
de l'antiquité : les fouilles et les voyages d'exploration archéologique.
C'est un sujet que je puis sans doute aborder, puisque je reviens
de ma dixième campagne en Turquie, dans l'Anatolie où, depuis
1946, je travaille chaque année de trois à quatre mois pour l'explo
ration et pour la fouille, au nom de la Commission des Fouilles de
la Direction générale des Relations Culturelles.
Chaque fouille a son originalité. Ainsi, celle de Claros où je viens
de diriger ma quatrième campagne. Dans l'aimable Ionie, à deux
kilomètres de la mer, un sanctuaire de plaine, profondément enseveli
sous les alluvions, caché dans un vallon étroit de sept ou huit
minutes de marche, entre de hautes collines abruptes couvertes de
maquis, d'oliviers sauvages et de pins ; la vue n'est libre qu'au Sud
vers la mer : par là, l'horizon est fermé par les cimes cendrées ou
bleutées du mont Mycale que continue, en un seul mur de fond,
la chaîne des montagnes de l'île de Samos s'élevant des flots pour
former comme une immense rade. Parmi les champs de tabac et
de coton, dans l'argile grasse, le déblaiement progresse lentement,
découvrant, à quatre mètres de profondeur, l'entassement des
énormes blocs de marbre blanc du temple d'Apollon, écroulés et
étalés par les secousses d'un tremblement de terre, et l'étroit couloir
de marbre bleu qui s'enfonce dans le temple vers la chambre sou
terraine de l'oracle.
Aujourd'hui je vous parlerai d'une autre fouille, antérieure, que
j'ai menée en 1949 à Amyzon de Carie.
Le heu est situé dans la montagne, à 667 mètres d'altitude, dans COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 404
le coin nord-ouest de la Carie, cette région qui occupe tout l'angle
sud-ouest de l'Asie Mineure, en face de Cos et de Rhodes. Le massif,
avec celui du Latmos qu'il prolonge directement, forme comme un
des bastions de ce pays montagneux qu'est la Carie. Il arrête pra
tiquement toute circulation, et les routes le contournent et passent
à ses pieds : au Nord, la vallée du Méandre, la grande voie de commun
ication qui monte doucement vers les plateaux de l'Anatolie cen
trale, dans la chaleur moite de la plaine, par la route poudreuse
bordée de levées de terre couvertes de grands roseaux, dans l'exubé
rante et amollissante richesse des plantations de figuiers, d'oliviers
et de citronniers, tandis que le fleuve lourd, lent et large traîne ses
replis d'eau boueuse parmi les champs de maïs, de coton aux gaies
couleurs et les landes de réglisse ; — à l'Est, le défilé par où s'écoule
le Marsyas, le clair fleuve venant de la plaine d'Alabanda, la plus
étendue de la Carie, Alabanda ville luxueuse qui passait pour « la
plus heureuse de la Carie ». Amyzon est ainsi tout à fait isolé. .
Ce que les textes anciens nous apprennent sur la ville est vite
dit. On rencontre seulement son nom dans des énumérations d'une
extrême sécheresse, d'abord chez deux géographes grecs et un
polygraphe latin. Strabon la cite parmi de petites villes de l'Ouest
de la Carie, Pline, ainsi que Ptolémée, parmi les villes de la Carie. A
l'époque byzantine, elle est nommée dans la liste administrative
des villes de l'Empire rédigée par Hiéroclès sous le titre de « Compa
gnon de voyage », au temps de Justinien, et dans les actes des
Conciles et les listes hiérarchiques des évêques.
A l'époque hellénistique, la ville a frappé monnaie, mais seul
ement en bronze, pas en argent. Ces espèces sont très rares ; on n'en
connaît guère dans tous les médailliers qu'une quinzaine ; nous n'en
avons pas vu une seule au cours de nos travaux sur place. Elles ont
évidemment circulé dans un rayon très restreint ; c'est au village
proche des ruines qu'un voyageur en vit une. Elles offrent le grand
intérêt de nous apprendre, quand on les groupe, quels étaient les
cultes principaux : presque toutes présentent au droit la tête d'Arté
mis, tandis qu'au revers elles montrent surtout la biche d'Artémis,
la torche d'Artémis et la cithare d'Apollon.
Assez récemment, quelques inscriptions de diverses provenances
ont nommé Amyzon ou ses citoyens. Leur petit nombre est signifi
catif du peu d'importance et de l'isolement de la ville, et marque
bien la différence avec Alabanda qui, elle, est assez souvent men
tionnée dans les textes et dans les inscriptions. Les Amyzoniens
n'apparaissent nulle part parmi les personnages honorés par des
décrets de villes étrangères, ni non plus sur les épitaphes, même
quand ces documents sont très abondants comme à Athènes ou à
Rhodes. On a seulement l'épitaphe d'une femme d'Amyzon dans LE SANCTUAIRE d'aRTÉMIS A AMYZON 405
la basse vallée du Méandre, un traité entre les Amyzoniens et leurs
voisins, les Héracléotes du Latmos, gravé sur une stèle à Priène ;
enfin, au 11e siècle de notre ère, une fois les Amyzoniens ont dépêché
une délégation pour interroger l'oracle de Claros. Tous ces endroits
sont très proches ou assez proches d' Amyzon.
C'est l'exploration du pays qui peut seule faire sortir de l'ombre
cette cité. Amyzon a été identifiée à peu près dès 1824, dans l'ouvrage
du colonel Leake sur la topographie de l'Asie Mineure, grâce à un
fragment d'inscription portant le nom des Amyzoniens, qui avait été
vu en 1803 par un voyageur près du village de Kafarlar. Plus tard,
on constata que le lieu contenait une ruine appelée Mazinkalesi, le
château de Mazin. Le nom de Mazin, avons-nous appris, s'applique à
toute la région. On le trouve déjà sous cette forme et dans cet emploi
chez le voyageur turc Evlya Çelebi au xvne siècle. C'est un bon
exemple d'un nom antique persistant sur place, attaché au pays et à
une ruine déserte, sans être perpétué par un village. La différence
entre Amyzon et Mazin n'est point due seulement au passage du
grec au turc ; déjà les documents byzantins offrent aussi la forme
Amazon à côté de Amyzon, et aussi les formes, sans l'alpha initial
et non accentué, Mazon comme aussi Mizon ; l'harmonie vocalique
du turc a fait le reste.
La ruine, bien cachée dans sa montagne, a été visitée très rar
ement : elle ne le fut que par quatre archéologues, successivement,
entre 1887 et 1894. Le premier, archéologue de profession, mais non
de formation ni de vocation, déclarait ces ruines « presqu'introu-
vables » et ne voyait qu' « un mur byzantin, en mauvaises briques,
dernier reste d'antiquité », résistant à peine aux efforts de la végé-.
tation. Ernst Fabricius reconnaissait une « acropole » et copiait un
fragment de dédicace sur une architrave. Les Autrichiens Hula et
Szanto y passaient plusieurs jours, constataient l'existence d'une
enceinte hellénistique, presque carrée, conservée sur trois côtés
jusqu'à une hauteur appréciable. Sur cette « acropole », l'Écossais
Paton copiait trois inscriptions dans un mur byzantin. Si Amyzon
est cité chez les historiens modernes, c'est que deux des inscrip
tions trouvées là portent le nom illustre du roi séleucide Antio-
chos ni le Grand : l'une est l'adresse d'une lettre à son armée,
l'autre un morceau d'une lettre aux habitants pour les rassurer,
leur promettre sa faveur et les engager à ne pas fuir et à rester
tranquillement sur les lieux.
En octobre 1948, nous arrivions là, ma

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