Les fouilles de Huarte (Syrie) : campagne de 1975 - article ; n°1 ; vol.120, pg 15-25

Jean Lassus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1976 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 15-25
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 1976
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Lassus
Les fouilles de Huarte (Syrie) : campagne de 1975
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 1, 1976. pp. 15-
25.
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Lassus Jean. Les fouilles de Huarte (Syrie) : campagne de 1975. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 1, 1976. pp. 15-25.
doi : 10.3406/crai.1976.13200
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1976_num_120_1_13200FOUILLES DE HÛARTE 15
COMMUNICATION
LES FOUILLES DE HÛARTE (SYRIE) : CAMPAGNE DE 1975,
PAR M. JEAN LASSUS, CORRESPONDANT DE L* ACADÉMIE.
Le 1 1 avril dernier, M. Pierre Canivet a présenté à l'Académie les
fouilles qu'il poursuit à Hûarte, à une quinzaine de kilomètres au
nord d'Apamée de Syrie. Au cours des recherches qu'il avait entre
prises pour retrouver, à partir des indications données par Théo-
doret, le site du couvent de Nikertai, où l'évêque de Cyr s'était
retiré en 423, puis en 449, dans un milieu qui partageait son ortho
doxie, M. Canivet a exploré plusieurs sites des environs d'Apamée.
C'est ainsi qu'il a découvert à Hûarte un ensemble ecclésiastique
important, qui a retenu son effort.
J'ai participé sur le terrain aux campagnes de 1974 et de 1975, et
je voudrais aujourd'hui, en exposant rapidement les résultats des
recherches de cet été, présenter à l'Académie, en son nom et au
mien, ce que nous savons désormais des monuments dégagés sur le
site.
Il faut d'abord insister sur la géographie. Hûarte est en Apamène,
à quelques kilomètres seulement au sud de la frontière qui séparait les
provinces religieuses d'Antiochène et d'Apamène — à quelques
kilomètres seulement au sud de ce massif calcaire où les monuments,
en particulier les églises, sont si bien conservés qu'il n'en manque
parfois que quelques pierres. Certes, la colline de Hûarte est cal
caire ; mais elle est faite d'une pierre friable, facile à creuser — moins
sans doute à exploiter comme carrière. Ses monuments sont pour
tant construits en grand appareil, durci au soleil. Mais un séisme
les a renversés, sans doute dès le Moyen Âge, et la terre avait enseveli
leurs restes. Il n'y a sur la colline que quelques maisons modernes ;
les pierres antiques sont là, dès qu'on gratte le sol — et les pave
ments de mosaïque sont intacts.
L'ensemble ecclésiastique est construit sur une pente — un terrain
à coup sûr peu propice à l'implantation de deux églises et de leurs
dépendances. En fait, les architectes ont renoncé à aménager la
plate-forme qui eût été nécessaire pour réaliser leur projet à l'hori
zontale. Ils ont construit sur deux plans. Une petite basilique, au
nord, domine une seconde basilique plus grande et un baptistère,
d'une hauteur de 3 m. Il a fallu entailler le rocher, parfois en main
tenant en place des parois taillées dans le roc ; il a fallu aussi remb
layer, et même construire sur le vide, en fermant des citernes
antérieures ou en couvrant avec des planches certaines salles qui COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 16
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1. — Hûarte. Plan de l'ensemble ecclésial (dessin de F. Laroche). Fie. FOUILLES DE HUARTE 17
devenaient des sous-sols. Il est d'ailleurs assuré que des construct
ions, encore insuffisamment repérées, avaient précédé, sur la plate
forme sud, la basilique actuelle. Je présente les plans de Mlle Franç
oise Laroche, architecte de l'expédition.
Tel qu'il a été dégagé, l'ensemble monumental n'est pas vaste.
Il tient dans un carré EO-NS de 33 m de côté (fig. 1). Mais la
construction est très dense.
La petite basilique, implantée au nord-est, est posée directement
sur le rocher nivelé. Son chevet est décalé de 6,50 m vers l'est, par
rapport à celui de la plus grande église, aménagée sur la plate
forme inférieure. Une sorte de corridor longitudinal sépare les deux
monuments. Il est au niveau de l'église sud. La petite église se te
rmine par une abside semi-circulaire, flanquée de deux annexes,
alignées derrière un mur droit. La nef comporte quatre travées
(entrecolonnement d'axe en axe : 2,90 m). Devant la façade ouest
se trouvait un large narthex, un portique à colonnes plutôt, posées
sur un mur haut d'un étage, avec, comme sol, un plancher porté
par des poutres, attestées par quelques encastrements. Façade et
portique sont effondrés dans l'espace situé sous le narthex, qui n'a
pas pu encore être complètement déblayé. L'ensemble, basilique plus
narthex, mesure 20,40 m contre 13,20 m.
Un large escalier de neuf marches (4,50 m), appuyé contre le mur
qui porte la colonnade, permet, depuis le niveau inférieur, d'atteindre
le palier situé devant la partie nord du portique et permettant
l'accès de l'église. Vers l'ouest, cet escalier vient s',appuyer au mur
est d'un baptistère de 8,70 m sur 8,30 m. ; il est implanté au niveau
de la basilique sud, et n'a pas de communication avec l'église nord.
Autour d'une cuve cylindrique, pourvue de quatre encoches formant
marches, s'élèvent quatre piliers d'angle, soigneusement exécutés,
qui étaient réunis par des arcs et portaient sans doute un lanterneau.
Un couloir sépare cet édicule des murs extérieurs. Le sol est
mosaïque. L'arrivée d'eau — chose exceptionnelle — est conservée,
et part d'un curieux réservoir extérieur, encastré en partie dans le
mur, près de la porte ouest. Le monument, très élégant, est assez
bien conservé pour que le Service syrien des Antiquités envisage
sa reconstruction (fig. 2).
La basilique sud est inscrite à partir d'un axe ouest-est, parallèle
à celui de l'église nord et du baptistère. L'espace intermédiaire est
très étroit — 5,40 m en face du baptistère, 4,25 m entre les basiliques.
Il est, chose curieuse, divisé selon la longueur par une colonnade
implantée à 1,10 m du mur de soutènement de la basilique nord,
à 2,60 m de la basilique sud. Les colonnes, courtes et trapues, sont
posées sur un stylobate, et portent des chapiteaux à consoles, d'un
type bien connu dans l'architecture civile de Syrie-Nord. Sur ces 18 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 2. — Hûarte. Au 1er plan, le baptistère vu de l'ouest ;
au fond, le Michaelion.
chapiteaux était posée une architrave, sobrement moulurée. La
colonnade part, à l'est, d'une demi-colonne, adossée au mur d'une
salle annexée à la sacristie nord de la basilique. Elle aboutit après
neuf colonnes libres à une autre adossée à un mur qui
prolonge vers le sud celui du baptistère, pour rejoindre, en une
façade unique, le mur occidental de la basilique. L'ensemble ainsi
défini — basilique, baptistère et portique — peut représenter l'état
primitif du monument actuel, avant la construction de l'escalier
et de l'église supérieure. Je propose cette chronologie à titre provi
soire (fig. 3).
La basilique sud mesure 26,50 m sur 15,60 m. Elle est rendue
majestueuse par ses proportions intérieures. Le nef centrale a 7,80 m
d'ouverture, pour 2,60 m seulement pour chacun des collatéraux.
Il y a sept colonnes libres, soit neuf travées étroites avec entre-
colonnement d'axe en axe de 2,60 m. L'abside surélevée de trois
marches est précédée d'un chœur qui occupe le premier entrecolon- FOUILLES DE HUARTE 19
Fig. 3. — Hûarte. La basilique sud vue du nord-ouest.
nement; elle a 6,40 m de diamètre. Ses annexes sont étroites, allon
gées par des chancels de part et d'autre du chœur. Celle du nord
contenait un magnifique reliquaire à huile, et communiquait vers
le nord avec une autre salle de même longueur, plus large, taillée
dans le roc, occupant le fond de l'espace intermédiaire. Il y avait cette salle les restes d'une table de pierre. L'autre sacristie, au
sud, n'a pas été complètement dégagée. Elle comporte, au niveau
du chœur, une sorte de vestibule limité par un chancel, puis une
porte au-delà de laquelle le sol était constitué par un plancher dis